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3,88

sur 903 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je n'ai pas choisi de lire ce roman parce que son adaptation télévisée était programmée en ce moment , non , j'avoue ne pas l'avoir regardée.
Je n'ai pas choisi ce roman en raison de la nouvelle notoriété de son auteur et de l'obtention de son prix prestigieux , non.
Je n'ai pas choisi ce roman en raison de l'actualité sociale qui bouleverse le pays en ce moment , non (et pourtant...)
Alors , pourquoi ? Tout simplement parce que j'ai lu "leurs enfants après eux" avant l'obtention du Goncourt et que j'avais tout simplement adoré.
Me voici donc parti dans les Vosges , dans une entreprise qui , comme bien d'autres , hélas , s'apprête à laisser sur le bord du chemin des hommes et des femmes dont le seul tort est de se trouver là au mauvais moment . Des licenciements , des plans sociaux , la paupérisation, obligent les personnages à apprendre à évoluer dans un monde hostile , sans autre perspective que la désespérance , au mieux la survie .
Ces personnages , on va les suivre , vivre leur présent, revenir sur leur passé , sans jamais entrevoir vraiment leur avenir .
Et c'est toute la misère qui nous saute à la figure , le salaire qui ne permet pas de payer la maison de retraite de la mère , la bagnole déglinguée toujours en panne , et puis les combines plus ou moins louches, plus ou moins licites , l'alcool , la "gueule de bois" tous les matins ou presque , la drogue , les trafics , les engrenages de la descente aux enfers , l'inflation de la violence , l'atteinte aux droits fondamentaux....
Les personnages évoluent entre deux mondes , et , peu à peu poussés par un force irrésistible, un tsunami de violence , glissent , glissent le long des parois gluantes et impitoyables du désespoir.
J' ai " dévoré " ce roman , cherchant à chaque page un sourire , voire un éclat de rire , en tout cas une parcelle de bonheur . Peut-être ai -je lu trop vite ou mal , tout est possible , mais....
La construction , passant d'un personnage à l'autre , est très judicieuse et nous permet de toujours rester au coeur de l'action , pas de répit, chaque situation , chaque parole , chaque geste a son importance . La deuxième partie, conséquence de la première , relève du thriller , rythmée , indécise, effrayante mais ....
Pour moi , Nicolas Mathieu frappe fort , là où ça fait mal .Lorsque j'étais jeune , j'ai "dévoré "Zola , découvrant des vies dont on pensait qu'elles ne pourraient plus jamais exister .Triste utopie .Nous sommes au XXIème siècle , Zola est mort depuis bien longtemps mais ses personnages , eux , sont malheureusement là , et bien là, de plus en plus nombreux. Pour combien de temps ?
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Nicolas Mathieu a suivi les plans sociaux au moment de la crise financière des subprimes en tant que rédacteur dans une agence de reporting. Si l'économie mondiale s'avère obscure pour vous, restez quand même, le roman noir " Aux animaux la guerre " ne traite l'événement que de l'intérieur, du côté des " dominés " (Annie Ernaux).

Ici, le naturalisme du XIXème siècle
( " reproduire la réalité avec une objectivité parfaite dans tous ses aspects, même les plus sordides " ) n'est pas mort, puisque nous plongeons dans une magnifique fresque sociale, au coeur de laquelle sont insérés des fragments d'analyse et de réflexion. L'auteur a fait en sorte qu'on ne lise pas seulement un récit, et fait attention à ne pas transformer, non plus, le texte en roman à thèse.

Ce livre - au-delà de sa puissance de révélation - construit avec efficacité un puzzle dramatique (n'oublions pas dans quelle collection il est publié !) nous offrant ainsi rapidement un suspense insoutenable.

J'ai découvert une plume franche et précise, loyale et fine, au service d'une tension et d'une mécanique stylistique formidables. le fond, la forme, le rythme, tout y est. Quel bonheur !!

Misères, salaires, violences, addictions, atteintes des besoins primaires, dissolution des liens sociaux... mon cher Zola des années de lycée n'est pas loin.

