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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A travers sa propre expérience de la maladie, Claire Marin dit la souffrance du malade, sa perte d'identité face à des médecins qui ne voient plus qu'un corps, des symptômes au détriment de l'humain. Elle dit l'urgence à vivre l'instant présent quand tout devient plus fugace. Elle observe sa propre érosion, à 25 ans, contenant en elle un sentiment de colère et d'injustice face à cette maladie chronique, incurable, qui rythme sa vie. Elle dit la frustration du malade, condamné à être incompris, car la douleur ne se décrit pas, ne se partage pas, elle est propre à chacun, solitaire et dévastatrice. Elle dit l'espoir comme le désespoir et la lutte nécessaire pour ne pas finir dévoré par soi-même.
La plume de l'auteur est percutante, incisive. Elle a recours à des phrases chocs, qui trouvent un écho chez le lecteur et frappent par leur pertinence et leur justesse. Un texte fort, glaçant, qui décrit la maladie dans ce qu'elle a de plus concret. Les symptômes physiques et les conséquences psychologiques sont analysés avec le plus grand sang-froid. Un texte effrayant de réalisme et de lucidité, porté par une écriture clinique, qui nous montre la maladie vue de l'intérieur. Un témoignage passionnant et un titre bien choisi qui illustre parfaitement la position du patient, sa colère comme sa déshumanisation !
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Dans les piles à (re)lire qui tels des cairns jalonnent l'habitation, au point de soulever l'incompréhension de celles et ceux qui ne sont pas lecteurs hyper actifs, il arrive régulièrement de céder à la tentation, de (re)découvrir un livre pas prioritaire et de bousculer le programme en cours. C'est le cas avec ce livre de Claire Marin « Hors de moi ».

Plusieurs contributions de Claire Marin lues, suscitées notamment par cette période de crise sanitaire avaient déclenché un zoom sur cette philosophe romancière. Et tout récemment, par le plus grand des hasards (?) ce livre s'est présenté à mon regard.

Il s'agit d'un récit par lequel l'auteure expose son vécu d'une personne affectée d'une redoutable maladie auto-immune.
Comme Claire Marin le rappelle, la philosophie classique n'est pas d'un grand secours en ce qui concerne la maladie (p. 77 et 78). Nous sommes effectivement très éloignés du contrôle des stoïciens. Montaigne ou aujourd'hui un Alexandre Jollien sont des funambules de la souffrance. Dans un autre univers on pense naturellement à Grand Corps Malade.

Claire Marin serait davantage une somnambule.

Dans « Hors de moi » la retranscription de la maladie s'apparente plutôt aux « Exercices de survie » de Jeorge Semprun. Ce dernier livre traite de la survie dans la situation extrême de la torture mais si, fort heureusement, les épreuves subies par Claire Marin sont matériellement différentes, l'aliénation, la douleur, la solitude requièrent impérativement de puiser dans un puissant instinct de survie.

Le tribut à acquitter est d'abord une errance d'infinie solitude, une distance creusée par l'indicible qui taraude le quotidien. Même pour une personne pour qui les mots constituent la matière première de son activité, le silence est de rigueur car «  la parole est toujours en retard sur le mal, malhabile, inadéquate » (p.25), question de pudeur aussi. de surcroît, l'entourage est à l'affût de mots trompeurs, le mal fait peur, il ne faut pas inquiéter, alors mieux vaut se taire. le point d'orgue est atteint la nuit, « Dans la journée on s'accroche (…) et l'on espère toujours que dormir calmera les sensations croissantes » (p. 32). Mais inévitablement, fatalement, la chute est encore plus nauséeuse la nuit. Et bien sur, l'auteure ne l'écrit pas, mais lorsque on a un peu de vécu comme « invité » hospitalier, on sait que ce n'est pas comme dans les séries télé médicales à succès, pas l'ombre d'une infirmière sexy (ou d'un médecin beau gosse) pour vous tenir la main, restriction budgétaire et productivité obligent. La nuit où chaque grain du sablier pèse une tonne.

On le sait aussi, la carte de fidélité hospitalière offre la cape d'invisibilité, « L'invisibilité est le premier mal dont souffre le malade » (p. 72) et quelque part c'est heureux car il faut abdiquer toute pudeur, le corps est sur exposé dans toute son intimité. « Que signifie encore être impudique pour celui qui a été patient ? » (p. 54). Patient, c'est le statut et le qualificatif qui conviennent à la perfection, apprendre la patience, à obéir, à attendre.
Un contraste violent avec l'hyper sensibilité de l'instant présent.

Dans ce tableau en « claire » obscur(e) la lumière peut adoucir et surgir quand on ne l'attend pas, « un matin sans raison particulière, le désir revient par surprise » (p. 59).
Certes, « les résultats biologiques ne sont pas meilleurs, l'amour n'est pas miraculeux. Mais la Passion exclusive de l a maladie est éclipsée par la Présence démesurée de l'Autre qui s'est invité dans votre vie et que vous ne voulez plus laisser partir.  Et avec l'Immense apparaît l'espoir. Peu importe qu'il soit illusoire.» (p. 60)

