AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,1

sur 96 notes
5
14 avis
4
15 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
1 avis
Loin de la contemplation et de la défense de la nature dont notre siècle se préoccupe, le roman de Karl Marlantes nous plonge chez des immigrés finlandais fuyant leur pays sous le joug russe.
Nous sommes en 1904 quand la fratrie Koski arrive à la frontière entre l'Oregon et l'Etat de Washington pour travailler dans l'industrie forestière.
Pas de mythe américain avec le cow-boy et les grandes plaines mais des bûcherons à la tâche dix heures par jour et vivant dans des conditions misérables; leurs existences dépendant du patronat.
Mille dangers attendent ces hommes maigres perchés sur des planches fichées dans les énormes troncs d'arbres. Ils triment sans relâche pour survivre sans perspective de lendemains radieux.
Aino, le fille de la fratrie Koski s'insurge contre cette précarité, la pauvreté, le manque d'hygiène et le travail esclavagiste de ces homme courageux et travailleurs.
Ses frères Matti et Illmari projettent tout de même des désirs. le benjamin Matti doué en mécanique profite des opportunités pour avancer dans l'échelle sociale.
Illmari, l'aîné où des visions existentielles le taraudent sera aider par une chamane indienne et construira son église.
Beaucoup d'autres personnages gravitent autour de ces trois finlandais qui vont traverser les grèves du syndicat IWW, la première guerre mondiale, la Prohibition et le krach bousier de 1929.
Aino est le ciment de cette famille soudée même si parfois cette badasse met en péril son entourage.
Faisant partie des Wobblies, membres du syndicat IWW, elle participe activement au recrutement de travailleurs.
Son combat contre l'injustice l'entraîne à négliger son couple et sa fille. Cependant les années passent et les idéaux de Aino se concrétisent par une coopérative dépendante d'une scierie.
Cette héroïne flamboyante, révoltée contre le capitalisme m'a entrainé vers la grande Histoire du syndicalisme où les grèves, les violences, les arrestations et l'injustice s'entremêlent pour faire vaciller les patrons et même le gouvernement au point que police et plus tard FBI interviennent auprès des" anarchistes "

Ce roman qui éblouit par sa maîtrise est un hommage aux ancêtres de l'auteur installés en 1890 dans l'Etat de Washington.
J'ignore si ses aïeux étaient bûcherons mais avec cette saga familiale nous partageons les vicissitudes de ces travailleurs acharnés qui souhaitaientt une intégration tout en gardant leur culture finlandaise ( la lirette est leur invention).
Ces parcours douloureux seront contrer par la ténacité, les convictions politiques, la corruption engendrant de nouveaux citoyens américains où le business est roi.
Marlantes donne une vision du capitalisme du XIX siècle et un regard particulier sur ces bûcherons sans se soucier de déforestation.
Il ne néglige pas la condition de la femme dont le seul avenir en général est le mariage. Accouchements difficiles, très peu de contraception et le dur labeur de ménagère sont le quotidien de ces femmes au foyer.

Avec cette saga j'ai beaucoup apprécié le déroulement de vie de cette fratrie .

Roman de combat où chante une symphonie wagnérienne : puissant , énergique.
Un bonheur de voyage dans la grande Histoire des Etats-Unis.
Commenter  J’apprécie          390
Saga classique de l'émigration aux Etats-Unis, ce roman vraiment fleuve (Deep River titre original curieusement traduit en France) en est la version finlandaise avec la diaspora nordique à l'extrême nord-ouest américain, le Washington au début du siècle précédent. Faire bientôt éclater la terre comporte 850 pages. La littérature et le cinéma ont souvent relaté l'arrivée et l'installation des Européens. Italiens et Irlandais fournissant le plus gros contingent.Voici l'histoire des Finlandais devenus bûcherons ou pêcheurs du côté de la Columbia River, contée par Karl Marlantes, lui-même né à Astoria, Oregon, en 1944 et auteur d'un des meilleurs livres sur le Vietnam, Retour à Matterhorn.

