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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Denise Jacob est la soeur de Simone Veil.
Les trois soeurs se sont retrouvées après la guerre mais leurs parents ont disparu dans les camps de concentration.
Simone et Milou ont été arrêtées avant Denise qui, ironie du sort a été arrêtée le 18 juin 1944, et amenée au fort de
Montluc. de là, elle a été amenée à Ravensbrück et enfin à Mauthausen où elle a tenu jusqu'à la libération de ce camp.
Toute la famille était cachée à Nice pour éviter les rafles antisémites. Quand Denise a vu toute sa famille emmenée, elle s'est sentie animée d'une force que j'ai interprétée comme un droit de vivre qu'elle ne se donnait plus car les siens avaient été arrêtés.
Elle s'est engagée en résistance, sous le nom de Miarka , dans le mouvement Franc - Tireur comme agent de liaison. Elle transportait du matériel pour les hommes du maquis.
Elle s'est d'ailleurs fait prendre en transportant des radios.
A partir de là, elle a d'abord subi le supplice de la baignoire mais n'a apparemment pas parlé étant donné qu'elle a poursuivi son chemin jusque Ravensbrück puis jusque Mauthausen qu'elle décrit si bien pour l'entrée avec l'aigle monumental tellement effrayant et l'odeur nauséabonde qui s' élevait des cheminées.
Je retiens ce passage car, quand j'ai visité le camp, j'avais 13 ans. L'entrée, restée identique m'a effrayée également et nous nous demandions comment les habitants n'avaient pas réagi. le camp a été un des derniers si pas le dernier à être libéré en 1945.
Antoine de Meaux a rencontré Denise Jacob devenue par le mariage Denise Vernay. Il a recherché des notes dans le carnet du père de Denise, dans les récits personnels de celle-ci et dans ses poèmes que j'ai trouvés magnifiques.
L'auteur nous livre la vie des trois soeurs après la guerre , leurs joies, leurs peines,leur nouveau drame.
C'est une biographie très complète de la vie d'une jeune femme pleine de vie, très belle car nous avons une photo d'elle sur la couverture et au début du livre.
Ensuite, sa vie avance et nous livre une personne de qualité qui n'a jamais parlé facilement de sa vie dans les camps pendant 9 mois. Elle n'a jamais pu y retourner au contraire de sa soeur Simone qui a éprouvé le besoin de retourner à Auschwitz. Les sensibilités sont différentes.
Je peux comprendre mais ce qu'elles ont enduré, c'est difficile à transmettre car sait-on ressentir une telle horreur ?

Merci à la masse critique privilégiée de Babelio et aux éditions Phébus pour m'avoir permis de découvrir ce très beau livre.

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Ce livre m'a été envoyé par les Éditions Phébus dans le cadre de l'opération Masse Critique. de Babelio. Je les remercie.

Miarka, c'est le nom que prend Denise Jacob, lorsque elle intègre la Résistance Française en 1943, à l'âge de 19 ans.
Denise Jacob, qui deviendra Denise Vernay, une héroïne très discrète, bien moins célèbre que son illustre soeur, Simone Veil.

Cet ouvrage met non seulement en lumière cette femme d'un incroyable courage, comme le furent tant de Françaises et de Français qui se levèrent contre l'ignominie (ne l'oublions pas en ces temps troublés) et qui souvent le payèrent très chers, beaucoup de leur vie.
Mais aussi, et c'est ce qui fait, je trouve, le caractère unique de ce récit, il nous plonge, de façon souvent bouleversante, grâce à tous les documents auxquels l'auteur a pu avoir accès, correspondances, carnets, poèmes, ..., dans l'intimité de la famille Jacob, une famille admirable et exemplaire entre toutes.

L'auteur, Antoine de Meaux, a rencontré pour la première fois Denise Vernay en 1996, alors que, dans le cadre de son service militaire, il contribuait à la réalisation d'un CD-ROM intitulé Mémoires de la Déportation, à la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, dont Denise Vernay était alors la Secrétaire.
Une relation d'amitié va sa nouer jusqu'à la mort de Denise en 2013, ce qui lui permettra d'avoir accès à de nombreux documents familiaux.
On ressent que l'auteur a voulu rendre un vibrant hommage à cette femme discrète, qui n'avait pas su, elle même, si ce n'est dans un petit livre à compte d'auteur, "Une part de moi-même", raconter totalement son histoire.

