AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 1121 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Début novembre dans le Härjedalen, le soleil se lève autour de huit heures moins quart.
Là, au coeur de la Suède, entouré d'un million d'arbres, se terre sous un nom d'emprunt un criminel de guerre de soixante-seize ans. Outre la confection de puzzles représentant des oeuvres d'art, Herbert Molin s'adonne la nuit à son passe-temps favori : danser des tangos argentins en serrant dans ses bras une poupée à taille humaine.
Son plus proche voisin, Abraham Andersson, habite à dix kilomètres. Herbert ne le fréquente guère, tout au plus l'aperçoit-il parfois jouant du violon près du lac, un endroit à l'acoustique extraordinaire.

A quelques jours d'intervalle en cet automne 1999, ces deux mélomanes solitaires vont passer de vie à trépas dans des conditions particulièrement atroces. Deux crimes sans mobile apparent, commis par deux meurtriers que tout oppose sauf leur détermination.

Disparu l'an dernier, Henning Mankell avait certainement à coeur de rappeler combien dans les années trente et quarante, la Suède était nazifiée, combien dans ce pays, les idéaux, qu'ils soient littéraires, musicaux ou politiques, venaient essentiellement d'Allemagne.
“Le retour du professeur de danse”, roman paru en 2000, s'apparente au devoir de mémoire qui sied à tout écrivain qui se respecte. L'auteur suédois réussit assez bien à montrer le pouvoir de nuisance de la bête immonde qui, par delà les générations, continue insidieusement à distiller son venin idéologique où elle peut.

Plus de cinq cents pages d'une noirceur glaçante dans les pas d'un inspecteur de trente-sept ans, Stefan Lindman, confronté lui aussi, jusque dans son cercle familial, aux affres du passé et qui se réfugie corps et âme dans cette double enquête criminelle pour "oublier" la tumeur maligne qui lui ronge la langue.

Allez, un peu de musique pour dissiper l'humeur morose générée par ce roman historico-policier : “La revancha del tango” de Gotan Project semble de circonstance !
Commenter  J’apprécie          811
C'est un commentaire en demi-teinte que je livre cette fois pour ce polar nordique. Intrigue intéressante … la chasse au néo-nazis, des personnages attachants … un flic atteint d'un cancer en arrêt maladie se joint à l'enquête sur le meurtre d'un ancien collègue, un environnement hostile. Mais une lenteur dans la mise en place et les allers-retours du personnage principal un peu incompréhensibles, tout comme ses actes broder-line. Cependant tout ça est racheté par un dénouement haletant digne d'un thriller qui m'a quant à lui réconcilié avec cet auteur. Il faudra que j'essaye un autre de ses romans pour confirmer mon jugement.
Commenter  J’apprécie          120
Encore une fois la maîtrise de l'écriture de Mankell nous amène dans un univers si bien documenté qu'on a l'impression d'y être déjà allé auparavant…

On s'habitue très vite au paysage, aux conditions climatiques difficiles, à l'humeur particulièrement maussade des personnages, aux difficultés et aux rebondissements d'une enquête qui va nous absorber complètement tout au long du récit.

Lire un Mankell c'est savoir d'emblée que je vais apprendre énormément sur les pays nordiques et leur culture. Cette fois-ci il nous plonge en flashback dans la Suède des années 30 où une partie de la population soutient le nazisme. Beaucoup de concessions ont été faites aux allemands par le gouvernement en place. Cela a contribué à l'essor de l'industrie de l'armement.

Des secrets de famille gardés pendant 50 ans et qui remonteront à la surface vont se croiser avec des meurtres ayant trait à un idéal qui aurait dû être enterré une fois pour toutes.

Les phrases sont parfois un brin paresseuses, mais l'ensemble est très réjouissant!
Commenter  J’apprécie          100
Probablement l'un de mes préféré.

C'est le fond du roman qui retient l'attention malgré les qualités de l'intrigue, l'acuité des portraits. Henning Mankell, en situant son récit sur les terres qui l'ont vu naître (sûrement pas un hasard), pose un regard sur le passé récent de la Suède et éclaire quelques passages oubliés de son histoire.

