AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,86

sur 389 notes
5
32 avis
4
31 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est dans la collection de novellas dirigée par Marc Villard aux éditions In8 qu'après le succès de Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu fait un retour discret.
Rose approche des cinquante ans. Divorcée, elle vit seule et, lorsqu'elle débauche de son travail d'employée de bureau, elle retrouve régulièrement sa copine Marie-Jeanne pour descendre quelques verres au Royal. Dans sa vie, Rose a eu l'occasion de croiser quelques salopards qui, tous à leur manière, ont voulu la dominer et elle s'est jurée que c'était terminé. Que personne ne la mettrait plus au pas. Lorsqu'elle rencontre Thierry, elle se dit que cette fois, peut-être, ce sera différent.
Dans ce court texte Nicolas Mathieu retrouve ses thèmes habituels, les vies simples, les destinées peu spectaculaires, celles des gens comme les autres qui pourtant, elles aussi, contiennent leurs parts de bonheurs et de malheurs. Rose peu bien se passionner pour Faites entrer l'accuser, pour les faits divers retentissants et les pages de Paris Match consacrées à Brigitte Macron, sa vie aussi, à son échelle, compte. La scène d'ouverture de cette longue nouvelle, cette soirée du Percent qu'elle fait durée, le montre : elle peut à sa manière toucher la vie des gens et, par la même occasion, faire prendre une nouvelle direction à la sienne.
Par petites touches, Nicolas Mathieu peint ce beau portrait de femme. Et par petites touches encore, en décrivant la rencontre avec Thierry, il dit la solitude qui enferme, et les histoires d'amour qui peuvent aussi insensiblement devenir des prisons. Ce faisant, il installe une tension qui ne cessera de monter, y compris lors de fugaces moments où Rose peut effleurer une certaine idée, si ce n'est du bonheur, à tout le moins de l'espoir d'une vie tranquille dans laquelle elle pourrait partager des instants de joie. Car si l'envie d'essayer de trouver sa part de bonheur est bien là, Rose sait aussi que les espoirs, dans son monde, son souvent déçus.
On retrouve donc ici, condensé en 70 pages, ce que l'on aime dans l'écriture de Nicolas Mathieu. L'art de dire le quotidien dans sa crudité, de regarder le monde en face en y trouvant toutefois quelques instants de grâces et une réelle beauté. La vie de Rose est là, décrite sans fard mais avec empathie. L'histoire est noire, nécessairement, mais on en retiendra aussi ce qu'elle a de beau : Rose.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          110
C'est le vague à l'âme d'une femme pour qui vieillir est une trahison.

Ça parle de gros cons qui ne comprennent pas quand on leur dit non.

Lorsque la femme décide de partir. Il ne reste à l'homme qu'une solution.

Rose Royal. Deux nouvelles courtes qui se laissent lire. Dommage, quelques coquilles dans la deuxième partie mais cela n'empêche pas le plaisir.
Commenter  J’apprécie          100
La 1ère fois que j'ai lu Nicolas Mathieu, j'ai eu cette impression qu'un pote me parlait.
Sans doute me direz vous que c'est parce que nous sommes de la même génération et que ses histoires se passent dans ma région.

Il a cette manière d'écrire qui interpelle et nous accroché, très simple mais percutante.
Ses mots pourraient sortir de ma bouche tant ils pourraient être les miens.
Nicolas Mathieu c'est le pote que tout le monde a, celui qui dit cash les choses, sans détour ni fioriture, c'est celui qui te fait rire et pleurer parfois.
Sa façon populaire de raconter les choses est un uppercut de vérité, et ici encore, avec ces deux nouvelles qui composent cet ouvrage, la recette fonctionne .

Dans Rose Royal tout comme "la retraite du juge Wagner", on va suivre deux personnages qui se ressemblent: solitaires, ni malheureux, ni heureux, qui attendent que la vie les cueille.

