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sur 396 notes
Imbolo Mbue nous plonge dans l'histoire d'un couple d'immigrés camerounais dans un New-York malmené par la crise financière de 2008. Jende est enfin parvenu à faire venir sa femme et son fils aux États-Unis. Il trouve un travail bien rémunéré auprès d'un cadre dirigeant de la banque Lehman Brothers. Une relation particulière va s'établir entre les deux couples. C'est à la fois une relation très hiérarchisée en raison de niveaux de vie et d'origines différents et en même temps très humaine car émaillée de confidences et de secrets.
A la lecture de ce livre, on comprend comment chaque individu peut vivre différemment son statut d'immigré. Certains gardent une nostalgie du « pays » alors que d'autres sont exclusivement tournés vers l'avenir. C'est de cas de Jende qui vit son retour au Cameroun comme une seconde chance alors que sa femme Neni rejette violemment cette idée la considérant comme une trahison et une régression sociale. C'est là tout le paradoxe de l'immigration qu'Imbolo Mbue traduit dans son roman : des individus réduits à vivre dans de conditions parfois pires que celles de leur pays d'origine mais qui sont enviés et admirés par ceux qui sont restés « là-bas ».
La trame de fond du roman d'Imbolo Mbue n'est pas d'une grande originalité, d'autres avant elle ont traité brillamment ce sujet de l'immigration africaine aux États-Unis, de Chimamanda Ngozi Adichie à Dinaw Mengestu. Néanmoins le choix en fin de roman du retour sur le sol africain et l'exploration des personnages à la lumière cet événement apportent à ce roman une dimension nouvelle, voire spirituelle, digne du retour de l'enfant prodigue.
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Voilà encore un roman que je vais rendre avec regret à la bibliothèque!

Dans "Voici venir les rêveurs", Imbolo Mbue évoque la crise des subprimes, l'effondrement de Lehman Brothers et la crise financière mondiale à travers les yeux, les rêves et les espoirs d'un jeune couple camerounais immigré à New York.

C'est avec un regard lucide mais empreint d'empathie que l'auteure camerounaise explore la façon dont la crise affectera la vie et les rêves de personnes issues de milieux sociaux très différents. En confrontant d'une part la vie de Neni et Jende Jonga, jeune couple camerounais immigré aux espoirs démesurés et vivotant dans un appartement miteux infesté de cafards à Harlem et, de l'autre celle d'un riche banquier de Lehman Brothers et de sa famille dysfonctionnelle, Imbolo Mbue aborde toute une série de questions très intéressantes sur l'immigration, le choc des cultures, le clash entre les rêves et la réalité, les inégalités sociales, le rapport au temps et à l'argent ou encore les relations familiales et de couple.

Thématique captivante, écriture fluide, personnages attachants... En bref: un très joli premier roman!
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Jende et sa femme Neni arrivent du Cameroun avec leur fils aux Etats-Unis pour y vivre leur rêve d'Amérique. Pendant 5 ans, iks vont y vivre une belle aventure, faite d'espoirs, de bataille juridique pour leur demande d'asile, et leur destin sera scellé à celui de la famille pour laquelle Jende travaille en tant que chauffeur. Neni, elle, souhaite poursuivre son projet de devenir pharmacienne.
Ce récit est très réaliste, bien écrit et facile à lire. Tous les personnages sont attachants, les émotions sont palpables et les différences entre les peuples sont narrées avec sincérité et sans parti-pris.
Les voilà les rêveurs, avec leurs joies, leurs difficultés dans leur appartement de Harlem, à essayer de vivre le plus dignement possible et d'y élever leurs enfants, car une petite fille naît de leur union à New York.
Une belle aventure qui nous ramène à une dure réalité parfois.
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épopée fulgurante d'Africains à New York !
se lit très vte car on veut savoir comment cela va se terminer !!
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Les rêveurs, ce sont entre autres Jende et Neni Jonga, qui ont quitté leur Cameroun natal avec l'espoir d'échapper au déterminisme qui, en Afrique, les condamne à la médiocrité, pour l'Amérique, ses possibilités de réalisation sociale et d'enrichissement.

