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sur 1495 notes
Gustav Aschenbach (Gustav comme Gustav Mahler qu'admirait Thomas Mann) écrivain écouté, annobli lors de son cinquantième anniversaire, ressent l'envie irrépressible, fougueuse, imaginative de voyager.

Après un passage près de la côte d'Istrie, il rejoint la Sérénissime en côtoyant quelques êtres d'une essence particulière tantôt du domaine de l'exacerbation (le vieil homme) tantôt du domaine matérialiste (le gondolier).

L'arrivée à l'hôtel et les ronds de jambe dont il n'est pas dupe : un monde dans le monde, un monde de privilégiés qui s'ignore entre eux.

Petit à petit, Aschenbach se distancie physiquement de ce qui l'entoure tout en observant attentivement l'atmosphère, les êtres, les lieux. Perception des uns et des autres, de lui-même, de l'oeuvre divine.
Il y a LA rencontre.
Un mélange du corps du David de Donatello et des traits à la Botticelli (image personnelle) en la personne du jeune Tadzio, d'une beauté androgyne et d'une pureté dangereuse pour l'homme vieillissant.

Aschenbach, homme de traditions et d'éducation, masque composé par la notoriété, tombe progressivement dans l'abîme de la passion et de la Beauté jusqu'à perdre ce qui le constituait et se découvrir autre.

Il se brûle sans oser, il aime jusqu'à la douleur.
Mélange d'art, de sublime et de désir.

De nombreuses références à certains textes antiques dont « Erotikos » de Plutarque (les explications en bas de page aident à la compréhension) nous éclairent sur les propos développés dans le texte.

Livre à peine refermé que l'on se doit de relire tant les subtilités ne se donnent pas toutes à la première lecture.
Un style qui parle aux sens en décrivant lieux, sons des rues, attentes, regards, poses corporelles, émois intérieurs, délicatesses …
Une vision réaliste de la Venise fascinante et trouble accompagne la lucidité d'Aschenbach lors de ses déambulations.

Une descente au tréfonds de l'amour impossible, l'amour parfait où art et beauté fusionnent étouffant l'artiste et l'homme en recherche infinie, plus loin que le quotidien banal et réducteur.

Un livre dont on sait que (sauf la filature de Tadzio dans Venise) l'auteur s'est inspiré d'un vécu et a osé mettre en mots ce qu'il avait de plus intime en lui.

Un chef d'oeuvre de finesse racontant la démesure du héros.
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J'ai revu récemment le film de Luchino Visconti et j'avoue que je l'ai trouvé un peu vieilli. Je me suis donc reportée à l'oeuvre originel publiée en 1912 "La mort à Venise" de Thomas Mann, prix Nobel de littérature 1929.
J'ai trouvé ce court roman bien meilleur que le film même si je ne suis pas vraiment tombée sous le charme de Tadzio comme Gustav von Aschenbach.
Écrivain reconnu à la morale sévère, Aschenbach part de Munich pour se rendre à Venise afin de retrouver un certain élan créateur et échapper à l'ordinaire.
C'est au Grand Hôtel des Bains du Lido qu'il croise Tadzio, un jeune adolescent polonais qui le fascine par sa beauté. Il va en être bouleversé sans même pouvoir lui parler. Aschenbach évoque Phaidros de Platon, dialogue centrée sur le thème de la beauté et de l'amour, sans que cela me touche.
Par contre, j'ai trouvé le contexte passionnant avec la progression du choléra à Venise, événement officiellement déguisé qui devient le secret de la ville faisant écho au secret de son coeur qu'il ne souhaite pas dévoiler. Face aux ruelles lugubres de Venise où l'épidémie transforme la ville il y a l'hôtel luxueux, endroit protégé où de riches familles insouciantes se prélassent.
Pourtant, c'est un destin tragique qui attend l'écrivain allemand à la psychologie complexe.
Roman à lire pour sa dimension dramatique sans la musique un peu trop insistante du film mais avec celle des mots de Thomas Mann.


