AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,13

sur 318 notes
5
33 avis
4
15 avis
3
5 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Stefano Massini: bravo, et rebravo!
Bravo parce qu'à moi, totalement imperméable à tout ce qui touche à l'économie et au monde de la finance, il a réussi à faire avaler un pavé de 800 pages sur l'ascension sur deux siècles de la famille Lehman, fondateurs de la banque Lehman Brothers, lecture qui m'a procuré un énorme plaisir!
Pour ce faire, Stefano Massini, grand dramaturge italien, a imaginé une forme originale, ancienne finalement et épique pour évoquer cette fantastique ascension qui pourrait sembler bien ennuyeuse si elle était présentée plus classiquement.
800 pages poétiques sur le monde glacial de la finance, quelle idée! Des fondateurs à leurs descendants sur trois générations, le récit passe au crible les différentes sensibilités et visions d'une grandeur sans cesse renouvelée. Les Lehman vendent: coton, café, pétrole, acier, trains, voitures, avions, radios, télévisions, ordinateurs. L'argent coule entre leurs doigts sous toutes les formes possibles et cet argent est l'exact reflet d'un pays gagné par l'industrialisation et la naissance du capitalisme, poussé à ses extrêmes. On connait la fin: crash boursier, crise mondiale. Fini pour les Lehman.
Aucun ennui à la lecture de cette saga pas comme les autres, et une grande admiration pour cette oeuvre hors-normes.
Commenter  J’apprécie          442
J'ai pris mon temps et j'ai bien fait. Parce qu'un livre comme celui-ci, franchement, on ne vous en sert pas tous les jours !
Maintenant, il me faut le chroniquer et je me sens tellement « petite » face à une telle oeuvre que je ne sais par quel bout commencer !
Alors, faisons simple, commençons par le commencement…
Il était une fois un fils « de marchand de bestiaux » nommé Heyum Lehmann qui quitta Rimpar en Bavière et arriva à New York le 11 septembre 1844. Il avait perdu 8 kilos en 45 jours de traversée. L'officier du port écrivit sur les registres « Henry Lehman » et lui souhaita « good luck ».
C'est beau l'Amérique !
Il était une fois des amis juifs allemands qui dirent à notre Henry : « On gagne de l'argent avec ce qu'on est bien obligé d'acheter » (logique!) Et un vieux rabbin aux yeux qui louchent d'ajouter : « un poisson vit dans l'eau et l'eau ne se trouve pas seulement dans la mer. » (CQFD)
Et avec ça, Heyum Lehmann, pardon Henry Lehman, devrait se débrouiller !
Moi, j'aurais pleuré et je serais rentrée chez moi aider mon père à élever ses bestioles…
Eh bien figurez-vous qu'on retrouve celui qui, pour le moment, n'a pas franchement l'étoffe d'un héros, dans une petite boutique de Montgomery, Alabama, au milieu de tissus « étoffes enroulées/ étoffes brutes/ étoffes enveloppées/ étoffes repliées/ tissus/ linge/ chiffons/ laine/jute/ chanvre/ coton./ Coton. / Surtout du coton »
Un coton un peu spécial, le « blu di Genova », autrement dit « bleu de Gênes », qu'on ne prononce pas très bien, là-bas, en Amérique, et ça donne quelque chose comme « blue-jeans ».
Une marchandise « first choice », du solide, de l'inusable.
Bref, Lehman est « une bonne adresse » et ça se sait !
Et lorsque qu'une jolie demoiselle se casse la figure en tentant d'ouvrir la porte un peu difficile de la boutique et qu'elle s'entaille la joue, on lui propose généreusement des mouchoirs, pour qu'elle se nettoie. « J'en ai à 2 dollars, à 2,50 et à 4. »
Celle qui deviendra la femme de notre goujat fonce d'un pas ferme jusqu'à lui et s'essuie avec la cravate du malotru. C'est qu'elle a du caractère Rose Wolf !
