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C'est avec plaisir et émotion que j'ai retrouvé les personnages de L'Oiseau bleu d'Erzeroum. Nous sommes cette fois après la seconde guerre mondiale.
Araxie, Haïganouch (Assina) et leurs mari et enfants sont installés depuis les années 20 dans la banlieue parisienne.
Agop se laisse tenter par les sirènes soviétiques de faire venir les Arméniens pour reconstruire l'Arménie sur des terres soviétiques.Il part seul en éclaireur en 1947, par bateau. Mais sur place, il est confronté à l'administration soviétique dans toute sa dureté et les espoirs sont déçus dès le pied posé à terre.
On suit en alternance les chapitres qui lui sont consacrés sur les 13 ans de son périple soviétique, ainsi que les chapitres consacrés à la poétesse Haïganouch (petite soeur d'Araxie) qu'on retrouve également, et ceux consacrés à la famille restée en France.
Tous ces chassés-croisés s'entremêlent et s'organisent pour tisser la trame de ce roman.
Mais j'ai rarement été aussi énervée à la lecture de la chute de ce roman, que je refuse d'accepter. Non, Ian Manook ne peut pas nous faire ça, ou alors donnez-nous la suite des aventures de ''la pianiste Anouchka Doudorova et de son mari manchot''!
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Ce roman est la suite directe de "L'oiseau bleu d'Erzeroum". On retrouve les mêmes personnages qui continuent à vivre avec les souvenirs cruels et tragiques de leur enfance.
Dans celui-ci, la deuxième guerre mondiale est terminée mais des milliers d'arméniens partent, répondant à l'appel de Staline, dans l'espoir de reconstruire leur patrie.
Un roman fort, bouleversant et qui a le mérite de faire connaître cette partie de l'histoire tragique d'un peuple abandonné. On tremble de peur, de froid, de faim, pour les personnages qu'on a appris à connaître dans le premier tome.
Un livre à découvrir si ce n'est déjà fait !
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Un très bon roman qui mêle la grande Histoire, celle de l'Arménie et les tortures infligées au peuple Arménien à la petite histoire, celle de personnages émouvants et courageux que j'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver dans ce deuxième volet de cette intéressante saga de Ian Manook.

En principe, je n'aime pas trop les romans en plusieurs tomes, ou alors je les lis dans un intervalle restreint, afin de ne pas perdre le fil. Mais pour cela, il faut que l'ensemble des tomes soient parus au moment d'en commencer la lecture.
L'année dernière, j'ai lu et apprécié "L'oiseau bleu d'Erzeroum" au moment de sa parution. Me voilà donc à entamer le second volet un an et demi après...

Ce que j'avais craint n'est pas arrivé, l'histoire et les personnages se sont globalement bien remis en place dans ma tête et c'est un point positif.

A nouveau, j'ai été embarquée par ces destinées hors du commun, je mes suis révoltée contre les atrocités dont sont capables les Hommes et j'ai suivi avec beaucoup de plaisir cette fresque à la fois personnelle pour l'auteur et historique.

Un très très bon moment de lecture enrichissant et divertissant !
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Le chant d'Haïganouch de Ian Manook, présentation
1947, à Meudon, Agop a décidé de rejoindre l'URSS où il est dit que les Arméniens sont les bienvenus. Il laisse Haïganouch et ses deux enfants.

En France, c'est la fin de la guerre. Il y a eu des déportations. Plus aucune naturalisation n'a lieu.

