La Breizh brigade, tome 1 : Bienvenue chez les Corrigan !

Détester ce qu’on ne peut obtenir, ou le meilleur moyen de ne jamais être frustrée selon Maggie Corrigan.

Il faut se méfier des idées reçues, vous savez. Un flic qui a l'air d'un con ne fait pas usage de sa connerie à tous les coups. De même qu'une vieille dame qui possède une canne de marche n'en a pas toujours l'utilité non plus.

Elles se dispersaient déjà toutes les quatre, chacune courant vers sa mission, quand Louise, Louise la discrète, Louise l’effacée, les retint d’un « Attendez ! » où transpirait une forme d’exaltation :
- Vous savez ce qu’on est en train de faire là ?
- Sauver les fesses de granny ?
- Oui, mais pas seulement. On ressuscite la Breizh Brigade, les filles !
Un sourire de passionaria biffait son beau visage. Il n’y avait qu’une vraie introvertie, pour s’enflammer de la sorte.
- La quoi ? couina Sophie, de plus en plus larguée.
- Oh non, pitié, se désola Énora, pas ce vieux machin… On a passé l’âge, non ?
- Parle pour toi ! cingla en retour Maggie, piquée au vif.
- Mais c’est quoi la Breizh machin ?

Soufflant tonnerre dans du roseau, disait un chanteur populaire à propos des bagadou bretons. Maggie partageait cette impression. Ou plutôt, cette sensation physique d'étre battue par le vent et les embruns. D'abord le roulement métronomique de la section de tambours. Puis le bourdon lancinant des bombardes. Avant qu'enfin ne s'élève le grand souffle aigu des cornemuses, emportant tout sur son passage. Ce n'était plus de la musique, c'était une tempête de notes et d'harmonies qui la battait par vagues. Il lui semblait que les ondes sonores colonisaient chacun de ses muscles ou de ses os, avant de repartir au loin.

 C’est quoi votre truc avec l’alcool ? Comment vous faites pour débourrer aussi vite ? 
— Ah ça… Vous avez déjà entendu parler des enzymes aldéhyde-déshydrogénase du foie ? 
— Euh, non. C’est quoi ? 
— Ce sont les enzymes qui gèrent l’assimilation de l’alcool dans le sang. Les Asiatiques en ont très peu à l’état naturel, d’où leur faible résistance aux boissons alcoolisées. Et moi, c’est l’inverse. J’en ai quatre ou cinq fois plus que la moyenne des Occidentaux. 
De quoi alimenter les a priori sur la capacité des Bretons à encaisser les excès de bouteille.

Maggie ne comprendrait jamais ce genre de pauvresses, plus occupées à polluer la vie des autres qu'à remplir la leur de belles choses.
Il fallait sans doute en avoir enduré, des épreuves, pour porter ainsi le mal autour de soi quand on pouvait juste se faire du bien.

Pauvre eejit ! Jusqu'à preuve du contraire, je fais ce que je veux avec mon cul ! D'ailleurs vous feriez mieux de vous en inspirer, my dear. Vous savez ce qu'on dit : plus d'orgasmes, moins de rides.

▪️Déjà convaincue grâce à sa série nordique bien connue Qaanaaq, Mo Malo nous offre ici un style bien différent, bien plus léger mais pas moins séduisant.

Si vous me connaissez un peu … vous savez que le cosy crime n’est pas mon genre de prédilection mais sous la plume de Mo Malø j’avoue que le charme opère et force est de constater que l’auteur sait y faire quels que soient les genres littéraires.

Direction la Bretagne à Saint Malo pour rencontrer une famille constituée de trois générations de femmes. Personnages truculents aux caractères affirmés et forts qui nous offrent des dialogues savoureux.
Sur fond d’intrigue assez classique les scènes sont cocasses et drôles. Le tout s’apparente à un huis clos pittoresque à prendre avec beaucoup de légèreté. Certainement une volonté de l’auteur de détendre le lecteur l’espace de quelques heures sans prise de tête ou noeuds aux neurones.
De plus c’est sans compter l’excellente plume et le savoir faire de Mo Malø qui évitent pour le coup ce que je reproche parfois au genre cosy, le côté rocambolesque à la limite du burlesque.
C’est frais, plaisant à lire sans tomber dans le travers des caricatures.
Clin d’œil à la super Maggie qui nous rappelle la super Poupette dans la Boum avec Sophie Marceau.

Bref un bon moment lecture, hâte de lire le numéro deux des aventures de la famille Corrigan.

📚Bienvenue au Manoir des Corrigan, maison d'hôte chaleureuse entretenue par trois générations de femmes hautes en couleur: Maggie Corrigan, facétieuse quasi-septuagénaire, Louise Corrigan, sa fille, institutrice de métier et mère de la jeune Énora Corrigan, aux allures d'"elfe rebelle" à en croire sa grand-mère. C'est ensemble qu'elles vont ressusciter la Breizh Brigade, une équipe d'enquêtrices hors du commun, autrefois formée pour résoudre un mystère familial..

Dans la maison d'hôte, le Repaire des Corsaires, une jeune fille découvre avec effroi le corps sans vie de Paul Le Tohic, joueur de cornemuse du Briac Breizh Bagad.
Les circonstances de sa mort écartent la possibilité d'un suicide. Qui a pu assassiner cet homme?
La police enquête, mais la Breizh Brigade est, elle aussi, sur le coup.📚

« Faire le Pilo ». C’est ainsi que, dans le jargon malouin, on surnommait la promenade ordinaire à l’intérieur de la ville fortifiée, depuis la porte Saint-Vincent jusqu’à la porte de Dinan, en passant par la petite place du Pilori. Autrefois le théâtre des châtiments publics, celle-ci était devenue à l’ère moderne l’épicentre du tourisme de masse dans la « Cité corsaire ». Une plaie chassant l’autre. Les grappes de vacanciers, sac de plage à la main, y baguenaudaient devant les musiciens de rue ou faisaient la queue chez le glacier Sanchez.

Vous savez ce que dit la légende à propos du Grand Bé ? Que le gérant Gargantua l’a recraché dans la mer après avoir trop mangé.