Nous pensions que ce temps social était révolu ; c'était sans compter une crise mondiale, les Vosges, une usine qui va fermer, quelques filles de l'est de l'Europe, une inspectrice du travail courageuse et dépassée, un syndicaliste aux abois, des ados bien paumés, et j'en passe, et surtout, surtout, un auteur incroyable que je ne suis pas prête de lâcher.
Il y a bien longtemps que je n'avais ressenti un tel bonheur de lire un roman construit aussi intelligemment : les personnages reviennent au fur et à mesure des chapitres, nous enchaînant au récit avec une malice émotionnelle ciselée au couteau.

Nicolas Mathieu a balisé les sentiers pour que son roman noir social ne nous quitte pas. C'est un coup de coeur absolu en ce qui me concerne. Pour info, la série du même titre et du même auteur (en partie) ne rend pas l'atmosphère et la sensibilité (ah !!! le pouvoir des mots face à l'image) du roman et a pris des chemins de récit bien différents.
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Vosges connection
Un délégué syndical d'une usine en liquidation. Un bodybuilder stéroïdé. Un ancien membre de l'OAS. Des apprentis bandits. Un kidnapping. Et surtout, une atmosphère, celle d'un monde industriel et d'une économie en déliquescence, dont les victimes seront toujours les mêmes. Un premier roman magistral !

11/11/2015
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le petit avis de Kris
Une usine qui ferme dans les Vosges, les journaux en parlent un peu, mais ce n'est pas suffisant pour ces gens qui n'ont plus rien à perdre. Deux d'entre eux ont la mauvaise idée d'enlever une fille pour la revendre à deux caïds. A partir de là, tout s'enchaîne...
Je me suis jetée sur cet ouvrage avec un plaisir certain et les 100 premières pages m'ont captivée, l'écriture étant très fluide et d'un style agréable mais … au vu de la 4ème de couverture, je m'attendais à un développement plus important sur ce que, de nos jours, on appelle un PSE un peu légèrement, en ayant vécu 2 moi-même et on ne peut pas dire que ce soit une référence que l'on aime à rappeler . Certes quelques pages, notamment la fin, relatent bien le ressenti de ces moments mais l'histoire par elle-même ne m'a pas émue ni parlé comme je l'aurais pensé.
Bref je ressors un peu frustrée de ce livre que j'espérais plus fouillé mais qui dresse un constat tout à fait plausible.
Il est a noté que cet excellent premier roman a reçu le Prix Transfuge du meilleur espoir polar 2014, et le prix Mystère de la critique 2015 ; ça pose là sa qualité littéraire.

Lien : https://collectifpolar.com/
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« le bon roman noir est un roman social, un roman de critique sociale, qui prend pour anecdote des histoires de crimes »

Manchette

Après Pauvres Zhéros de Pierre Pelot, restons dans les Vosges mais en effectuant un bon d'une trentaine d'années dans une région désormais minée par les fermetures d'usine et les licenciements. Car c'est dans cet univers moribond que nous entraine Nicolas Mathieu avec Aux Animaux la Guerre qui prend pour cadre une usine vacillante dont il chronique les différentes étapes d'une mort programmée.

Ayant pour décor une région minée par le cataclysme des licenciements en cascade, Nicolas Mathieu nous invite à travers la voix de ses protagonistes à partager le marasme et la désillusion qui rythment le quotidien d'hommes et de femmes ordinaires qui font ce qu'ils peuvent pour survivre. Avec la fermeture d'une usine et l'enlèvement d'une jeune fille, l'auteur allie la chronique sociale au fait divers pour nous livrer un roman noir d'une belle singularité qui réjouira les lecteurs les plus blasés. Chaque chapitre se concentre sur le point de vue d'un des nombreux personnages du roman sans se soucier de l'aspect temporel des événements qui surviennent au fil du récit offrant ainsi une tonalité originale et surprenante pour un texte tout en maîtrise.