Les ingrédients sont bien là. Une fratrie de nouveaux venus en Amérique, ceux-là ont fui l'oppression russe en Finlande au début du XXe siècle. Dans ce bout du monde américain tout est à construire. Ilmari, Matti et leur soeur Aino se retrouvent ainsi dans une colonie de bûcherons. La tache est colossale mais l'espoir est là. Land of freedom? Certes, mais ça va prendre du temps. Entre parenthèses lire Faire bientôt éclater la terre aussi, ça prend du temps. Nous n'échapperons donc pas aux préjugés des autochtones, à la volonté des arrivants, aux débuts d'une déforestation artisanale. Rien de vraiment inédit dans cette histoire. Mais outre que c'est une histoire à laquelle on adhère facilement n'oublions jamais que l'inédit n'existe plus depuis belle lurette.

Ce roman présente Aino, la soeur, comme l'héroïne principale, la plus engagée socialement, la plus pugnace, une Scarlett O'Hara de l'abattage des arbres, une pasionaria de la cause des exploités, une précurseure... (comment dit-on) du syndicalisme. Normal dans le contexte actuel, néanmoins sympathique. On y rencontre Joe Hill, immmigrant suédois, militant célèbre, héros des chansons folk de ma jeunesse. Les frères d'Aino et tous les autres ne s'en laissent pas conter malgré tous les malheurs de la ruée vers l'Ouest. Accidents du travail (terme anachronique bien sûr), amours-désamours, mariages, fièvres, bals, 14-18, ascension sociale avec quelques pannes, tout ce qui fait l'intérêt et la limite de ces bouquins-tendinites (parfois le kiné resurgit vu le poids de l'ouvrage) est là.

Et puis il y a les détails. Et là Marlantes ne fait pas dans le détail avec tous ces détails techniques un tantinet fastidieux. Sur la pêche au chinook dans l'estuaire, ce saumon géant plus lourd encore que le bouquin. le travail de documentation de cette saga dû être considérable. Et que dire des pages entières sur le labeur si dur des bûcherons, élagueurs, débardeurs face aux gigantesques séquoias? On en sort un eu essoré parfois, les bras lourds de tant d'efforts.

Mais ne boudons pas. Faire éclater la terre est un bon roman, bien balisé certes mais ce n'est pas désagréable de cheminer en littérature muni d'une ceinture de sécurité, comme n'avaient pas les pionniers nordiques dans les années 1900. Rappelez-vous, faut un bout de temps. Pour la chanson je n'ai pas mis la célèbre version Woodstock de Joan Baez qui m'énerve un peu mais celle de Luke Kelly (The Dubliners)

Commenter  J’apprécie          53
J'ai 5 ans et je joue avec Nathalie dans un bruit de fureur, des éclats stridents de scie, les camions déambulent, déchargent du bois, les grumes sont entassés, les voix sont couvertes. Mais surtout l'odeur de la sciure, le bois toujours présent.

J'ai 8 ans, je suis avec ma famille dans une grande maison en bois en Finlande dans la région des 1000 lacs et elle donne sur l'un de ces derniers, du moins je m'imagine qu'il en fait partie. Il n'y a absolument rien d'autre autour si ce n'est la forêt.

J'ai 44 ans, et je découvre « faire bientôt éclater la terre » de Karl Marlentes, 853 pages de l'épopée d'une fratrie obligée de quitter la Finlande au début du 20ème siècle et qui repart à zéro dans l'Oregon. On suit plus de 50 ans de leur histoire, on apprend beaucoup sur l'occupation russe, le sisû des Finlandais, la force intérieure d'un individu, son courage, bref ses tripes pour faire face à l'adversité avec stoïcisme, encore mieux que le hygge danois et le lagom suédois ! On assiste au début des développements des grandes scieries et conserveries de poissons, de l'exploitation massive de la nature, sa mise sous coupe réglée.

Les personnages ne sont pas manichéens, il y a différentes facettes de l'être humain, avec leurs défauts, les histoires sont rudes mais on s'attache autant à l'intransigeante Aino, au mystique Ilmari au réfléchi Matti qu'à Aksel épris de liberté….On patauge dans la boue, on dort souvent à la belle étoile, on construit des saunas, on se bat contre les consortiums capitalistes, mais on danse aussi, on boit, on se bat et on tombe amoureux.

