C'est un roman assez étrangement agencé, déroutant quant à sa construction, la succession de ses paragraphes, des prismes par lesquels
Colum McCann choisi de nous emmener vers une histoire Irlandaise, très Irlandaise même.
Quand bien même le récit serait articulé essentiellement, une fois n'est pas coutume, autour de personnages venus du nouveau monde vers l'Europe, l'Irlande le plus souvent, le montage déroute.
Il y aura donc,
L Histoire, avec les parcours d'Alcock et Brown, de Frederick Douglass, du Sénateur Michell des « personnages historiques » dont chacun a sa façon aura marqué l'histoire «des relations « transatlantiques » Amérique – Irlande.
Les premiers, Anglais pour Alcock, Ecossais de parents Américains pour Brown, rescapés de la première boucherie mondiale, qui réussirent en avion la traversée de l'Atlantique, sans escale, partants de Terre-Neuve pour atterrir dans le Connemara dès 1919. (Bien avant que Lindberg ne se couvre de gloire en 1927 pour avoir été le premier à faire la même chose mais en....solitaire et sous les flashes des photographes.)
Frederick Douglass qui publia son histoire d'esclave noir-Américain et vint défendre la cause de l'abolitionnisme en Irlande. (au fait, une coquille quant au titre du chapitre lire 1845-1846 et non 1845-1946 )
Enfin, le Sénateur Américain George Mitchell, qui fut l'un des artisans de « l'accord du Vendredi Saint » en 1998, accord qui mettait fin à trente années d'attentats meurtriers et de vengeances tout aussi meurtrières en Irlande du Nord.
Et il y aura l'histoire d'une famille ou plutôt d'une lignée de mères/filles de l'ancêtre Irlandaise Lylie Duggan née en 1828 qui émigra vers l'Amérique lors de la grande famine (1846) sa fille Emilie, sa petite fille Lottie (qui fit le voyage retour vers l'Irlande) et son arrière petite-fille Hannah...
On traversera la grande famine, la guerre de Sécession, le monde des pionniers, le terrorisme en Irlande du Nord et la brutalité, les barbaries qui sont leur point commun.
Colum McCann a choisi de ne pas mélanger les 2 histoires (en gros, celle des personnages historiques racontée d'abord puis celle de la lignée Duggan), ce qui donne un côté un peu artificiel et froid, difficile de faire un lien émotionnel avec une construction de ce type.
On a l'impression de lire des nouvelles et de bonnes nouvelles d'ailleurs, grâce à une belle plume et une véritable empathie avec les personnages.
Dommage de ne ressentir cette empathie et l'émotion qu'à la toute fin du livre, du coup on se dit que cette émotion est quelque peu factice.