Le texte est construit en petits chapitres qui, dans un premier temps, alternent plusieurs époques; notamment celle de la rencontre de l'auteur avec Denise Vernay dans les années 1990 alors qu'il est un tout jeune militaire, celle de l'engagement de Denise dans la résistance lyonnaise en 1943, et celle de la famille Jacob jusqu'à 1943. L'alternance de ces "séquences" ne facilite pas la lecture, et j'ai eu un peu de mal avec cette première partie. J'ai lu que l'auteur a écrit de nombreux documentaires dont plusieurs épisodes de "Secrets d'Histoire", ce qui explique sans doute son goût pour ce genre de construction fragmentée, qui n'est pas le mien.

Puis le récit devient linéaire à partir de l'arrestation de Denise le 18 juin 1944, et l'on y suit la brutalité des interrogatoires, le supplice de la baignoire auquel Denise, avec une incroyable force, résistera, puis le transfert dans le camp de concentration de Ravensbrück, dont l'auteur nous dépeint l'horreur quotidienne, souvent insoutenable, et la capacité de lutter de toutes les femmes. Puis le transfert au camp de Mathausen, la sortie du camp grâce à une médiation de la Croix-Rouge, le retour en France, et les joies et les souffrances du retour.

Le récit de la vie de Denise après la guerre et jusqu'à sa mort en 2013, nous montre, par delà les évènements d'une vie redevenue presque "ordinaire", mariage, enfants,..travail auprès de Germaine Tillion à l'Ecole Pratique des Hautes études, engagement dans les Organisations Mémorielles, ADIR, FMD, sa discrétion et sa difficulté à partager ce qu'elle a vécu, son expérience de résistante comme celle de déportée.

Et pourtant...comment ne pas être émerveillé par le parcours de cette jeune femme, qui décide, à 19 ans, de "se lever" de "se tenir debout", pour s'engager, avec énergie, dans le réseau Francs-Tireurs, et devenir agent de liaison avec un incroyable courage et tant de sang-froid. Cette Miarka qui va parcourir Lyon puis la Haute-Savoie par tous les temps, qui va vivre dans des conditions précaires, et qui va accomplir enfin, en remplacement d'une résistante indisponible, un périple à bicyclette de 250km pour récupérer deux émetteurs radios, ce qui conduira à son arrestation. Je sais que certains s'interrogent sur ce qu'avait réellement fait Jeanne d'Arc, comme s'il n'était pas possible qu'une jeune femme décide, toute seule, de s'engager pour sauver son pays. Mais alors, ne voient-ils pas que ce fut possible il n'y a pas si longtemps, qu'il y en eut des Jeanne d'Arc qui se levèrent pour l'honneur de la France, et que Denise Vernay fut l'une d'elles.

Je voudrais terminer cette critique en revenant sur ce qui m'a touché le plus dans ce livre. Si les récits sur la Résistance et sur la Déportation sont nombreux, je trouve que celui-ci, qui rend hommage au parcours de la résistante Denise Jacob alias Miarka, nous fait aussi mieux comprendre cette extraordinaire famille Jacob, et cela grâce aux multiples extraits de lettres, carnet de notes, citations de livres, poèmes....
Une famille juive mais dont le père André, comme la mère Yvonne sont résolument agnostiques, et dont l'idéal est avant tout humaniste, patriotique et républicain.
Ce livre nous révèle des parents dont la dignité, la hauteur morale, l'éthique, la noblesse d'âme sont exceptionnels, et dont on sent encore mieux toute l'influence qu'ils ont eu sur Simone Veil. Il m'a aussi permis notamment de mieux cerner la personnalité du père, André, certes un homme rigoureux et à principes, mais aussi lucide sur les êtres humains et refusant la compromission.
Et puis, l'incroyable tendresse, l'affection, qui règne entre les membres de cette famille. Il faut lire tous ces extraits de lettres entre Yvonne et ses filles, ou son fils, entre les soeurs, et aussi la dernière lettre bouleversante d'André à sa fille Denise, lettre remplie de réflexions profondes et de conseils en matière de lectures, pour réaliser à quel point cette famille qui fut brisée par un destin monstrueux, était si unie et si attentionnée pour les autres. le seul qui est en retrait, c'est Jean, le frère, passionné de photographie et qui était souvent derrière l'objectif pour prendre en photo sa famille.
Et ces écrits révèlent aussi la diversité des personnalités des trois soeurs, Madeleine dite Milou ou Milche, être de douceur et de bonté, une sorte de religieuse laïque, Simone, dont on ressent déjà la force, la détermination, la pugnacité, et enfin Denise, dont les lettres adressées à ses soeurs à Nice ont disparu, mais dont on découvre la sensibilité au travers de ses textes et notamment de ses beaux poèmes qui parsèment le récit.
Et enfin, il y a l'importance capitale de la culture littéraire dans la famille Jacob, l'appétit de romans et de recueils de poésie sur lesquels les jeunes soeurs s'échangent leurs impressions en terminant leurs correspondances. Oui, cela nous rappelle le rôle de la culture, la lecture, l'éducation, le savoir éclairé, l'esprit critique, mais aussi l'empathie, l'écoute de l'autre, la solidarité pour faire rempart à l'obscurantisme, au populisme, à la haine de l'autre véhiculée par les réseaux sociaux.