En dernier chapitre, l'auteur apporte des précisions sur l'une de ses sources d'inspiration : le Kalevala, poème épique qui retrace les aventures des figures chamaniques du pays Suomi où se trouve l'actuelle Finlande, et auquel le peuple finlandais s'est raccroché notamment lors de l'occupation russe.

Un grand roman sur la liberté qui s'arraché autant par la lutte syndicale que des rêves poursuivis en forêts et en mer.

Il fait la démonstration que la nature façonne l'âme humaine. Après tout ce que l'auteur fait subir à ses personnages, leur caractère héroïque dans les épreuves donne tant de vertu magique à ce « sisûs» invoqué tout au long du récit que l'on a envie de s'approprier.
Lien : https://lechameaubleu.fr/
Commenter  J’apprécie          20
Ce gros roman, traduit de l'anglais - Etats-Unis, nous plonge dans des univers peu courants et sur une fresque historique de près d'un siècle, décrit du point de vue d'une seule famille.

La première partie qui concerne la fin du XIXème siècle nous plonge en Finlande, un pays occupé depuis 1809 par les Russes. La Russie est combattue par les finlandais et l'échec de la guerre contre le Japon en 1905 affaiblit le Tsar. La Révolution russe couve et touche Aino qui s'entiche d'un activiste finlandais. Que de malheurs dans cette première partie : deux soldats russes envahissent la maison, Matti, le frère d'Aino est arrêté et parvient à s'enfuir, la soeur Aino est arrêtée et torturée. Suite à une rixe entre les deux soldats russes et la famille, un des soldats tue le chien, le père Taippo s'interpose, blesse le soldat, et est emmené pour ne plus jamais revenir.

En parallèle, un attentat se prépare; Aksel est au coeur de l'action mais son frère Gunnar prévient l'usine, cible de l'attaque, il doit fuir aussi car si les activistes s'en aperçoivent, ce sera la mort assurée.

Et puis il y Imalen, le frère ainé de Aino et Matti, qui est parti aux Etats-Unis, dans un coin perdu du Nord-Ouest, près de l'Etat de Washington.

On se rend compte à la fin de la première partie, que par des voies détournées, Matti, Aino et Gunnar convergent tous vers Deep Water (le titre anglais du livre), l'endroit paumé où Imalen fait le bûcheron.

Un périple incroyable d'une famille finlandaise que l'on suit sur la côte ouest des Etats-Unis. Au final c'est surtout Aino que l'on suivra principalement de 1893 à 1932 avec un codicille situé bien plus tard, au moment de sa toute fin en 1969.

Ce roman (récit?) se veut total et embrasse une histoire de la Terre aux États Unis, dans le milieu de bois puis de la pêche. L'érudition de l'auteur est incroyable et nous entraîne dans une plongée immersive tout au long des 840 pages de cette somme. Bien entendu, les « petites » histoires (les rencontres, les mariages, les enfants, les conditions de vie,…) rencontrent à tout moment la Grande histoire, celle de la guerre et de la crise de 29. Surtout à travers l'histoire d'Aino, on côtoie toute l'histoire du syndicalisme au début du XXe siècle. Aino syndicaliste extrême de l'IWW (les wobblistes) qui met de côté sa famille (puis sa fille) pour les besoins de la cause. L'auteur est très pédagogue et prend soin de tout expliquer et de suivre les événements qu'il décrit en notant régulièrement les dates de manière précise, ce qui permet de ne pas perdre le lecteur, malgré les complexités techniques qui sont décrites. Un magnifique roman qui fera date.

Si l'on devait trouver un défaut à ce livre c'est sans doute que ce type de livre, de « péplum » devrait-on dire, a déjà été fait, que ce soit au cinéma et en littérature et que certains effets sont assez attendus, en particulier dans les relations entre les personnages. Mais c'est un défaut mineur et pour ceux qui sont épris de grande littérature, ils seront comblés.


Commenter  J’apprécie          20
Karl Marlantes dans la postface de son roman y dévoile ses ascendances finlandaises et explique les relations compliquées entre la Finlande et la Russie dont elle a été sous domination au début du XX ème siècle au moment où commence l'histoire .