Avis le chant d'Haïganouch de Ian Manook
La fin de la Seconde Guerre Mondiale a eu lieu il y a moins de quatre ans. Les Arméniens qui vivent et travaillent en France ne sont pas si bien accueillis que ça. Ils doivent faire face au racisme. Pour certains, le but est de retrouver leur pays car ils se sentent déracinés. le communisme est en plein essor et l'URSS fait office d'eldorado car elle promet de rendre aux Arméniens leur pays. Ils sont nombreux à partir, en famille ou seuls. Après les premiers jours où tout se passe ç peu près bien sur le bateau, la dure réalité les rattrape, tout comme leur arrivée sous joug soviétique. Ils vont très vite déchanter. C'est le cas d'Agop qui n'a écoute personne de sa famille. Il souhaite faire venir les siens un peu plus tard. Grande gueule, il arrive à avoir des conditions moins pires que les autres. Mais jusqu'à quel point. Il prend sous son aile un jeune garçon. Très vite, il veut revenir en France. Ses exploits à Berlin vont lui permettre d'entrevoir l'espoir. Mais le régime stalinien a besoin de main d'oeuvre. Il déporte tant et plus dans les régions les plus reculées, les plus arides, les plus froides du pays. Condamnations ou pas, ils vont être des milliers à être déportés, pour quelques années ou sans espoir de retour car ils vont perdre la vie face à de telles conditions qu'ils ne supporteront pas ou parce que le régime soviétique va les considérer comme des opposants. Qu'ils soient arméniens ou soviétiques, il n'est pas bon de s'opposer à ce régime totalitaire. Tous sont surveillés, doivent faire attention à ce qu'ils disent. Ceux qui ont le pouvoir, un jour, en profitent. Mais un autre jour, ils peuvent être déchus. le régime soviétique n'hésite pas à abattre d'une balle dans le dos. Même quand on sort, après une arrestation, tout est contrôlé. Pas le droit d'aller dans les villes, pas le droit de quitter le pays et autres. Quelle vie pour tous et toutes. Ils sont, tout de même, quelques uns à aider les leurs, au péril de leur vie, mais ils le savent. Car leur vie ne ressemble à rien. Que dire des arts. Il ne faut pas s'opposer au régime; C'est le cas d'Haïganouch qui va perdre et son mari, et son fils. Elle n'aura pratiquement jamais de nouvelles de ce dernier. Il faudra de belles circonstances pour que cela se passe, il faudra prendre des risques, mais qui valent le coup.

Pendant ce temps, la vie en France continue, même si les nouvelles d'Agop n'arrivent pas. La famille est toujours aussi soudée. Renouer des relations, les faire jouer pour qu'il revienne, mais sans donner de faux espoirs à la principale intéressées et ses enfants.. Les adultes vieillissent et les enfants grandissent et deviennent, à leur tour, des adultes, qui tombent amoureux. Clin d'oeil à Françoise, la femme de Ian Manook. Cette jeune femme est tombée amoureuse d'un Arménien et elle a rejoint la famille, la grande famille. Mais pas très facile de s'intégrer lorsqu'une femme règne sur le groupe. Les Arméniens forment une grande famille, ils sont soudés, ils s'aident et aident les autres, également. Les fêtes sont gigantesques et montrent une très grande solidarité et l'amour de l'autre.

Un livre politique qui détaille et qui est un devoir de mémoire pour tout ce que les Arméniens ont subi. Un coup de pied, également, au gouvernement français, qui les a abandonnés, qui ne s'est jamais préoccupé d'eux, même lors d'une visite officielle. Les rencontres n'ont rien donné. Les représailles ont été encore plus importantes.

Une partie de l'histoire que je ne connaissais absolument pas et qui est réellement enrichissante. le lecteur ne peut que compatir pour ses destins, qui sont si bien racontés. Ian Manook démontre, une nouvelle fois, son talent de conteur, qui sait changer de thème selon le sujet qu'il souhaite traiter. Coup de coeur, oui, pour ce roman, même si je n'ai pas eu ces montées d'émotion – jusqu'à pleurer – comme pour le premier.
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Le destin tragique de la famille arménienne de l'auteur se poursuit après leur arrivée en France à Meudon.

Nous les retrouvons en 1947, au coeur d'une petite communauté arménienne : Araxie et Haïgaz, Haïganouch qui a pris le prénom de sa petite soeur aveugle et dont elle a été séparée par la guerre et surtout son mari, héros de cette terrifiante cette saga : Agop.