On y découvre, au détour des années 30/40, un pays séduit par l'idéologie de l'Allemagne voisine, on y balaie sa neutralité prudente communément admise, on y rappelle sa participation active à la machine de guerre allemande à travers sa production d'acier...

L'idéologie nazie n'avait pas que des opposants en Suède, loin de là !.. Mais Henning Mankell va plus loin dans son "introspection". Pour lui, ces idées d'un autre temps sont toujours vivantes, même dans son propre pays, longtemps considéré comme le modèle social européen.

- Je m'étais toujours représenté les petits fachos comme des types rasés, avec des rangers. En fait, ils peuvent avoir n'importe quelle tête. La tienne par exemple


Résumé
Décembre 1945. Dans l'Allemagne vaincue, un passager solitaire descend d'un avion militaire britannique et se rend à la prison de Hameln. Là, il procède à la pendaison de criminels de guerre nazis. Mais l'un d'eux a échappé à son sort.
Octobre 1999, dans le nord de la Suède, Herbert Molin, un policier à la retraite, est torturé à mort. Dans sa maison isolée, les empreintes sur le parquet semblent indiquer que le tueur a esquissé un tango sanglant avec sa victime. Ici, ce n'est plus le commissaire Wallander qui mène l'enquête.

Au même moment, à l'autre bout de la Suède, le jeune policier Stefan Lindman apprend deux mauvaises nouvelles : il a un cancer et son ancien collègue a été assassiné. Pour tromper son angoisse, il décide de partir dans le Härjedalen et d'enquêter lui-même sur ce meurtre. Or, les ombres d'un passé très noir se sont réveillées. Elles ont frappé. Elles vont frapper encore et encore. Stefan a peur. Mais il est jeune, malade. Il ignore combien de temps il lui reste à vivre. Il n'a rien à perdre.

