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Quel bonheur de lire cette langue dont notre petit français actuel n'est qu'un vestige ! Marivaux, tout en finesse, tout en touches successives, brosse un portrait, non pas tant de son héros, dont on devine dès le titre son devenir, mais bien plutôt de toute la société parisienne dans laquelle il va graviter.

Il n'est évidemment pas usurpé, comme il a déjà été fait, de comparer ce Jacob au Julien Sorel du Rouge Et le Noir car, notre homme tient son ascension dans le monde grâce à l'attrait qu'il exerce sur la gent féminine. Mais là où il y avait un magnétisme de l'esprit chez Stendhal, Marivaux n'hésite pas à ne considérer que le physique, ce qui n'est pas si fréquent à l'époque pour un personnage masculin.

Notre Jacob, fraîchement débarqué de sa Champagne natale, va apprendre les usages à vitesse grand V (du moins c'est ainsi qu'il le raconte bien des années plus tard car le narrateur nous conte son ascension sociale a posteriori) et savoir utiliser ses atours physiques pour obtenir des dames l'amélioration de son quotidien avec un souci de la morale parfois assez peu prononcé.

Ensuite, deuxième et inévitable comparaison moult fois faite, celle avec Les Liaisons Dangereuses. Comment ne pas voir dans le libertinage éhonté de Jacob quelques accents du grand Valmont ? Pourtant, je trouve qu'il y a un tantinet plus du Jacques dans Jacques le Fataliste Et Son Maître que du Valmont dans la façon dont Jacob s'adonne à la question des femmes. Quelque chose de très terre à terre, de très opportuniste, un simple appel du plaisir, plus qu'une recherche de performance ou un challenge.

Quoi qu'il en soit, quel roman savoureux et quel affreux dommage que notre bon Marivaux n'ait pas jugé bon de l'achever car ces cinq premières parties sont tout bonnement succulentes d'ironie, de truculence, de sarcasme parfois. On ne peut probablement pas en dire autant des trois suivantes, fruit d'une autre plume, mais ceci, bien évidemment, n'est que mon avis de paysanne pas revenue, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Ce livre me rappelle très agréablement mon année de licence, la littérature du 18 ème siècle était une option que j'avais choisie avec enthousiasme, et j'aimais beaucoup les cours du professeur que nous avions.

Marivaux est un auteur que j'apprécie: finesse de la plume, jeu subtil des sentiments, observation en profondeur des personnages et de leurs contradictions alliée à une légèreté du style.Je connaissais plutôt ses pièces de théâtre mais ce roman-mémoires m'a plu, lui aussi.

Les mémoires sont celles de Jacob de la Vallée , le narrateur.Il écrit: "Je conterai toute ma vie, et si j'y mêle autre chose, c'est que cela se présentera sans que je le cherche."L'aspect essentiel du livre est là , en substance:la duplicité, les détournements de la vérité, la volonté de séduction de ce personnage...

Son obsession: s'enrichir, comme ces financiers ayant acheté un titre nobiliaire.Fils de paysan, il comprend très vite que c'est sa beauté, son charme qui le serviront dans ce but, grâce aux femmes, qui , effectivement, seront là pour l'aider, l'élever socialement.

Voilà un personnage complexe, tout à fait représentatif de l'univers de Marivaux: un mélange d'innocence, de rouerie, de charme et de tromperie.Une ambition redoutable aussi.

De Geneviève à Mademoiselle Haberd, de sa femme à Madame de Ferval, elles tombent toutes dans ses filets, tant il sait y mettre du coeur ! Il préfigure tout à fait un Bel-Ami...

Le lecteur s'amuse des commentaires que fait Jacob, cherchant à le séduire ( tout comme il le fait avec les femmes du livre) ou à l'apitoyer.Ses aventures picaresques l' entraînent dans la campagne française , à Versailles, à Paris, et lui font découvrir un 18 ème siècle foisonnant et en trompe l'oeil, où la richesse s'acquiert de toutes les façons.Surtout les plus inavouables...