Succombant aux promesses fallacieuses de Staline et rêvant de reconstruire une Arménie libre au sein de l'Union soviétique, cédant aux encouragements de ses camarades du Parti communiste français tout puissant en ces lendemains de guerre, Agop embarque à Marseille sur un navire affrêté par les Russes en compagnie de milliers d'Arméniens, avec l'objectif de préparer la venue de sa femme et de ses deux enfants dans ce nouveau foyer national qui sera enfin le leur.

Il s'est jeté lui-même dans la gueule du loup car dès leur arrivée, ces immigrants sont traités comme des traitres, pourchassés comme espions des régimes occidentaux, piégés entre camps de travail, chantiers de construction de voies de chemin de fer à même le pergélisol ou de creusement de canaux non navigables, torturés, frigorifiés, mis au cachot, asservis et affamés, broyés par le système du Goulag. Tout comme les Alsaciens enrôlés de force dans l'armée allemande – les « malgré nous » - puis capturés par les troupes soviétiques, ou comme les prisonniers russes libérés par les armées occidentales après la défaite allemande et qui sont considérés comme des collabos et assassinés par milliers à leur retour en Union soviétique.

L'enfer soviétique décrit par Patrick Manoukian n'a rien à envier à La vingt-cinquième heure de Virgil Gheorghiu qui m'avait tant remuée dans ma jeunesse, ni à l'oeuvre d'Alexandre Soljenitsyne. La maîtrise d'un peuple par la peur, la délation et le chantage, la corruption, l'arbitraire, la violence gratuite omniprésente, les séparations de familles, les déplacements de populations systématiques. Même après la mort de Staline en mars 1953, rien ne change. La vie des autres ne compte pas.

Pour ma part, je n'ai rien découvert de ces horreurs : à partir de 1944, mon père qui était Courrier diplomatique se rendait tous les trimestres à Moscou et racontait ensuite ce qu'il y voyait. Il s'y était fait un très fidèle ami, le journaliste correspondant permanent de l'Agence France Presse à Moscou Jean Nau, celui qui eut le scoop de l'annonce de la mort de Staline …

L'histoire qui nous est contée est si abracadabrantesque qu'elle ne peut qu'être vraie. L'oubli par la France de ses ressortissants piégés en Arménie soviétique aussi. Mais comment s'opposer à l'URSS ? Il est bon de replonger dans cette histoire épouvantable en ayant en perspective les conflits (au Caucase, en Ukraine) qui se déroulent sous nos yeux.

Le roman, parsemé de musiques et de poésie, s'achève par un nouveau suspens : vivement le troisième tome de la série !
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Les voyages avec Air Manook sont toujours beaux, mais difficiles. Magnifiques, mais durs, éprouvants, émouvants…

D'ailleurs, je n'ai pas lu ce roman tout de suite. Je voulais découvrir la suite au plus vite, mais j'avais peur. Peur que l'auteur ne maltraite encore ses personnages, que j'adore, que j'aime (mais si vous lui dites, je vous tue !!). Envie de rester avec, dans ma mémoire, le final du premier roman, où les personnages étaient sains et saufs.

Le premier tome avait été éprouvant à lire, surtout dans ses 50 premières pages. Celui-ci est différent, mais il n'en reste pas moins éprouvant, même si ce n'est plus le récit d'un génocide avec toutes ses horreurs. Dans ce deuxième volet, un personnage (Agop) va retourner en Arménie, devenue communiste et qui n'aura rien de la terre promise.

Staline, le communisme, l'URSS, je savais que j'allais morfler. le contrat est respecté et réussi. Dans ce nouveau roman, l'auteur va nous montrer le voyage d'Agop (que j'adore aussi, mais si vous lui dites, je vous tue !) en terres communistes et ce ne sera pas une promenade de santé.