Je crois sincèrement que pour lire ces deux histoires, il ne faut rien en savoir (puisque les récits sont courts) et faire confiance à l'auteur qui vous surprendra même avec le plus simple.
Tout ce que je vous en dirais, c est qu'on s'attache dès les 1ers mots aux personnages.
Pari gagné, deux nouvelles qui laisseront des traces.
Commenter  J’apprécie          82
Il est agréable de lire plusieurs livres d'un même auteur.
Après "Leurs enfants après eux", je m'attelle à "Rose Royal", et cette deuxième rencontre avec Nicolas Mathieu est très agréable.
On y retrouve son style d'écriture, ses obsessions.
Ses réminiscences nous font plaisir, nous transportent dans ces deux histoires. Son style cru, finalement très proche de la vie nous aide beaucoup à se sentir proche des personnages.
Je vous conseille fortement cette lecture et sans doute tous les livres de cette auteur.
Je me précipite personnellement sur son nouveau livre Connemara.
Avec fantaisie
Commenter  J’apprécie          62

POUR NE PAS VIVRE SEUL(E)...

▶️ Rose, 50 ans, divorcée, deux enfants aujourd'hui adultes, secrétaire de direction, forte et fragile à la fois, ballotée par la vie et les hommes, un peu fatiguée mais l'on se retourne encore sur son passage...tous les soirs, après le travail, elle va boire un verre au bar le Royal où elle a ses habitudes..
▶️ Un soir, tard, elle y rencontre Luc, un homme esseulé, un peu taiseux, un peu gauche, solide et qui lui parait rassurant, touchant... alors, après des rencontres d'un soir sur les réseaux sociaux et les sites de rencontres, Rose veut y croire...
▶️ ...et puis très vite, l'enlisement dans le quotidien, l'alcool pour meubler les silences, la juste conscience d'avoir encore fait le mauvais choix mais par facilité et par lassitude, on laisse filer la vie qui s'en va...et puis la violence, sourde, qui est là, tapie...
▶️ Un très beau portrait de femme tout en finesse et en empathie, qui touche juste pour décrire l'âge qui vient, les accommodements avec soi et avec l'autre pour ne pas vivre seul, les doutes, l'ennui du quotidien et les mauvais choix...
▶️ Une fin à la toute dernière page à laquelle on ne s'attend pas - une belle écriture, précise, sensible et introspective - une longue nouvelle d'une grande maîtrise, une réussite - COUP DE COeUR !..
▶️ A noter que dans la version "poche" aux Editions BABEL, "Rose Royal" est suivi d'une autre longue nouvelle ; "La retraite du juge Wagner" - tout aussi maîtrisée et réussi que "Rose Royal" ; deux textes qui parlent de l'ensablement dans le quotidien, des regrets et des frustrations, des mauvais choix pris par "facilité", de la banalisation de la violence, enfin.... Pour moi, cet auteur est une belle découverte - à suivre!!....
Commenter  J’apprécie          60
Rose, bientôt 50 ans, a pris l'habitude après le travail de passer au Royal, un bar où elle boit et retrouve parfois sa grande copine Marie-Jeanne qui coupe les cheveux des clients à la demande. Un soir débarque Luc et son chien blessé, que Rose doit achever avec son revolver qui ne la quitte jamais. Luc et Rose se revoient, malgré la méfiance que nourrit cette dernière envers les hommes, qui l'ont déjà fait suffisamment souffrir.

Rose a vieilli, mais elle a pour atout ses très belles jambes, qui lui ont permis de temps en temps d'avoir des aventures. Mais désormais c'est anecdotique, elle s'est installée dans une vie solitaire et tranquille, sans trop de surprises. Voilà que Luc, un taiseux rassurant, vient remettre en cause les convictions qu'elle a lentement étayées au fil des années, et son équilibre. Rose ne se méfie plus assez, et la voilà à la merci d'un homme… tout ce qu'elle s'était promis de ne pas faire. Dans cette longue nouvelle, l'auteur, lauréat rappelons-le du prix Goncourt pour Leurs enfants après eux en 2018, campe parfaitement bien une femme entre deux âges, que la vie a amenée à cultiver l'indépendance comme une seconde nature, et qui pensait ne plus tomber amoureuse. Dans sa concision, le récit sonne très juste, à l'exception de son final très abrupt et auquel à mon sens il manque quelque chose qui le prépare.

Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
Commenter  J’apprécie          60
Rose Royal

Nicolas Mathieu a le talent indéniable de décrire des femmes un peu paumées qui conservent malgré tout une certaine dignité. Rose n'échappe pas à cette règle.

Un mariage, des enfants, un divorce et quelques verres plus tard ont rendu Rose méfiante. Elle se tient sur ses gardes, souhaite garder son indépendance et partage ce point de vue avec sa copine du Royal, Marie-Jeanne, le bar où elles passent leurs soirées. Jusqu'au jour où elle décide de reprendre son destin en main, et là on est touché en plein coeur.

On aurait presque eu envie d'avoir plus qu'une nouvelle mais c'est aussi ce format qui donne tout l'intérêt et la force au récit et à l'histoire de Rose.

La retraite du juge Wagner

Deuxième nouvelle de ce livre, deuxième personnage à s'oublier dans les vapeurs d'alcool (en ayant le sentiment de continuer à maîtriser les choses).

Ce juge géra des dossiers anti terroristes des plus importants, eut même une garde rapprochée du temps où les corses voulaient lui faire la peau. Nous ne saurons rien de la disgrâce qui fut la sienne, mais là, il se retrouva à Colmar à s'occuper du menu fretin.
Un soir de Noël, il se fait racketter quelques euros et son arme de service par Nono et Johann, tous deux petits délinquants. Il ne tardera pas à dresser le profil psychologique de ce dernier. Une relation se noue entre ces deux solitaires. C'est simple, beau, d'une grande sincérité et la encore on se dit que décidément Nicolas Mathieu a un immense talent !

Deux récits courts qui n'en sont pas moins intenses et percutants. J'ai adoré !
Commenter  J’apprécie          50
Ces derniers jours j'ai eu comme une panne de lecture, comme une phase de relâche et l'envie de lire un texte court. Je me suis donc penchée sur deux novellas de Nicolas Mathieu: Rose Royal et La retraite du juge Wagner.

Le point commun de ces deux textes!? Deux flingues!...

Dans Rose Royal, il est question d'amours ratées, d'emprise, de colère, de questionnements et de non-dits qui sont finalement lâchés sans qu'on en mesure parfois les conséquences.

Dans La retraite du juge Wagner, il est question d'attachement, de liens, d'inter-générationnel, de main tendue. La rencontre d'un juge à la retraite et d'un ado paumé.

Dans ces deux textes il est aussi question de violence et de noirceur humaine.

Deux novellas qui tordent un peu le bide, qui laissent un goût amer. Deux novellas parfaitement bien construites, qui m'ont donné envie de découvrir les romans de l'auteur. Et zou, toujours plus de titres à ajouter sur ma wishlist!
Commenter  J’apprécie          50
72 pages de Rose, 50 ans. Des désillusions, des espoirs, des renoncements. Un certain accommodement à ce que la vie offre. Toutefois, un sursaut intérieur refuse l'aliénation à un schéma de vie qui pourrait paraître confortable sous l'apparence de la conformité.
Un texte où l'écriture de Nicolas Mathieu est fine et ciselée, où une certaine noirceur est auréolée d' une tension légère. Sa description du quotidien, de sa banalité et sa répétition est percutante et vive. Elle saisit, réveille une petite voix intérieure.
Peu de pages qui disent l'essentiel en disséquant les coeurs, les corps, les cerveaux.


