AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,01

sur 199 notes
5
37 avis
4
34 avis
3
9 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le paradoxe d'Anderson est un paradoxe selon lequel le fait que des enfants obtiennent un diplôme supérieur à celui de leurs parents ne leur assurera pas forcément une position sociale plus élevée. Aline et Christophe n'ont pas de diplôme. Ils travaillent tous les deux à l'usine, dans l'Oise. Aline dans une manufacture de chaussettes, et Christophe dans la fabrication de bouteilles. Ils ont deux enfants, Léa et Mathis. Léa est sur le point de passer son bac, et ses parents ont mis tous leurs espoirs en elle. Avec ce bac, elle pourra s'élever et vivre la vie dont elle rêve. Mais Aline et Christophe sont sur le fil du rasoir, ils gagnent assez d'argent pour s'assurer une vie agréable et permettre à leurs enfants de faire des études, mais il ne faudrait pas que l'un d'eux perde son travail, car cela compliquerait les choses. Et un jour, le couperet tombe, Aline fait partie des victimes d'un plan de restructuration, elle perd son emploi, et c'est la descente aux enfers. Dans le paradoxe d'Anderson, Pascal Manoukian nous fait entrer dans la peau des personnages, il arrive à nous faire ressentir la honte, la peur, le désespoir qui s'emparent de ce couple. J'ai été happée par ce roman, comme je l'avais été par Les échoués. A tel point que quand, entre deux épisodes de lecture, j'ai été chercher le courrier dans ma boîte aux lettres et y ai trouvé des factures, j'ai eu un moment d'angoisse (pourtant je pourrai les payer et continuer de m'acheter des livres…). Et ça, c'est la preuve pour moi que ce roman est excellent.
Commenter  J’apprécie          132
Le sujet peut paraître dur mais à travers ce livre, on comprend mieux la détresse des ouvriers quand leur usine ferme, ceux qui prennent le nom de "leur" marque (les Continental, Whirlpool ... ici c'est Univerre et Wooly) qui justement n'a pas d'état d'âme au moment de dégraisser et délocaliser pour mieux servir des dividendes.
Aline et Christophe (je n'ai saisi le lien qu'en fin de livre) sont deux ouvriers heureux, amoureux l'un de l'autre qui espèrent un avenir meilleur pour leurs enfants. Et c'est la fermeture des usines, la cata et le couple va dévisser, tenter de tenir le coup contre vents et marées , cacher la terrible vérité aux enfants, les préserver encore un peu, au moins jusqu'au bac.
Les 20 dernières pages sont absolument époustouflantes mais chut ....
Je recommande ce livre et cet auteur que décidément j'apprécie de plus en plus.
Commenter  J’apprécie          134
Une lecture addictive que j'ai dévoré en 2 jours porté par le chant de désespoir et d'amour d'Aline, ouvrière, la petite quarantaine, qui pose un regard pictural autour d'elle.
L'usine va fermer et cela se chuchote dans les allées au milieu des machines. Aline est une battante et a construit pierre par pierre, bulbe par bulbe, sa jolie vie, modeste, remplie d'amour et de bienveillance au côté de Christophe son mari. L'usine ferme mais elle s'est promis que rien n'arrêterait ses bras de mère, d'épouse, de fille, d'amie, de collègue à porter les gens qu'elle aime.
Rien si ce n'est le paradoxe d'Anderson, la vie économique, le capital, le fatalisme... et tout ce qui va rouler sur l'âme et le corps de la tendre Aline.
Loin de tout misérabilisme, un beau roman, joliment construit, tendre et acide en même temps.
Commenter  J’apprécie          122
Pour mon premier livre de cette riche rentrée littéraire, j'ai choisi le paradoxe d'Anderson, et j'ai sacrément bien fait.
Un vrai coup de coeur pour cet ouvrage magnifique dont je ne connaissais pas l'auteur.
L'écriture est sublime, limite poétique parfois, et pourtant le sujet ne l'est guère...
Il s'agit d'une famille déchirée et meurtrie par le chômage, les licenciements, les huissiers, et la descente aux enfers.
La plus grande passe le bac et le plus jeune a une maladie orpheline que les médecins ne savent diagnostiquer.
Tout allait bien jusqu'au licenciement d'Annie, la mère, et de la grève pour le père. Ils se retrouvent sans ressources du jour au lendemain, et ils font face avec beaucoup de courage.
Je vous épargne les détails de cette "belle" histoire, mais elle m'a touchée au plus profond de moi-même.
A travers cette tragédie (car c'en est bien une, la fin nous le confirmera...), l'auteur digresse très intelligemment sur la lutte des classes, le chômage, la pauvreté, le surendettement.
Pourquoi ce titre ? C'est le fait qu'un enfant plus diplômé que ses parents n'accède pas à une classe sociale supérieure.
C'est un drame ou devrais-je peut-être dire des drames, des drames humains comme on peut en croiser nous-mêmes tous les jours, en desillant peu à peu nos yeux. Pour peu que l'on en ai le courage.
L'amour que se porte le couple est touchant, pur et simple, mais véritable. Mais ce n'empêchera pas le drame final.
Un très beau livre, très bien écrit, j'ai découvert cet auteur avec un grand bonheur.
La rentrée littéraire commence sous de bons augures !