Challenge Riquiqui 2021
Challenge XIXème siècle 2021
Challenge XXème siècle 2021
Challenge ABC 2021-2022
Challenge Nobel illimité

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Romans de Thomas Mann.
La mort à Venise – Gustav d'Aschenbach est un écrivain renommé à la réputation sans tache. Il est soudain pris de lassitude envers Munich et d'une folle envie de voyager, « mais à vrai dire une envie passionnée, le prenant en coup de foudre, et s'exaltant jusqu'à l'hallucination. » (p. 38) Il décide de revoir Venise, une ville qui l'a toujours séduit et réjoui, bien qu'il n'en ait jamais supporté le climat. Mais il n'a que la cité lacustre à l'esprit : c'est là que son besoin de dépaysement sera comblé. « Une paresse enchaînait l'esprit d'Aschenbach, pendant que ses sens goûtaient la formidable et étourdissante société du calme marin. » (p. 73) Installé dans son hôtel du Lido, il rencontre un jeune Polonais en villégiature avec sa mère et ses soeurs. L'enfant est blond, un peu maladif et d'une beauté éblouissante. La fascination d'Aschenbach va grandissant, entre émerveillement et honte. Peut-il rester à Venise ? Ne devrait-il pas partir pour échapper à l'emprise que ce garçon a sur coeur et au malaise que le climat vénitien fait naître en lui ? « Ce qui était si pénible à admettre, ce qui par moment lui paraissait absolument intolérable, c'était manifestement la pensée qu'il ne devait jamais revoir Venise et que ce départ était un adieu définitif. » (p. 79) Entre élans freinés et départs manqués, le voyage d'Aschenbach est un périple d'opérette à la fin dramatique quand le choléra se déclare en ville.
Les premières pages de ce court roman m'ont laissée perplexe, mais la rencontre avec le jeune Tadzio a tout mis en place. L'insupportable épisode du vieux beau sur le bateau a pris toute sa dimension, répété et amplifié, voire déformé en la personne d'Aschenbach. La jouissance de la beauté juvénile n'a finalement d'égale que la cruauté du temps qui s'enfuit. Mourir à Venise, c'est bien beau, mais c'est toujours mourir.

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Cest toujours un peu délicat de vouloir juger un auteur qui a reçu un prix nobel, en découvrant ce dernier sur un de ses livres mais pas sur le plus connu.
Jai trouvé que cette écriture était fluide, ca se lisait bien mais...évidemment il y a quelque chose qui m'a manqué. Peut-être qu'il s'agit du dynamisme je ne sais pas au juste mais j'ai vraiment eu l'impression que je n'avançais à rien dans cette histoire.
C'est très long, c'est très lent et c'est en somme très insignifiant.
Bon, je ne sais pas si j'aurai l'envie de continuer à decouvrir d'autres romans de cet auteur.
Je vais réfléchir...
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Un écrivain vieillissant, en voyage à Venise, tombe sous le charme du jeune Tadzio, adolescent polonais dont la famille est descendue au même hôtel que lui. Il ne peut se résoudre à quitter la ville, même après avoir eu confirmation qu'une mortelle épidémie y court. Voici donc, en extrêmement résumé, l'histoire de la mort à Venise dont j'avais lu nombre de critiques élogieuses. Hélas, je n'ai pas été sensible à la forme. Quant au fond, cette fascination folle pour un enfant m'a laissée vaguement mal à l'aise. C'est bien dommage pour une première rencontre avec la plume de Thomas Mann.
En revanche, j'ai bien plus apprécié la deuxième nouvelle de ce recueil : Tristan. Celle-ci m'a emportée au sanatorium, aux côtés de la fragile Gabrielle et, avec elle, je me suis laissée couler dans une terrible nostalgie.
Pour terminer, on peut lire le chemin du cimetière qui ne fait qu'une dizaine de pages et que j'étais, comme La mort à Venise, bien aise d'avoir terminé.
Je suis donc très mitigée sur cette lecture. Il me semble que ce livre était à lire, ne serait-ce que pour découvrir Thomas Mann. Cependant, je ne lui mets trois étoiles que grâce à Tristan.

