La Vie de Marianne n'a pas été écrite par
Sade, donc même si Marianne semble en danger, sa vertu n'est jamais vraiment menacée, le faux dévot se repend, et l'amour vrai est récompensé. Marianne n'est pas non plus
la Religieuse anonyme de
Diderot, et dans son couvent les règles sont bien douces, entre une Mère abbesse sympathique, des religieuses aimables. Pas de supplices, pas de tortures physiques ou psychologiques. Au contraire, elle en entre et en sort comme dans un moulin, recevant même son prétendu - elle n'est certes que pensionnaire, et non religieuse. Enfin, ce n'est pas un roman gothique de la fin du XVIIIème siècle, et même si certains abbés sont libertins, ils badinent plus qu'ils ne violent.
Marianne est donc tellement parfaite qu'elle est insupportable, belle, aimable, spirituelle, versant des torrents de larmes toutes les trois pages de bonheur... Tous ceux qui l'approchent deviennent ses alliés ou ses amis, tout le monde veut l'aider, juste parce qu'elle a l'air honnête et au-dessus de sa condition - la beauté et l'embonpoint sont signes de noblesse, on croit à son histoire car elle semble noble. La noblesse se voit, se manifeste physiquement.
C'est donc bien long, avec des rebondissements très prévisibles - notamment l'identité des personnages inconnues. Il y a plusieurs parties de trop dans ce texte - qui est presque un roman épistolaire, Marianne s'adressant par lettre à son interlocutrice, qu'elle convoque comme lectrice. Ce sont d'ailleurs les passages les plus intéressants, ceux où la Narratrice fait le preuve d'esprit assez mordant, loin de la mièvrerie de ses aventures - mais comme elle le dit, elle a vieilli et gagné en maturité depuis.
Le récit de
la religieuse est redondant, puisque ce sont les mêmes mécanismes - une jeune fille délaissée ou abandonnée par sa famille, recueillie par plusieurs personnes successives émues par ses qualités, qui tombe amoureuse, avec des obstacles...
Je voulais lire
Marivaux en-dehors du théâtre, je ne vais pas continuer tout de suite.