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EAN : 978B0042563AA
Laurens (30/11/-1)
3/5   1 notes
Résumé :
LES GRANDS PEINTRES
Leurs Vie - Leurs Oeuvres
FRAGONARD
par Camille Mauclair
biographie critique
illustré de vingt-quatre reproductions

Paris
Librairie Renouard
Henri Laurens Éditeur
6, rue Tournon (VIe)

1904

140 pp.

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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Fragonard était destiné à étinceler au milieu du plus étonnant groupe de dessinateurs que Fart français eût encore connus. Après Je XVIIe siècle austère, le dessin semblait, avec Watteau et son école, acquérir tout à coup l’esprit, la grâce, la compréhension toute moderne de son rôle d’observation, de chronique des mœurs. Certes Watteau laisse tout le monde derrière lui : ses sanguines, ses dessins rehaussés, immortelles floraisons d’une âme unique, gardent comme ses toiles ce mélange de noblesse et de tendresse qu’on ne retrouvera pas, et dont la proportion subtile n’a été transmise à personne.
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Peinture mourante, expirante et comme pâmée, toute pleine de la caresse cherchée par les décadences et les plus exquises corruptions d'art! Quelquefois aussi dans ses corps de femme, il fait passer un ressouvenir de Rubens à travers l’éclat de Boucher : alors ce ne sont plus ces molles paresseuses perdues dans la blancheur des draps et la dernière ombre du sommeil, ces blanches Vénus qu’on dirait sorties tout à la fois de l’écume de la mer et de la neige de blancs d’œufs fouettés, ces déesses blondes et moutonnières dont l’apothéose couleur de matin ressemble au lever de la Du thé. Ce sont des corps vivants, sanguins, ensoleillés : des corps où le pinceau pose, sans les fondre, le vermillon, le bleu de Prusse, le jaune de chrome, pour faire la lumière, l’ombre et le reflet d’un bras; des corps dont le coude est fait d’un coup de vermillon nageant dans un reflet de pur jaune d’or; des corps dont le peintre transperce à demi la peau des rouges, des bruns et des verts de l’écorché, de tous les dessous de la vie. Car c’est le miracle de Fragonard : cet accoucheur de songes, avec sa palette de nuages, l’homme de ces tendres esquisses, qui donne aux chairs le glacis bleuâtre ou verdâtre de chairs qu’on voit au travers de l’eau, qui fait de ces femmes nues des fleurs noyées, ce môme Fragonard jette tout à coup des tons animés, le coquelicot, le soufre, la cendre verte; s’emporte dans une gamme de tapage, met le feu à ses couleurs, pique sa toile d’éclairs et de cette main qui tout à l’heure glissait et coulait, empâte de telle façon que la trace de son pinceau reste comme l’indication de l’ébauchoir sur la glaise. Dans cette manière il a laissé des esquisses d’une verve et d'une chaleur inouïes, si carrément touchées qu'elles fort penser à la cuiller à pot dont Goya se servait pour ses fresques, des déclarations de berger à bergère d'un coloris brûlé, d’une solidité qui touche au bas-relief, des coins d’intérieur recuits, troués d’un bleu de ciel, d’un azur cru perçant une broussaille fauve, furieux embryons de tableaux où l’on retrouve Se soleil des Vénitiens, les rouges sourds, les bruns puissants du Hassan.
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La situation d'ancien pensionnaire de Rome obligeait Fragonard à présenter au public quelque grand morceau d'éclat qui pût le faire admettre d'emblée aux salons de l'Académie de peinture. C'était alors la seule roule ouverte à un jeune peintre déjà encouragé par l'Etat. Fragonard se décida donc à faire son « chef-d'oeuvre » non dans la peinture de genre, mais dans un style plus « noble », et après quelques esquisses (Sacrifice d'lphigénie, Renaud et Armide), il trouva dans la Callirhoé de Roy son sujet : Corésus, grand prêtre, se sacrifie pour sauver Callirhoé, désignée par le sort pour ètre immolée et mettre fin à la peste d'Athènes. Le tableau parut au Salon de 1765. On peut le voir au Louvre : il est plein de qualités admirables, et il eut un très grand succès, encore qu'on l'ait trouvé un peu froid d'expression, eu égard à la perfection de sa technique.
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En réalité, Fragonard, devenu « le galant Frago », cherchait là, en effet, non « l'appât du gain », mais de quoi vivre, et il allait y trouver sa vraie et durable gloire. Les amateurs le sollicitaient, imposaient leurs goûts. On aurait tort d'imaginer un Fragonard désolé de renonce « au grand art », d'avilir son pinceau, en gardant le revu des hautes destinées. Ce garçon spirituel, sensuel, n'emporta pas de regrets de l'Académie et du genre pompeux. Il était trop coloriste, trop fin, pour ne pas se sentir capable d'être grand dans de petits sujets. Il adorait le plaisir, tout en travaillant extrêmement, et son parti fut pris sans regret.
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L’originalité de Fragonard s’est peut-être affirmée plus fortement encore dans ses dessins que dans sa peinture.

C'est là, à notre avis, que sa personnalité se laisse le plus vivement surprendre, et que s’établit la correspondance la plus instantanée entre la vision et l’exécution. Dans la peinture de Frago intervient souvent un souci du fini, dû eu grande partie à la dimension restreinte de ses toiles, et au désir de la composition très serrée dont chaque détail doit servir l’anecdote. Dans ses dessins, ces restrictions disparaissent, et sa fougue superbe se révèle sans frein, sûre dans l’audace.
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