Trèfle, tome 4

Le dernier tome de Trèfle est plus un préquelle qu'une fin. Les Clamp nous permettent ainsi de découvrir Ran, le trèfle à trois feuilles qui vit avec Gingetsu, ainsi que le début de la relation entre Oluha et Kazuhiko. Pour ma part, je pense que lire ce quatrième volume après la fin de l'histoire principale est une très bonne chose. Je ne pense pas que j'aurais pu appréhender ce tome de la même manière si je n'avais pas connu les personnages ni leur "futur". En un sens, les émotions qui en découlent sont plus intenses, car en connaissant les drames qui vont se jouer, on sait d'autant plus que les relations naissantes ne sont qu'éphémères. Ce n'est pas réellement une fin, mais je trouve tout de même que le volume quatre clôt très bien la série.

Comme dans les précédents tomes, une des chansons de Oluha est le fil conducteur de l'histoire. Toujours aussi poétique et onirique, la beauté du tome réside dans son découpage assez étrange où les chapitres se suivent de façon très saccadée. de une page à plusieurs, le rythme nous offre ainsi un sentiment de précipitation comme si tous les événements qui se jouent vont conduire immanquablement à un drame, même s'il n'en est rien ici. J'ai beaucoup aimé la façon de traiter les différents sujets de ce tome par les Clamp. Elles nous offrent des informations assez capitales concernant les trèfles notamment. Leurs vies, ou plutôt "non-vies", les règles qui les entourent et ce destin tragique qu'ils semblent résignés à suivre. En y réfléchissant bien, c'est un peu dans cette horrible réalité que réside la beauté de cette histoire. Une quête du bonheur impossible. Il est difficile de garder espoir pour l'un des trèfles, et pourtant, Trèfle n'en reste pas moins une excellente oeuvre. Il faut dire que les Clamp nous ont plutôt bien habitué à cela...

Ultime volume frustrant, oui et non, de cette série inachevée, oui et non, des Clamp sortie il y a plus de 20 ans. Avec son univers mystérieux, je comprends la fascination qu'elle exerce et l'envie qu'elle donne d'y retourner, mais en fait, ce tome 4 comme le 3 et comme les 1 et 2 pris ensemble, se suffisent à eux-mêmes finalement.

Après le récit de Suh et Kazuhiko dans les tomes 1 et 2, puis de Suh et Oluha dans le tome 3, c'est au tour de Ran et Gingetsu dans cet ultime volume et il est fascinant de voir les parallèles que les autres font entre chacun de ces Trèfles ! On voit peu à peu, au fil des tomes, se dessiner un vrai tableau de souffrances psychologiques autour de ses anciennes expériences gouvernementales et peut-être est-ce au final cela que cherchent à nous raconter les autrices avec ces tristes histoires d'êtres bousillés par le gouvernement, devenus terriblement seuls et cherchant quelqu'un pour les accompagner. En tout cas, c'est comme ça que je l'ai perçu et c'est comme cela que ça m'a touchée.

L'univers a donc beau être incomplet au bout de 4 tomes, il m'a beaucoup plu. J'ai aimé découvrir le monde dans lequel ils vivent avec ce gouvernement de sorciers cherchant, on ne sait trop pourquoi d'autres sorciers, mais ayant vite trop peur de ceux plus puissants qu'eux et pouvant les renverser. Ils les enferment donc mais regrettent vite leur choix, et sous des dehors tyranniques ils vont preuve chacun de mansuétude, permettant à plusieurs d'entre eux de s'échapper de leur cage pour vivre au dehors. Alors qu'elle était bien la finalité de l'expérience, on se demande. En tout cas, le résultat est une fable poétique rétro-futurique magique.

J'ai été émue par chaque histoire, que ce soit Suh qui cherche un écho d'Oluha en Kazuhiko, que ce soit Oluha qui vit à fond ses derniers instants, ou Ran qui doit pour le bien de tous s'éloigner de son jumeau, son reflet, son autre moi-même pour trouver refuge auprès d'un être terriblement taciturne. C'est à chaque fois poignant et bouleversant car les autrices jouent à fond les cartes du drame et de la tragédie antique, le tout dans un dessin aussi épuré qu'une statue grecque. C'est vraiment une expérience à vivre.

Alors bien sûr quand on referme cet ultime volume, on ne peut qu'être un peu frustré. La quête de vengeance de Kazuhiko n'a jamais vraiment démarré. On ne sait pas comment ça va finir pour Ran ou Suh. On cherche encore ce que voulaient faire les Wizards et on se demande sur quoi la guerre contre Azlight va déboucher. Mais les destinées croisées furent déjà magnifiques, l'univers sublime et la poésie entêtante. Je ne sais pas si les Clamp sont encore capables de cela à l'heure actuelle avec leur nouvelle production partie sur une toute autre voie... Alors je suis contente d'avoir pu (re)faire ce voyage et je m'en contente très bien.
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Une série courte et jolie, très sympathique et poétique. Cependant la question que je me pose encore est » ai-je lu dans le bon sens? ».
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