Un court texte beaucoup aimé.
Commenter  J’apprécie          50
C'est un rade tout en longueur, aux murs sombres, avec son long comptoir, ses tireuses à bière, son baby-foot et son billard. Son mobilier datant des seventies, en bois et skaï bleu, lui confère un aspect vieillot. C'est là que tous les soirs après le boulot, Rose vient boire une bière, qui sera à coups sûr suivie d'autres verres. Elle y est souvent rejointe par sa copine Marie-Jeanne, qui deux fois par semaine transforme le Royal en salon de coiffure.
Rose a bientôt cinquante ans, et si son visage accuse les marques des années et des nuits blanches, elle a gardé une belle silhouette, et des jambes galbées dont elle est particulièrement fière. Rose est une femme indépendante. Elle a été mariée, il y a bien longtemps, a eu deux garçons dans la foulée, puis a divorcé. Elle a toujours travaillé et n'a jamais eu besoin de personne. Elle vit seule, dort mal et ne fait plus de projets de vacances. Mais si elle aime le sexe et flirter, elle refuse de se laisser marcher sur les pieds par quiconque. Les expériences l'ont aguerrie et l'ont délivrée de toute illusion concernant les hommes. Depuis toute petite, elle a dû composer avec cette violence toujours possible, ce despotisme buté qu'ils brandissent pour venger leur impuissance, leur orgueil blessé.

Alors, pour ne pas se laisser surprendre, pour que "la peur change de camp", elle a acheté un revolver, un calibre .38 qu'elle garde dans son sac à main.

Puis elle rencontre Luc, et pense avoir enfin trouvé un homme différent des autres...

Nicolas Mathieu associe avec talent brièveté et richesse. On retrouve dans "Rose Royal" cet environnement auquel il nous a familiarisés dans ses romans, coins de France délaissés, où vivent des citoyens dont on parle peu, "considérés de haut par les médias, qui (font) la chair à canon et le sang des fabriques, le gros du public de TF1 et les chiffres de l'abstention", qu'il évoque avec autant de tendresse que de lucidité.

L'histoire de Rose est aussi l'occasion d'évoquer mine de rien l'air de notre temps, ces existences productives et empressées vampirisées par la vitesse et la marchandisation des rapports humains, et ce paradoxe qui fait cohabiter développement galopant des moyens de communication et accroissement de la solitude et de la misère affective.

Et c'est avec beaucoup de justesse qu'il évoque la difficulté à aborder cet âge de la vie auquel le célibat et les nouvelles possibilités de rencontres peuvent donner l'aspect d'une nouvelle adolescence, tout en devant composer avec le poids d'un vécu qui, s'il rend plus fort, peut aussi avoir incrusté des traumatismes et des inquiétudes inhibantes.

**************

Dans "La retraite", il est aussi question d'une arme. Si bien que je me suis demandé si Nicolas Mathieu avait écrit ces deux nouvelles en s'inspirant du principe dramaturgique de Tchekhov, qui écrivait : "Il ne faut jamais placer un fusil chargé sur scène s'il ne va pas être utilisé. C'est mal de faire des promesses que l'on n'a pas l'intention de tenir".

Le juge Wagner a été mis à la retraite pour sa propre sécurité, son action dans l'antiterrorisme ayant suscité des velléités de vengeance au sein de la mafia corse. Il n'attend plus grand-chose de l'avenir, traine sa silhouette lourde et fatiguée dans les rues de son quartier de Colmar en surveillant ses arrières et en s'assurant d'avoir toujours une arme dans sa poche, fume deux paquets de cigarettes par jour -mais il a réduit- et picole plus que de raison.

La frénésie du métier lui manque, il s'ennuie.

Et puis il rencontre Johann, un jeune de banlieue, issu d'un milieu modeste et fruste où l'on n'espère rien d'un avenir aux contours flous. Alors lui aussi il traîne, mais c'est pour goûter au risque et à la transgression, prenant le cours d'une trajectoire toute tracée… à moins que le vieux juge ne parvienne à la redresser ?

Un court texte aux accents de roman noir, qui bénéficie comme le premier de l'écriture à la fois fluide et percutante de Nicolas Mathieu.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (779) Voir plus



Quiz Voir plus

Connemara

De quelle école de commerce Hélène est-elle diplômée ?

Sup de Co Reims
Esc Lyon
ICN(Nancy)
HEC

6 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Connemara de Nicolas MathieuCréer un quiz sur ce livre

{* *}