C'est dans un Brooklyn sombre et pluvieux que commence l'histoire d'Annie. Ou plutôt, c'est par un suicide... celui de son mari. Devenue veuve et future maman, elle se retrouve par hasard sous l'aile bienfaitrice des Soeurs Soigneuses.
Le récit se bâtie lentement autour de la reconstruction d'Annie ; puis s'accélère peu à peu suivant le rythme fou de sa petite fille, Sally. En une sorte de métaphore, la vie suit son cours et reprend ses droits sur la mort.
Le texte prend plaisir à jongler avec le temps. Assez déstabilisant au départ, j'ai du parfois m'y reprendre à deux fois. Je ne peux m'empêcher cependant de penser que ce tour est incroyablement judicieux, créant une profondeur entre les différentes générations de la famille. Dès le début, l'idée que le monde est petit se distille… Chaque action passée à ses répercussions.
L'enfant du couvent passe ces journées dans la blanchisserie du sous sol où sa mère s'est vu donné un travail. Entouré de chant pieux et de prière, sa foi né comme une vocation.
On suit les soeurs au chevet des pauvres et des malades, diagnostiquant la teigne ou la pneumonie, prodiguant cataplasme, prière et présence aux plus démunies. J'ai trouvé tous ces passages intéressants, surtout lorsqu'ils sont mis en relation avec la vision non biaisé de la vérité. Sally découvre, avec son oeil neuf, le monde, les gens auxquels les Soeurs dédient leurs vies.
« Elle disposait là, dans la faible lumière enfumée, d'un échantillon de ces « autres » auxquels elle donnait sa vie : vulgaires, débraillés, ingrats. »
« […] « J'ai changé d'avis », après avoir vu la réalité de ce monde obscène au cours du long voyage en train, après avoir compris que son instinct la poussait à recevoir ses habitants dégoûtants non pas avec un linge réconfortant, mais avec un juron, un coup de poing dans la figure. »
Un autre passage intéressant met en scène le même principe : une narration modifiée par l'oeil innocent des enfants. Les tremblements de Tante Rose ne sont pas une manifestation de joie, mais bel et bien la maladie de Parkinson.
Ces jeux littéraire de «
La neuvième heure » sont juste géniaux et très bien réalisés !
Pour conclure, je ne sais pas quoi penser de ce livre ! J'ai adoré la narration, qui au départ m'avais un peu refroidie, bourré de subtilité agréable. Il se termine sur un ou deux mystères qui ouvre le récit. Concernant le sujet, je suis moins enthousiaste mais j'ai tout de même passé un bon moment auprès de ces Nonnes. Merci Madame McDermott !