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Citations sur Le bouc émissaire (67)

Il n’y a rien de plus lugubre qu’un faubourg de province par un soir de pluie.
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La vie m’a appris une chose : c’est que la seule force active de la nature est la convoitise. Insectes, mammifères, hommes, femmes, enfants, nous sommes tous avides. Ce n’est pas très joli, mais qu’y peut-on ? La seule chose à faire est d’assouvir ces convoitises, de satisfaire les appétits des gens, de leur donner ce qu’ils désirent. Le malheur c’est qu’ils sont insatiables.
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Mais même si je parvenais à retenir, une brève demi-heure, leur attention chancelante, je serais bien obligé de reconnaître, lorsque j’aurais fini, que tout ce que je leur apportais était inutile, que je ne leur offrais que des espèces de chromos historiques, des modèles de cire, des marionnettes...Le sens véritable de l’histoire m’échappait parce que je n’avais été jamais assez proche du peuple qui l’avait vécue.
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Ma grand-mère était Bretonne. Dans l’ancien temps, on donnait son mal aux animaux. Quand quelqu’un avait la petite vérole, on prenait un poulet et on le suspendait tout vivant dans la chambre. Aussitôt la maladie quittait la personne et passait dans le poulet ; vingt-quatre heures plus tard, il était pourri, mort et le malade était guéri. Ça serait peut-être une bonne idée d’aller chercher un poulet et de le suspendre à côté de monsieur le comte.
- Je ne crois pas, dis-je. Qui sait si cela n’agirait pas en sens inverse ? Le poulet pourrait être malade et me passer sa maladie, sinon la petite vérole, une autre aussi désagréable.
La question était de savoir lequel de nous deux avait réchappé : Jean de Gué ou moi ?
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La cause de cette humeur était difficile à discerner. La satisfaction physique ne suffisait pas à l’expliquer ; dans le passé, elle s’était montrée sans effet. Un changement d’identité pouvait-il modifier la circulation du sang, libérer quelque substance dans la pensée refoulée jusque-là par un préjugé ? Le monde était plein d’épaves qui cherchaient l’apaisement en faisant l’amour sous un déguisement. Je n’étais pas de ceux-là. La Béla de Villars complétait un dessin, un ensemble contenant mère, femme et enfant. La chaleur de la première, la dépendance de la seconde, le rire de la troisième se modelaient pour accueillir la dernière arrivée comme une compagne. Cela, je le comprenais et acceptait le tout. Il y avait là une partie de la solution mais une partie seulement.
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Nous possédons tous des moi multiples.
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Cet être intérieur, comment jugeait-il mon oeuvre misérable ?
Ce qu'il était, d'où il provenait, quels besoins et quels désirs il pouvait posséder, je n'aurais pas su le dire. J'étais si habitué à lui refuser la parole que son caractère m'était inconnu; mais il avait peut-être un rire moqueur, un coeur sec, une âme violente et un langage cru. Il n'habitait pas un logis solitaire encombré de livres, il ne se réveillait pas chaque matin sans famille, sans appétits impérieux, sans amis chers, n'ayant pour seul but et seule ancre que son goût de l'histoire de France et de la langue française qui, par une espèce de chance, lui servait de gagne-pain Peut-être, si je ne l'avais pas tenu sous-clef au fond de moi, aurait-il ri, fanfaronné, attaqué, menti. Peut-être souffrait-il, peut-être haissait-il, peut-être ne vivait-il que de cruauté. Comment savoir s'il n'était pas capable de tuer, de voler - ou de se dévouer pour des causes perdues, d'aimer l'humanité, d'embrasser une foi où la divinité de l'homme se fondrait dans celle de Dieu ?

Chapitre premier
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(...) - mon chagrin un instant oublié revint me tourmenter : j'étais un étranger, je n'étais pas un des leur. des années d'études, des années d'exercice, l'aisance avec laquelle je parlais leur langue, enseignais leur histoire, expliquais leur culture ne m'avaient pas rapproché de ces gens. J'étais trop timide, trop conscient de nos différences. Mon savoir était une science de bibliothèque et mon expérience quotidienne n'allait pas plus loin que celle d'un touriste. J'éprouvais un désir douloureux de connaître ce pays et ce peuple. l'odeur de la terre, les reflets sur les routes mouillées, la peinture déteinte des persiennes masquant des fenêtres où mon regard ne pénétraient jamais, les façades grises des maisons dont je ne franchirais jamais le seuil étaient pour moi un constant reproche, la marque de mon exclusion, de ma nationalité étrangère.

Chapitre premier
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J'avais caressé d'une main émue les murs enfumés du château de Blois, mais je n'avais rien vu des milliers de gens qui vivaient et souffraient peut-être à quelques centaines de mètres de là.

Chapitre premier
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J'avais trop tendance à me plonger dans un passé à demi-réel, à demi-imaginaire, en fermant les yeux à la réalité présente. Dans les villes que je connaissais le mieux, comme Tours, Blois ou Orléans, je m'abandonnais à mes songes, recréant d'autres murailles, des rues plus anciennes, remplaçant un angle décrépit par la façade flamboyante d'autrefois, et tout cela était beaucoup plus vivant pour moi que les architectures qui s'offraient à mes yeux; leurs ombres seules me donnaient une impression de sécurité tandis que la lumière dure de la réalité nourrissait mes appréhensions et mon incertitude.

Chapitre premier
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