La morsure

Elle apprécie tant chaque défi rédactionnel qui se présente à elle. Toucher à tout, découvrir de nouveaux sujets, assister à des événements qui ne l’auraient jamais attirée au préalable et, plus que tout, se retrouver au centre de l’action. Toutes ces facettes de son travail la motivent. Elle se remémore tout ce qu’elle a appris depuis ses débuts, tous les domaines touchés, toutes les personnes rencontrées. Son esprit dévie vers les leçons juridiques données par Bruno-Pierre. Maintenant qu’elle connaît le droit qui s’applique, elle pourra rédiger encore mieux ses prochains articles sur la procédure de Zack Robichaud.

L’avocate n’aime pas savoir que ses procédures seront analysées ainsi par le syndic du Barreau, mais elle n’a pas le choix. Répondre au syndic fait partie de ses obligations déontologiques. Évelyne l’avisera lorsque les documents seront prêts à être envoyés. Alexia y ajoutera sa version de l’événement… même si elle n’a pratiquement rien à raconter. Après tout, elle ne sait pas qui a pu transmettre l’information au Quotidien de Québec. Sa réponse sera si courte, si vague, il ne pourra jamais faire rejeter la demande d’enquête sur ces pauvres allégations.

À long terme, une victoire au dossier les mènerait à une célébration commune qui serait très appréciée. Néanmoins, à court terme, Joanie marcherait dans ses plates-bandes et déclencherait peut-être des réactions imprévues. Une journaliste peut contrôler un public. Joanie peut manipuler la vision des personnes qui lisent ses articles.
Demeurer à distance des médias a toujours été le principe d’Alexia et elle ne compte pas y déroger, même si, et d’autant plus que, sa sœur y est impliquée.

Elle préfère les grandes batailles aux séances pédagogiques. Cependant, dans le cas d’Émile Noiseux, elle fera tout pour qu’il comprenne bien et qu’il apprécie au plus haut point les services qu’elle lui offre. Ça fait partie de son éthique de travail et elle compte sur l’expérience exemplaire qu’elle offre pour développer sa clientèle. Dans le cas de ce client, elle devra reprendre le questionnaire et les explications théoriques comme un cours pour débutant.

Aujourd’hui, toujours aussi disciplinée et structurée, la jeune avocate préfère le silence des murs de son bureau et la concentration solitaire pour l’exécution de ses tâches. Celles qui l’obligent à vendre ses services, recruter de nouveaux clients, vanter sa firme et, surtout, faire des représentations devant d’autres avocats qui cherchent eux aussi à mettre la main sur ces potentielles sources de revenus, n’ont jamais été pour elle. Comment se démarquer ?