Ce tome est e premier consacré à une nouvelle itération de la Justice League, version magie. Il comprend les épisodes 1 à 3, initialement parus en 2018, écrits par
James Tynion IV, dessinés par Álvaro Martínez encrés par Raúl Fernández et mis en couleurs par Brad Anderson. Il comprend également les épisodes Wonder Woman and
Justice League Dark 1 (WWJDL 1),
Justice League Dark 4, Wonder Woman 56 & 57,
Justice League Dark and Wonder Woman 1 (JLDWW 1), initialement parus en 2018, tous écrits par
James Tynion IV. WWJDL 1 a été dessiné et encré par
Jesús Merino, et mis en couleurs par Romulo Fajardo junior.
Justice League Dark 4 a été dessiné par Álvaro Martínez, encré par Raúl Fernández, et mis en couleurs par Brad Anderson. Les épisodes de Wonder Woman ont été dessinés par
Emanuela Lupacchino, encrés par Ray McCarthy et mis en couleurs par Romulo Fajardo junior. JLDWW 1 a été dessiné par
Jesús Merino,
Fernando Blanco,
Miguel Mendonça, encré par Merino & Blanco, avec une mise en couleurs de Fajardo junior.
Justice League Dark 1 à 3 - Zatanna Zatara se produit sur scène pour son numéro de magie. Elle en est à tirer des lapins de son chapeau : le lapin qu'elle tient par les oreilles est ensanglanté. Puis il sort une entité tentaculaire qui s'en prend aux spectateurs. Wonder Woman arrive soudainement et tranche des tentacules avec son bouclier. Zatanna participe au combat en lançant des sorts, prononçant les phrases à l'envers : cela ne fait qu'empirer la situation. Diana lui explique que seule une confrontation physique permet de venir à bout du monstre. Elle reprend le dessus et demande à Zatanna de rejoindre la Justice League : elle essuie une fin de non-recevoir. Peu de temps après, plusieurs personnages maniant la magie convergent vers le manoir du Baron Winters : Klarion, Teekl, Morgaine le Fay. Zatanna s'entretient avec John Constantine qui est resté à l'extérieur. Il lui rappelle pour quelle raison il n'est pas bienvenu dans cette demeure. Au bar de l'Oubli (Oblivion Bar), Diana discute avec Bobo T. Chimpanzee (Detective Chimp) sur le fait que la magie soit devenue incontrôlable et agressive. C'est Tracy Thirteen qui est la barista.
En 2011, l'éditeur DC Comics a relancé tous ses superhéros à partir de zéro. À cette occasion, il a élargi la gamme des séries estampillées Justice League, avec une équipe composée de superhéros manipulant la magie, lancée par
Peter Milligan puis écrite par
Jeff Lemire et
JM DeMatteis. À l'occasion de l'opération Rebirth, l'éditeur confie une nouvelle série
Justice League Dark à
James Tynion IV. Ce scénariste a écrit juste avant une cinquantaine d'épisodes d'une série consacrée à Batman : Batman: Detective Comics (épisodes 934 à 981), de 2016 à 2018, pour une saga ayant trouvé un équilibre impressionnant entre intrigue et développement des personnages. le lecteur éprouve donc de grandes attentes pour cette nouvelle série. D'un autre côté, il sait aussi qu'il ne peut pas présumer des versions des personnages qu'il va trouver, un mélange indémêlable entre version avant New 52, version 52, et autres. le fan de John Constantine version Vertigo peut desserrer les mâchoires car il joue un rôle mineur et il continue de fumer. Il découvre en cours de route que ce tome se décompose en 2 parties, l'histoire Witching Hour s'insérant à moitié, et ce tome comprenant un résumé en un court paragraphe de ce qui s'y passe.
Dans cette première moitié du tome, le scénariste installe la dynamique de son histoire vraisemblablement prévue sur plusieurs dizaines d'épisodes : les utilisateurs de la magie se rendent compte qu'ils en ont perdu le contrôle et que chacune de leur utilisation se transforme en catastrophe horrifique. Il introduit le concept de Otherkind, et un nouvel ennemi Upside-Down Man qui y est lié. Wonder Woman constitue son équipe : premier étonnement du lecteur. Comme le montre la couverture, 2 personnages n'ont pas de lien direct avec la magie : Swamp Thing et Man-Bat. Par ailleurs, il ne reproduit pas le schéma de sa saga Dectective Comics : un chapitre ne se focalise pas sur un membre de l'équipe. Il fait apparaître Nabu/Doctor Fate, un personnage DC ayant connu de nombreuses itérations, présentant une réelle originalité dans la magie : c'est l'un des seigneurs de l'Ordre. Il propose également une approche assez intéressante sur les différents utilisateurs de la magie, et leur recours à des artefacts.
