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Il s'agit d'un premier roman, celui d'un homme qui – selon le quatrième de couverture – a tout quitté pour parcourir le monde. Il est donc un "fils du vent", comme son héros Anton le Tzigane, dit Moriny Akh. Dresseur de chevaux depuis sa tendre enfance, il exerce son art dans un petit cirque qui voyage entre l'Europe et l'Asie. Son mentor est Jag, un sage qui joue sur son violon. Hélas, la seconde guerre mondiale éclate: il s'ensuit une catastrophe innommable, mais Anton s'en sortira comme une anguille (c'est son surnom). Encore vivant et incapable d'oublier la mort de ses compagnons, il est marqué par ses épreuves. Mais il trouve en lui l'énergie nécessaire pour renier la mort et revenir à la vraie vie grâce à ses amis Jag, Katia, et la mystérieuse Yadia.
Dans ce roman, on rencontre l'esprit de liberté, la résilience dans les tragédies, une sorte de magie qui défie parfois la vraisemblance, des personnages forts dans le monde très particulier des Tziganes (sur lesquels il me semble que l'auteur s'est très bien documenté). Par le biais de cette lecture, nous entrevoyons l'humanité d'une autre manière. Je note une petite chose: je n'ai pas vu la nécessité de convoquer dans ce roman Gandhi lui-même, juste à la veille de son assassinat; et le discours du Mahatma (si proche de celui de Jésus, en vérité) ne m'a pas paru à sa place. J'ai aussi trouvé quelques obscurités dans l'apparition de certains personnages du roman. Mais ces reproches restent mineurs. Enfin, je trouve que l'écriture d'Alain Mascaro est souvent forte et belle.
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J'ai découvert ce roman parce qu'il était dans la sélection finale du prix VLEEL
C'était le seul que je n'avais pas lu sur les 11. Je me suis empressé de le lire et au final, j'ai voté pour lui en premier lieu.
Voilà un roman tout à fait étonnant qui parvient à embrasser une période assez longue en à peine 250 pages, ce en maniant l'ellipse de main de maître. On suit Anton, un tzigane né en Asie Centrale sur une trentaine d'années. La narration épouse les codes du conte tout en abordant avec réalisme l'histoire du porajmos (La dévoration, l'engloutissement en rom), c'est-à-dire le génocide des tziganes pendant la seconde guerre mondiale. L'écriture est dense et poétique, traversée par un souffle épique qui exhorte à une lecture d'une seule traite. En peu de mots, l'auteur parvient à donner vie à ses personnages, avec une économie de moyens qu'on trouve chez Giono par exemple.
C'est surtout une fabuleuse histoire de résilience et une réflexion intéressante sur la vengeance, sublimée par le personnage grâce aux chevaux, ces compagnons de toujours.

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Avant que le monde ne se ferme. Ce titre, avant même que je ne sache ce qui se cachait derrière, je l'ai trouvé poétique et magnifique. Avant que le monde ne se ferme. Cela en dit des choses, n'est-ce pas ?
A peine débarquée au milieu du camp de roulottes de la famille Tortvath j'ai compris tout ce qu'il renfermait : steppes à perte de vue, son du violon, galop et vent dans les cheveux… autant de symboles de liberté. Une liberté pourtant mise à mal lorsque le nazisme grondant vise le peuple tzigane, ce peuple qui avait tant à coeur d'habiter le monde.