L'auteur est champion dans les atmosphères, dans la description de l'Histoire, au travers de toutes les petites histoires qui font la Grande. le dépaysement était réussi, j'étais bel et bien en URSS, chez les Soviets, au milieu d'un système inique, totalitaire, arbitraire et violent. Fuyez, pauvres fous !

Dans ce système totalitaire, le régime règne par la peur. Vous pouvez vous faire arrêter pour tout et n'importe quoi. Non pas uniquement en raison de votre religion, de votre appartenance politique, de votre préférence sexuelle, de votre sexe, de votre ethnie, de votre nationalité…

Là-bas, la foudre peut frapper à tout moment, n'importe où et n'importe qui, même un dirigeant du parti totalitaire. Vous étiez tout hier, aujourd'hui, vous n'être plus rien qu'un corps mort. Si certains salopards aiment le côté grisant du pouvoir absolu et ne se privent pas pour en user et abuser, d'autres n'obéissent aux ordres que parce qu'il y a des menaces sur la tête de leur famille. L'auteur fait bien la distinction entre les deux, bien que la violence soit toujours présente, surtout si le type a peur que sa famille en pâtisse.

Alternant les chapitres consacrés au voyage d'Agop et ceux de sa grande famille arménienne, restée en France, le roman s'intéressera aussi au destin d'autres personnages, rencontrés dans le premier tome, comme notre poétesse aveugle, Haïganouch et son fils. Tous les fils tissent une grande toile et les chapitres se lisent tout seuls, la peur au ventre, les poils dressés sur les bras, en lisant quelques chiffres.

Une fois de plus, c'est un coup de coeur, en plus d'un coup dans les tripes, dans l'âme. Les voyages au pays de l'iniquité et de l'illogisme, poussé à son paroxysme, sont toujours éprouvants et on n'en revient jamais tout à fait entier.

Un roman puissant, portés par des personnages forts, possédant de la profondeur, auquel on est attaché. Une aventure horrible au pays des Soviets, faite de violences, de déportations, de goulags, de camps de travail, d'horreurs, mais avec une faible lueur dans la nuit, de l'espoir, beaucoup d'amitié et d'amour familial.

Les émotions ressenties durant ma lecture furent puissantes. Un roman historique aussi qui dénonce les erreurs de la France, d'un certain Mitterrand et sur le fait que l'on se fout toujours de ce qui arrive aux autres, tant que ça ne nous touche pas personnellement.

Un magnifique roman, tout simplement !

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Après avoir survécu au génocide Arménien, deux soeurs Araxie et Haïganouch ont été séparées sans savoir ce que l'autre est devenue, elles vont toutes deux construire leur vie. Araxie installée en France a épousé Haïgaz et sa soeur de coeur Agop, ils ont construit leur vie même si Araxie restent hantée par l'absence de sa petite soeur. Après la seconde guerre mondial Agop fait le choix de partir en URSS où Staline a promis aux Arméniens la construction d'une nouvelle Arménie. Laissant femme et enfants, leur promettant de revenir dans quelques mois si le rêve n'était qu'une chimère et avec une seconde mission si possible retrouver Haïganouch qui vivrait en URSS. Malheureusement le rêve est loin de la réalité et ces Français vont se retrouver prisonniers de leur espoir déchu car au bout du voyage la misère les attend mais aussi les camps de travail. Quant à Haïganouch traqué par le pouvoir va avoir à vivre de nombreuses épreuves et malgré sa cécité, elle va grâce à son talent et sa bienveillance échapper à bien des malheurs.