les premières lignes :
Le 12 décembre 1945, peu après quatorze heures, l'avion décolla de la base militaire des environs de Londres. Il faisait plutôt froid et une pluie fine tombait sur la piste, où des bourrasques irrégulières s'engouffraient dans la manche à air ; puis le calme revenait. L'appareil, un bimoteur Bristol Blenheim, avait déjà servi lors de la bataille d'Angleterre, à l'automne 1940. Plusieurs fois touché par des chasseurs allemands et contraint à des atterrissages, il avait toujours pu être réparé et renvoyé au combat. Depuis la fin de la guerre, on l'employait essentiellement à des opérations de transport de vivres et de matériel à l'intention de troupes anglaises stationnée dans l'Allemagne vaincue (...).
Commenter  J’apprécie          100
Stefan Lindman est policier. Nous l'avons déjà rencontré dans ‘Avant le gel', la première enquête de Linda Wallander, dans laquelle il jouait un petit rôle. Il n'a pas encore 40 ans, mais il a déjà un cancer. de la langue. C'est la seule chose à laquelle il arrive à penser. Cette foutue boule sous son palais. Même la sollicitude de sa compagne Elena n'arrive pas à calmer ses angoisses. le temps que les analyses soient terminées, il se prépare à vivre l'enfer, incapable de se concentrer sur autre chose que cette lancinante question ‘combien de temps me reste-t-il ?'. C'est la mort de son ancien collègue Herbert Molin qui va le tirer de sa léthargie. Celui-ci a été torturé dans sa petite maison perdue dans les bois, là-bas, dans le fin fond de la Suède. Bien qu'il n'ait aucune légitimité pour enquêter en-dehors de Boras, sa ville, Lindman décide d'effectuer le voyage dans le Härjedalen, la contrée que Molin avait choisie pour ses vieux jours. Très vite, il se rendra compte qu'il ne connaissait pas le vieil homme et que le passé de Molin devait être assez lourd à porter. Mais ce qui va le plus toucher Stefan, ce sont d'autres découvertes imprévues. Et qui le touchent de près, puisqu'elles concernent son propre père, un homme de la même génération que celle de Molin.
Inutile de le cacher, puisque le fait apparaît très clairement dès les premières pages du livre, le cadre de l'enquête de Lindman, c'est la Seconde Guerre mondiale et, plus précisément, l'attitude de certains suédois durant cette période, attitude qui continue à faire des émules autour de Stefan. Imprégné de sa maladie, co-habitant avec son cancer, Lindman, va trouver dans cette enquête de quoi détourner son attention : peut-être y a-t-il là quelque chose de pire que son cancer ? Quelque chose de plus dangereux que cette maladie et qui mérite qu'il s'y attaque de toutes les forces qui lui restent ? Cette enquête, il ne va pourtant pas cesser de vouloir l'abandonner. Sans arrêt, ses collègues et sa compagne lui demandent : quand rentres-tu ? Et de répondre à chaque fois : ‘demain' ou ‘après les obsèques'. Et pourtant, il ira bien jusqu'au bout, à l'image de Wallander, l'autre personnage de Mankell qui, lui aussi, s'interrogeait sans cesse sur le pourquoi de ses enquêtes et qui, malgré tout, les menait toutes à bien. Comme lui, Lindman est animé par une force qu'il ne comprend pas lui-même, une pulsion qui le pousse à aller jusqu'au bout de ce qu'il a entrepris, au-delà des difficultés et de la répulsion que lui inspirent certains agissements sur lesquels il enquête. Comme s'il y avait là une promesse muette. Celle d'une vie qui ne s'arrêterait pas si facilement ?
Une fois encore, Mankell touche à l'essentiel et, même s'il se défend de vouloir donner des leçons, au travers de ses personnages campés tout en finesse et d'une intrigue encore une fois passionnante, c'est à penser qu'il nous incite. Et à garder les yeux ouverts.
Commenter  J’apprécie          90
Stefan Lindman a un cancer de la langue. Il cogite, cogite, cogite... en attendant le début de son traitement.
Quand il apprend la mort dans des circonstances très violentes d'un collègue retraité, Herbert Molin , il se rend sur place dans un coin reculé de la Suède.
Très vite, il découvre le passé plutôt glauque de l'ancien policier, autrefois engagé volontaire dans la Waffen SS. Pour Stefan, le lien entre ce passé sordide et le meurtre ne fait aucun doute.
Les choses se compliquent quand le plus proche voisin (10 km tout de même) de Molin est à son tour assassiné.
Proche des enquêteurs, Stefan est associé aux recherches du ou des meurtriers.
On découvre avec ce roman une facette peu glorieuse de l'histoire suédoise dont une partie de la population s'est fort bien accommodée de l'idéologie nazie. D'ailleurs ce récit donne l'occasion à l'auteur de rappeler que la peste brune n'est jamais bien loin.
Cependant j'ai trouvé le rythme du récit assez lent, assez déprimant, somme toute au diapason de l'état d'esprit de son héros.
Commenter  J’apprécie          80
Il y a quelque chose de pourri au royaume de Suède...un vieux policier à la retraite a été tué d'une façon sauvage et son ancien partenaire, à qui vient tout juste d'être diagnostiqué un cancer de la langue, mène l'enquête d'une façon plus ou moins parallèle à l'inspecteur chargé d'icelle.
Sur fond de résurgence de courants nazis, toujours un sujet tellement horrible qu'il en est particulièrement approprié pour un roman noir, l'auteur tricote une intrigue assez prenante entre passé et présent: la question qui a tué le vieux policier devient vite qui était réellement le vieux policier et les découvertes s'enchaînent.
De la même façon que j'avais reproché cela au dernier roman que j'avais lu de cet auteur, le retour du professeur de danse souffre surtout d'un défaut, un recours à la coïncidence qui certes augmente le nombre de révélations mais est aussi une façon un peu facile de faire avancer une intrigue, ou de surprendre le lecteur.
Cela reste un bon polar, qui peut être lu sans jamais avoir ouvert quoi que ce soit d'autre de l'auteur, et qui remplit bien son cahier des charges.
Commenter  J’apprécie          80
Ce n'est que depuis peu que mon intérêt se porte sur le polar suédois. Un de ses aspects m'insupporte, un autre m'enchante. Mais au final le plaisir retiré du second m'a fait oublier le déplaisir issu du premier. Qu'il est difficile de s'intégrer à la narration quand une flopée de noms propres grinçants, difficilement mémorisables, m'ont assaillis. Quelle brillance dans la complexité de l'intrigue, cela crée un page turner qui avance paradoxalements au milieu d'une multitude de détails qui pourraient passer pour inutiles s'ils n'étaient pas indispensables. S'y ajoute une exploration sans fard de la société suédoise, passé et présent mêlés. Quand on a compris le mécanisme et que l'on commence à s'intégrer à toutes les strates proposées, le plaisir est là, on se presse d'enfin savoir et on se dit, à la conclusion, qu'on aurait du traîner un peu, juste pour faire durer le plaisir.
Commenter  J’apprécie          80
Exit Wallander, voici Stefan Lindman.
J'ai été plus intéressée par le fond de l'histoire que par le scénario du roman, à savoir que la Suède a été plus que sympathisante de l'idéologie nazie avant et pendant la guerre de 39-45. Cette sympathie a été détournée à posteriori en une bienveillante neutralité qui ne trompe sans doute personne qui connait bien la Suède et son histoire mais que j'ai découvert avec un brin d'étonnement quand on pense à l'image que nous renvoie la Suède, celle d'un pays "cool et ultra libéral... les inquiétudes de Mankell quant au renouveau nazi dans son pays, font quant à elles, froid dans le dos !