Commenter  J’apprécie          129
" Les usines n'engraissent que ceux qui les possèdent. "

Aline, la quarantaine, est chef d'équipe dans une fabrique de textile dans le nord de l'Oise, son mari Christophe occupe le même poste dans une usine de fabrication de bouteilles. Ils forment un couple uni et vivent un bonheur parfait avec leurs deux enfants, le jeune Mathis à la santé fragile et Léa qui rêve de changer le monde et de voyager pour aider les autres.

Mais la crise économique sévit dans la région et la vie du couple bascule lorsque les deux usines qui les emploient délocalisent leur activité. Les machines qu'Aline supervise sont déménagées de nuit et la jeune femme est informée de son licenciement par texto. Quant à Christophe, face aux menaces qui pèsent sur son usine, il se met en grève et occupe son usine avec ses camarades.

Pour les épargner et ne pas perdre leur estime, Aline et Christophe cachent la vérité à leurs enfants et font semblant de vivre comme avant. Il leur faut protéger leur fille Léa, 17 ans, qui prépare son bac, un examen qui est pour eux synonyme d'ascenseur social. Léa est en section "économique et social" et étudie le fameux Paradoxe d'Anderson selon lequel l'acquisition d'un diplôme supérieur à celui de son père n'assure pas, nécessairement, à un étudiant une position sociale plus élevée. "Plus rien n'est acquis. Plus rien ne protège. Pas même les diplômes". C'est l'occasion pour Aline qui aide sa fille à réviser de réfléchir aux différents modèles économiques avec en mémoire les mots de son grand-père communiste, surnommé Staline, un homme aux fortes convictions.

Cette histoire de déclassement social, tristement d'actualité, est poignante et serre le coeur jusqu'au dénouement final. J'ai rarement vu des personnages aussi forts et aussi attachants que ceux que Pascal Manoukian met en scène dans ses romans. Il signe ici un roman engagé dans lequel il égratigne au passage quelques hommes politiques avec des propos bien acérés. Il décortique le phénomène de la mondialisation, des délocalisations d'usines et dénonce le mépris des dirigeants. Il dépeint des situations qui font trop souvent la une des médias et raconte le désespoir, l'humiliation et l'impuissance des laissés pour compte. Tout au long du livre on ressent très fort sa colère et sa profonde empathie pour les victimes de la crise économique et de la casse sociale. Voilà un écrivain qui a choisi, de livre en livre, de parler de l'homme, des démunis, des faibles et qui le fait magnifiquement bien avec beaucoup de justesse et d'humanité. Un livre fort et nécessaire comme tous les romans de cet auteur. Un roman qui fait écho au film "En guerre" sorti cet hiver.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
Commenter  J’apprécie          113
Paradoxe d'Anderson : paradoxe empirique selon lequel l'acquisition par un étudiant d'un diplôme supérieur à celui de son père ne lui assure pas, nécessairement, une position sociale plus élevée...
Ça c'est pour la théorie économique et sociale.
Parce qu'à peine plongée dans les pages de ce roman, c'est de paradoxe universel dont je pourrais parler, celui qui assujettit et asservit les pauvres pour que les riches le soient encore plus. Ce "nouveau monde" qui laisse de côté les plus fragiles, ceux qui s'esquintent sur des machines pour payer leur loyer, faire rêver leurs gosses, et se retrouvent endettés, parfois à la rue, parce que le patron qui les emploie veut produire moins cher ailleurs.
Loin de moi l'idée de mêler la politique à l'affaire, je laisse ça aux autres, mais ce roman donne envie de se réveiller, de faire "bouger les lignes"...
D'autant que l'auteur nous plonge dans une réalité qui nous épargne le pathos, donne corps à des personnages qui pourraient être vous et moi (ouvrier ou non), et remue quelques principes de bon sens que tout le monde semble oublier aujourd'hui !
J'ai criblé ce roman de "post-it" (je les ai choisis de couleur rose, ils auraient pu être gris orage...voir ci-dessous..) , j'ai trouvé ici une résonance à mes inquiétudes face à un monde qui fout le camp, j'ai ressenti la tristesse (et aussi l'espoir malgré cette fin que je n'attendais pas)?
J'ai trouvé que ce roman était âpre, presque cruel, plus fort que Les échoués, j'ai eu quelques larmes, j'ai été touchée.
Si vous voulez du "feel good" (yerk !), passez votre chemin ! Là, c'est du brut de vie, c'est ce que vivent certains de nos contemporains, c'est salutaire parce que "Bonnie et Tide" ne renoncent pas, parce que, sans tomber dans le "bleu-blanc-rouge" ultra-nationaliste, il reste des gens qui croient encore en l'humain et ne cherche pas du côté de Marine Hitler des solutions à leur désarroi !!
Une belle lecture, une leçon de vie, une autre manière de voir notre monde...indispensable pour créer le futur de nos enfants !