Challenge XXème siècle 2022
Challenge XIXème siècle 2022
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Par un après-midi de printemps en 19--, Gustav Aschenbach, ou von Aschenbach partit de son appartement à Munich. L'écriture du matin l'avait surstimulé et il avait besoin de clarté. Comme beaucoup d'intellectuels allemands du début du XXe siècle, son esprit s'était régalé du classicisme de son environnement, lorsqu'il rencontra un homme aux cheveux roux déplaisant. Une étrange émotion s'éveilla en lui, une émotion qu'il identifiera plus tard comme un désir de voyager. Il avait été trop préoccupé par les devoirs que lui imposait la psyché collective européenne. Il avait besoin d'un intermède impromptu, un dolce farniente
Auteur d'une énorme épopée/biographie de Frédéric de Prusse, ainsi que d'une étude sur l'abjection, Aschenbach s'était tôt fait remarquer, et sa réputation n'avait cessé de croître. Sa fragilité physique, combinée à une estime de soi envahissante, lui laissait peu d'amis et il avait à peine remarqué que sa femme était décédée quelques années plus tôt. Il dormait 12 heures par jour, épuisé par le dur labeur de 20 minutes d'écriture et le sur-raffinement de son existence, mais Aschenbach ne se plaignait pas, acceptant que son devoir teutonique était de sublimer son Soi dans une extase de la volonté d'Art. , beauté et majuscules.
Il prit le train de nuit pour Trieste pour se diriger vers l'île de Pola. La pluie et le provincialisme remplirent bientôt de dépit cet artiste apollinien ;mauvais choix et il décida de partir à Venise.
Il débarqua à l'Hôtel des Bains sur le Lido
'À Venise, à l'affreux Lido,
Où vient sur l'herbe d'un tombeau
Mourir la pâle Adriatique...'
là où,
'le grand Byron allait quitter Ravenne,
Et chercher sur les mers quelque plage lointaine
Où finir en héros son immortel ennui...'
Mais notre Eschenbach connaissait-il les vers du grand titubant?
Très vite il fut rassuré d'entendre toutes les grandes langues du monde, même du polonais. Alors qu'il attendait le dîner, il vit trois filles et leur très beau frère de 14 ans. Il s'endormit dans un transport de joie et pénétra dans un pays de rêve où il fut beaucoup plus actif qu'il ne l'avait jamais été éveillé.
Au petit déjeuner il revit le jeune garçon dans la salle à manger. « Eh bien, mon petit Phéacien à tête d'Éros », se dit Aschenbach, comme tout homme de lettres submergé par la beauté liquide d'Achelous. Et comme, bien entendu, chacun d'entre nous l'eut dit.
Quand garçon, dont il apprit qu'il s'appelait Tadzio, apparut sur la plage où lui même avait accepté de se mêlet à la bruyante populace, il fut de nouveau foudroyé. « Tut, tut, Critobulus », pensait-il, d'une manière que son surmoi confondait avec l'affection paternelle, mais que son ça turbulent identifiait avec la pédérastie. Bien qu'il s'agisse d'une pédérastie noble, bien sûr.
Épuisé par le trajet d'une demi-heure – une histoire de départ avorté - , Aschenbach passa la semaine suivante allongé sur une chaise, profitant de la brise apaisante d'Oceanos et observant le physique aussi divin que translucide de Tadzio. "Oh Hyacinthe, Oh Phèdre," dit-il. "Comme je désire produire une prose d'une sensualité limpide à la hauteur de ta beauté." Au fil des jours, Aschenbach osa espérer, une fois même il eut un souri re et dit je t'aime – de façon aussi sobre que compassée à la silhouette du garçon qui s'éloignait.
Au cours de la quatrième semaine, Aschenbach entendit des rumeurs selon lesquelles il y avait une épidémie dans la ville, mais il ne put se résoudre à partir. Il suivait Tadzio plus ouvertement, appuyé contre la porte de sa chambre, appréciant les secrets coupables de la ville et de les siens tout aussi coupables jusqu'àl'ancienne noblesse de son avilissement.
C'était une épidémie de choléra, mais il ne pouvait pas se résoudre à le dire à la mère de Tadzio. La conscience de sa complicité l'enivreait et ses rêves se remplirent d'archétypes freudiens plombés de saturnales.
Il laissa le barbier lui teindre les cheveux et les joues et peindre ses lèvres en rouge cerise. Apollon laisse place à Dionysos. Il se délectait de sa sensualité, devenant de plus en plus imprudent dans sa poursuite de Phèdre. Il entendit la mère de Tadzio dire qu'ils partaient . Il commença à se sentir mal. À la plage il regardait, pour la dernière fois Tadzio lutter avec un ami, jusqu'au moment où voulant se lever de sa chaise, après avoir cru discerner un geste qu'il interprêta comme un appel de Tadzio, il s'écroula, écrasé sousle poids du symbolisme.
C'est là certainement l'oeuvre la plus humaine deMann,
admirablement servie au cinéma par Luchino Visconti,
et Dirk Bogarde qui fixe définitivement dans nos mémoires l'image d'Ashenbach.

Lien : http://holophernes.over-blog..
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J'ai lu Mort à Venise de Thomas Mann après avoir vu le film de Luchino Visconti, du temps où le cinéma italien avait quelque chose à dire et pas qu'un peu, il rayonnait pas moins dans le monde entier, et comme une fée ne vieillit pas, pas plus que Françoise Dorin qui inspira un jour Aznavour avec ce Que c'est triste Venise indémodable .. il n'est pas interdit de penser qu'il faudra le sacrifice de deux générations pour qu'un air nous rappelle à nos devoirs.