Résister, rester debout, ne pas se courber devant l'ennemi, ne pas renier ses valeurs essentielles, cela fait sens encore aujourd'hui, ne trouvez-vous pas?
Car, et je cite ici Germaine Tillion, aussi déportée à Ravensbrück et avec laquelle Denise Vernay a longtemps travaillé:
" Au terme de mon parcours, je me rends compte combien l'homme est fragile et malléable. Rien n'est jamais acquis. Notre devoir de vigilance doit être absolu. le mal peut revenir à tout moment, il couve partout et nous devons agir au moment où il est encore temps d'empêcher le pire".
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Miarka ou le portrait d'une résistante déportée.

Miarka était le surnom utilisé par Denise Verney, soeur de Simone Veil, lors de son engagement dans la lutte contre l'occupation allemande.
Agent de liaison, elle est partie de son foyer natal, Nice, pour rejoindre le berceau de la Résistance, Lyon.
Malgré la solitude, elle poursuit son combat avec détermination, son patriotisme étant plus fort que tout.
Lyon devenant trop dangereux pour elle, elle est envoyée en Savoie afin de continuer sa lutte.
Lors du transport de radios clandestines, elle se fait arrêter.
D'abord torturée pour qu'elle dénonce ses comparses, elle est ensuite déportée à Ravensbrück puis Mathausen.
Elle survivra aux camps et retrouvera ses deux soeurs en France.
Un retour difficile, tant la réalité des camps est méconnue par la population française. Personne ne comprend les réactions et l'état d'âme des survivants.

Antoine de Meaux a rendu un bel hommage à Denise Vernay, devenue son amie suite à leur rencontre, initialement dans un cadre professionnel.
Avec ce livre, il témoigne de leur amitié et met en exergue l'histoire de cette femme discrète mais combative.
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"Miarka nous a quittés, mais ce livre, nourri de l'héritage qu'elle nous a laissé, est très exactement le contraire d'un tombeau. Il est le portrait d'une jeune fille vivante comme il en surgit toujours lorsque la France verse dans le fossé, pleine de courage et d'émotion, dont la beauté nous touche profondément."

Denise Jacob a 19 ans lorsque Nice est envahie. Deux possibilités s'offrent à elle, se cacher à l'instar de sa famille, ou bien prendre les armes et se battre pour la liberté.

Fille cadette, elle est l'aînée de Simone Jacob, bien plus connue aujourd'hui sous le nom de Simone Veil.

En retraçant le parcours de Miarka, ce nom d'emprunt afin de cacher sa véritable identité, Antoine de Meaux entraîne le lecteur au sein de la famille Jacob.

Si cette biographie est un magnifique hommage au courage et à l'abnégation de cette femme, Denise, elle est aussi une façon de retracer l'existence plus ou moins connue (tout dépend si vous avez lu Une vie de Simone Veil notamment) de toute la famille.

Comme il le souligne dans les remerciements, Antoine de Meaux a pu chercher et citer des lettres ou des écrits personnels de la famille.
Ainsi on trouve énormément de lettres du temps de la séparation, soit de fin 1943, quand Denise a choisi de partir s'engager dans la Résistance aux côtés du mouvement lyonnais des Franc-Tireur, à mi-mars 1944, date à laquelle la famille Jacob a été arrêtée puis déportée.
Miarka, elle, après avoir pris d'énormes risques, se fait arrêter en juin 1944 et est déportée à Ravensbrück.