L'appartenance ou la sympathie politique, résumée un peu simplement entre Blanc et Rouge est un maillon essentiel du livre car c'est pour raison politique que deux des enfants de la famille Kosmi après avoir connu les geôles finlandaises quittent leur pays pour les Etats-Unis : Aino, une très jeune femme, admiratrice de Karl Marx et son jeune frère Matti. Ils rejoignent leur frère ainé , Ilmari , installé depuis quelque temps dans la région de la Colombia River dans l'Oregon, une contrée particulièrement boisée et offrant de ce fait de nombreux emplois de bucherons .

C'est également une région où les saumons, appelés chinooks migrent en quantité lors de la période de reproduction et constitue une source importante de revenus .

J'ai fait le rapprochement au début du roman avec Séquoias et L'America de Michel Moutot qui nous conte brillamment l'histoire d'émigrés européens et l'exploitation des forêts et de la pêche .
Mais si le cadre est à peu près identique , ce roman de Karl Marlantes insiste plus sur le coté social .

Le militantisme d'Aino est le fil conducteur, elle lutte pour l'amélioration de la situation des travailleurs et la description à la fois du travail dangereux des bucherons, du nombre d'heures , de leur salaire de misère et des effroyables conditions de vie dans les dortoirs, seule la cuisine préparée par des jeunes femmes comme Aino, leur apporte un réconfort.
Malgré son jeune âge et le fait qu'elle soit une femme, Aino se taille une place importante dans le syndicat W . C'est au détriment de sa vie d'épouse puis de mère, Aino faisant passer sa lutte anti-capitalisme avant tout le reste .

Bien sûr, et heureusement, il y a beaucoup d'autres événements dans ce pavé . D'abord la force de l'appartenance à leur pays d'origine, la Finlande, ces hommes et ces femmes restent très attachés à leur mode de vie, leur langue et leur coutumes . Mais cela ne leur est pas spécifique si on pense aux autres communautés, italiennes, grecques etc ...

L'auteur n'oublie pas non plus que ce pays était d'abord celui d'amérindiens et le personnage de la vieille indienne Vasutäti , seule de son peuple est bien représentatif de la fin d'une ère et avec sa mort , de la fin d'une race .

Ce roman apparait parfois un peu long , les descriptions des techniques des bucherons sont particulièrement indigestes. La deuxième partie, plus variée, se déroule plus harmonieusement .

La personnalité d'Aino , même si son combat est juste , frise souvent l'agacement . Les prises de position lors des appels à la gréve au moment de la première guerre mondiale apparaissent un peu ambiguës et mettent mal à l'aise .