Le scénario m'a semblé un peu emberlificoté et traîne quelquefois en longueur, bien que Mankell traite toujours avec beaucoup de finesse ses personnages et en particulier ce nouvel inspecteur, Stefan Lindman.

Je dois dire, cependant, que je suis un peu gênée par ces dialogues qui, en français, sonnent souvent faux à cause du tutoiement permanent. Je suppose qu'en Suède, le vouvoiement n'existe pas ou plus, mais du coup, ça sonne bizarre : lorsqu'on traduit de l'anglais, on utilise les 2 formes en fonction des nuances données aux dialogues et aux personnages....
Commenter  J’apprécie          60
L'auteur livre ici une histoire complexe basée sur la vengeance et le temps qui passe. Très absorbé par sa vision personnelle de la mort, et probablement déjà à l'époque, de sa propre mort, il dessine un héros très anti-héros atteint d'un cancer.
Ce policier terrorisé par la forte probabilité de sa propre disparition à l'âge de la quarantaine, et prénommé Stefan va venir en aide aux policiers du Nord de la Suède. Ceux-ci enquêtent sur la mort violente et mise en scène d'un ancien flic à la retraite et collègue de travail de Stefan. L'enquête va révéler une Suède pas très moderne où les tentacules d'une organisation secrète hantent les couloirs d'un passé pas très honorable pétri de nazisme résiduel mais toujours à la recherche d'un second souffle.
Comme à son habitude, l'auteur magnifie son pays et en donne les clés culturelles et géographiques. La Suède est belle sous sa plume et prend forme au fil des pages.
L'histoire, quant à elle, démarrée très vite, s'épuise dans les arcanes d'une enquête laborieuse et parfois un peu tirée par les cheveux. L'action a tendance à trainer en longueur, et l'ennui n'est pas loin parfois, alors même que les personnages principaux montrent une belle présence et une vraie densité… le style de Mankell est toujours maîtrisé, agréable et fluide. Les détails historiques sont parfaitement traités, mais sans transporter le lecteur qui reste assez passif.
Heureusement, il reste ce thème cher à Mankell qui est une vraie réflexion sur la mort, sujet récurrent autant que complexe et parfaitement analysé au détour de ses personnages hantés par le passé, la guerre, la mort des siens et ce foutu temps qui passe inexorablement.
On est malgré tout assez loin des chefs-d'oeuvre que sont Les Bottes suédoises et sa suite Les chaussures italiennes qui restent, pour moi, le sommet de son écriture (et sont, je crois, ses derniers ouvrages).
Mankell a indéniablement un style qui lui appartient et qu'on reconnait dès les premières lignes. Malgré tout, ce thriller nordique un peu poussif est à réserver aux seuls inconditionnels du Maître suédois…


Michelangelo 8/10/2019

Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (4327) Voir plus



Quiz Voir plus

le retour du professeur de danse

Ce livre a été publié en

2000
2007
2012
1998

10 questions
29 lecteurs ont répondu
Thème : Le retour du professeur de danse de Henning MankellCréer un quiz sur ce livre

{* *}