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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comme il est difficile d'écrire sur ce bouquin tellement il m'a chamboulé !
Karim, jeune musulman non pratiquant vit avec Charlotte, ils vont avoir un bébé. Aucun des deux n'est proche de sa religion respective, laissant cela à leurs ainés ils s'en éloignent. Charlotte voulant fêter sa grossesse avec ses amies se rend au restaurant le Zébu Blanc, elle est hélas touchée mortellement lors d'un attentat. Karim est à ce moment-là avec l'iman de la mosquée. Il apprend que le tueur de sa femme est un ancien copain de CM2, Aurélien, converti. Karim décide alors de pénétrer dans les profondeurs de cette organisation terroriste.
Pascal Manoukian est un ancien reporter de guerre donc autant dire qu'il maîtrise son sujet à la perfection. Hélas sujet d'actualité.
On s'attache à Karim, on a peur pour lui et puis on espère. À travers ses yeux on découvre l'univers des terroristes et la violence qu'ils vouent envers les autres, le lavage de cerveau qu'ils imposent aux nouveaux arrivants, leur façon de penser si différente mais pourquoi ??
« Dieu est un pitbull, il ne lâche jamais. Il vous traque avec l'acharnement d'un vigile de supermarché. Ses commandements vous poursuivent comme des caméras de surveillance, elles vous rattrapent n'importe où, n'importe quand. C'est brutal, soudain. »
« Comme des lions, ils l'isolaient de son troupeau et l'épuisaient en tournoyant autour de lui, à cinq contre un. »
« Daech fait aussi la chasse aux livres, l'autre poison mortel. L'imagination est une arme dangereuse, la littérature, c'est la liberté d'inventer d'autres mondes, or il n'en existe qu'un seul comme il n'existe qu'un seul livre, celui de Dieu. »
On se rend compte que la Syrie est remplie de groupuscules islamistes qui se multiplient vite, très vite ! Ils fonctionnent ensemble avec un même objectif : tuer !
« La longue liste de leurs noms fait penser à un catalogue de série B : la Brigade de l'unicité, le Front des hommes libres de Syrie, la Conquête d'Alep, les Faucons syriens, les Partisans de la Charia, les Petits-Fils du Prophète, les Hommes libres du Levant, la Brigade de la justice, le Front pour la victoire des gens du Shâm et, bien sûr, l'État islamique en Irak et au Levant. »
L'embrigadement concerne aussi bien les hommes que les femmes, les jeunes que les plus âgés, peu importe la catégorie socio-professionnelle. Tout le monde peut être concerné il n'y a pas de règles définies.
« Dans le campement, on dirait l'Eurovision, ça parle dans toutes les langues. »
« En un vol low cost, ils sont passés de leur cage d'escalier aux ruines fumantes d'Alep, de chômeurs à tueurs. Ils arborent une kalachnikov comme d'autres la cravate. C'est leur tenue de travail. »
Nous sommes plongés dans cet univers grâce à Pascal Manoukian. Un récit qui fait froid dans le dos, qui m'a rendue triste mais confiante envers un meilleur avenir, parce que j'en ai eu besoin en refermant ce livre si sombre.
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Partir, c'est mourir un peu… beaucoup…

Second roman de Pascal Manoukian qui, après le merveilleux « Les échoués », roman sur les migrants, l'amitié et l'humanisme, s'attaque cette fois au périlleux sujet de la radicalisation.

Karim et Charlotte filent le parfait amour : elle est enceinte, leurs différences religieuses les réunissent au lieu de les séparer, la mosquée locale est allée jusqu'à conseiller à Karim de ne pas baptiser son futur enfant. Les familles s'apprécient. Rien ne semble pouvoir contrecarrer le bonheur en jachère entre Karim et Charlotte… à part Aurélien, récent radicalisé, qui va faire un carton sur la terrasse du 10ème arrondissement de Paris où Charlotte prend un verre avec ses amies en attendant Karim.

Ce soir-là Karim perd tout : sa vie, sa raison d'être. Alors il part. il quitte tout pour rejoindre la Syrie, Daesh et les terroristes, chercher vengeance. Il tient avec ce seul objectif : atteindre ceux qui ont favorisé la radicalisation d'Aurélien, son propre voisin dans la banlieue d'Aubervilliers.

Après avoir rencontré la mère d'Aurélien, Karim se sert de l'histoire du kamikaze pour entrer en contact avec les terroristes et rejoindre les rangs de Daesh.

Pascal Manoukian dresse bien le tableau d'une pieuvre tentaculaire qui puise dans le désarroi de ses proies les voies de la radicalisation. A travers une parole coranique corrompue et parcellaire, ils surfent sur les problèmes de société pour y apporter des réponses réconfortantes à des êtres fragilisés, à la marge, en porte à faux de leur famille, de leur vie.

Si Pascal Manoukian attire l'attention du lecteur sur les causes, il n'entrevoit pas de remèdes et c'est bien en cela que son roman manque de l'optimisme et de l'humanité qui faisaient la richesse de son précédent roman.