Comment les deux frères d'Henry : Emanuel et Mayer, débarquèrent et modifièrent de quelques coups de pinceaux l'enseigne au-dessus de la porte qui devint « TISSUS ET HABITS LEHMAN BROTHERS », comment il arriva ce qui arriva à l'un des trois…, comment ils vendirent le coton de 24 plantations puis se séparèrent, l'un à Montgomery, l'autre à New York, 119 Liberty Street : « 24 fournisseurs de coton au Sud/ 51 acheteurs au Nord », c'est tout un programme, et vous ne me croiriez pas, alors, je n'en dirai rien...
Et en plus de cela, vous vous en doutez, la grande Histoire va mettre son nez dans la petite : la guerre de Sécession, le Nord contre le Sud et au milieu, les Lehman Brothers « comprimés/ encastrés/ tel un gobelet de verre », puis l'abolition de l'esclavage, la crise de 29, les guerres… Vous ne pouvez imaginer le tourbillon qui s'en suivit...
Après le coton, le charbon, après le pétrole, le sucre, après le café, le tabac, après le fer, le gaz ETC,ETC, ETC : puis vint LA BANQUE, LA SACRO-SAINTE FINANCE, celle qui gouverne le monde et fait avancer les hommes.
Comment les frères répétèrent inlassablement à leur progéniture, celle qui prendra la relève, que « le financier ne doit pas/ lâcher prise un instant/ qui s'arrête est perdu/ qui reprend son souffle est mort/ qui s'installe est piétiné », je vous laisse le découvrir ! Qu'ils le sachent, les futurs Frères Lehman (en réalité cousins), que ces mots soient gravés dans leur coeur et dans leur âme !
Ce texte, écrit en vers libres (ils se lisent très facilement!), porte en lui un souffle puissant qui retrace l'odyssée d'un homme de rien ou de pas grand-chose, entreprenant la conquête de l'Amérique et décidé à s'y lancer corps et âme avec ses deux frères. Et c'est fabuleux ! Parce que leur histoire, véritable épopée moderne, est totalement incroyable et que l'écriture nous transporte, à travers ses répétitions qui rythment le texte, ses litanies rappelant les psaumes bibliques, les prières, les chants, sa poésie, ses listes folles (celle par exemple des 12 épouses parfaites possibles selon Philip Lehman… HILARANT!), ses inventaires (les 120 règles du miroir). Tous les tons, tous les genres, tous les registres sont convoqués, même la BD !
Et surtout, ce qui domine, c'est l'humour, omniprésent, décapant, irrésistible, fou, tragique parfois. Les portraits des personnages relèvent souvent de la caricature, les traits sont grossis et le burlesque devient irrésistible !
Tout le monde connaît ce qu'il est advenu de la banque Lehman Brothers en 2008 lors de la crise des subprimes, or personne ne sait ce qui s'est passé avant, qui furent ces hommes et comment ils se hissèrent au sommet.
Enfin, et pour finir, on vous sert sur un plateau, une Histoire de l'Amérique (pas rien!) et un cours d'économie haletant, drôle et compréhensible (si, si, c'est possible !)
Un texte magistral comme on en lit peu !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          320
Génial sur la forme et passionnant sur le fond: qui dit mieux?
En soi, raconter depuis ses origines jusqu'à son effondrement l'histoire d'une banque qui se fond dans celle de l'Amérique est une riche idée. Quoi de plus américain en effet que l'immigration européenne au 19ème siècle, l'élite affairiste qui en émerge à partir du commerce, d'abord des produits du Sud esclavagiste, puis par l'accompagnement de l'essor industriel faramineux de la fin du siècle sans tenir compte du sérieux avertissement de 1929, jusqu'à la mortifère position dominante d'institutions financières qui comme des démiurges démoniaques créent le monde, façonnent ses besoins, lancent ses guerres, par la maîtrise de concepts mathématiques totalement déconnectés du réel?

