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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
En 2006, suite à la publication de son livre Cette France qu'on oublie d'aimer, Andreï Makine reçoit une lettre de Jean-Claude Servan-Schreiber.
Suite à cette lettre, Andreï Makine rencontrera cet homme qui lui racontera sa guerre de 39.40. Il parlera de son engagement dans l'armée française comme officier, de la remise de sa médaille militaire en même temps que son renvoi de l'armée parce qu'il est juif. Il s'engagera alors dans la résistance.
Andréï Makine l'encourage à écrire un livre sur son histoire.

J'aime beaucoup cet auteur, mais je n'ai pas retrouvé sa belle écriture. Ses répétitions m'ont dérangée , elles me semblent diminuer la force de ce livre.
Mais ça ne m'empêche d'attendre son prochain livre.
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Durant l'été 2010, Andreï Makine annonce à Jean-claude Schreiber, un homme de 91 ans, que son livre de souvenirs sur la seconde guerre mondiale est un échec, que les ventes n'ont pas décollé, que la presse ne s'y est pas intéressé, que les libraires rentrent leurs invendus et que bientôt l'ouvrage, pilonné, retournera à la poussière. Pourtant, qu'est-ce qu'ils y avaient cru à ce récit, une geste héroïque qui montrerait aux générations de l'après-guerre comment de jeunes gens avaient risqué leur vie, sans calcul et sans regrets pour mettre un terme à la barbarie nazie. Andreï avait dû convaincre le vieux soldat de l'intérêt de l'entreprise, aider la mémoire à émerger, courir les éditeurs pour trouver un partenaire, activer son carnet d'adresses pour faire aimer le livre. Durant trois mois, ces dérisoires quinze semaines qui décident de la vie ou de la mort d'un titre, Jean-Claude n'avait pas quitté son costume, persuadé qu'un journaliste pouvait, à tout moment, se présenter pour s'entretenir avec lui de cette époque et s'enquérir de tel ou tel détail relaté trop vite. Hélas personne ne se souciait des héros de 40.

A travers cet épisode malheureusement classique, Andreï Makine pose la question de la place que nous réservons à ceux qui ont servi leur pays, qui se sont battus pour des idées ou pour une certaine idée du bien collectif. Il évoque brièvement les faits d'armes de Jean-claude et essaye de démêler l'écheveau de la construction de l'indifférence.

Ce livre m'inspire des sentiments contradictoires, il m'a à la fois sincèrement touché et profondément énervé. Il y a chez Makine un côté réactionnaire souvent énervant. Avant c'était mieux, on savait aimer son pays. Depuis la montée en puissance des zazous et la chienlit qui s'en est naturellement suivie, la France est malade. C'est d'autant plus agaçant, que le lecteur a un peu l'impression que Makine instrumentalise Jean-Claude pour faire dire à son histoire ce qui sert sa démonstration. Ainsi en est-il du passage où l'auteur s'attaque à Sartre, Beauvoir et Camus, coupables d'avoir ripaillés durant la guerre, pendant que Jean-Claude risquait sa vie et d'avoir jeté, en pleine tourmente, les base d'une pensée "à deux sous" qu'ils imposeraient à la France dès la Libération. Un peu facile et tellement tendance de se payer la tête des existentialistes à ce sujet. C'est oublier que 95 pour cent de la population s'était réfugiée dans une posture attentiste et qu'au fond, les salauds s'appelaient Laval et Rebatet, Drieu et Déat.

Malgré ces réserves, j'ai aimé le propos. Les souvenirs d'un héros de guerre, ce n'est ni compétitif ni adapté au marché. Donc cela ne vaut rien dans notre société. le jugement de Makine sur la littérature française contemporaine, autocentrée et mièvre, ce qu'il appelle "cette littérature des petites névroses contemporaines" me semble tout à fait pertinent. Cette espèce de perte de repère qui fait de n'importe quel mal être existentiel un sujet de roman, ce culte du Moi, cette impossibilité à s'inscrire dans un projet collectif sont autant de faiblesse de la création d'aujourd'hui.

Evoquant les origines du lieutenant Schreiber, un juif Français, profondément attaché au pays qui avait accueilli sa famille, Makinne met le doigt sur une dimension magnifique d'une immigration qui s'intégrait et gagnait sa dignité par le travail . Cette reconnaissance absolue vis-à-vis des patries d'adoption qui conduit à une loyauté parfaite et souvent à des engagements impressionnants par leur abnégation. de ce point de vue, on peut comprendre, même sans l'admettre, l'allusion à Beauvoir et consorts, ces français de toujours attendant que les métèques les libèrent. Là où je ne peux suivre Makine, c'est lorsqu'il rappelle la conversion du père de Jean-Claude au catholicisme et s'en félicite au nom d'une intégration réussie, celle qu'il nomme lui-même assimilation, et qui vaut bien quelques renoncements. Illusion dont Jean-Claude fera la cruelle expérience lorsqu'il sera confronté à l'antisémitisme des officiers français. L'expérience de la communauté juive indique plutôt que c'est la conscience claire de son identité propre qui permet une intégration sans crainte ni arrières-pensée.

A plusieurs reprises Makine essaye de mettre en lumière l'état d'esprit du jeune Schreiber, soldat, résistant et libérateur, de reconstruire ses sentiments au départ de leurs conversations. C'est là qu'il est le plus touchant, comme lorsqu'il évoque le jeune homme échappant à l'emprise de l'histoire, à l'absurdité de la situation dans les bras d'une femme oui en s'échappant quelques minutes de son tank, face à l'ennemi, au mépris du danger, juste pour sentir qu'une autre vie est possible.