Dans son autobiographie Simone Veil mentionne la déportation de sa soeur, mais ne peut entrer dans les détails. On sait qu'elle-même a été envoyée à Birkenau avec sa mère Yvonne et sa soeur aînée, Milou.
L'expérience concentrationnaire est tout à fait différente entre les deux camps, mais aussi parce qu'elles n'y sont pas envoyées pour les mêmes raisons.
Jusqu'au bout Miarka cachera son identité, se faisant passer pour une résistante et non pas une juive, ce qui fait une immense différence dans les camps…


Merci Babelio et les éditions Phébus pour la découverte !

Mon avis en intégralité :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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La première partie de l'ouvrage établit l'histoire de la famille de Denise à l'aide d'aller-retours dans les différentes périodes précédant l'engagement de la jeune fille dans le réseau de Résistance. L'arrestation de ses soeurs et sa mère est un tournant pour elle dans sa prise de risque jusqu'à son arrestation et sa déportation.
C'est toujours édifiant d'assister au récit de l'engagement de personnes si jeunes dans une bataille de valeurs mais aussi une acceptation des risques physiques de confrontation avec la mort. C'est toujours difficile à réaliser.
La mise en lien avec l'histoire de Simone Veil que l'on connait plus (personnellement je ne connaissais absolument pas l'histoire de Denis) permet de mettre en valeur les expériences différentes de la déportation avec les déchirements et parfois la scission que cela provoque. Cela est incarné ici par l'impossibilité pour les trois soeurs au retour de déportation de se raconter ce qu'elles ont vécu.
Les réflexions à la fin du livre quant à l'efficacité du témoignage sur les consciences afin d'éviter que se reproduisent les horreurs de l'histoire donnent à réfléchir...
A acheter dans les CDI.
La professeuse documentaliste de cdicollegeguisthau
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Miarka, c'est tout d'abord un texte qui permet de mieux comprendre la Résistance en France durant la Seconde Guerre mondiale. Une résistance, à coups de journaux, d'émetteurs radios, d actions qui ne sont pas armées et qui ont une grande importance. Une résistance qui ne serait rien sans ses hommes et femmes engagés, patriotes.

Miarka, c'est aussi la rencontre avec une famille: André, le père architecte et réservé, Yvonne, la mère aimante, Milou, la soeur aînée, le lien avec tous, Jean, le frère paresseux et gentil, Denise, alias Miarka et enfin, Simone, la littéraire, qui deviendra plus tard, Simone Veil.
À travers des extraits de correspondance, des archives, l'auteur reconstitue ce que fut le quotidien de cette famille et la vie de Miarka alors jeune adolescente, qui part loin des siens pour s'engager dans la Résistance.

Je ne veux pas trop vous en livrer sur la vie de Miarka, sur ses joies, ses peines, son courage.
J'espère que les gens seront nombreux à aller à sa rencontre, simplement parce qu'il est toujours nécessaire de lire ce type de témoignage. L'auteur, qui a connu Denise, lui rend un bel hommage. Hommage à une adolescente, à une résistante, une soeur, une femme.

Au-delà des faits, plusieurs réflexions nous invitent à nous interroger. C'est ce qui fait la richesse du texte. Ce n'est pas juste un énième récit sur un parcours tragique qui amène Miarka à Ravensbrück, non. C'est l'histoire d'une jeune femme qui avec ses forces et faiblesses, fait ce qui lui semble juste. J'ai beaucoup aimé le regard porté sur l'après et notamment les différences d'opinion sur l'expérience dans les camps entre Denise et sa soeur Simone, qui elle, fut détenue à Auschwitz. C'est un vrai coup de coeur, que je vais recommander vivement autour de moi.
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Excellent livre, un livre d'histoire très instructif, pour ne pas oublier. Sur Babellio, j'ai lu les critiques existantes, certaines pointent du doigt un style, une écriture ou un découpage maladroit de l'auteur, je n'ai pas ressenti cela. J'ai vraiment apprécié cet ouvrage et ce portrait admirable de cette jeune résistante française, Miarka ou Denise Jacob Vernay, engagée pour la France, son beau pays, au nom d'une certaine idée de la dignité humaine et de l'honneur. Un portrait juste, si simple et si vrai, une jeune femme fière et forte face à l'horreur de l'occupation et de ses terribles conséquences. A lire.
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Nice, deuxième guerre mondiale. La famille Jacob doit quitter son appartement et se sépare dans l'espoir d'échapper aux rafles visant les personnes juives. Denise, dix-neuf ans, décide de partir pour Lyon, rejoindre la résistance. Sous le nom de code de Miarka, elle sera agente de liaison : elle distribuera, sillonnant la ville à vélo et au péril de sa vie, le journal résistant Franc-tireur.