Mais n'est-ce pas un principe social intemporel ?
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Roman traité comme des mémoires. J'ai trouvé cela un peu long et convenu, pur produit du 18 ème siècle, avec ronds de jambes, compliments ayant pour but de monter les échelons dans la société. La réussite sociale passe souvent par le biais de recommandations auprès de personnes bien placées, mais aussi grâce à des mariages effectués avec des femmes riches mais bien plus âgées.
Je ne suis pas franchement conquise par cette oeuvre, à cause de ce côté calculateur, qui me fait voir le héros du livre comme étant un être roué et perverti.
Oeuvre certainement un peu trop vieillie.
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J'ai poursuivi la découverte de l'oeuvre de Marivaux avec le Paysan parvenu.
Si, comme la Vie de Marianne, le Paysan parvenu est écrit à la première personne et que Jacob, comme Marianne raconte sa jeunesse, et si, la vie de ces deux personnages n'est pas sans analogie, si l'on s'en tient aux grandes lignes, j'ai beaucoup aimé l'un et très peu apprécié l'autre.
L'histoire de Jacob est beaucoup moins riche que celle de Marianne et sans grand intérêt avec peu d'aventures et aucun rebondissement contrairement à celle de Marianne.
Il y a beaucoup trop de digressions, d'explications et de récits dans le récit.
Et pour finir, je savais en commençant à le lire qu'il s'agissait d'un roman inachevé, mais à ce point…
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Roman peu connu du dramaturge Marivaux, le Paysan Parvenu est pourtant un roman très plaisant. Autobiographie fictionnelle, roman d'apprentissage et réflexions philosophiques, ces trois regstres se mêlent pour raconter l'ascension fulgurante du paysan Jacob dans la société parisienne du 18e siècle! le ton du livre rappelle Jacques le fataliste ou Casanova. Sincère, charismatique et plein d'esprit, le héros sait séduire son nouvel entourage- les femmes notamment- et les lecteurs de toutes époques!
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C'est toujours avec délice que je me plonge dans un roman du 18ème siècle tant je suis fascinée par l'élégance de la langue, la hardiesse des thèmes développés comme dans un filet de soie, la profondeur de la critique sociale qui affleure à travers l'ironie mordante et qui reflète toujours une troublante actualité. Rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est que la langue est bien plus malmenée de nos jours, même chez les romanciers encensés par la critique...
Marivaux n'est pas seulement l'auteur de délicieuses pièces de théâtre ou les sentiments sont disséqués avec une délicate précision, mais il fut un romancier très lu avec "la vie de Marianne" et aussi "le paysan parvenu" qui parut sous la forme de "saisons" suivies par des lecteurs avides de connaître la suite du parcours de ce sympathique Jacob beau jeune homme monté à Paris pour y tenter sa chance.
Et Dieu sait que la chance, il la rencontrera , à travers les femmes qui croiseront sa route et qui seront séduites par son physique avantageux. Pour une fois, ce n'est pas une femme qui fait l'objet de la convoitise non dissimulée de l'autre sexe et ce renversement de thématique très rafraichissant doit être souligné parce qu'il illustre parfaitement l'esprit libre qui animait l' auteur en le conduisant à dénoncer sans fard les travers libertins de ses contemporains, mais avec une indulgence amusée .
Jacob est en effet l'objet du désir des femmes, désir non dissimulé qui nait de l'attrait physique et le jeune homme profite de ses bonnes fortunes en toute innocence. Il conserve cependant une certaine loyauté et un sens des valeurs qui lui permettent de tracer son chemin dans le monde, et il est certain que si le roman n'était pas resté inachevé, on l'aurait retrouvé dans une position encore plus enviable que celle qu'il a atteint à la fin du texte.
J'ai souri pendant toute cette lecture et apprécié les passages féroces dirigés contre les dévots qui bien entendu, seront de tout temps les ennemis du plaisir et même du bon sens...Je me suis réjouie pour la délicieuse Melle Habert qui trouve enfin l'amour à un âge bien avancé et profite de cette chance inespérée au mépris des mises en garde bien-pensantes.
Les personnages sont tous parfaitement croqués et à travers les lignes on croit voir la poitrine avantageuse de Fercour sur laquelle louche notre héros,le pied érotique de Mme de Ferval agité avec art, le nez mutin de la jeune Agathe qui observe le manège de sa mère Mme d'Alain la parfaite commère qui adore s'impliquer dans la vie de ses locataires...
Une galerie vivante de personnages...une prose qui fait supposer ce qu'elle ne dit pas de façon explicite, l'élégance à l'état pur d'un roman méconnu qui gagnerait à être davantage mis en avant .
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Je ne connaissais Marivaux qu'en tant que dramaturge, et je dois dire que ce roman a été une belle découverte. Quel plaisir de lire cette langue du XVIIIe siècle ! Malheureusement, c'est une oeuvre inachevée ; quel dommage que Marivaux n'ait pas terminé ce roman. L'histoire est divisée en huit parties, mais seules les cinq premières sont de la plume de Marivaux ; les trois dernières parties, apocryphes, sont beaucoup moins captivantes, on sent que l'auteur qui a achevé le roman a simplement voulu donner une fin à cette histoire, et celle-ci est très prévisible dès la sixième partie, les rebondissements sont bien moins nombreux, les personnages perdent de leur éclat, le style est moins riche... (mais ceci n'est que mon humble avis !)

