Quel plongeon dans les eaux de l'ile de LEWIS au nord ouest de l'ECOSSE avec ce roman policier de
Peter MAY ! Une Écosse majestueuse, inapprivoisable dans toutes ces facettes avec des habitants insulaires qui, de tous temps, essaieront de s'adapter pour vivre sur cette île.
Tout d'abord, pour quiconque est allé au nord de l'Ecosse remonteront des souvenirs de cet endroit tant la description de l'écrivain est réelle, si proche de ce qu'on peut voir et ressentir dans ce paysage sauvage : il reverra ces parcelles de tourbe qu'il avait oubliées, les couleurs du ciel changeant à une vitesse étonnante, la course effrénée des nuages, la luminosité blafarde du bord de mer alors qu'il devrait faire nuit, etc... Il prendra alors conscience de ce que peut représenter la vie quotidienne de ces gens, laquelle n'a rien d'idyllique, bien au contraire.
Ce sera dans ce décor et cette atmosphère si particulière que
Peter MAY va camper son histoire oh combien émouvante….
Un corps est retrouvé dans la tourbe. Celle-ci a une faculté de conservation égale à une momification. L'officier de police se dit que ce corps doit être tellement ancien que la prescription le dispensera d'une enquête. Or, il s'avère que ce n'est pas le cas, ce meurtre -puisqu'apparemment il ne s'agit pas d'une mort accidentelle- n'est pas suffisamment ancien pour être prescrit. Une enquête devra donc avoir lieu et Gun, enquêteur local, en commencera les premières investigations en attendant qu'un inspecteur de police lui soit envoyé.
Peter MAY va axer son roman à travers deux personnages principaux, Fin
Macleod et Tormond Macdonald :
- le premier, ancien inspecteur de police puisque venant de démissionner, et tout juste divorcé (son couple n'ayant pas surmonté le drame de la perte de leur fils lors d'un accident de circulation commis par un chauffard en fuite), revient sur son ile de LEWIS.
- le second habite l'ile depuis toujours, est le père de l'amour de jeunesse de Fin en la personne de Marsaili ; il est atteint de la maladie d'Alzheimer et sa femme ne supportera cet état et le fera placer.
L'auteur nous narra une partie de l'histoire à travers les souvenirs de ce grand-père se rappelant avec tant de précision sa vie passée et occultant complètement celle présente. Il s'avèrera qu'il risque d'être inquiété dans l'enquête de ce meurtre, car les résultats d'analyse de l'ADN du corps retrouvé, précieusement conservé dans la tourbe, révèleront un lien avec celui du vieillard, très antérieurement relevé, résultats malheureusement non détruits. Ce passé fera ressurgir la vie difficile, douloureuse, voire dramatique des enfants. Nous apprendrons qu'il existait des "homers" : des enfants orphelins ou rejetés par leurs parents, abandonnés par l'Eglise catholiques, étaient envoyés sur les iles Hébrides pour être placés dans des familles qui changeaient leur identité, et ce jusque dans les années 1960. Non seulement, ils n'avaient plus personne, plus rien, de plus leur identité leur était enlevée....
L'autre partie sera menée par Fin qui proposera son aide à Gun, lequel acceptera bien volontiers, une aide extérieure pour dénouer cette enquête. Fin essaiera de démêler les non dits, de traduire les soit disant incohérences de Tormond.
Peter May réussit par cette histoire un superbe roman, à l'écriture précise, magnifique, au style maîtrisé, campant des personnages torturés, poignants, attachants.
Je conclurai pour ma part par un "à lire absolument pendant l'été".