Mais on suit quand même avec plaisir les aventures de cette fratrie finlandaise et de leurs proches , un bon divertissement !
Commenter  J’apprécie          254
Presque 900 pages pour ce roman, mais je tourne la dernière avec regret,un petit point au coeur de quitter Aino,le magnifique personnage féminin de cette histoire,autour duquel tournent tous les autres aussi attachants et intéressants soient-ils.
Nous faisons connaissance avec la fratrie Koski alors qu'Ilmari, Aino et Matti sont encore adolescents et vivent en Finlande dans un climat politique violent et menaçant du fait de la présence russe,mais pas seulement.
Cette période campe les personnages et les événements fondateurs de leur psychologie, leurs rêves et leurs peurs.
Il mari est le premier à fuir puis Matti et Aino le rejoindront pour s'installer aux USA dans une colonie de bûcherons.
En quittant son pays Aino fuit la violence et emporte avec elle la blessure d'un amour massacré, le poids terrible de la culpabilité et un traumatisme irréparable. Mais elle emporte aussi la passion,le courage , la force de la résistance et une soif de justice intarissable. Fidèle à ses valeurs quoiqu'il lui en coûte, sa vie sera guidée par son charisme. Elle va s'engager corps et âme dans les luttes sociales afin que les salariés sortent du statut "d'esclaves salariés " et que leurs salaires ne se résument pas aux miettes tombées de la table des patrons. Elle adhère au IWW ,workers of thé Word,syndicat fondé en 1905 et qui joua effectivement un rôle prépondérant dans la lutte des classes.
J'ai immédiatement eu un coup de coeur pour cette jeune femme car elle est profondément humaine et ne se résume pas à une héroïne sans peur et sans reproche. Ses choix sont parfois discutables,son entêtement irritant,ses réactions impulsives,mais justement,qu'elle femme! Quelle luminosité dans cet univers de labeurs,de risques,de pauvreté, de peur. Ses frères et tous les personnages qui habitent ce roman sont également des êtres touchants par leur force et keur fragilité conjuguées.
Karl Marlantes nous immerge de 1901 à 1950 dans une Amérique qui se construit,bien loin du rêve qu' elle suscite mais cependant,avec ses horizons ouverts à l'espoir.
Le contexte des splendides forêts de douglas et ses fleuves tumultueux regorgeants de truites arc en ciel et de saumon apporte le souffle d' un nature writing. L'amour augmente cette épopée d'une aspiration romanesque qui,loin de la mièvrerie, décline avec realisme et émotion tous ses torments et sa beauté.
C'est un coup de coeur très sincère même si le fait que ce livre m'ait été offert par Diablotino aurait pu apporter de la subjectivité !
Commenter  J’apprécie          350
Dans la Finlande alors dominée par la Russie, Ilmari, Aino et Matti sont les trois enfants survivants de la famille Koski, la joie de leur mère malgré les privations et les mésactions de l'Occupant. Pourtant, pour un avenir meilleur, pour éviter les ennuis politiques ou les poursuites judiciaires, ils quitteront le vieux pays et s'installeront dans le Nord des États-Unis où les épicéas sont géants, les poissons nombreux et les combats sociaux encore balbutiants. Des rencontres, des danses, de la sueur qui perle sur le front, des déconvenues, des rêves et des meetings politques forgeront (ou tailleront à coups de puuko) le destin de cette famille et de leurs proches.
.
L'auteur est un descendant de cette émigration scandinave aux USA, il parle avec ironie des travers de ces gens venus du froid et avec tendresse de leur grand coeur. Avec l'implication politique d'Aino, il nous rappelle que nos (fragiles) acquits sociaux viennent de ces bûcherons, ouvriers, cantinières et tous les travailleurs et travailleuses qui se sont littéralement battus pour nous. Mais il n'oublie pas de nous divertir, de nous dérouter et de nous faire vibrer au rythme de ce quotidien si particulier...
Si j'avoue ne pas avoir toujours bien compris les subtilités de la coupe du bois, j'ai été tout à fascinée par cette saga familiale. Les Koski sont attachants, agaçants, terriblement humains et tous les trois me manquent déjà énormément !
Commenter  J’apprécie          70
Dans les dernières années du XIXe siècle et au tout début du XXe, Ilmari, Matti et Aino Koski quittent leur Finlande natale et immigrent séparément en Amérique. La Finlande est alors sous domination russe, et la brutalité de la répression contre la moindre contestation a entraîné la disparition de leur père. Un à un, pour fuir la pauvreté et les persécutions tsaristes, les deux frères et la soeur vont s'embarquer l'un après l'autre pour les États-Unis, et s'installer dans l'état de Washington. Ils rejoignent nombre d'immigrants des pays scandinaves venus travailler dans les métiers du bois ou de la pêche, et ce, dans des conditions à peine imaginables aujourd'hui. On suivra la fratrie pendant quarante ans (1893-1932), mais la farouche activiste « rouge » Aino tient assurément la première place dans ce roman.
***
J'ai commencé Faire bientôt éclater la terre avec une légère inquiétude à cause de la liste de noms présentée au début. S'il y a effectivement beaucoup de personnages dans ce long récit, je n'ai pas éprouvé de difficulté à m'y retrouver. J'ai apprécié que la liste donne des indications de prononciation sur les noms et prénoms. le premier des 5 prologues est glaçant, et on comprend tout de suite que le terrible événement qui y est relaté va influer sur tout le reste du roman. D'ailleurs, chacun des prologues des 5 parties revêt une importance particulière et oriente la lecture. Mon total enthousiasme après la lecture des 200 premières pages s'est trouvé tempéré par la très grande quantité de détails techniques et didactiques sur la coupe des arbres gigantesques de la forêt primaire comme sur les balbutiements du syndicalisme et son évolution, détails qui peuvent être répétitifs. Mais les personnages que l'on côtoie m'ont sincèrement passionnée. Ilmari réussit presque toujours à concilier son mysticisme et son esprit pratique, alors que Matti se comporte souvent comme une tête brûlée, trop prompt à sortir son suukko (couteau finlandais multifonctions). Aino se révèle plus difficile à cerner : excessive, parfois infantile, têtue, curieuse, elle peut passer d'un solide égoïsme à un total altruisme. Grâce à eux, Karl Marlantes nous entraîne dans une aventure extraordinaire, avec des personnages fouillés, aux caractères différents voire antagonistes, aux buts et aux espoirs divers, dont le parcours lui permet de retracer certains pans de l'Histoire américaine pour notre plus grand plaisir.
Commenter  J’apprécie          351
Une épopée sur la première moitié du vingtième siècle, dans laquelle on suit l'histoire d'une fratrie de la Finlande aux États-Unis. Les finlandais ne sont pas réputés pour être primesautiers, et ce livre ne montrera pas le contraire.