Si Aux Animaux la Guerre est d'apparence classique, Nicolas Mathieu n'hésite pas à casser les codes du genre afin de fourvoyer le lecteur trop prompt à tirer des conclusions hâtives au fur et à mesure de l'avancée du récit. L'auteur se concentre sur certains personnages pour en délaisser d'autres qui ne connaîtront leur destin que par le biais de notre imagination ou de notre esprit de déduction. le grand talent de l'auteur c'est d'avoir construit un récit où le hasard joue un grand rôle sans être forcément au service de l'histoire.

Aux Animaux la Guerre n'est pas un plaidoyer larmoyant sur la fin du monde ouvrier. On l'apparenterait presque à un récit social analytique qui nous présente les modes de pensées des différents acteurs sociaux qui partagent la destinée d'une usine avec en toile de fond cette vague libérale assassine qui met en avant le profit et la rentabilité au détriment de l'humain à qui il ne reste plus que la résignation ou la révolte tellement vaine qu'elle vire parfois à la sauvagerie animale. C'est finalement cette déshumanisation qui anime le récit de Nicolas Mathieu en mettant en avant les perspectives incertaines de ses protagonistes qui tenteront par tous les moyens de se tirer de leurs situations si précaires.

"Le feu passe au vert et elle redémarre lentement. La silhouette de la Saab devient comme une bande noire sur les vitrines sans lumière. Un matin comme celui-là, à l'aube, elle a cru voir Martel. C'est impossible bien sûr. Elle rentre chez elle, elle va dormir, demain c'est lundi, une grosse journée. Un accident dans une papeterie, un mec presque mort. Tout le monde est désolé. Elle monte le son. Elle n'est pas triste. Elle persévère."

Nicolas Mathieu - Aux Animaux la Guerre.

Cruel, parfois abject, Aux Animaux la Guerre est un conte noir qui n'épargnera personne et balaiera toutes les belles lueurs d'espoirs qui jalonnent ce roman sans concession.
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Sur fond de fermeture programmée d'une usine d'équipement automobile dans les Vosges, Nicolas MATHIEU brosse le portrait acerbe d'une classe ouvrière qui disparait dans une indifférence générale.
Ce roman raconte, à travers plusieurs personnages liés soit directement, soit par leur famille, à la fin inéluctable de Velocia, un équipementier automobile. A la suite de récurrentes pertes financières, l'usine va fermer parce que « c'est ce que les usines font » avec tout ce que cela entraîne comme désespoir et comme colère.
Les ouvriers qui ont été élevés par leurs parents, ouvriers avant eux, à une époque où l'on disait « c'est le travail qui fait le bonhomme », sont désemparés de se voir arrachés à « ce monde de peine et de réconfort qui n'a cessé de rapetisser ». Si leur passé fut solide, leur présent s'effrite et leur avenir est plus qu'incertain.
En parallèle de ce drame social, la jeunesse vit une adolescence désoeuvrée, en marge des guerres que vont perdre leurs parents, dans un hiver vosgien qui n'en finit plus. Les conséquences ne sont pas encore là pour eux.
La construction de ce roman est très habile car on observe la vie de ces personnages, arrivés ou nés dans la région, sans se rendre compte tout de suite que leurs différentes histoires sont en fait une seule et même histoire. Car progressivement, on comprend qu'ils ont tous un lien entre eux et que ce lien tourne autour de cette usine qui va fermer.
Des personnages durs qui se débattent avec leur vie, faite de résistance et de débrouille, qui auraient voulu qu'elle se passe autrement, s'il en avait eu le choix et qui auront comme seule consolation celle de se dire qu' « un jour, la classe ouvrière avait existé. Ils pourraient en témoigner. Si jamais quelqu'un le demandait ».
Un premier roman, saisissant et sombre, où Nicolas MATHIEU révèle une grande maîtrise littéraire qu'il confirmera quelques années plus tard, avec le très beau prix Goncourt Leurs enfants après eux, digne suite de ce premier opus social.
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Très impressionné par "Leurs enfants après eux" j'ai longtemps hésiter avant de lire ce roman qui est le premier de Nicolas Matthieu . C'était une erreur car si "Aux animaux la guerre" n'est pas un chef-d'oeuvre il est largement au-dessus de la moyenne des romans noirs sortis ces dernières années. Une belle intrigue, des personnages forts, une belle écriture et un sens certains du suspense prouvent que Nicolas Matthieu est un auteur avec lequel il faudra compter à l'avenir. Un très bon moment de lecture..
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Comme pour son deuxième ouvrage, l'auteur a voulu créer un roman social, qui donne toute la place aux gens qui triment toute leur vie, exploités sans pouvoir lever le nez des tracas quotidiens. Ou alors qui tentent de s'en sortir comme Bruce à coup de plans soit-disant géniaux qui tournent court, ou comme Martel, devenu par la force des choses un délégué syndical qui a encore quelque poids, pour combien de temps ? Ou encore comme Rita, la touchante inspectrice du travail. Au coeur du roman, un plan de licenciement, un enlèvement, la Lorraine et la neige…
Beaucoup de personnages, sans doute, (je ne les ai pas cités tous) mais on s'y retrouve facilement, et une fin un peu déconcertante, c'est ce que je retiens, pourtant j'ai aimé découvrir à la fois une facette différente de l'auteur, un peu plus noire, et un style, qui se cherche et se trouve, déjà remarquable dans ce premier livre.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Premier roman de l'écrivain récemment Prix Goncourt, cet ouvrage appartient lui aussi à la ligné du roman social français.

