Il y a des moments où tout s'arrête, où l'on voit sa vie défiler en l'espace d'un quart de seconde. C'est effrayant, c'est déstabilisant, surtout qu'on ne peut pas lutter contre. Il y aurait un avant, un après.
J'avais la très nette impression qu'il cherchait à m'en mettre plein les yeux. Il se fatiguait inutilement, non seulement j'étais hermétique à toute forme d'étalage, mais j'étais aussi incapable d'avaler quoique ce soit tant mon estomac et ma gorge étaient noués.
Ma vie venait de démarrer. Comme si mon coeur avait subi deux explosions. Une première pour arrêter la haine et le dégoût. Une seconde pour vivre à nouveau. J'avais arrêté de me noyer.
S'il m'en donnait l'occasion, je succomberais à nouveau à son charme et me ferais avoir en beauté.
Ces instants m'étaient si précieux ; ils me permettaient d'oublier les tracas du quotidien, de mettre de côté mes erreurs, mais aussi mes zones d'ombre.
Est-ce que cela se passait de cette façon pour chaque mère ? Est-ce qu'un beau matin, on se réveille, on voit son enfant et on réalise qu'à partir de maintenant, c'est d'égal à égal, d'adulte à adulte ? On réalise qu'on a perdu son bébé, même si au fond de notre coeur, il le reste jusqu'à la fin de nos jours, simplement on n'a plus le droit de le lui dire, de lui en faire la démonstration, sous peine de le vexer, sous peine qu'il revendique plus fort son indépendance.
Dernièrement, je pensais souvent, très souvent même, au temps qui passe trop vite, à ce que j'avais raté et réussi dans ma vie.
- On a toujours le choix! Et je te rappelle que tu en as fait un qui a eu des conséquences sur toute la famille, il y a dix-huit ans. Tu ne peux pas revenir en arrière et changer d'avis sur un coup de tête! (P.198)
Pas facile pour une femme d'être certaine de ses sentiments quand elle ne peut pas les dévoiler et les exprimer. L'amour est souvent sous nos yeux et nous ne le voyons pas tourner autour de nous.
Ça faisait mal d'aimer. Peu importe qui on aime. On perd toujours ceux qu'on aime.