✨ Quel souffle !
Stefano Massini nous emporte dans un tourbillon de mots.
✨ Ne vous fiez pas à l'allure de pavé de ces « Frères Lehman », les pages filent ; l'écriture en vers libre nous enveloppe et nous rend captif.
✨ Bien sûr,
Stefano Massini nous parle de l'épopée d'une famille de banquiers... mais il nous parle aussi de tellement plus... de ces moments où l'homme oublie la mesure, et se prend pour Dieu. Les Grecs parlaient d'hybris... et quand il y a hybris, les choses finissent toujours mal...
✨ Trois époques rythment le récit :
➿la première est celle des pères fondateurs, de vrais commerçants qui vendent des marchandises ( le coton, le pétrole...)
➿ le seconde est une époque de transition vers le grand commerce - où l'on investit pour quelque chose que l'on ne verra pas de ses propres yeux. La construction du chemin de fer illustre ce pari sur l'avenir, où projet, argent et immatériel se mélangent.
➿ la troisième époque, enfin, est dangereusement abstraite et purement algorithmique ; elle n'a plus rien de tangible : l'argent achète et revend l'argent.
✨ L'histoire qui nous est racontée est celle d'hommes qui ont remplacé leur Dieu par un autre Dieu ( le capitalisme ), leur temple par un autre temple ( Wall Street ), le Texte par un autre texte ( les chiffres de 0 à 9 deviennent la nouvelle litanie). le marché devient la grande idole, la nouvelle foi ; le culte du profit devient l'alpha et l'oméga.
✨ Les Lehman - au fil des pages - sont de plus en plus glaçants, de plus en plus cyniques, de plus en plus névrosés...parce que l'argent ne fait pas le bonheur : « l'argent n'est pas un rêve d'enfant. » « Aucun enfant ne rêve de devenir banquier ou financier »...alors face à l'ultra capitalisme, il ne reste que l'humour et la poésie, que la dénonciation de l'hybris, et finalement que la chute. Disparition.