"Les permanences du parti sont autant de salles de shoot, où à l'abri des murs et des slogans on autorise ce qui est interdit : la haine de l'autre, le racisme, le négationnisme. Le plus noir de l'homme est repeint en bleu marine, un camouflage grossier. On n'est plus facho mais patriote, plus raciste mais pour la préférence nationale, plus antisémite mais contre les forces de l'argent."

"Depuis la grève et le licenciement d'Aline, Christophe n'y croit plus , ni à lui ni aux autres, et à leurs promesses d'un monde meilleur. Dieu, Karl Marx, Mark Zuckenberg se moquent bien d'eux. (...) ils accumulent plus d’argent que les gouvernements, plus d'informations que les services de renseignements réunis, se moquent des frontières et des impôts, surpassent le pouvoir des États et multiplient les réseaux comme Jésus multipliait les pains, prêchant la même parole : "Likez-vous les uns les autres", mais en réalité ils émiettent les droits les plus élémentaires, dévalisent les vies privées et préparent une société à leur main où tout le monde sera transparent."

Commenter  J’apprécie          103
Pascal Manoukian est en train de construire une véritable oeuvre, une oeuvre sociale, une étude fine et sans concession de notre monde actuel. Et si je n'étais aussi hostile aux comparaisons, je le rapprocherais bien de Zola.

Son premier roman, "Les échoués", nous embarquait sur des canots de fortune aux côtés de migrants fuyant la guerre ou la famine de leur pays pour atteindre d'hypothétiques eldorados. Son deuxième "Ce que tient ta main droite t'appartient", nous plongeait au coeur de DAESCH, dont il analysait les mécanismes de recrutement de son oeil acéré de grand reporter. Son troisième, "Le Paradoxe d'Anderson", plus proche de nous encore, s'attaque à la mondialisation, aux grands groupes et aux délocalisations qui ruinent la vie des ouvriers.

Aline et Christophe, la quarantaine, sont tous les deux ouvriers d'usine dans l'Oise. Elle, passe ses journées devant une machine à tricoter des chaussettes et lui, se brûle aux fours d'où sort le verre qu'il transforme en bouteilles. Ils ont deux enfants. Léa, jolie jeune fille de 17 ans, élève en Terminale ES, prépare son bac et Mathis, enfant volant le plus souvent de branche en branche dans son "arbre à Tarzan", est atteint d'une maladie inconnue. Une famille normale, quoi, avec ses joies et ses peines, une maison achetée à crédit, bien sûr, et une seconde voiture non encore payée. Mais quand un matin une partie des machines, dont celle d'Aline, a disparu, quand les collègues de Christophe décident de se mettre en grève parce qu'il est question de délocalisation… c'est leur monde qui disparait.

