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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les faits se déroulent à Paris dans un passé très proche.
- Karim, jeune musulman s'est détourné de la mosquée car il est rebuté par les discours des extrémistes salafistes. Il vit avec Charlotte, d'éducation chrétienne. Elle est enceinte et décide d'aller fêter l'heureux évènement avec deux copines dans le 11ème arrondissement, à la terrasse du "Zébu blanc".
Karim la rejoindra après avoir informé l'imam de sa mosquée de sa décision d'élever son enfant en dehors de la religion.
- Chanchal est un émigré bangladais. Il vit en France avec sa femme Iman. Il vend des roses aux terrasses des cafés et se croit en sécurité à Paris.
Son destin va rejoindre celui des victimes.
- Aurélien a grandi dans la même école que Karim. Son parcours scolaire s'est déroulé sans problème. Il vit dans une cité à Aubervilliers. Son père est mort mais sa mère est bien présente. Il tourne mal et vend de la drogue puis se fait happer ensuite par les extrémistes de Daech. Il part en Syrie, puis revient avec des intentions de tuer de façon barbare. Ce soir-là, il se prépare à rejoindre la terrasse où Charlotte fait la fête avec ses amies, où Chanchal va passer vendre ses roses. Il est accompagné de l'assistant de l'imam de la mosquée de Karim. On se doute qu'il ne vient pas boire un verre.
C'est le drame. sanglant. de nombreuses personnes perdent la vie dont Charlotte.
Karim arrive après la tuerie, il ne sera plus jamais le même. Il va remonter jusqu'à la source du mal en s'infiltrant parmi les monstres.
Pascal Manoukian a fait un remarquable travail de radioscopie du terrorisme , du recrutement parmi les jeunes et de leur adhésion.
En attendant, la lecture est percutante. J'ignorais que j'allais avoir affaire à un livre aussi fort. L'auteur est journaliste et pourtant le style est loin d'être technique. Il emploie des images comme la paille symbolisée par Karim pour évoquer l'imam et les recruteurs qui gobent littéralement les pensées personnelles.
Une seule scène me paraît être en-dehors de la réalité. A l'enterrement de Charlotte, le prêtre accuse Dieu de lâcheté. Jamais vu, jamais entendu!
Il faut avancer plus loin dans le livre pour comprendre le vrai sens du titre qui est une citation du Coran.
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A travers les destins de Karim, Aurélien, Lila, Adam et de quelques autres plus ou moins anonymes, l'auteur dresse un tableau très sombre de l'Etat Islamique, de leurs têtes pensantes/dirigeantes à leurs exécutants. Approche et recrutement par internet, départ de jeunes volontaires ultra-motivés, combats en Syrie, implication de petits enfants (qui doivent s'entraîner à tuer en éventrant des peluches, en égorgeant des volailles...), embrigadement d'adolescentes, au 'mieux' pour être soldates, au pire pour servir de putes à qui-n'en-veut.

Pascal Manoukian n'épargne pas grand chose à son lecteur. J'avais pu le constater dans son excellent premier roman 'Les échoués', consacré au parcours de quelques migrants arrivés clandestinement en France au début des années 90.

Ce dernier ouvrage est très instructif, certes, et il montre bien le pouvoir des images et des baratins de propagande véhiculés via le net, mais cette vision apocalyptique m'a dérangée, même si elle correspond à la réalité - je n'en doute pas.
Le portrait de cette organisation terroriste est tellement terrifiant qu'il risque de rendre parano le lecteur occidental 'non averti'. L'auteur a beau souligner à quel point les jeunes recrues de l'EI sont les premières victimes, on peut craindre que certains confondent ses véritables intentions avec un discours prônant un repli franchouillo-nationaliste, un appel à une méfiance accrue à l'égard de l'islam et des étrangers (du genre 'attention, les terroristes sont partout !').