En fait, ce qui me fait repenser à la Mort à Venise de Thomas Mann, ce n'est ni le film, ni la chanson, c'est la pandémie du pangolin qui sévit en Chine. Oui il paraîtrait que l'origine du fléau serait le pangolin, cette bête d'allure préhistorique qui se love comme un serpent dont les chinois sont friands, et je me dis gardons-nous de nous moquer de la Chine parce que nous ne sommes pas mieux lotis qu'à Venise du temps du typhus ou de cocomachin maintenant qui sévit en Chine. Il n'est pas improbable que la saleté de Paris ou de Nice ou de Montreuil nous ramène une saloperie pareille. Les paris sont ouverts !.. Alors il y aura bien un auteur pour chanter la chanson ou écrire un film ou un livre qui comblera son manque d'imagination ou de matériau. Merci à Thomas Mann de nous avoir prévenus en tout cas de la plus belle manière qui soit !
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C'est un conte philosophique sur la beauté, écrit dans un style irréprochable par un des meilleurs auteurs de sa génération. Il se lit très vite et laisse penseur. Le lieu et les personnages sont idéalement choisis et tout semble maîtrisé au détail près. le climat qui se dégage de cette oeuvre est remarquable. A l'approche de la beauté parfaite, le sage en perd ses moyens.
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« Quiconque a de ses yeux contemplé la Beauté
est déjà livré à la mort ».
Les Sonnets d'Amour et Sonnets Vénitiens d'August von Platen sont cités par Thomas Mann dans la Mort à Venise, qui nous amène à suivre le parcours, à découvrir le destin, d'un écrivain renommé, Gustav Aschenbach. L'artiste vieillissant est d'ors et déjà formé dès le début du roman ; il mène alors une vie particulièrement réglée, mais celui-ci , cependant, ressent l'envie soudaine de voyager suite à une mystérieuse apparition. Ressentant un inquiétant manque d'enthousiasme, il prend donc la décision de partir pour renouveler son inspiration. Il choisit l'Italie , destination privilégiée d'un grand nombre d' auteurs classiques, en quête de l'Idéal. A Venise, l'auteur se détourne de ses tâches habituelles pour observer un jeune homme d'une beauté accomplie, Tadzio. Tout est dit, le destin d'Aschenbach est d'ors et déjà joué.
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La mort à Venise.
Venise se meurt. Si Thomas Mann a choisi la Sérénissime pour la mort d'un vieux cygne, ce n'est évidemment pas par hasard. Venise se meurt dans le combat qu'elle a toujours mené contre sa nature. Une création. Une chimère. Une utopie humaine.
Pourtant Venise existera toujours.
On retrouve dans la mort à Venise l'ivraie qui nourrissait l'auteur :
ce combat qu'il n'a jamais cessé de mener entre sa nature et la mission qu'il s'était donnée.
La passion ou l'art. Diptyque impossible pour Mann.
Le corps et l'esprit à jamais dissociable.
Céder entraine la chute, l'anéantissent, la mort.
Venise entre l'eau et le ciel doit choisir.
Le vieux cygne se meurt au chant de la chair.
Il faut agir et non subir chez Mann.
Agir pour créer. Subir ne serait qu'aimer. Voici l'enfer de Thomas Mann.

Tristan.
Même si cette nouvelle joue la carte d'un romantisme poitrinaire, c'est déjà la Montagne Magique qui s'y dessine.
C'est également ce que nous aimons chez Mann, cette rectitude, cette discipline qu'il impose à ses personnages et qui tout à coup provoquent chez eux une torsion . le point de rupture. Ce qu'aujourd'hui nous pourrions appeler un «pétage de plomb» . Des plus grands barrages naissent tous les déluges. On se tient droit, on résiste, on se dresse face au destin, et puis puis la nature fait la passion et les hommes avec ce qui leur reste.
Mann fait de Tristan l'homme qui ne comprend pas, et qui ne pardonne pas. le Tristan de Mann n'en mourra pas d'amour, soit, mais il fuira face à son propre dégout.

Le chemin du cimetière
La vie ne fait pas de cadeau et ne s'écarte pas de son chemin. Malheur à qui voudrait lui demander justice, réparation, ou porter plainte.
Mais voilà, lorsque le trop plein arrive il faut bien lui sortir tout ce qu'on retenait contre elle.
Le pauvre Piepsam vient de l'atteindre. Pauvre, seul, et saoul il lui crache sa haine. Il ne laissera pas impunément la vie mener facilement son chemin. Mourir en faisant face voilà qui n'est pas si étrange pour un auteur qui a toujours tenu à rester debout en vertu d'un certain «Quand même»...

Astrid Shriqui Garain

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