Celles qu'on tue

Je remercie #NetGalleyFrance et les Éditions Buchet Chastel pour m'avoir permis de lire #Cellesquontue de Patricia Melo.

Une jeune avocate de São Paulo se rend dans l'État de l'Acre pour suivre des procès de féminicides et constituer un dossier qui deviendra sa "Mulheres empilhadas"... Au côté de Carla, avocate défendant les femmes violentées, elle s'implique dans le procès des agresseurs, violeurs et assassins de Txupira. La jeune indigène a subi la cruauté inhumaine de trois jeunes nantis. La narratrice est malheureusement trop bien placée pour traiter ce sujet : son père a tué sa mère lorsqu'elle n'était qu'une enfant. Aidées de Rita, journaliste, les trois femmes réussiront elles à rendre justice à Txupira ? Auront-elles besoin du soutien des femmes des communautés indigènes et de leurs spiritualités ?
Patrícia Melo raconte les meurtres de femmes, soeurs, mères, filles, et les dommages "collatéraux" de ces assassinats. Comment se (re)construire sur les ruines de vies et de morts ?

On comprends dès les premières pages que l'enchaînement des féminicides va remuer nos tripes et nos ovaires : tel est le but que s'est fixé l'autrice Brésilienne, Patrícia Melo. Les chapitres alternent énumérations morbides, expériences personnelles de la narratrice et plongée au coeur des peuples indigènes de l'Amazonie. le style est très hispanique : envolées, digressions, phrases très longues suffisamment maîtrisées pour rester compréhensibles. Les scènes de tortures et de meurtres d'une cruauté insoutenable sont relatées de façon très crue, réaliste, percutante. Patrícia Melo nous engage dans des réflexions profondes, sociétales et imagées autour des violences faites aux femmes et de leurs désespoirs, dans un monde "post #metoo".
J'ai aimé en apprendre plus sur cette partie du monde, sur la situation tragique des peuples indigènes Brésiliens et le traitement des femmes dans ces contrées. En revanche, j'ai beaucoup moins aimé les parties en gras, particulièrement les passages psychédéliques et les digressions spirituelles ("too much" à mon goût...). Je me suis trop rapidement lassée de cette partie du roman. Malheureusement, je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages principaux. J'ai trouvé que l'ensemble manquait de cohésion littéraire, que ça partait un peu trop "dans tous les sens". J'ai pourtant terminé l'ouvrage car il est relativement court (300 pages) et que je voulais connaître les conclusions des différentes affaires autour des trois héroïnes malgré elles.

#Cellesquontue #NetGalleyFrance