Le premier tome m'avait bouleversé, très difficile l'histoire du massacre de ce peuple est méconnue et ce roman permet à l'auteur de rendre hommage à toutes ces victimes oubliées mais surtout à sa famille. le second tome nous rapporte une nouvelle page terrifiante de l'histoire de ce peuple. Je n'ose comprendre comment un gouvernement peut traiter son peuple de cette manière et faire régner la terreur mais ne peut comprendre aussi comment notre gouvernement a pu troquer des hommes contre d'autres et ne pas s'enquérir de leur sort ensuite. Cette plongée en URSS est terrifiante, comment vivre avec une épée de Damoclès en permanence au-dessus de la tête, certains profitent des instants de grâce sachant que cela peut s'arrêter n'importe quand, d'autres ne peuvent eux que subir, c'est tellement incompréhensible sans oublier ceux qui font de leur mieux pour aider les autres tout en survivant eux même aux répressions. Merci à l'auteur de nous offrir l'histoire tragique de sa famille pour ne pas oublier se pan dramatique de l'histoire. J'ai beaucoup appris en lisant ces deux romans qui nous touchent en plein de coeur et malgré l'horreur, j'admire le courage et la résilience de toutes ses personnes. 

Une duologie que je ne peut que vous conseiller même si j'avoue rester sur ma faim à la fin! J'espère sincèrement un tome trois mais je pense en effet que cette fin ouverte laisse présager une suite! 
Lien : https://leslecturesdemamanna..
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Amis lecteurs, amies lectrices, souvenez-vous de L'Oiseau bleu d'Erzeroum, et plus exactement du billet de notre chroniqueur Philippe Smans.

Avec le chant d'Haïganouch, Ian Manook signe ici la suite de cette fresque familiale bouleversante, une saga historique tumultueuse, hymne à la résistance et à la mémoire d'un peuple et qui retrace le destin de la diaspora arménienne en France et en Russie de 1947 à 1965.

On leur avait promis une terre qu'ils ne quitteraient plus. Et c'est à un nouvel exil qu'ils sont contraints…

Ils en rêvaient : reconstruire leur pays et leur histoire.

Être l'enfant d'une diaspora, c'est devenir un nomade culturel, même si le nomadisme n'est au fait qu'une technique de survie en milieu hostile…

Quelques personnages :

Le couple Haïgaz et Araxie.

Le couple Agop et Haïganouch ( celle-ci s'appelait en réalité Assina mais a emprunté ,en sa mémoire, ce prénom qui est celui de la soeur d'Araxie, enlevée et déportée lors du génocide arménien ).

*

Meudon, 1947.

Araxie est triste. C'est sa première anxiété depuis longtemps. Depuis la mort de sa mère du côté d'Erzeroum, les massacres lors de sa déportation vers le désert de Deir-ez-Zor, et son esclavage à Alep. Plus de trente ans déjà qu'elle enterre tout ça sous le bonheur tranquille de la famille qu'elle a construite. Et voilà qu'un pan s'effrite. Pourquoi son Agop, son ami du temps de sa fuite d'Arménie, pourquoi cède-t-il aux sirènes des Soviétiques, lui qui les haïssait tant ? En effet, comme des milliers d'Arméniens, Agop, répondant à l'appel de Staline, du Parti Communiste français et des principales organisations arméniennes de France, quitte sa famille et embarque en 1947 à bord du Rossia dans le port de Marseille.

« Les hommes ne comprennent rien à la paix, ils préfèrent mourir pour des histoires de revanche ».

*

Erevan, Arménie soviétique.

Agop s'est senti trahi tout au long du périple. Ce train, ces wagons à bestiaux bricolés de rudimentaires banquettes en bois, les parois percées d'ouvertures pas plus larges que des meurtrières. Des plaines de Géorgie jusqu'à la frontière turque que le convoi a frôlée, hérissée partout de miradors, jusqu'aux plateaux caillouteux d'Arménie…

Mais au bout du voyage, c'est l'enfer soviétique qu'il découvre et il se retrouve successivement dans un camp de travail à Erevan et au goulag à Iakoutsk pendant plus d'une dizaine d'années.

*

Les idées sont toujours généreuses mais ne sont que des promesses qui enivrent ceux qui veulent y croire. Et puis la réalité finit toujours par rattraper l'utopie des idéalistes.