Aïno, jeune fille dans une Finlande soumise à la domination russe, est attirée par les idées de Karl Marx, pour une société plus juste et des conditions de vie moins précaires, en cela aidée par l'amour qu'elle porte au jeune leader de la section locale des socialistes. Mais, la réaction de l'ordre établi sera terrible : morts, prison, torture et elle fuira en Amérique où elle rejoint ses deux frères sur la côte Ouest, non loin de la Columbia River.
Elle sera là aussi confrontée à la précarité pour les hommes en bas de l'échelle, bucherons ou pécheurs, et fera de sa vie un long combat pour défendre leurs droits, aux dépens de son propre bonheur parfois.

Mon intérêt pour l'histoire s'est montré quelquefois un peu moindre, certaines parties étant trop détaillées (j'avoue ne pas avoir tout compris aux explications techniques sur le travail des bucherons), certaines se répétant un peu. J'ai eu aussi du mal à m'attacher au personnage d'Aïno très idéaliste, faisant passer ses convictions avant le bonheur de ceux qui l'aiment.

Mais ce pavé de plus de 800 pages reste une épopée instructive et passionnante. Elle remet en mémoire la dureté du début du vingtième siècle, pour les travailleurs, ne disposant d'aucune sécurité, travaillant dans des conditions pénibles et dangereuses pour des salaires de misère. Elle décrit aussi comment certains au péril de leur vie se sont battus pour faire progresser les droits des travailleurs, dans un pays qui se voulait libre, mais qui a souvent été dominé par le pouvoir de l'argent.

J'ai aussi apprécié les nombreux personnages qui peuplent ce roman au côté d'Aïno. Beaucoup sont finlandais d'origine, et l'auteur inclut dans son roman un peu de ce pays, par les termes utilisés, par les traits de caractères de ces hommes et femmes, par des allusions à leur mythologie. Les trois membres de la fratrie vont suivre un chemin différent, mais ils resteront tous unis. Il rend aussi hommage par le très beau personnage de Vasutäti, aux indiens, anciens occupants des lieux, à leurs connaissances en matière de médecine et à leur conception de la vie et de la mort.

J'ai aussi aimé la place accordée à la nature, entre mer, rivières et montagnes. L'auteur nous montre aussi comment l'homme va peu à peu domestiquer cette nature, détruire ces forêts majestueuses, fermer les rivières aux migrations des saumons.

Une fresque réussie qui par l'histoire d'une famille et de ses proches nous raconte tout un pan de l'histoire du Nord-Ouest des États-Unis.
Commenter  J’apprécie          6921
Je vais être particulièrement dur : vous prenez un ouvrage historique sur l'abattage des arbres dans les forêts primaires aux États Unis, un sur l'émergence des syndicats auxquels vous ajoutez un manuel de sages femmes, beaucoup de bons sentiments et vous passez tout ceci au mixeur ; vous obtenez un pavé de 850 pages hyper romancé et particulièrement soporifique. Malgré le poids et le prix prohibitif de ce livre il n'ira pas dans ma bibliothèque. Karl Marlantes est sorti de sa zone de confort : la guerre du Vietnam qu'il connaît bien pour se lancer dans un récit comme on n'ose plus en écrire depuis bien longtemps.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (356) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3257 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}