J'ai aimé ce voyage en ces terres. Les scènes sous le chapiteau du cirque familial, autour de la musique et des légendes propres à cette culture sont particulièrement évocatrices. Pourtant leur bonheur est fragile et se sont de nouvelles horreurs qui se trouvent écrites sous mes yeux. Les tziganes sont cloîtrés dans les ghettos, les camps. Ils y sont méprisés, violentés, abusés par quiconque croise leur chemin. Mais Anton, guidé par le souvenir de son mentor, ne perd jamais la lumière de vue et résiste, trouve de la force là où il n'y a que désespoir et atrocités.
Ce destin et tout ce qu'il dit de l'Histoire de ce peuple m'a émue. J'aurais d'ailleurs voulu que l'épopée traverse moins vite les lieux et les années pour avoir le temps, moi aussi, de me recueillir sur les âmes si douloureusement laissées en chemin.
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« Tout commença dans la steppe, dans le cercle des regards qui crépitaient avec le feu de camps. »


Avec ce conte tzigane sur ce dresseur de chevaux, j'ai voulu goûter au vent de liberté, à la magie poétique d'un cirque itinérant à l'ancienne, déambulant en roulottes au gré d'itinéraires aléatoires dans les villes et paysages qui leurs plaisent, dans ces steppes emplies d'espaces et de légendes.


« L'enfance ne fut qu'errance et mouvement, à la lenteur d'une paire de chevaux, la parfaite vitesse pour prendre la mesure du monde ».


Avec eux j'ai plié et déplié le chapiteau, écouté le violon de Jag autour du feu, lorsque « L'haleine des chevaux soufflait des nuages et les étoiles au ciel semblaient cligner des yeux. ».


J'ai brûlé les roulottes de ceux qui mourraient au fil du chemin, pour que leur esprit ne revienne pas nous hanter. J'ai marché sur un fil, ri et pleuré. J'ai vécu au présent, surtout, m'offusquant de ces frontières de plus en plus difficiles à franchir, de ces propriétés privées que les gadjé s'approprient, nous contraignant parfois à les voler.


J'ai appris à apprécier cette vie où « les livres étaient des prisons pour les mots, des prisons pour les hommes. Les premiers comme les seconds n'étaient libres qu'à virevolter dans l'air ; ils dépérissaient sitôt qu'on les fixait sur une page blanche ou un lopin de terre ».


Pourtant très vite, au fur et à mesure que les années 1940 approchaient, les prisons sont devenues le quotidien. D'abord personae non gratae interdits de séjour, les tziganes furent raflés au même titre que les juifs. le début de la fin, pour des hommes et des femmes habitués à virevolter au gré du vent.


« Pleure, mon amour, pleure, et qu'avec tes larmes s'en aillent tous tes malheurs… »


J'ai beaucoup aimé le début de ce récit, qui nous fait naître au monde tzigane avec le personnage principal, Anton. La seconde partie au coeur des camps et charniers de la seconde guerre mondiale est intéressante dans la mesure où elle présente un angle nouveau : l'enfermement pour une âme libre, quelqu'un pour qui les frontières sont déjà des concepts ineptes. Mais déjà, l'aventure commence à souffrir du fait que le peu de pages du roman ne permet pas d'approfondir la personnalité des personnages, et notamment d'Anton, de pénétrer son coeur et son âme. Ce parti pris a le mérite, comme dans un conte, de raconter beaucoup de péripéties sans s'appesantir, les mots virevoltant comme le feraient ceux, oraux et libres, des personnages eux-mêmes ; Mais l'écriture commence alors à me faire prendre de la distance avec lui. Et la rapidité avec laquelle la plume passe sur les années qui défilent continue à me distancer.


« L'engloutissement, la dévoration : c'est ainsi que certains tziganes désigneraient par la suite le génocide dont ils avaient été victimes, mais très peu en parleraient, à quoi bon ? Pour triompher du malheur, il faut le profaner. Et quelle plus belle profanation que la vie elle-même ? »


Malheureusement, la troisième partie sur une éventuelle renaissance au sortir des camps, n'a fait que creuser l'écart entre Anton et moi. Il parcourt beaucoup de kilomètres, vit beaucoup d'aventures, crée des numéros de cirque mais sans qu'on ne l'accompagne vraiment dans son cheminement ni dans son processus créatif, qui demeure superficiel. Ça permet une vue d'ensemble et demeure une belle histoire, mais racontée sans vraiment me la faire vivre. Un conte tzigane qui a aurait pu m'ébahir, mais ne m'a finalement qu'effleurée. Une caresse dont je reste en partie insatisfaite, ayant eu hâte de quitter des personnages dont je m'éloignais un peu plus à chaque page à cause d'une impression de survol.