En refermant le livre, un étrange sentiment m'habitait. J'étais heureux pour Schreiber, heureux que son histoire ait pu survivre, que ces quelques pages lui rendent justice. Et pour cela je suis reconnaissant à Andreï Makine, ce type si énervant, d'avoir pris la peine de rédiger ce récit. Et je lirai sans doute le prochain bouquin d'Andreï Makine, ce type tellement attachant.
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Andreï Makine avait publié, en juin 2006, un livre intitulé « Cette France qu'on oublie d'aimer ». Il y était question de deux soldats français de la Seconde Guerre Mondiale. Ce livre, le lieutenant Schreiber l'a lu et, parce qu'il avait connu ces deux soldats, a contacté Andréï Makine. A partir de là, s'est nouée une indéfectible amitié qui a aboutie à la publication en 2010 des mémoires de Jean-Charles Schreiber, lieutenant pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Ces mémoires ont vécu trois mois en librairie avant que l'échec éditorial du livre ne le voue au pilon. C'est par déception autant que par culpabilité (Andréï Makine avait convaincu Jean-Charles Schreiber de publier ses mémoires) qu'Andréï Makine a publié ce « Pays du lieutenant Schreiber », pour lui rendre hommage autant que pour laisser une trace de son histoire qui n'est pas que l'histoire d'un homme mais celle d'une humanité.

Au-delà d'un simple exercice de (devoir de) mémoire, le fait d'inscrire noir sur blanc des faits, des noms, des dates, des évènements, c'est l'occasion de leur offrir une éternité qui sinon leur serait refusée. En cela, le livre d'Andréï Makine est d'une rare utilité. Il ne se veut toutefois pas du tout être le récit détaillé de la vie d'un lieutenant de la Résistance, juif renvoyé en 1941, qui reviendra en France par le sud, avec les chars libérant l'Est de la France.

C'est aussi en filigrane l'histoire de la rencontre entre Andréï Makine et Jean-Charles Schreiber. Leur relation, d'abord emprunte de curiosité pour l'un et d'intérêt (à pouvoir raconter à quelqu'un son histoire) pour l'autre, se drape ensuite d'une amitié sincère, pleine de respect pour le soldat et l'homme que fut Jean-Charles Schreiber dont l'acuité du regard sur ses contemporains successifs (soldats d'abord pendant la guerre, puis intellectuels ensuite, avant que ce ne soient les politiques ou le monde des affaires) n'est pas inintéressant.

La plume d'Andréï Makine nous emmène sur les routes françaises de la libération, sur les sentiers de la fuite dans le maquis, sur les traces du général De Gaulle,… Il nous emmène aussi dans les coulisses de l'aventure éditoriale des mémoires de Jean-Charles Schreiber, expliquant en quoi elles revêtaient une importance capitale, pour l'homme de quatre-vingt-dix ans redevenu lieutenant le temps de leurs discussions, pour Andréï Makine ensuite et pour tout lecteur potentiel enfin.

Une bien belle histoire sous une bien belle plume.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-ts
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Andreï Makine est un écrivain couvert de prix littéraires, d'origine russe mais d'expression française, qui n'arrête pas de payer ses dettes. Il rend, par ce court essai, un hommage très personnel à un homme juste, droit, « taillé à la serpe », un héros de la même guerre que celle de mon père, et ainsi, tente de compenser un ratage littéraire dont il se sent responsable.
Il a rencontré en 2010 Jean-Claude Servan-Scheiber, cousin du très médiatique Jean-Jacques, et le convainc de rédiger ses mémoires de guerre. C'est un récit tellement chargé de symboles que celui de ce jeune intellectuel qui combat glorieusement au coeur d'une armée battue à plates coutures, qui sera simultanément félicité et rayé des cadres de l'armée en vertu du statut des Juifs de 1941, puisque, quoiqu'élevé dans la religion catholique et croyant, sa famille est d'origine juive. Las, même si Makine déniche un éditeur, le livre ne rencontre qu'indifférence. Pas un article, pas une critique ….
C'est pourtant une histoire qui évoque en moi bien d'autres destins similaires : celui de mon père, fait prisonnier en mai 1940, plus encore celui de Pierre Briot, engagé dans la Ière DB et passé lui aussi par Miranda del Ebro et que le lieutenant Schreiber a peut-être rencontré dans les plaines enneigées d'Alsace, ou celui du père de Jacques Tardi, embourbé dans son char et fait prisonnier pour tout le temps de la guerre.
Mais c'est surtout pour l'auteur une occasion de règlements de comptes avec les tenants d'une idéologie qui fut aussi dominante que vaine … qui, par le miracle d'une « formidable berlue intellectuelle, allait diviniser quelques hâtifs penseurs ». Il s'agit des tenants de l'existentialisme : Sartre, Beauvoir, Camus … qui ripaillaient dans les derniers mois de l'occupation alors que les Français s'évertuent à trouver de quoi survivre et tandis que de jeunes hommes courageux donnent leur vie pour terminer la guerre et sauver l'honneur.
Le style est pur, l'écriture regorge d'invocations lyriques avec des retours, des redites voulues comme des anaphores – le soldat Francis Gilot, les tankistes Leper et Catherineau, la ressemblance du vieil homme avec Kirk Douglas – une sorte d'exorcisme à l'usage surtout de l'auteur, sublimant la biographie d'un homme de quatre-vingt douze ans qui n'en demandait sans doute pas tant … L'avantage est que la lecture est fluide et rapide : une journée y suffit.
Les vrais héros n'ont pas besoin de hérauts.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Une belle qualité littéraire pour ce récit mais qui ne réussit pas à faire sortir de l'anonymat ce héros, parmi tant d'autres.


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