Et pourtant ils n'étaient que trois frères au départ : un cerveau (Henry), un bras (Emanuel) et une patate (Mayer), et c'est là tout le sel de ce roman psalmodié à hauteur d'homme comme une prière ou un kaddish à la mémoire de cette dynastie juive hors de toutes les normes et précipitée du haut de sa toute puissance sur le pavé, comme l'équilibriste de Wall Street.

Une lecture aérienne, jubilatoire et addictive, avec de la légèreté et de la créativité sur la forme qui enrichissent le fond et le rendent fluide et accessible au boétien de la finance. Et ce pour des salauds de banquiers que l'on adore détester - ou le contraire.
Commenter  J’apprécie          313
Première fois que j'ai envie de mettre 6 étoiles à une lecture !

Ce roman est pour moi THE coup de coeur de ces dernières années. J'ai littéralement été envoutée par le style de Stefano Massini, happée par l'épopée des Lehman Brothers et je ne cessais de penser au bouquin quand je ne le lisais pas. Bref, j'ai A.D.O.R.E, vous l'aurez compris.

L'auteur nous raconte donc le rêve américain, la grandeur et le déclin d'une famille illustre que le monde entier connait. Tout commence quand Henry arrive en Amérique depuis sa Bavière natale dans la deuxième moitié du 19e siècle. Assez vite, convaincu qu'il faut "vendre ce que les gens ont besoin d'acheter", il ouvre un commerce de tissu en Alabama et fera venir ses deux frères pour le seconder. Quand ils ont commencé à vendre du coton, qu'ils ont créé le métier "d'intermédiaire" que la plupart des gens ne comprenait même pas, qu'ils se sont intéressé au café... aucun des trois frères n'imaginait qu'ils étaient occupé à construire un véritable empire.

Le style de Stefano Massini est inclassable, comme tout le roman d'ailleurs. Ecrit à la manière de la poésie sans rime, ce qui permet les répétitions, les alignements de mots sans en faire des phrases... le roman semble se dérouler tout seul sous les yeux du lecteur; l'intrigue prend littéralement vie à la lecture. le fait que les titres des chapitres de la première partie soient tous écrits en Yiddish, renforce la judaïcité des frères; culture qui prédominera toutes leurs actions et qui s'étendra sur les générations futures.

Le chapitre consacré à la guerre de Sécession illustre parfaitement ce que le style apporte au récit, parce que c'est, de mon point de vue, le style, au service de l'intrigue, qui apporte tout le rythme et la profondeur à l'histoire, sans avoir besoin de l'exprimer par des mots. Dans ce chapitre donc, les paragraphes alternent entre le Nord et le Sud au côté des Lehman restés au Sud et ceux partis au Nord et les phrases entrent en résonnance constante, tel le bruit des canons dont il est à peine fait mention. Et tel un mantra, un paragraphe, revient, encore et encore:
"Au milieu
entre les deux,
comprimés,
encastrés
tel un gobelet de verre,
les Lehman Brothers"

Et sur près de 900 pages, à travers un roman qui laisse peu de place aux femmes (elles sont carrément absentes de l'arbre généalogique imprimé au début), à l'image de la réelle place qu'elles occupaient dans la famille Lehman, Stefano Massini est parvenu à me passionner pour une famille de banquiers, dont tout le monde connait le sort. Je pensais apprendre des choses, et ce fut le cas.
Je ne m'attendais pas à éprouver un tel plaisir à accompagner ces hommes sur plus d'un siècle et surtout, surtout, je pense n'avoir jamais été autant emportée par la forme d'un roman.
Je vous le disais, un vrai coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          315
Saga familiale, épopée entrepreneuriale depuis l'arrivé d'Henry sur le quai Number four de New York le 11 septembre 1844 jusqu'à la chute spectaculaire de la banque le 15 septembre 2008.
La légende se construit, se tricote par l'accumulation des péripéties qui semblent toutes être des actes fondateurs. Les trois frères, chacun à sa façon, contribuent au développement de la petite boutique de coton à Montgomery, en Alabama, inventant de nouveaux métiers « intermédiaires » pour conquérir de nouveaux marchés. Les accidents de l'histoire, la Guerre de sécession, l'abolition de l'esclavage, la crise de 1929 et les deux Guerres mondiales, servent de marche pied à leur ascension puis à celle de leurs descendants. Tout devient source de profits : le café, le tabac, le sucre, le charbon, le pétrole, le train, l'aviation, le cinéma…
Si le développement perpétuel est bien le moteur de l'histoire, le cynisme, l'immoralité de l'entreprise sont souvent soulignés :
« Ce n'est sans doute pas pour rien
que les enfants jouent à faire semblant
d'être instituteurs, médecins ou peintres,
et qu'aucun
jamais
ne propose de "jouer à la banque" :
celui qui interprète le banquier
doit en effet rafler l'argent des autres
et les priver de goûter :
quel drôle de jeu est-ce là ! »
« Notre objectif
est une planète Terre
où l'on achète pas par besoin
Mais où l'on achète par instinct. »
« Nous, nous faisons le travail
le sale travail
où seuls comptent l'argent et la ruse. »

Tel un rapsode, Stefano Massini brode son récit avec des reprises régulières de séquences, d'éléments narratifs ou descriptifs, selon le principe de l'épithète homérique, martelant ces répétitions pour marquer et imposer son rythme endiablé. Il emporte son lecteur dans le tourbillon de la course à la modernité, l'accélération incessante du progrès, en abusant des retours à la ligne systématiques, jusqu'à l'essoufflement final. Les rêves jouent un rôle prophétique et amalgament la réalité, comme pour accentuer la métaphore. Métaphore quasi littérale.

C'est une histoire du capitalisme qu'il nous donne à lire, depuis l'accumulation primitive du capital grâce à l'esclavage jusqu'aux dérives du capitalisme financier, avec les accointances incestueuses entre les milieux économiques et politiques, l'exploitation généralisée au service exclusif du profit. Accessoirement, c'est aussi une histoire de l'Amérique.

