Thérèse Desqueyroux

La politique, d'ailleurs, suffisait à mettre hors des gonds ces personnes qui, de droite ou de gauche, n'en demeuraient pas moins d'accord sur ce principe essentiel : la propriété est l'unique bien de ce monde, et rien ne vaut de vivre que de posséder la terre.

« Tout le pays les mariait parce que leurs propriétés semblaient faites pour se confondre. »

Mais la pensée est rétive ; impossible de l'empêcher de courir où elle veut.

Dieu merci, il ne l'approchait plus - l'amour lui paraissant, de tous les exercices, le plus dangereux pour son cœur.

Qu'il doit être doux de répéter un nom, un prénom qui désigne un certain être auquel on est lié par le cœur étroitement ! La seule pensée qu'il est vivant, qu'il respire, qu'il s'endort, le soir, la tête sur son bras replié, qu'il s'éveille à l'aube, que son jeune corps déplace la brume...

Elle posait son étui d'écaille sur la table, allumait une Abdullah.

Thérèse pourrait réciter la formule inscrite sur l'enveloppe et que l'homme déchiffre d'une voix coupante :

Chloroforme : 30 grammes.
Aconitine : granules n°20.
Digitaline sol. : 20 grammes.

Elle découvrait que le silence d'Argelouse n'existe pas. Par les temps les plus calmes, la forêt se plaint comme on pleure sur soi-même, se berce, s'endort et les nuits ne sont qu'un indéfini chuchotement.

« Elle s’est engouffrée dans le crime béant ; elle a été aspirée par le crime. » (p. 99)

Saurai-je jamais rien dire des êtres ruisselants de vertu et qui ont le coeur sur la main ? Les "coeurs sur la main" n'ont pas d'histoire ; mais je connais celle des coeurs enfuis et tout mêlés à un corps de boue.