Pour ces 3 premiers épisodes,
James Tynion IV retrouve l'un des dessinateurs principaux de Detective Comics : Álvaro Martínez. le lecteur lit avec plaisir ses planches ; des dessins propres sur eux, détaillés et descriptifs. Martinez soigne bien les personnages, avec des tenues particulières, que ce soit la cape et les armes de Wonder Woman, la tenue de scène et la tenue civile de Zatanna Zatara, l'allure de Bobo Chimpazee avec son chapeau et son pardessus à la Sherlock Holmes. Il représente John Constantine de manière très générique, un individu élancé en chemise blanche et pardessus, sans saveur si ce n'est qu'il a la clope au bec. À l'opposé, il soigne chaque apparition de Swamp Thing et chacune de ses transformations toujours spectaculaires. Il soigne aussi les postures de Doctor Fate. le lecteur constate que Martinez s'investit énormément pour représenter les nombreux personnages utilisant la magie, avec une minutie impressionnante pour être sûr que le lecteur puisse les reconnaître, des plus célèbres aux plus méconnus : Andrew Bennett, Black Alice, Deadman, Drakul Karfang, Klarion, madame Xanadu, Zauriel, et de nombreux autres encore. La conception graphique de Upside-Down Man est moins convaincant, manquant un peu d'originalité. Dans les 2 premiers épisodes, l'artiste investit également beaucoup d'énergie pour décrire les différents environnements : le théâtre où se produit Zatanna, le manoir du Baron Winters, le bar Oblivion, la tour de Doctor Fate. L'épisode 3 a pour objet une confrontation physique et magique dans laquelle Martinez se concentre sur la mise en scène, plus que sur les décors, avec une mise en couleurs pyrotechnique de Brad Anderson, pour une bataille spectaculaire.
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Witching Hour - Il y a des années de cela, à Themyscira, Diana, encore enfant, avait suivi les femmes sorcières dans la forêt. Elle avait surpris leur rituel pour honorer Hécate, et s'était fait rattraper alors qu'elle tentait de fuir. Elles l'avaient marquée d'un symbole lunaire magique sur le front. le lendemain Hyppolyta avait convoqué les femmes sorcières devant elle. Elles lui avaient assuré que Diana n'avait rien à craindre et qu'en réalité Diana s'est endormie pendant leur cérémonie et qu'elles l'avaient ramenée au palais. Une fois Diana rassurée et partie, Hyppolitha intime aux femmes sorcières de lui dire la vérité. Mais Hécate intervient à son insu. Au temps présent, Diana et Zatanna Zatara essaye de convaincre la Justice League au grand complet de l'existence de Upside-Down Man et du terrible danger qu'il incarne. Diana ne se montre pas assez convaincante pour Batman. Elles repartent ayant échoué à mobiliser la Ligue de Justice. Dans le couloir, Diana enlève sa tiare, et montre le sigil qui brille sur son front à Zatanna. Dans la salle de réunion, Hécate intervient discrètement pour réorienter les pensées des justiciers.
À Londres, au Caire, à Brooklyn, à Los Angeles, des femmes se rendent dans un bar dont la porte s'ouvre sur le Bar de l'Oubli dans une dimension magique. Traci 13 est derrière le comptoir et sert les clients. Dans la salle se trouvent les différentes sorcières, ainsi que John Constantine en train de lever le coude dans un coin, Rebecca Carstairs (Witchfire). Traci 13 indique que la réunion de la sororité de la Main Habile est ouverte. Tout d'un coup, Rebecca Carstairs leur intime de fuir, alors que le sigil d'Hécate apparaît sur son front. Hécate s'incarne en elle et incinère toutes les personnes présentes. Seules quelques personnes arrivent à fuir dont Traci 13 et Constantine. Sous le Hall de Justice, Alec Holland est en train de méditer parmi différents corps de Swamp Thing. Arrivent Détective Chimp (Bobo T. Chimpanzee), Man-Bat (Kirk Langstrom), puis Wonder Woman et Zatanna. Ils se rendent tous les cinq dans leur propre salle de réunion. Alors que Diana évoque la menace de Otherkind, elle est à son tour possédée par Hécate, le sigil sur son front étant devenu luminescent.
Après les épisodes 1 à 3, le lecteur n'en est pas forcément ressorti avec une grande curiosité de découvrir cette histoire, à la fois parce le scénariste n'était pas au meilleur de sa forme, à la fois parce que cet affrontement intervient entre 2 épisodes et ne semble pas engendrer beaucoup de conséquences. D'un autre côté, il reste avec la question de savoir ce qu'il est advenu d'Hécate. En commençant sa lecture, il observe 2 caractéristiques : les dessins sont très minutieux, la narration par les encarts de texte est dense. de fait, le premier épisode WWLJLD et le dernier JLDWW ont une pagination double ce qui en fait une histoire en 7 épisodes. Ensuite, les actions d'Hécate mettent en péril le fonctionnement de la magie à l'échelle de la Terre et même de la création. Il s'agit donc d'une menace d'une ampleur globale, et de fait l'intrigue implique de nombreux personnages à des degrés divers. le lecteur voit passer la Justice League dans l'épisode d'ouverture. Il constate ensuite la participation de nombreux superhéros liés à la magie, des plus connus (Zatanna, Doctor Fate, John Constantine, Deadman), à d'autres beaucoup plus secondaires (Traci 13, Enchanteress, Black Alice), et des nouveaux comme Manitou Dawn et Witchfire. Les dialogues et les cellules de texte permettent d'apporter des informations qui donnent plus de consistance au récit, qui explique les motivations des protagonistes ainsi que les enjeux, qui aboutissent à une histoire étoffée et consistante.