On s'attache pourtant passionnément au destin de Karim et des naufragés qu'il croise sur le chemin d'Alep. Sous la plume toujours aussi agréable de Pascal Manoukian, leurs vies prennent des dimensions aussi héroïques que tragiques.

Le fait que la religion musulmane, dévoyée par les terroristes, soit à même d'apporter des réponses, fausses mais réconfortantes, devrait nous interroger sur le silence abyssal des autres religions ou des contre-pouvoirs : comment et pourquoi les messages de paix des autres religions a-t-il pu perdre de sa valeur (je ne parle pas de sa force…) ?

Les pages relatant l'errance de Karim et de ses acolytes à travers les ruines syriennes sont particulièrement prenantes de justesse et de sensibilité, que ce soit à travers les histoires de Lila ou de la famille musulmane qui accompagnent Karim. Elles préparent le terrain à l'opposition frontale qui va frapper les protagonistes lors de leur embrigadement final. La violence des formateurs achèvera de tuer toute l'humanité qu'il restait dans ces âmes déjà perdues.

Il est donc juste dommage que Pascal Manoulian ne soit pas allé plus loin dans sa réflexion sur les mécanismes de la radicalisation pour essayer d'apporter des réponses aux messages de haine.

Sur le même thème, on lira aussi avec bonheur « le français » de Julien Suaudeau. Les deux romans portent le même regard sur la radicalisation, partent d'histoires similaires et dressent le même bilan d'une radicalisation sournoise, fondée sur le désarroi de ses proies, leur rejet d'une société dans laquelle ils ne trouvent pas ou plus les raisons de la sauvegarder.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-LW
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Une jeune femme Charlotte fête sa grossesse avec ces amies à la terrasse d'un bistrot parisien. Elles sont victimes d'un jeune terroriste qui agit au nom de l'état islamique. Karim, son compagnon a tout perdu et décide de comprendre et de se venger du commanditaire de cet attentat. On va remonter avec lui les filières d'embrigadement de Daech. C'est terrifiant! Ce roman a été douloureux à lire tant il est actuel. c'est comme si quelqu'un vous forçait à regarder quelque chose que vous ne voulez pas voir! beaucoup de questions ressortent de cette lecture.
Mais ne faut-il pas être lucide pour mieux comprendre et peut-être trouver des solutions?
A méditer...
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C'est un thème assez dur que nous propose l'auteur et mieux vaut savoir à quoi s'en tenir avant de se lancer. Pour faire simple, le livre s'ouvre faisant directement écho aux attentats de novembre 2015... Un sujet lourd et douloureux. Alors oui, j'ai été un peu dérangée par les premières pages qui sont très ancrées dans le décor parisien et chargées en émotions, mais heureusement l'histoire s'oriente ensuite vers autre chose. On quitte Paris pour accompagner Karim - un jeune homme qui vient de perdre sa compagne et toutes illusions de bonheur - dans sa folle tentative pour remonter jusqu'au commanditaire de l'assassinat de sa femme. Ses pas le mènent en Syrie où il va s'infiltrer dans les coulisses d'un monde inhumain.
Passé mes premières difficultés pour entrer dans ce sujet délicat, j'ai trouvé que c'était un roman fabuleux et extrêmement bien documenté. Fabuleux, car il nous ouvre les yeux sur tant de choses criantes de vérité, comme ce passage : "A force de ramollir les cerveaux de nos enfants, nous les avons rendus perméables à la connerie". Ou encore celui-ci où il nous fait apercevoir un pan de vie des civils syriens touchés par cette guerre de façon quotidienne : "Comme à Paris les sirènes emportent ceux qui ont une chance de vivre. Mais où sont les halls de théâtre pour abriter les blessés ici ? Où sont les hôpitaux, les chirurgiens, les cellules de soutien ?" Pascal Manoukian est un ancien journaliste de guerre mais il a surtout prouvé ici qu'il sait manier les mots et se révèle être un très bon écrivain. Sa plume m'a conquise et j'en redemande !
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Au départ de ce roman, tout commence bien. Les personnages, d'horizons différents, construisent leur vie, s'adaptent à leur milieu, s'imaginent un futur meilleur. Mais un jour tout bascule. Et l'horreur commence.
Pascal Manoukian nous emmène à la suite de Karim, le héros bien malgré lui du roman, dans une descente aux enfers brutale. Bien sûr, c'est un récit, mais il ne faut pas se voiler la face, c'est aussi une cruelle réalité. Ce livre raconte comment de jeunes européens peuvent adhérer au discours des islamistes radicaux. Pourquoi ils sont prêts à mourir mais aussi à se montrer cruel et à sacrifier des innocents.
Ce livre vaut la peine d'être lu, mais il est très dur. Il décrit une réalité terrible qu'il faut avoir le courage de regarder en face. Et je me dis qu'il nous rappelle que le rejet, l'intolérance et l'ignorance sont les causes de l'extrémisme et de la violence.
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