Lors d'une mission extrêmement risquée, transportant du matériel de guerre pour le maquis, Denise est capturée et brutalement interrogée. Elle ne dira rien et endurera la torture de manière héroïque avant d'être déportée au camp de Ravensbrück. Elle ignore que le reste de la famille (ses parents, ses deux soeurs et son frère) ont eux aussi été déportés, mais dans d'autres camps.

À la fin de la guerre, après des mois dans ce qui ne peut être décrit que comme l'enfer sur terre, après avoir vécu la faim, la soif, le froid, le manque de sommeil, la promiscuité, la puanteur, après avoir été au-delà de la peur, Denise/Miarka est sauvée in extremis par la Croix-Rouge internationale.

Ses deux soeurs, Milou (Madeleine) et Simone (qui prendra, après son mariage, le nom de son mari, Veil, et deviendra une éminente figure politique) sortiront extrêmement affaiblies et malades du camp de Bergen-Belsen, après y avoir vu mourir leur mère. Son père et son frère n'ont pas survécu. Commence alors un retour à la vie qui est loin d'être facile après avoir ainsi tutoyé la mort.

Ce qui a permis à Miarka de tenir, c'est la poésie. Elle a recopié, de mémoire, des poèmes dans un cahier qu'elle a porté en permanence sur elle, bravant l'interdiction. C'est aussi la poésie qui lui a permis de reprendre pied lorsqu'elle retrouve la liberté, complètement en décalage avec la société suite à ce qu'elle a vécu. D'autant plus que les épreuves sont loin d'être finies…

Ce récit, comme tous ceux qui parlent de la Shoah, est terrible. Plus que terrible, mais je ne trouve pas de mot assez fort. le lire a été une épreuve émotionnelle et j'ai été profondément touchée par Denise/Miarka Jacob/Vernay, jeune femme présentant une personnalité hors du commun.

Je suis aimantée par son visage franc s'imposant sur la couverture. Hantée, plutôt. Tout au long de ma lecture, je n'ai d'ailleurs pu m'empêcher de chercher sur internet d'autres portraits d'elle, pour m'en emplir les yeux, me convaincre qu'une telle personne a bien existé. Car en plus d'être courageuse à un point inimaginable, Denise était belle. Extraordinairement belle. Comme ses soeurs et son frère d'ailleurs, tous solaires.

Antoine de Meaux nous livre un témoignage essentiel et un hommage poignant. D'un angle purement formel, le récit comporte quelques longueurs et s'éloigne parfois de son sujet, s'étendant notamment un peu trop sur le caractère d'André Jacob, le père. Que cela ne vous empêche pas de découvrir la vie de Miarka. Vous n'en sortirez pas indemne.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Le portrait d'une jeune femme déterminée, d'une famille et d'une époque

Il s'agit de la biographie de Denise Jacob-Vernay, la soeur ainée de Simone Veil. A 19 ans, elle entre dans la résistance, sous le pseudo de Miarka, elle est arrêtée en 1944, torturée à Lyon, puis détenue à Ravensbrück. C'est alors le centre de détention de femmes le plus important du pays. Y sont internées, les opposantes politiques, les résistantes, les tziganes. le camp fournit en main-d'oeuvre féminine l'ensemble des industries d'armement allemandes. Jamais, Miarka n'a été dénoncée par ses codétenues comme juive et n'a donc pas rejoint les camps où était détenue sa famille.

Un récit remarquablement bien documenté, avec des rencontres avec Denise Vernay en 2007, des archives, des lettres échangées entre les soeurs, entre les filles et les parents, surtout leur mère Yvonne.
J'ai admiré la figure d'Yvonne, tout en bienveillance ainsi que Milou, la soeur aînée, et l'amour qui régnait chez les Jacob,
J'ai admiré également l'ouverture d'esprit des parents notamment dans leur éducation : filles et garçons, libres de mener leur vie. Pas très fréquent à l'époque.
Miarka s'engage dans la résistance en 1943, en connaissant parfaitement les risques encourus. C'est un agent de liaison, souvent solitaire, dont la bravoure, la fiabilité et la détermination sont reconnues par tous ceux qui l'entourent.