Le seul intérêt de cette adaptation romanesque de sa pièce de théâtre CHAPITRES DE LA CHUTE – Saga des Lehman Brothers est qu'elle touchera certainement un plus large public.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
Commenter  J’apprécie          211
Il y a un peu plus de 10 ans , le 15 Septembre 2008 la banque Lehman Brothers faisait faillite et entraînait , dans sa chute la bourse de Wall Street et les autres bourses du monde.
C'est la saga de cette famille Lehman que nous raconte Stefano Massini.
Ironie de de l'histoire c'est à la même date ( 11 Septembre ) , mais en 1844 que commence l'histoire d' Heyum Lehmann , juif allemand émigrant à New York.
Dés son arrivée dans le carillon que l'on nomme Amérique il devient Henri Lehman avec un seul n.
Au côté de Stefano Massini nous voila emporté dans une fresque grandiose de plus de 800 pages, fresque que Stefano Massini écrira en plus de 30 000 vers non rimés.
Et ce style littéraire donne légèreté, humour à cette fresque.
Cela permet à Stefano Massini, dans ce long poème épique de faire cohabiter drame, roman, éléments documentaires et même poésie. Sans oublier de convoquer les références bibliques et les références cinématographiques.
Tout au long des 800 pages c'est haletant et plus l'histoire avance , plus celle -ci accélère pour nous amener à la faillite de la banque Lehman Brothers.
le résultat est saisissant et l'histoire des trois frères Lehman devient vite l'histoire de l'Amérique moderne passant de la vente du coton et du sucre dans le Sud au financement du charbon, des chemins de fer, ou encore de l'effort de guerre en 1917.
L'histoire de la famille est au centre du poème épique de Stefano Massini.
Les générations se suivent , se transmettent ou refusent de participer à la construction de Lehman Brothers.
La première génération est celle du départ de l'immigration.
La seconde est celle déjà de l'obsession de l'argent pour l'argent. Tout est intermédiation , investissement et financement.
La dernière génération semble écrasé par son destin et l'accélération de l'Histoire.
Etre un Lehman signifie aussi être juif et tout le récit est emprunt de cette judéité au travers des titres des chapitres , des mots hébreux parsemant le texte ou encore par les références bibliques.
Etre un Lehman c'est aussi pouvoir passer du 20 éme rang au 1er rang au Temple et pouvoir faire la nique aux Levisohn ou encore au Goldman Sachs. Et si c'est compliqué il y a encore la possibilité des mariages entre familles.

En se dénaturant la banque finit par sombrer et Stefano Massini réuni une dernière fois tous les Lehman dans une même pièce.
Moment magnifique ou chacun régit selon son trait de caractère.
Puis ils se retirent à l'annonce de la faillite de la banque et entre dans la période de deuil religieux.

Vous ressortez de ce livre totalement étourdi et abasourdi par la virtuosité de Stefano Massini.
168 ans de la vie des Lehman et vous n'avez pas vu le temps passé.


Lien : https://auventdesmots.wordpr..
Commenter  J’apprécie          200
La forme est géniale et résonne comme une pièce de théâtre dans laquelle le son des mots et leur mélodie est aussi importante que le fond de l'histoire.
La saga familiale est représentée au niveau des hommes qui l'on écrit et que l'auteur (visiblement fasciné) connaît comme s'il avait fait partie de la famille.
On peut lire ce livre vite (appréciant la rythmique differente de chaque chapitre) reprendre lentement certains passages pour le plaisir des mots, se le (faire) lire à haute voix, c'est magnifique !
Le fond est conforme à l'idée qu'on se fait de la haute finance avec comme seul dieu : le profit !
La fin est très métaphorique et peut être trop rapide. La chute m'a laissé sur ma faim..
Commenter  J’apprécie          110
Celles et ceux qui me connaissent ou qui me suivent ici ou là sur les réseaux savent ma prédisposition pour les romans historiques ou les sagas qui mêlent subtilement la sphère privée et la sphère publique…
Avec Les Frères Lehman de Stefano Massini, on peut dire que je suis servie !