Lire les ouvrages de l'auteur, c'est vivre de l'intérieur les bonheurs et surtout les malheurs de ses personnages qui pourraient être n'importe lequel d'entre nous. Comme un oiseau sur une branche, le sort de chacun est décrit dans sa fragilité. Les espoirs ne sont plus permis puisque même les grands diplômés ne trouvent aucun travail à la hauteur de leur savoir et de leurs compétences. C'est noir, triste, poignant, juste coloré du rose de la solidarité et du bleu de l'enthousiasme avec lequel les parents font sourire leurs enfants. J'aime beaucoup la plume de l'écrivain trempée dans un bain de tendresse, de générosité, d'empathie hors normes pour tous les délaissés. Il leur cède en héritage cette force qui leur donne le courage et le sourire, l'imagination, l'art de transformer la vie et ses aléas contre un tour de manège, une balade dans un champ digne d'une virée en terre inconnue. Il a cette qualité de traduire à l'aide de mots choisis le désespoir, mais aussi les petits bonheurs et surtout de nous ouvrir les yeux. Il nous raconte les petits, les laissés pour compte, les enveloppe d'affection et de respect.
J'apprécie particulièrement aussi les ponts jetés par Pascal Manoukian qui d'un roman à l'autre garde une pensée toujours émue pour ses héros, tels les petits vendeurs de roses souvent venus des rives du Brahmapoutre.
Lire cet auteur c'est se remettre en question, regarder les autres avec un oeil neuf, bienveillant, c'est avoir envie de donner.

Je ne vous parle pas de la fin époustouflante… vous la découvrirez vous-même. Et vous verrez que quitter ce roman n'est pas l'oublier. Longtemps les mots résonnent et tournent en boucle.

Pascal Manoukian est, à mes yeux, un grand écrivain.

Lien : https://memo-emoi.fr
Commenter  J’apprécie          102
Aline et Christophe vivent paisiblement avec leurs enfants. Mais voilà le chômage et les galères qu'il traîne avec lui vont les frapper de plein fouet.
Le paradoxe d'Anderson est touchant à plus d'un titre. le sujet est sensible pour tout le monde ou presque et même si l'on est pas confronté au problème dans l'immédiat on sait que tout est possible. Les personnages sont sensibles, terriblement humains, on touche du doigt leur souffrance, leurs conflits intérieurs. Au fil des pages, on a l'impression de les connaître, c'est peut être même le cas...
L'auteur a distillé quelques scènes plus humoristiques qui détendent l'atmosphère tout en étant parfois cruelles quand on y réfléchit.
Ce livre est criant de vérités que l'on ne veut pas voir. Il m'a énormément touché, c'est un coup de coeur malgré le sujet grave. Il force à ouvrir les yeux et peut-être regarder différemment les gens qui nous entourent, le monde qui nous entoure. même si certains diront qu'il y a des sujets plus graves encore.
Commenter  J’apprécie          90
Vraiment excellent!

La vie et les craintes de la classe ouvrière sont vraiment bien dépeintes. Tout comme le manque d' humanité des délocalisations où les futurs ouvriers auront des contraintes de travail très proches de l'esclavage.
Malgré les difficultés du quotidien, le couple d'Alice et Christophe reste uni. Leur amour qui continue malgré les années est un véritable soutien. Rare sont les couples qui après 20 ans de vie commune gardent ces gestes de tendresse et un réel intérêt pour l'autre.
J'ai retrouvé en Aline les sentiments et les espoirs que je ressens aussi. Même si elle est plus lumineuse, plus généreuse, je décèle les mêmes failles. Énormément de phrases résonnent en moi, sur le fait de n'avoir pas été à la hauteur du sacrifice de nos parents, sur le fait qu'on attend de nos enfants qu'ils soient meilleurs que nous. Ce doit être un trait typique à toute maman.

Mettre les théories des études d'économie de Lea, sur les bienfaits et avancées de la modernité, face à la réalité de cette modernité qui plonge des familles et des régions entières dans la précarité, est un trait de génie.
La théorie confrontée au désespoir.

Un grand moment de lecture et de réflexion, qui dénonce le manque d' humanité du système établi.
Des phrases et des situations qui résonnent et trouvent écho dans les craintes du quotidien.
Une plume empreinte d'humanité mais aussi de désespoir jusqu'à la dernière ligne.
A lire!!!
Commenter  J’apprécie          80
Livre indispensable pour comprendre cette société des gilets jaunes ou faire des études ne garantie pas forcément son avenir. Roman social ou l'on assiste à une descente aux enfers d'une famille type dont la mère subit le démantèlement de son usine et dont le père tente de résister au sein d'une grève qui le conduira à son propre licenciement. Nous assistons au suicide programmé d'une famille perdue dans un siècle ou l'humain est nié afin d'offrir aux investisseurs les meilleurs profits.
Pascal Manoukian nous alerte sur un monde au bord de l'asphyxie et ou personne n'est à l'abri.
A rapprocher des écrits de Gérard Mordillat, Jean-Pierre Levaray ....




Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (435) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1430 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}