L'auteur situe son récit dans les Vosges, région qu'il habite et qu'il connait donc bien.

Une usine qui ferme dans les Vosges, tout le monde s'en fout. Une centaine de types qui se retrouvent sur le carreau, chômage, RSA, le petit dernier qui n'ira pas en colo cet été, un ou deux reportages au 19/20 régional et puis basta.

Sauf que les usines sont pleines de types dangereux qui n'ont plus rien à perdre. Comme Martel, le syndicaliste qui planque ses tatouages, ou Bruce, le bodybuilder sous stéroïdes. Des types qui ont du temps et la mauvaise idée de kidnapper une fille sur les trottoirs de Strasbourg.

Mais qu'en faire ? C'est là que tout dérape, à cause d'un grand-père pied-noir trop curieux.

J'ai aimé suivre Martel, qui a pris petit à petit du galon dans son usine, commençant sur une machine, pour devenir, à force de volonté et de formation président du CE dans un bureau.

J'ai aimé son histoire d'amour avec Rita, inspectrice du travail. Ils se tournent autour sans oser s'approcher.

J'ai été moins touchée par Bruce, gros bras sans trop de cervelle ; sa soeur qui aguiche tout ce qui porte un caleçon ; sa mère recluse dans sa chambre.

La fin de Bruce est tout de même tragique et plutôt gore. Mais après ce qu'il a fait, s'en est presque jouissif.

J'ai été intriguée par le grand-père, Pierre, pied-noir au service de l'OAS, et qui arrive en métropole avec son arme.

Intriguée également par Victoria, cette jeune fille à moitié dévêtue qui n'a pas fini de grandir et qui restera une apparition pour certains personnages du roman.

J'ai aimé le froid piquant, mordant de l'hiver vosgien, bien au chaud sous ma couverture, ses tempêtes de neige fatale.

J'ai aimé la bande son du roman : l'auteur ponctue ses descriptions visuelles de descriptions sonores des musiques diffusées.

J'ai aimé que l'auteur donne des visages et des voix aux victimes des PSE.

L'image que je retiendrai :

Celle de Victoria pieds nus en pleine tempête de neige.

Une citation :

Mais ceux de Rita, cette race obstinée, inquiète, qui se plaint constamment, des immigrés, des impôts, des limitations de vitesse (…) cette race a pour elle de ne pas lâcher. (p.354)
Lien : https://alexmotamots.fr/aux-..
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Le premier roman de Nicolas Mathieu, le seul édité dans une série noire. Une petite ville des Vosges et son usine qui va fermer, les problèmes d'argent et de déclassement des gens du coin. Et parmi eux quelques gars qui vrillent, qui passent de l'autre côté. Des drames se jouent au fil des semaines et du coup ce bouquin est un vrai polar. L'auteur creuse ses personnages comme il le fera toujours dans ses 2 autres romans et c'est passionnant de justesse. A dévorer !
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