Ce livre raconte le parcours de la famille Lehman, qui fonda aux États-Unis la banque éponyme. À l'échelle de la saga familiale, c'est aussi un pan d'histoire de l'Amérique, décliné à travers le prisme du capitalisme, sur une période de plus de 150 ans qui va de 1844 avec l'arrivée de Heyum Lehmann, venu de Bavière, à New York jusqu'en 2008 avec la faillite de la banque Lehman Brothers, lors de la crise des subprimes …

Nous allons suivre quatorze personnages principaux sur trois générations et participer, à travers un enchainement foisonnant d'idées lumineuses, de péripéties et les rencontres, à leur ascension. Les frères Lehman ont commencé par un modeste commerce de tissu, avant de s'intéresser progressivement au négoce du coton, puis du charbon, du café, de l'acier, du pétrole, du tabac, des armes, des automobiles, des télévisions, des ordinateurs, des avions… Ils ont traversé et financé les guerres, n'ont jamais cessé de rebondir et de s'enrichir…
Nous les retrouvons sur les projets les plus insolites : ainsi, ils ont produit le film King Kong, ont lancé les comic books et les superhéros…
La famille Lehman a véritablement participé à l'expansion de l'Amérique.

Ce qui frappe immédiatement et fait l'originalité de ce livre, c'est son style de long poème épique… En effet, le récit est écrit en vers libres, dans une tonalité déclamatoire, scandée qui invite à la lecture à haute voix…
L'écriture est métaphorique, multi-référentielle avec des allusions à la Bible et au Talmud. Les rites boursiers reprennent les rites religieux et s'y substituent ; dans ce livre les hommes n'ont plus foi en Dieu mais en l'argent.
Il n'y a pas de temps morts ; c'est jubilatoire, entre humour et dérision, épuisant, démesuré…

Personnellement, j'ai beaucoup appris sur l'Histoire économique et sociale de l'Amérique, sur certaines subtilités de la finance, sur la course aux illusions dont profitent les banquiers… J'ai beaucoup ri, j'ai grincé des dents, j'ai été surprise…

À noter, pour celles et ceux que ce pavé de presque 900 pages rebuterait, que ce texte existe aussi, dans une forme abrégée, sous forme de pièce de théâtre intitulée Chapitres de la chute.


Lien : https://www.facebook.com/pir..
Commenter  J’apprécie          90
Ceux qui l'ont lu disent que c'est un excellent roman.
Ceux qui ne l'ont pas lu font une erreur.

Je pourrais nuancer… mais non !
Les frères Lehman est le livre le plus intéressant, le plus surprenant et le plus abouti que j'ai pu lire ces derniers mois, au moins.

Prenez l'histoire de l'iconique banque des Lehman Brothers et rendez-la émouvante grâce à l'histoire romancée de la fratrie qui en est à l'origine. Lorsque Heyum Lehmann arrive à New-York en 1844, la première chose qu'il fait c'est de se laisser appeler Henry Lehman. La troisième (la deuxième étant d'aller demander conseil au rabbin Kassowitz), c'est d'ouvrir une petite affaire, une boutique de tissus. Et ses deux frères Emanuel et Mayer de le rejoindre : c'est la première génération des Lehman Brothers.

Prenez l'histoire de l'iconique Banque des Lehman Brothers et rendez-la passionnante en en faisant la fenêtre ouverte sur l'Histoire des Etats-Unis et du monde.

Prenez les thèmes de l'économie, de l'univers bancaire et du capitalisme, mettez-les dans un livre de 900 pages et rendez-le tout absolument limpide et digeste.
Le secret de fabrication ? le talent de Stefano Massini. Parce que si tout cela fonctionne, si le triangle évoqué ci-dessus se pare d'or, ce n'est que grâce à l'extraordinaire forme de ce livre. 900 pages écrites en vers libres, 900 pages de figures de style toujours choisies avec soin et servant extraordinairement bien le fond. 900 pages d'anecdotes légendaires racontées avec humour ou poésie, de façon théâtrale ou dramatique. 900 pages et la capacité à encore être, jusqu'au bout, originales et pleines de surprises.

J'ai adoré de bout en bout, autant pour le fond que pour la forme. Sans jamais me lasser car l'auteur est toujours parvenu, par une facétie ou une autre, à m'accrocher à son récit. Je ne recommanderai jamais assez de lire ce roman qui pour moi, sans aucune réserve, répond parfaitement à la définition de chef d'oeuvre.
En septembre sort un nouveau roman de l'auteur chez @editions_globe , consacré cette fois à la bombe atomique. Il va sans dire que je me le procurerai très vite !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          80
Le livre de Stefano Massini est un somptueux et imposant volume, rythmé, souvent drôle, brillant et référentiel, une lecture très inhabituelle qui vous incitera probablement à ranger vos économie sous votre matelas plutôt que dans un coffre à la banque.
L'article complet sur mon blog.
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (804) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1711 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}