Contrairement aux trois premiers opus, avec Cadavres chinois à Houston,
Peter May nous envoie au Texas, à Houston où nous suivons ses personnages récurrents, Li Yan et Margaret.
De nombreux corps de Chinois sont retrouvés dans un camion frigorifique, quelque part dans le désert texan. Flanqué d'un irascible officier de l'immigration raciste, Hrycyk (qui, vu son nom, doit avoir des origines ukrainiennes), nos héros doivent démanteler un réseau de trafic humain de la Chine vers les Etats–Unis, via l'Amérique centrale. Mais, de plus, c'est une course contre la montre qui s'engage puisque ces migrants ont été infectés par le virus de la grippe espagnole, qui peut s'activer n'importe quand.
Si l'histoire est intéressante, Cadavres chinois à Houston s'inspire un peu trop des précédents romans : une maladie qui peut faire des ravages, un scientifique criminel… Mis à part le lieu de l'action, les Etats–Unis, il n'y a rien de bien original par rapport aux trois précédents livres. Cependant, ce polar se laisse lire avec intérêt, car
Peter May est un auteur de talent, capable de faire de bonnes choses avec du réchauffé.
L'auteur profite de son histoire pour égratigner quelques aspects de la société américaine : la peine de mort, le racisme envers les Noirs, par exemple en évoquant les violences policières et les ghettos. Il évoque aussi la pratique, par les Américains, de la fumigation de pesticides sur les cultures de coca, en Colombie, au mépris de la population locale qui s'empoisonne et tombe malade. D'ailleurs, à la fin de l'ouvrage, il précise qu'au moment de sa parution, en 2002, ces fumigations avaient encore lieu, mais qu'il était question d'y mettre un terme. Cadavres chinois à Houston revêt donc une certaine dimension politique.
Le personnage de Hrycyk est intéressant. On se prend à détester sa bêtise et son racisme primaire. Mais, au fur et à mesure de l'histoire, on découvre un individu pas si détestable que ça, chez qui les préjugés peuvent souffrir quelques entorses. Bref, un brave type tout de même.
On assiste à l'évolution de la relation « en montagnes russes » entre Li Yan et Margaret, relation qui connaît un brusque tournant à la fin du roman.
Cadavres chinois à Houston est un bon polar dans la lignée des premiers volumes de la série chinoise de
Peter May, mais à qui manque le « truc génial » qui lui permettrait de se singulariser.
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