Mais ce roman demeure très bien noté et je l'envoie volontiers à qui voudrait le tenter !
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J'ai ici découvert le monde tzigane, du cirque tzigane, nomade, et au passage j'ai réalisé combien ils ont été pourchassés, tout comme les juifs pendant le génocide. Peu de mots pour décrire les souffrances et pourtant elles sont bien là, on les sent peut-être encore plus que lorsque qu'elles sont abondamment décrites.
À la fin, les indice du "monde qui se ferme" rendent encore plus poignante la disparition de ce qui fait partie de l'essence de ce peuple : la mobilité sans entrave, la liberté de choisir. Et au fond, si cela faisait partie de l'essence de l'humanité ?
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Anton est Tzigane et dresseur de chevaux. Né en Asie centrale, peu après la Première Guerre mondiale, il grandit au sein d'un cirque, entouré d'un clan bigarré de jongleurs, de trapézistes et de dompteurs. Ce " fils du vent " va traverser la première moitié du "siècle des génocides", devenant à la fois témoin de la folie des hommes et mémoire d'un peuple sans mémoire.
Anton est l'un des seuls survivants, portant en lui la lourde mémoire de "mille trois cent quatre morts qui ne veulent pas qu'on oublie leur nom".
Le génocide des Tziganes : ces oubliés de la seconde guerre mondiale !

Bel hommage aux gens du voyage, aux peuples nomades sont ostracisés et incompris dans leur volonté d'être sans attaches.
Le style de ce roman est simple, poétique, romanesque et un peu magique.
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Quel beau voyage je viens de réaliser. Voyage dans des contrées lointaines et sur divers continents, voyage en culture Tzigane et voyage à travers le XXe siècle entre périodes d'insouciance, de liberté et d'horreur.
Le fil conducteur est le très beau personnage d'Anton, dresseur de chevaux doué, que l'on rencontre d'abord enfant, dans sa famille circassienne dans les années 1920. La décennie suivante est ensuite marquée par l'enfermement dans un ghetto pour tzigane puis le passage d'Anton en camp de concentration sous le régime nazie. Enfin après guerre le temps de la reconstruction psychique et tout simplement d'une vie, à la recherche des membres rescapés de son clan en découle.
Outre l'histoire, à la fois simple et originale, il se passe de nombreux événements et des rencontres riches et précieuses dans ce court roman.
J'ai beaucoup apprécié la qualité et la justesse de l'écriture, pleine de poésie, d'Alain Mascaro. J'ai d'ailleurs été tentée de noter de nombreuses citations.
Une très belle surprise pour moi que ce roman plein d'humanité, de sensibilité et de solidarité le tout accompagné de notes de violon et donc de musique traditionnelle tzigane.
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Dès les premiers lignes, je me suis sentie emportée par un tourbillon musical fait de violons et chants tziganes à travers toute l'Europe et plus encore !
C'est un livre rare de profondeur, d'amour, de poésie, de violences mais de vie avant tout.
Tout commence quand Anton naît dans un cirque tzigane entouré de ses parents Svetan et Smirna, de la troupe du cirque Torvath , bercé par le violon de Jag. Nous sommes dans les années 1920, ils voyagent au gré de leur humeur à travers toute l'Europe Centrale jusqu'au jour où Jag les quitte pour rejoindre l'Inde de leurs origines, pressentant de futur dangers . le petit cirque continue ses tournées mais l'étau des nazis se resserre autour d'eux. On va suivre le parcours d'Anton durant cette folie guerrière, à travers les camps, ghettos , et plusieurs pays pour retrouver son ami Jag .
Ce roman est un grand voyage à travers le vingtième siècle sombre de la guerre mais riche et lumineux par la culture tzigane. Ce texte nous transmet leur sagesse, l'attachement pour les animaux ( particulièrement les chevaux), leur amour de la liberté et du voyage, la puissance des liens familiaux et amicaux, l'attachement à leur terre d'origine, la passion de la musique et la valeur des contes ancestraux.
L'auteur aborde avec pudeur et gravité le sort réservé aux tziganes par les nazis dans les nombreux camps de concentration. Ces passages montrent la détresse physique des prisonniers mais surtout psychique . Ainsi, les contes traditionnels , des bouts de papiers pour écrire permettront à Anton de résister à la barbarie . Hélas , ils seront peu à se sauver et Anton devra vivre avec tous ses fantômes jusqu'à ce qu'il leur offre une sépulture .
Le voyage d'Anton nous permet de rencontrer de nombreux personnages tous attachants. Il y a Jag, le violoniste et conteur ; Katia, la funambule ; Simon, le médecin ; Yadia, la mystérieuse ex-officier de l'Armée Rouge ; le colonel Wittgenstein, américain traumatisé par la découverte du camp de Mauthausen ; Katok, compagnon du camp.