Alors que ces 5 épisodes sont essentiellement illustrés par 3 artistes différents, la narration visuelle présente une forte cohérence, sans impression de changer de narrateur d'une page à l'autre. La séquence d'ouverture sur Themyscira est très impressionnante avec un fort niveau de détails dans la description et des dessins très minutieux. le degré de détails baisse un peu par la suite, tout en conservant une grande précision dans les descriptions. Il n'y a que lors de l'épisode dessiné par
Emanuela Lupacchino que la densité d'informations visuelles diminue un peu dans les cases. Cette approche de dessins constitue une manière de raconter très concrète, qui donne à voir chaque élément. Ainsi le lecteur reconnaît aisément tous les personnages, malgré leur nombre élevé, à la fois grâce à la justesse de leur costume, à la fois par les nombreux détails. Chaque dessinateur s'investit pour représenter les différents environnements, au moins dans les cases d'ouverture de chaque scène. le lecteur peut ainsi admirer la flore de Themyscira, l'aménagement de la cour où reçoit Hyppolita (sol en dalles, statuaire, temple en arrière-plan, vasque avec composition florale), la salle de réunion du Hall de Justice, l'aménagement intérieur du bar de l'Oubli, la côte de l'île où Diana va chercher l'aide d'un sorcière qu'elle a déjà combattue, l'aménagement baroque de la caverne dans laquelle elle habite, l'urbanisme et l'architecture de la ville de Nanda Parbat, la beauté du parlement des fleurs.
Comme d'habitude dans les comics de superhéros, quand vient le temps de l'action, les dessins se focalisent sur les combattants, les décharges d'énergie et les mouvements. Les 3 artistes sont tout autant impliqués pour raconter et montrer ce qui passe de manière claire et compréhensible, et bien évidemment spectaculaire, ne se contentant pas de poses avantageuses pour les personnages. À l'usage, il n'y a que John Constantine qu'ils n'arrivent pas à rendre crédible, du fait d'une apparence d'individu ordinaire en imperméable. Par contre, même Détective Chimp apparaît à sa place pendant les affrontements. Lors de ces passages, le lecteur prend conscience de tout ce qu'apporte Romulo Fajardo junior à la narration visuelle, et Brad Anderson. En plus des fonctions habituelles de la mise en couleurs (faire ressortir les surfaces les unes par rapport aux autres, transcrire la couleur de chaque élément, rehausser le relief en jouant sur les nuances), il ajoute des effets spéciaux pour l'apparition de créatures surnaturelles (comme Upside-Down Man), pour des apparitions spectrales (quand Hécate influence subrepticement la Justice League), des flammes et flammèches (les très belles épaulettes de Witchfire), et toutes sortes de scintillement magique (autour de la licorne), d'énergies magiques (celles d'Hécate, de Constantine), sans oublier l'extraordinaire composition de la manifestation de Rama Kushna (dans
Justice League Dark 4), combinée avec un effet sur le lettrage rendant hommage à
Neal Adams.
Le lecteur s'immerge donc un récit dense et riche, en présumant qu'il va découvrir une histoire d'affrontement un peu étiré et un peu gonflé pour remplir le quota de page. Outre la riche narration visuelle, il apprécie la manière dont le scénariste présente la situation, les motivations d'Hécate, et l'effet de ses actions dans différents endroits du monde. Il retrouve un schéma classique quand Hécate monte en puissance en récupérant son pouvoir, pour aboutir à une confrontation finale encore plus démesurée que les premières. Dans le dernier épisode,
James Tynion IV surprend son lecteur en développant une origine de la source de la magie à partir des éléments qu'il a développé précédemment, révélant la cohérence de la motivation d'Hécate, et montrant comment elle est liée à l'existence d'Upside-Down Man, l'adversaire de la
Justice League Dark dans leur série. Avec ce passage, le récit acquiert un intérêt supplémentaire, à la fois pour une forme de réorganisation de l'origine de la magie dans l'univers partagé DC, à la fois pour la compréhension du concept d'Upside-Down Man.
A priori pas très alléché par la perspective d'un affrontement étiré entre
Justice League Dark et Hécate, le lecteur se laisse quand même tenter par la qualité de la narration graphique. Passé la scène introductive, il retrouve un schéma classique de menace à l'échelle e la planète, avec une narration riche et soignée. Au dernier épisode, il découvre la réelle intention du scénariste, et se dit que la lecture de la série
Justice League Dark aurait été appauvrie s'il n'avait pas lu ce tome, et que l'histoire racontée prend une ampleur universelle la rendant plus intéressante.