La résistance s'organise aussi à l'intérieur du camp, avec les autres codétenues françaises :
- Ne pas contribuer à l'effort de guerre allemand en diminuant au maximum ses possibilités de travail
- Etre plus fort grâce à la cohésion du groupe.
« Pour entretenir l'esprit de résistance, la création, quasi impossible dans les conditions du camp, est pourtant essentielle. A destination des malades, des françaises fondent les Editions de la Croix-de-Lorraine. Ce sont des recueils de poésie, Verlaine, Rimbaud, des compilations de jeux, énigmes et histoires amusantes. (.. ) Chaque volume est entièrement copié à la main.
Et puis il y a la chorale. (…) Une des jeunes femmes du groupe, Violette, a décrit ces moments de grâce, où le temps d'un refrain, la barbarie du camp semblait s'abolir : « quelques accords s'élèvent, puis un chant repris par des dizaines de voix qui s'amplifie, monte et éclate, souverain : c'est l'hymne à la joie de Beethoven. (…) Lorsque le choeur se produit, Miarka fait le guet. Elle considère en effet, qu'elle chante trop faux, pour oser se joindre à ses camarades. »
- le soutien de la poésie, omniprésente, pour Miarka. Un bouclier fort et fragile dans la tourmente. D'ailleurs, son bien le plus précieux est un petit carnet de toile dans lequel elle a recopié des poèmes. de retour du camp, elle aura besoin de continuer et d'écrire des poèmes.
J'ai beaucoup aimé aussi les poèmes et particulièrement celui-ci, « Sagesse » de Verlaine, que Denise se récite avant de trouver le sommeil :
Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme!
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit,
Chante sa plainte.
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.
- Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?

- L'analyse du système concentrationnaire
Dans le camp, on y côtoie des femmes de la même trempe que Denise- Miarka, comme Germaine Tillon, ethnologue et résistante. Présente depuis 2015 au Panthéon avec Geneviève de Gaulle, Jean Zay et Pierre Brossolette.
Germaine s'est donnée pour mission d'étudier le système concentrationnaire à partir de Ravensbrück.
« Comprendre une mécanique qui vous écrase, (…) démonter mentalement ses ressorts, envisager dans tous ses détails une situation apparemment désespérée, c'est une puissante source de sang froid, de sérénité et de force d'âme. Rien n'est plus effrayant que l'absurde. »

Une biographie très complète, dans une tonalité juste et précise. Sans cacher les horreurs de la guerre, sans mélo non plus.
Une vraie réussite !


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Jeune résistante française d'origine juive, Denise Jacob endosse son totem d'éclaireuse, MIARKA, lorsqu'elle devient agent de liaison à Lyon pendant la guerre 40-45. Elle a 19 ans.
Arrêtée en 1944 lors d'une mission, elle est déportée à Ravensbrück.
Rescapée, elle racontera. du début de son engagement à pied ou à bicyclette pour transmettre les messages, de l'arrestation par la Gestapo et de la torture.
Elle connaît la faim, le froid, la crasse, mais on survit à tout quand on a survécu au supplice de la baignoire et au désir de mort qui s'en suit.
C'est la poésie, l'art - Beethoven, qu'il était interdit de jouer ! Et les convictions qui vous sauvent des camps mais aussi la différence entre ceux qui sont condamnés parce que juifs et les autres accusés de résistance.
Grâce aux rencontres, poèmes, correspondances et carnets intimes, Antoine de Meaux témoigne du combat et du courage de Miarka, Denise Jacob devenue Vernay, soeur de Simone Veil. Nous accédons à l'intimité de la famille Jacob et nous pénétrons au coeur des camps. Près de ce baraquement par exemple qui au sein même de Ravensbrück inspire la crainte : le vivier de Karl Gebhardt. le médecin nazi y pioche ses « lapins » de jeunes polonaises lui servant de cobaye pour ses expériences médicales. Au coeur de la terreur il y a toujours moyen de trouver pire.
Miarka, juste et sans emphase. Antoine de Meaux maitrise son sujet et son roman parfaitement, c'est un hommage vibrant et sincère à cette résistante dont le courage et l'humilité forcent l'admiration et inspirent.

« Pendant tout le trajet le chauffeur revient sur cette histoire de bibliophilie, qu'il continue à trouver suspecte. Il a sans doute raison : la bibliophilie est toujours suspecte. »
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