Au crédit de l'auteur empereur, humilité et sincérité l'amenant d'emblée (Livre 1) à reconnaître tout ce qu'il doit à ses parents et proches et aussi, à travers les répétitions, les difficultés persistantes qu'il rencontre à mettre en pratique la morale qu'il a choisie. Ne dit-il pas de lui-même "Tu n'as pas de subtilité d'esprit à faire admirer"!
Pour le reste, nonobstant l'intérêt historique de l'oeuvre, la lecture en est plutôt laborieuse et, en ce qui me concerne, m'a assez rapidement lassé (mais c'est un trait commun à tous les recueils de préceptes, règles et
pensées qui ne sont pas faits pour être lus en continu).
S'y ajoute ici un travers dont souffrent d'ailleurs bien d'autres ouvrages à vocation philosophique, à savoir la volonté (ou parfois prétention, mais pas ici me semble-t-il) de paraître démontrer alors que la démonstration manque cruellement de rigueur et/ou de logique.
L'exemple ci-dessous, extrait du Livre VIII m'a paru significatif:
"(10) le repentir est un reproche qu'on se fait à soi-même pour n'avoir pas tenu compte d'une chose utile; mais le bien doit être chose utile dont l'honnête homme doit avoir souci; or, l'honnête homme ne saurait se repentir pour avoir laissé passer un plaisir; le plaisir n'est donc pas chose utile ni chose bonne."
Il est plutôt alambiqué, pour un stoïcien tardif, d'invoquer le repentir pour démontrer que le plaisir n'est pas un bien alors que ces notions sont fondamentales pour la doctrine.
De plus, faire du "bien" un élément appartenant à l'ensemble des choses utiles me semble un renversement de valeurs à faire frémir Zénon.
Enfin, encore plus grave, la démonstration utilise la conclusion pour y parvenir; en effet, affirmer que "l'honnête homme ne saurait se repentir pour avoir laissé passer un plaisir" n'a rien d'une évidence sauf si on se rappelle que l'honnête homme est celui qui a choisi d'être stoïcien et que précisément, pour ce dogme, le plaisir fait partie des choses indifférentes (cf notamment Chrysippe cité par
Diogène Laërce); par cela il n'est ni un bien ni un mal. le repentir n'y est pour rien!