Un livre authentique, courageux, qui conjugue la puissance et la retenue ; surtout il réussit à exprimer l'indicible,
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Atteinte de maladie chronique et invalidante, j'ai été bouleversée de me reconnaître dans les émotions de la narratrice. C'est un livre puissant, qui m'a fait comprendre ce que je devais changer dans ma relation avec les médecins, à qui, depuis des années, je n'expose plus mes nouvelles douleurs et je les laisse s'ajouter à celles de départ, même quand elles ne sont pas liées à ma pathologie principale. Je suis résignée. Ce livre m'a interpellée.
Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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« Hors de moi » de Claire Marin est un roman d'une petite centaine de pages, qui puise sa force et son intensité dans l'écriture acérée et perspicace de son auteur. Celle-ci évoque sa maladie, que l'on ne peut que deviner car elle n'est jamais citée. Maladie chronique qui ne peut être soignée et avec laquelle elle doit composer afin d'essayer de vivre. Loin d'être un témoignage larmoyant et une exhalaison de Pathos, ce roman est touchant, que dis-je, poignant, et nous emmène au plus près de la maladie, de ce qu'elle a de plus cru, nous la voyons de l'intérieur et restons impuissants à l'évocation de ses symptômes physiques et psychiques. Nous suivons l'auteur au coeur des hôpitaux au point que le lecteur peut en sentir les effluves.

Claire Marin est une philosophe et cela transpire dans chacune de ses phrases : malgré la difficulté de témoigner d'un problème si personnel, si intime, le lecteur devine qu'elle a l'habitude des mots, elle les choisit et pèse chacun d'eux mots afin de traduire au mieux ses ressentis et ses sentiments face au calvaire qu'est sa vie. Victime d'injustice et d'incompréhension, sa vie est une lutte permanente contre la colère, la solitude, et l'envie d'abandonner le combat.

Dans ce roman qu'elle qualifie elle-même « d'impudique », Claire Marin se met littéralement à nu : elle parle de son corps comme d'une chose déshumanisée et manipulée sans vergogne par les médecins. Privée de son identité et de son intégrité, elle souffre de voir le corps médical nier son individualité et ne la traiter que comme un cas, une malade, un paquet de chair à étudier. L'auteur s'arrête longuement sur l'aspect avilissant de la maladie, sur tout ce qu'elle inflige au corps et à l'esprit qu'elle colonise.

J'ai été émue par ce parcours fait de souffrances et de douleurs. La plume incisive de l'auteur et ses propos pertinents font de ce récit une oeuvre brutale et réaliste. Ce roman est très court, prenez le temps de le lire et de vivre un profond moment d'empathie.
Lien : http://www.livressedesmots.c..
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C'est un roman remarquable.C'est une réflexion personnelle qu'à la narratrice Claire Marin sur son rapport à la maladie.
C'est comme si elle voulait nous faire comprendre que la maladie était un point de vue sur la santé mais qu'à l'inverse la santé pouvait être aussi un point de vue sur la maladie.Très subtil et puis très incisif,poignant.On peut prendre une page au hasard,une ligne au hasard ,un mot au hasard ça vous met hors de vous☺
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Texte d'une très grande tenue. La langue est précise, sensible, habitée. Texte habile : roman ? Récit ? Autofiction ? Témoignage ? Tout cela à la fois, après tout, qu'importe. Texte fort : proximité de l'auteure avec ses ressentis, tentatives lucides de dire, d'appréhender ce qui est là. Texte courageux : avancer dans le chaos. Courage également: rester digne, malgré le corps éclaté, exposé, manipulé.
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Hors de moi , un titre qui donne la tonalité de ce monologue grave et poignant de la philosophe Claire Marin. En effet la maladie auto-immune qui la dévore la met hors d'elle , son texte dit sa colère face à ce mal, elle essaie de vaincre l'obsession de la maladie, de la mettre hors de ses murs et l'écriture est l'un de ces moyens.
Dans cet écrit intime qui peut s'apparenter à un journal, l'auteure fait le bilan de la démolition de sa vie en pesant chaque mot.Elle dit la colère d'être amputée de sa propre vie, les traitements qui défigurent, la maladie qui isole, son exposition répétée aux examens médicaux éprouvants, sa mise à nu.
Ce texte résonne en chacun de nous parce qu'il nous parle de la maladie et de la condition humaine .Claire Marin trouve les mots justes pour rendre son histoire universelle.
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Je n'ai rien à ajouter aux compte rendus déjà présents sinon que ce livre dense et intelligent peut aider celui qui connaît une personne atteinte d'une maladie incurable. Il trouvera ici un écho à des paroles entendues, à des situations évoquées par le malade pour mieux en saisir la profondeur. Je n'aurais pas dû mettre d'étoiles. Cela n'a pas beaucoup de sens.
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Dans ce récit autobiographique, Claire Marin explore son corps au travers de la maladie qui s'installe, progressivement et sans retour possible. Mais résumer ce roman à cela serait réducteur. L'autrice nous livre une part forte et structurante de son intimité, de son rapport aux Autres, à la vie fragile.
Découvert aux hasards des rayons d'une librairie, ce texte poignant m'a fait vibrer. Claire Marin décrit grand nombre de sentiments, de sensations, de situations conduisant à la reconstruction d'un lien pouvant paraître évident pour tout un chacun : le lien qui nous unis à notre corps. Qu'advient-il quand celui-ci nous devient étranger ? Si loin de nous, contre nous.
C'est un court roman éminemment sensible, qui ne manquera pas, j'en suis certain, de vous toucher, de vous bouleverser…

« Dans ces moments-là, les paroles reviennent de manière lancinante, elles reviennent, comme dans une ronde ivre, hanter ma tête des mêmes mots sans cesse répétés. "Je ne suis pas vivante, je suis morte." Je les laisse m'envahir et me saturer l'esprit avec l'espoir que la répétition les épuisera, mais elle les renforce, comme si la violence se régénérait à tourner en rond dans la cage du mutisme. »
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