J'ai préféré les approches plus nuancées d'Ingrid Desjours dans 'Les fauves', et de Thierry Jonquet dans 'Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte'.
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Un attentat terroriste à une terrasse de café à Paris.
Charlotte, enceinte de Karim s'y trouve avec des amies et meurt.
Désespéré, Karim n'aspire qu'à venger Charlotte et va infiltrer Daech pour tuer le commanditaire de cet attentat.
A Alep il est confronté aux atrocités djihadistes.
Quel livre dur !
Le terrorisme y est minutieusement détaillé, et ça fait froid dans le dos.
On sent l'oeil et l'écriture du journaliste de guerre qu'est Pascal Manoukian.
Tout est précis, décrit sans jugement, juste des faits.
Et quels faits.
On a beau connaître toutes ces ignominies par les actualités, ce roman nous plonge dedans avec un réalisme impressionnant.
Que d'atrocités au nom de la religion.
Combien d'âmes désemparées se laissent embrigader.
Combien de victimes innocentes.
L'auteur a réussi un livre puissant qu'il serra difficile d'oublier.
Un livre qui hélas n'est pas qu'un roman.
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Charlotte et ses deux amies Aurélie et Mathilde, trois jeunes femmes parisiennes, prennent l'apéritif à une terrasse d'un café quand deux terroristes surgissent et font feu. Charlotte, qui était enceinte, décède ainsi que ses amies et d'autres personnes. Son compagnon Karim, éperdu de douleur, va chercher à comprendre, d'autant plus qu'il connaissait un des deux tireurs. Karim réussit à intégrer via Facebook un réseau terroriste, afin de se venger. Il va passer par la Belgique avec d'autres personnes et rejoindre la Syrie où il découvre l'horreur au quotidien. Enrôlé comme cameraman et monteur vidéo, Karim aura-t-il le courage d'aller au bout de sa démarche ?

J'avais été très touchée par le précédent roman de Pascal Manoukian, Les échoués, aussi quand j'ai lu les critiques élogieuses de son nouveau livre, j'ai eu très envie de le découvrir à mon tour.
J'ai beaucoup aimé Ce que tient ta main droite t'appartient, roman au titre étrange qui fait référence à une citation du Coran à laquelle se réfèrent très souvent les membres de Daech.
Ce roman est tellement bien documenté qu'on a l'impression de vivre les combats en Syrie, les descriptions faites sont très réalistes et frappantes. Elles nous évoquent les scènes de dévastation et de violence pure qu'on peut voir dans les journaux télévisés.
En même temps, en tant que lectrice, j'ai appris des choses que je ne connaissais pas, comme par exemple le sort que subissent les populations yézédites, Pascal Manoukian réussissant ici à mêler le travail de l'écrivain et du journaliste reporter.
J'ai apprécié aussi le retour d'un personnage des Egarés, Chanchal, le vendeur indien de roses.
J'ai tremblé pour Karim quand il pénètre en Syrie, on sait pour lui qu'il va lui être très difficile d'en réchapper. Les scènes finales sont l'aboutissement logiques et inéluctable d'un combat mené par un homme contre des dizaines, des centaines, milliers d'autres peut-être.
Ce roman fait réfléchir, il mériterait d'être connu, voire mis en scène, pour que son message soit diffusé au maximum afin de pousser à la réflexion les personnes qui sont sur le point ou pourraient être tentées de basculer.
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« Tu sais ce que le prophète a dit ?
- A propos de quoi ? Il a dit beaucoup de choses.
- de la guerre contre les mécréants.
- Non.
- Qu'après la victoire tout ce que tient ta main droite t'appartient. Alors elles sont toutes à toi. »

« Ma malakat aymanukum » possède plusieurs traductions, dont les deux suivantes : « ceux que ta main droite possède » (M.H. Shakir) ou « ceux qui sont tes esclaves » (N.J. Dawood). Ce que possède ta main droite t'appartient, tu en disposes à ta convenance.

A Paris, Karim et Charlotte mènent une vie heureuse, faite de complicité et de simplicité, et bientôt, leur famille va s'agrandir. Charlotte est enceinte de six mois, et le jeune couple s'apprête à accueillir une petite Isis (en hommage à la déesse égyptienne adulée de son peuple), dont la naissance est attendue avec impatience et excitation. Charlotte et Karim forment un couple particulièrement heureux et libre, ils s'aiment sans contraintes, ils aiment être ensemble oui, mais ils n'hésitent pas non plus à s'accorder des moments plus « égoïstes », Karim avec ses copains et Charlotte avec ses copines, et, en cette chaude soirée estivale, Charlotte ne manque pas à la règle. Ce soir, c'est terrasse avec les filles, apéro et rires jusqu'à pas d'heure.