En bref, j'ai dévoré les cinq premières parties, mais la fin m'a paru longue et moins intéressante. Ayant lu Jacques le fataliste et son maître de Diderot juste avant, j'ai pris beaucoup de plaisir à comparer ces deux lectures, même si le paysan parvenu n'est pas un roman picaresque, ils ont de nombreux point communs. On retrouve au début du Paysan parvenu le fameux thème du valet qui a eu plusieurs maîtres, et, tout au long du roman, la critique sociale (chez Marivaux, toutes les couches de la société en prennent pour leur grade !), ainsi que l'ironie et le pouvoir de séduction de Jacques chez Jacob.

Le Paysan parvenu mériterait d'être plus connu ; c'est un roman à la première personne foisonnant, sous forme de mémoires, qui, mine de rien, nous en dit beaucoup sur l'époque de Marivaux, et au cours duquel le lecteur ne s'ennuie jamais (en ce qui concerne les cinq parties de Marivaux en tout cas).

Une lecture que je conseille à tous les amoureux de la littérature, et du XVIII siècle en particulier.
Lien : http://excalibri.blogspot.fr..
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Richesses et atours se font mirages et miracles d'un jour.

Les classes se bousculent, la société s'embourgeoise et s'encanaille et chacun se démène dans son présent.

Marivaux s'amuse de ses contemporains et de leurs travers et de ses défauts dans un jeu de lignes et de chapitres pleins de rebondissements.

Parcours de vies et de rues à découvrir sans modérations.
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Comment un jeune paysan parvient-il à devenir quelqu'un dans la rigide société parisienne? C'est ce que cherche a nous montrer Marivaux en donnant à son oeuvre la forme d'un mémoire: mémoire de Jacob donc, plus tard nommé M. de la Rive grâce à un mariage qui, s'il ne lui assure pas une richesse certaine, lui permet toutefois d'être en contact avec les hautes sphères de cette société parisienne. Grâce à son courage et sa détermination, il parvient petit à petit à se faire un nom et à devenir quelqu'un. le tout accompagné d'une belle écriture très épurés d'un Marivaux qui, comme dans ses pièces de théâtre, n'en perd jamais son ironie mordante.
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Comme sûrement beaucoup de monde, je connais mieux l'oeuvre théâtrale de Marivaux que son oeuvre romanesque. Son théâtre (j'ai lu les fausses confidences, le jeu de l'amour et du hasard, l'île des esclaves) me donna envie de lire le Paysan Parvenu, roman inachevé..

J'ai pu apprécier l'ironie et les petits commentaires du narrateur-personnage sur la société. Comme pour le théâtre, la société est examinée et critiquée, les classes sociales (ici, la paysannerie et la bourgeoisie) au centre de l'écriture de Marivaux. le protagoniste, un paysan de Champagne, "monte" à Paris et connaît une ascension sociale.

L'incipit (début) constitue un commentaire sur la "naissance" (l'origine sociale) de Jacob de la Vallée (le protagoniste et narrateur) .Ce dernier n'a pas honte d'être paysan et fait un commentaire sur la honte de son origine sociale, ce qui est une forme de sociologie avant l'heure. Puis il commente, non sans humour, que dans un livre il faut une réflexion générale au début, "revenons à moi". On comprend que Jacob de la Vallée utilise les codes de la bourgeoisie pour nous conter son ascension sociale, dont il semble fier.

Jacob de la Vallée est beau, il paraît sympathique, il a, surtout, un certain charme. En joue-t-il ? Oui, mais cela reste un mélange de spontanéité et de calcul. le roman prend un ton libertin. C'est un concours de circonstances, souvent la rencontre d'inconnus, qui le mène.

J'ai trouvé l'écriture belle. Elle compte beaucoup de tournures assez anciennes, d'archaïsmes comme "malgré que j'en eusse". Les portraits de personnages (la plupart sont féminins) sont bien écrits, il s'agit d'étudier comment une "physionomie" cause une certaine impression.

Dommage que le roman soit inachevé, cela se sent à la fin, mais j'ai passé un agréable moment dans ce mélange d'intrigue et de sociologie sous l'Ancien Régime.
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