Et l'Amérique tient, dans un premier temps, certaines de ses promesses. Avec l'aide d'un cousin installé sur place, qui a lui-même gravi les échelons jusqu'à exercer dans un prestigieux cabinet d'avocats, Jende trouve un emploi de chauffeur particulier pour la famille Clarks dont Edward, le père, travaille dans la finance. Son épouse Cindy, comme il se doit femme au foyer, organise les mondanités, fait du shopping, boit le thé avec ses amies... le couple a deux fils : un pré-adolescent sensible, facile à vivre et un jeune homme rebelle et gentil qui rêve lui aussi d'un ailleurs où jouir d'une existence détachée des contingences matérielles et du culte de la réussite sociale.

Pendant que Jende véhicule les Clarks, Neni cumule un emploi d'aide-soignante et des cours à l'université, où elle a obtenu une bourse, en vue de devenir pharmacienne. Ils ont eux-mêmes un petit garçon, Liomi, et Neni se retrouve par ailleurs bientôt enceinte. le poste de Jende leur permet d'économiser tout en assistant la famille restée au pays, en finançant les enterrements des uns, les traitements médicaux des autres, ou encore en permettant à tel neveu de de suivre des études...

Mais le rêve peu à peu se fendille...

Le permis de séjour de Jende expire sans être renouvelé, et bien que les démarches pour contester cette décision lui laissent un répit de plusieurs mois, la menace de l'expulsion qui plane au-dessus de sa tête assombrit son humeur. Et surtout, il prend conscience de la dimension illusoire de ses espoirs, réalise que les Etats-Unis ne sont pas la nation des mêmes chances pour tous qu'ils avaient imaginée, et que les barrières, entre riches et pauvres, entre noirs et blancs, restent bien souvent infranchissables. Son statut de travailleur africain l'oblige à une vigilance permanente et à une posture de gratitude servile, à se sentir toujours potentiellement coupable, d'avoir oublié d'aspirer un grain de poussière sur le tapis de la voiture, de respirer trop fort... Lorsqu'il est licencié par son patron qui doit faire face à la crise des subprimes, mais qui satisfait surtout ainsi un caprice de sa femme alcoolique et aux abois face au vacillement de son couple, le rappel de sa vulnérabilité et de son infériorité est particulièrement douloureux. Il finit par admettre qu'il se se perd lui-même, loin des siens et de ses racines, dans ce pays où il n'a pas sa place, et où il s'échinera sans doute toute sa vie pour atteindre un but auquel il n'est plus certain d'aspirer. Que valent la reconnaissance, la réussite, dans une société où la valeur des hommes se mesure à l'aune de leurs possessions matérielles ou de leur couleur de peau ?

Neni continue quant à elle de se fourvoyer, abusée par la phobie d'un éventuel retour au Cameroun -humiliation suprême- et par les modèles trompeurs que lui ont vendu le "Cosby Show" ou "Le Prince de Bel Air"... elle représente tous ceux qui, plutôt que de remettre en cause ce système à deux vitesses, tentent à tout prix d'accéder à ses strates supérieures, contribuant ainsi à entretenir sa légitimité...

Plus que celui de la perte d'une illusion, "Voici venir les rêveurs" est finalement un roman sur la réconciliation d'un homme avec ce qu'il est vraiment. Portée par une écriture simple, factuelle, la lecture en est très fluide, et plaisante, mais il m'a manqué, pour la rendre réellement forte et marquante, une certaine densité...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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[Livre audio lu par Julien Chatelet]

Julien Chatelet est en harmonie avec son affaire. La lecture est vivante, les personnages existent dans toute leur humanité : émotions, élans, doutes, sentiments, ce qui fait qu'on suit le récit sans temps morts et avec un certain plaisir. Ceci dit, je n'en garderai pas un grand souvenir. Aucune part de mystère, pas de trace de ces ombres mordantes ou de cette transcendance qui font la littérature. Tout est dit, raconté, exposé. On est homme et femme, on fait ce qu'on peut pour s'en sortir, tous dans la même galère de la subsistance, ce n'est pas toujours joli-joli, and so what ? Une histoire du soir qu'on écoute avant d'aller se coucher, pour s'endormir en rêvant à la personne qu'on pourrait faire chanter…

Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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L'histoire de Jende, de son épouse Neni et de leur fils.
Camerounais, ils émigrent de manière assez hasardeuse aux États unis pour tenter de se faire une place pour lui, de devenir pharmacienne pour elle et d'assurer un meilleur avenir à leur garçon.
Les difficultés, avec les services de l'immigration pour obtenir un permis de séjour, la culture d'une partie de l'Afrique et ses côtés épicés, parfois rocambolesque, l'attachement à la famille au delà de tout, la confrontation à la société américaine au coeur d'une crise financière,....J'ai dévoré ce coup de coeur profondément humain et coloré.
Un vrai régal malgré le sujet difficile pour un roman au final très lumineux.
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Voici venir les rêveurs ou comment le « rêve américain » en prend plein la gueule. Imbolo Mbue rend le lecteur témoin des efforts d'une famille de Camerounais débarqués à New York City sans statut légal mais prêts à tout pour s'intégrer à la mosaïque fascinante d'une mégalopole en terre d'Amérique. Les premières pages du roman mettent tout de suite la table pour ce qui va suivre, la dégringolade d'un rêve que tout immigré porte en son coeur lorsqu'il quitte son pays de misère pour un avenir meilleur. J'ai porté les espoirs de cette famille tout au long de la lecture et me suis retrouvée émue jusqu'aux larmes dans certains passages. Et parallèlement aux attentes grandioses de Jende et Neni, il y aussi celles de Vince Edwards, jeune américain bien nanti, qui souhaite quitter son nid trop douillet pour vivre d'autres expériences plus enrichissantes que celles d'amasser de beaux dollars. Un roman qui dessille les yeux.
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Imbolo Mbue nous conte avec talent l'histoire d'un couple camerounais qui réussit à quitter le pays pour tenter le "rêve américain". Ce n'est pas un roman qui veut décrire le problème des immigrants africains dans son ensemble, mais qui met en scène une famille bien précise. C'est vrai, tous ceux qui débarquent à New-York n'ont pas un cousin avocat déjà bien implanté aux USA, qui les aide sur les plans financier et administratif. Tous non pas la chance de Jende -le mari- de décrocher un emploi de chauffeur pour un des patrons de Lehman Brothers . Tous n'ont pas sa chance d'être à la fois bien payé et bien considéré. Et tous n'ont pas la chance de Neni -l'épouse- de pouvoir poursuivre des études. Il n'empêche: l'auteure montre bien que le rêve américain n'est qu'une illusion et que les mondes américain et africain sont vraiment opposés. Jende est un homme bon, très fier, qui doit mettre son honneur au second-plan pour ne pas froisser son employeur blanc. Neni, plus volontaire, veut jusqu'au bout rester à New-York et "réussir", c'est-à-dire vivre à la façon des blancs riches, aveugle aux réalités de la vie à Harlem. Féministe convaincue, elle n'ose quand même pas s'opposer à son mari car au Cameroun, l'homme est le chef à qui l'on doit obéir.

Ce livre n'est pas un chef-d'oeuvre, mais il se lit avec plaisir du début à la fin, sans temps mort, dans un style classique des plus corrects.
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Pauvreté, famine, guerre, suffit-il d'un bateau, d'un avion pour rejoindre le monde derrière lequel courent les promesses de la paix, de la faim assouvie, de l'espoir? Existe t-il un monde meilleur ?

Les rêveurs, eux ils existent.

Voici venir les rêveurs :
Jende, Neni et leur fils Liomi quittent leur Cameroun pour tenter une vie meilleure en Amérique.
Ils s'en vont loin de Limbé, loin de ce panneau avec ces quelques mots «bienvenue à Limbé, ville de l'amitié ».
En Amérique, c'est autre chose, les gens courent, après l'argent, après l'amour. La misère court elle aussi dans les rues du Bronx. Être citoyen américain coûte cher.

La famille Jonga telle une marionnette accrochée aux doigts de l'Amérique, entre rêves et réalité, virevolte au bon vouloir de la chance mais aussi de la crise économique.
Les rêves sont fragiles. Emprisonnant parfois les rêveurs dans leurs propres rêves.

Au-delà de la trame et de l'histoire camerounaise, avec fluidité et sincérité, Imbolo Mbue questionne subtilement : où s'en vont les rêves quand on ne les voit plus ?

« La société pardonne souvent aux criminels, jamais elle ne pardonne aux rêveurs ». Oscar Wilde.
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