Tout vient à point qui sait attendre, dit la maxime…

Tout vient à point ou ne vient pas. Isis ne verra jamais le jour, et Karim ne verra plus jamais Charlotte. Pourquoi ? Parce que sa route a croisé celle d'Aurélien, un jeune paumé qui s'est converti à l'Islam et qui s'est fait enrôler par des Islamistes. Avec ingéniosité, intelligence et ruse (Ô combien leurs tactiques sont révoltantes, tant elles passent entre les mailles du filet), Aurélien a finalement trouvé un sens à sa vie, en mettant fin à celle des autres, en se sacrifiant pour le pardon d'Allah, comme on le lui a promis, il a trouvé la Lumière et mis fin à son calvaire sur Terre, lui qui était délaissé de ses pairs, sa mère, ses anciens copains d'école, dont Karim faisait partie.

Pourquoi ? Et comment survivre après ça, après cet acharnement de haine intangible pour des convictions absurdes, de prêches perfides et fallacieux ?

Karim n'a plus rien à perdre, puisqu'on lui a tout pris. La seule volonté qui lui reste c'est ce désir ardent de vengeance, au nom d'Isis et de Charlotte. Mais rien ne se passe à Paris, tout se déroule dans les hautes sphères de l'Etat islamique, en Syrie, et pour venger les siens, Karim va devoir adhérer aux dogmes qui ont détruit sa vie, côtoyer les hommes qui ont amené Aurélien à devenir martyr au nom d'un Dieu qu'il ne connaissait pas, aider les ennemis, les traîtres, travailler à leurs côtés et les aider dans leur quête d'une toute-puissance prétendument méritée et, dans ce périple qui le poussera dans tous ses retranchements, Karim aura pour seul but de rencontrer l'homme qui dirige tous ces soldats, loin des champs de bataille, loin des conflits sur le terrain, loin des corps démembrés, loin des femmes esclaves, loin des massacres, loin des horreurs de cette guerre.

Je ne saurais vous décrire ce roman, il faut le lire et le vivre ; il ne s'agit pas d'un simple roman, d'un livre qu'on lirait comme ça, pour passer le temps, pour se détendre, non ; on plonge dans un drame, corps et âme, et on avance, avec Karim, on progresse pas à pas, avec angoisse, dans le quotidien de sa lutte acharnée. J'ignorais tellement de choses, qu'il s'agisse des techniques de communication des djihadistes, des génocides qu'ils commettent, des prouesses technologiques dont ils usent. Pascal Manoukian a écrit un roman qu'il faut lire, un roman profondément humain, terriblement humain malheureusement, qui perturbe, dérange et démange.

En découvrant Karim et son parcours, vous découvrirez ô combien « ce que tient leur main droite leur appartient ».


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Le poignard qui décapite appartient à celui qui assassine comme la plume à celui qui dénonce les meurtres. Et c'est là toute la différence entre le bien et le mal.

Le hasard m'a fait lire ce roman juste après Sans Véronique et les deux histoires, se ressemblent, se superposent, se complètent aussi, tissant inexorablement une fin quasi similaire qu'on aurait voulu tellement différente.

Après ces deux lectures, un tigre tente de me dévorer dans un rêve que je maudis et qui devient récurrent chaque fois que le mal terroriste s'approche trop près de moi.

Il faudrait que je me mette aux feel good sans tarder si je ne veux pas devenir insomniaque !

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Si vous avez lu Les échoués, son poignant premier roman, vous savez que Pascal Manoukian, ancien reporter de guerre, ne cherche pas à travers la fiction à proposer une vision édulcorée du sujet dont il s'empare. Il ne considère pas le roman comme un terrain de divertissement, mais peut-être plutôt comme une forme lui permettant de porter un regard différent sur ce dont il a pu être témoin, notamment dans son activité professionnelle, et je lui en sais gré. Après avoir dépeint la condition des migrants, il s'intéresse cette fois au terrorisme islamique. Autant vous dire qu'on n'aborde pas cette lecture avec légèreté...

