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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En 1973, Jean-Patrick Manchette se décide à créer son détective privé à lui, à peu près au mitan de ses romans policiers. Pas qu'il en ait écrit tant que ça, d'ailleurs, car contrairement à ses modèles américains, il était tout sauf un stakhanoviste de la Remington.
Bref, l'ancien gendarme Eugène Tarpon, un nom le plus banalement con possible, apparaît dans son cinquième polar. Associé à une narration à la première personne, justifiant quelques épanchements introspectifs qui rompent avec le style factuellement clinique habituel.

L'exposition est désopilante. Manchette aligne les poncifs du genre (le privé au fond du trou) avec un bonheur teinté d'une ironie nihiliste réjouissante. À tel point que quand l'intrigue démarre, on regrette que ça ne dure pas plus longtemps.
Heureusement, l'humour ne disparaîtra pas totalement. le poulet en chef s'appelle le commissaire Coquelet. Une bande de pieds nickelés gauchistes fait un passage… remarqué. La beauferie sous diverses formes s'en prend plein les quenottes. Les clichés du genre se font délicieusement allumer, notamment en les poussant à des extrêmes qui les rendent surréalistes (« l'homme qui pleure »).

Bref, Manchette s'amuse et nous amuse. Il se moque de tout, jusqu'à lui-même, par exemple en appelant les frères Grimm à la rescousse pour démolir une scène qui aurait pu être poignante. Ou en dézinguant joyeusement les tentatives d'explication psychanalytique des mobiles de l'assassin.
Et même si le titre est justifié par le nombre de cadavres, ça n'a finalement de noir que la couleur de la jaquette.
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Allez ! vous pouvez mettre au placard vos Sam Spade ou autre Philip Marlowe. La fine fleur des détectives privés est français. Je parle bien évidemment du dénommé Eugène Tarpon.

Eugène Tarpon est un ancien gendarme mobile mis à pied après avoir tué accidentellement un manifestant. Il est devenu enquêteur privé mais ses affaires marchent mal. Il appelle sa vieille maman pour lui annoncer qu'il rentre au bercail. Son départ pour l'Allier est prévu pour le lendemain matin. Pour calmer ses nerfs, il boit des Ricard tièdes négligeant à la fin de la soirée de mettre de l'eau dans son pastis. À minuit, notre héros est tiré de son lourd sommeil par des coups de sonnette. Une jeune femme paniquée entre dans son modeste appartement et lui demande de l'aide. Sa colocataire a été lardée de coups de couteau et les premiers éléments trouvés sur le lieu du drame font d'elle la coupable idéale. Il refuse et lui conseille de prévenir la police. Déçue, elle l'assomme et s'enfuit. Eugène Tarpon décide de se rendre à l'appartement de la victime. le voilà pris malgré lui dans l'engrenage d'une affaire abracadabrantesque.

On retrouve dans « Morgue pleine » tous les codes du roman « hard-boiled » : détective privé, intrigue mystérieuse, femme fatale, filatures, bandits, fusillades, etc. Mais le roman est complètement décalé, ce qui fait son charme et son originalité. Les dialogues sont percutants et drolatiques et les personnages souvent ridicules. J'ai parfois eu l'impression de lire du Hammett cuisiné à la sauce Westlake avec un zeste de Manchette (je pense à la présence impromptue de terroristes d'extrême gauche bien naïfs). Alors oui, tout n'est pas rose dans le milieu des films pornographiques, mais que les gangsters américains et les vachers normands se méfient, Eugène Tarpon « is in da place » !
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Un polar de Manchette ça se déguste avec un café noir sans sucre, un peu froid… ou un whisky sec, ou les deux. C'est un peu comme les cadavres qui ponctuent ce polar exquis, ils tombent dans un ordre inattendu. L'encre, elle, distille les mots comme des notes de jazz, elle donne le rythme au vide de la vie du héros. Entre cassoulet et boîte de sardines. Les dialogues sont un régal de simplification des protocoles diplomatiques en règle, un exemple d'efficacité, loin des blablas à la papa. Un must.
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"Le terrorisme gauchiste et le terrorisme étatique, quoique leurs mobiles soient incomparables, sont les deux mâchoires du même piège à cons" affirme avec sagacité un personnage de ce roman au titre nihiliste....

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