L'homme devient un outil du monde nouveau, et un soldat des guerres qui vont avec. Les uns comme les autres nous envoient mourir pour eux dans la grande lutte finale…

*

Pendant ce temps, sur les bords du lac Baïkal, Haïganouch, une poétesse aveugle, séparée de sa soeur lors du génocide de 1915, aujourd'hui traquée par la police politique russe, affronte elle aussi les tourments de l'Histoire.

*

– « La peur. Toujours la peur, comme tout le monde, parce que la peur et uniquement la peur tient ce pays ».

Gorgiev s'arrête soudain, et fixe quelque chose sur la route en lacets, loin derrière Agop qui se retourne pour suivre son regard. Ils sont deux, debout devant leur voiture, dans un virage qui surplombe l'ample plaine… des jumelles vissées aux yeux. Mais les deux hommes ne regardent ni la plaine ni l'Ararat. Ils les regardent eux. Agop et Gorgiev, sans même se cacher.

*

Moscou, 1954.

– « Tout le pays est comme ça,… à prendre des risques pour essayer de vivre malgré tout ».

*

Une magnifique odyssée où la peur rencontre l'espoir, le courage et l'entraide.

Inoubliable !
Lien : https://lesplaisirsdemarcpag..
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Quand Agop laisse les siens derrière lui c'est en nourrissant le rêve d'une vie meilleure sur la terre natale. D'ailleurs il n'est pas le seul, des milliers d'arméniens de France ont embarqué en 1947 à bord du Rossia. À peine monté, Agop sent que la situation sent le roussi. Et dès l'arrivée à Erevan, c'est le désenchantement total. Agop comprend qu'il se retrouve pris au piège,  prisonnier. La promesse n'était que du vent pour les attirer. Commence alors la survie dans les camps de travail d'Erevan et les goulags russes. Agop croise le chemin de Zazou, d'Haïganouch et de bien d'autres encore. Les destins se lient dans des cirsonstances horribles mais chacun garde l'espoir de s'en sortir un jour. 
L'espoir se mêle souvent au désespoir mais la rage de survivre et de vivre d'Agop le tiennne en vie car il veut revoir les siens coûte que coûte. 
Je n'ai pas lu le premier roman. Mais je pense qu'on peut les lire indépendamment. 
Un roman qui met en lumière à travers une fresque familiale au coeur de l'Histoire le courage d'hommes et de femmes qui ont été victimes de la machination orchestrée par Staline et soutenue par le Parti Communiste français et les principales organisations arméniennes de France. Ils ont été abandonnés à leur sort. 
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Un pan méconnu de l'histoire des Arménien.ne.s est évoqué dans ce roman qui fait suite à L'oiseau bleu d'Erzeroum du même auteur (qu'il est conseillé d'avoir lu avant). Désireux de retrouver leur pays perdu, pas toujours bien accueillis en France où ils s'étaient réfugiés, quelques-uns d'entre eux arrivent dans cette république soviétique crée par Staline ; ils déchanteront bien vite. L'absurdité du régime et de sa bureaucratie est présente à chaque page, la monstruosité de leurs bourreaux aussi, mais cette biographie familiale légèrement romancée est émaillée de chants et de poèmes, lueurs d'espoir dans la nuit. Et la solidarité dont font preuve de nombreuses personnes - y compris les plus inattendues - renforce encore cette espérance. Un grand livre qui présente une autre face de cet écrivain de romans policiers exotiques (qui nous a baladé de la Mongolie à l'Islande et au Brésil, en "nomade culturel, enfant d'une diaspora" ).
Ce roman m'a particulièrement touchée, car il fait remonter à ma mémoire quelques souvenirs de famille qui m'ont été racontés dans mon enfance (si l'auteur passe par ma ville, j'espère pouvoir le rencontrer pour lui dire combien j'apprécie ses livres).
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