Manoukian utilise comme point de départ un attentat perpétré à Paris, à la terrasse du Zébu blanc, un café du Xe arrondissement, qui n'est évidemment pas sans rappeler les terribles événements que nous avons connus en novembre 2015. Son héros, Karim, d'origine algérienne, musulman non pratiquant, est sur le point d'avoir un enfant avec la jolie Charlotte. A eux deux, ils forment un couple heureux et confiant en l'avenir. Mais Charlotte est l'une des victimes du Zébu blanc, et Karim doit faire face à l'insondable douleur. Pour rester debout, il éprouve le besoin de comprendre et de remonter à la source de ce carnage.
Par le biais d'Internet et des réseaux sociaux, il entre alors en contact avec des responsables de Daech afin de partir pour la Syrie, avec le projet un peu flou, et surtout un peu fou, d'approcher l'un des chefs de cette organisation. A la nécessité de comprendre et de toucher du doigt l'origine de ce qui a détruit sa vie se mêle un irrépressible besoin de rendre la douleur.

Je ne vous dirai rien de plus de l'intrigue magistralement menée par l'auteur. Car tout son talent est là, dans son habileté à construire une fiction qu'on ne lâche pas, en compagnie de personnages auxquels on s'attache très vite, mais qui évoluent dans un paysage que l'on sait scrupuleusement documenté et malheureusement très réaliste. Evidemment, certaines scènes sont insoutenables, précisément parce qu'on a pu voir relater des faits similaires dans la presse. Mais par le regard de son héros, Manoukian réussit toutefois à ramener une étincelle d'humanité là où tout n'est que barbarie, et l'on parvient dès lors à aller au bout de ces terribles moments.
Mais surtout, et il le doit sans aucun doute à la connaissance qu'il a acquise sur le terrain, il ne se contente pas de décrire les événements. Il explique, par un contexte économique, par un contexte géopolitique, par le constat d'un mouvement progressif mais généralisé vers une forme d'aculturation, la manière dont on en arrive à voir l'impensable exister. Il démonte avec précision les mécanismes de recrutement des terroristes. Il donne à voir l'escalade, il montre sur quels terreaux naissent la haine et la violence. Il porte un regard sans concession, mais jamais dénué d'humanité.
Il en ressort un roman d'une grande force, d'une belle intelligence, servi par une écriture fluide et efficace, élégante et juste.

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Un coup de poing dans le ventre. Voilà comment j'ai ressenti cette lecture. Dès que les premières lignes, j'ai senti que ce livre allait me marquer, allait parfois même me faire mal. Pascal Manoukian parvient à nous faire passer par un panel de sentiments : la peur, l'effroi, l'incompréhension, l'angoisse, la stupéfaction.
Et dans ce livre, même si on ressent un certain malaise à certaines pages, on ne peut pas se réfugier dans le "C'est juste de la fiction" : rien n'est inventé, l'auteur qui est aussi journaliste ne fait que retracer ce qu'il a pu voir, connaître, entendre de ce qui se passe en Syrie, de ce qui se passe actuellement en France, et un peu partout en Occident.
Il est difficile d'attribuer à ce livre un coup de coeur tant le sujet est grave, douloureux. En tout cas, c'est un livre qui marque, qui explique, qui fait mal parfois mais qui est nécessaire pour celles et ceux qui veulent comprendre.
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Charlotte et Karim s'aiment, bientôt ils seront trois plus heureux encore... Mais la barbarie et l'horreur sont là toutes proches... Alors qu'elle boit un verre avec des copines à la terrasse du "Zébu blanc", Charlotte est happée par une bombe déclenchée par un jeune français radicalisé. Karim perd tout ! Par désir de vengeance et pour retrouver le commanditaire de l'attentat, il s'envole pour la Syrie comme combattant de l'État islamique. Là il sera confronté à l'horreur absolue et à la machine de communication de Daech prêt à tout pour recruter de nouveaux combattants.
Ancien reporter de terrain, Pascal Manoukian signe un roman coup de poing effrayant de réalisme. Un roman d'actualité intelligent qui laisse une empreinte indélébile sur son lecteur.

Un avis de Raphaël
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Une écriture forte ...terriblement d'actualité
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