Citations sur Une évidence (131)
Je t’aime,Paul, je t’ai toujours aimé, mais je ne voulais pas le voir, je ne pouvais pas le voir, tant que je n’étais pas libérée du mensonge. Ne me quitte pas. Je suis à toi, rien qu’à toi.
Il resserra encore son étreinte.
- À moi?
- À toi…
Enfin,il m’embrassa.
Je perdais pied dans la réalité, mon processus d'autodestruction allait prendre fin. Être dans le coma... J'aurais voulu dormir, dormir pour ne plus avoir mal, pour ne plus me battre contre moi même, contre mes erreurs, mes regrets.
J'aimais Paul, tout comme il m'aimait. Nous nous le disions d'ailleurs régulièrement, sans la moindre ambivalence, les choses étaient limpides. Pour les autres, c'était un drôle d'amour, assez indéfinissable. Pour nous, il était normal, naturel, c'était à la vie à la mort, nous étions inséparables. Nous nous parlions de tout, sans tabou, sans réserve, nous étions le soutien, le confident, le partenaire, la moitié l'un de l'autre, en quelque sorte.
L'espace d'une seconde, je me sentis déchargée d'un fardeau, l'étreinte de Paul m'offrit un bref instant de paix. La disparition de son omniprésence dans ma vie m'affaiblissait.
Je ne veux pas de contrainte, je veux pouvoir partir quand je le souhaite sans avoir à m'inquiéter ou à lutter contre un désir contraire au mien. Je t'ai fais comprendre au tout début que si j'étais seul, c'était pas choix, pour une impérieuse envie de liberté. C'est certainement très immature. Dieu sait que Nicolas me le reproche. Combien de fois m'a-t-il dit que je crèverais seul, sans personne autour de moi ! Ce n'est pas facile pour autant. Mais je suis qui je suis, je ne veux pas m'enfermer pour répondre à un diktat de la société, au risque de dépérir. Je me dois d'être honnête avec toi, la vie de Nicolas ne m'a jamais fait envie ; un papa, une maman, des enfants, un crédit sur le dos et un chien, très peu pour moi. Je prends ma dose de temps en temps avec eux, ça me suffit. Tout ce que je souhaite, c'est de pouvoir mourir dans mon lit et de voir la mer avant de fermer les yeux.
On ne fait pas des enfants pour les garder près de soi, on doit les laisser partir pour qu'ils vivent leur vie.
J'avais perdu mon phare dans la nuit. Pourtant, cet amour me donnait l'impression étrange d'être plus forte.
Je me débattis quelques secondes en essayant de le frapper pour qu'il me lâche, il m'enlaça plus fort encore, murmurant des mots rassurants et délicats à mon oreille. Nos corps étaient tellement collés que nous ne formions plus qu'une seule et même personne. [...]. Je cessai de lutter, mes jambes se dérobèrent, il me soutint plus fermement, je m'accrochai davantage à lui, la bouche grande ouverte dans un cri silencieux, coincé au fond de ma gorge. Je n'avais jamais eu aussi mal. Quelque chose venait de s'ouvrir, une plaie qui devenait à chaque instant de plus en plus profonde, une cicatrice qui resterait béante, à jamais.
Mais je suis ce que je suis, je ne veux pas m'enfermer pour répondre à un diktat de la société, au risque de dépérir. [...], un papa, une maman, des enfants, un crédit sur le dos et un chien, très peu pour moi.
Est-ce que cela se passait de cette façon pour chaque mère? Est-ce qu'un beau matin, on se réveille, on voit son enfant et on réalise qu'à partir de maintenant, c'est d'égal à égal, d'adulte à adulte ? On réalise qu'on a perdu son bébé, même si au fond de notre cœur, il le reste jusqu'à la fin de nos jours, [...].