Ce texte, d'une belle poésie, nous fait voyager et partager la liberté d'Anton, sa foi en la vie, sa détermination. Les nombreux contes tziganes vous accompagnent longtemps après cette émouvante épopée.

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Merci à la La Traversée Librairie-Conseils de m'avoir chaudement recommandé ce premier roman.
J'ai vraiment été touchée par cette histoire simple et profonde. Simple parce qu'elle ressemble un peu à un conte. Profonde parce qu'elle aborde des sujets graves avec une philosophie empreinte de sagesse orientale.
C'est un roman plein de souffle, qui se lit d'une traite. Je n'ai pas envie de le raconter; juste de dire "Lisez-le!".
Du reste, j'ai été tellement touchée que j'ai ouvert spécialement un compte sur Babelio pour parler de ce livre. C'est le premier pas qui compte: il y aura d'autres critiques, même si je n'aime guère ce mot.
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Voilà un livre que l'on m'a offert à Noël et que j'ai tardé à lire, induit en erreur par la quatrième de couverture, un peu réductrice à mon sens parce qu'elle occulte la part lumineuse de ce roman, pourtant essentielle.
C'est un livre dont on a envie de parler aux autres, et un auteur que l'on a envie de suivre et de connaître. Son Blog d'écrivain renvoie à son Blog de voyage: là, on découvre que l'auteur n'a pas fait que parler de l'errance, il l'a vécue. Il a pris le risque de se délester pour parcourir le monde. Il a visité pas mal des endroits présents dans son livre.
"Avant que le monde ne se ferme" est tout à la fois un voyage, un conte philosophique tzigane, une évocation historique, un éloge du mouvement mais aussi de ce fabuleux voyage immobile qu'est la lecture.
On suit Anton, fils spirituel de Jag le violoniste, des années 20 jusqu'aux années 50, embrassant ainsi 2 époques contrastées mais complètementaires: la seconde guerre mondiale et le début des 30 glorieuses. On passe de la relative liberté d'avant guerre à la réclusion terrible des camps, puis de nouveau à ce qu'on croit être la liberté, mais qui n'est en fait qu'une nouvelle forme, sournoise et dangereuse, d'aliénation: cette fameuse société de consommation qui réduit tout, brûle tout, clôture tout, ne laissant que peu d'espace au rêve et au vrai voyage. Et pourtant Anton, le héros de ce roman, tient bon, lui. Il nous donne même une solution: faire deux pas de côté, un pas en arrière aussi peut-être, pour revenir à davantage de simplicité, de sobriété. Pour quoi faire? Pour sauver le monde et nous sauver nous-mêmes!
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