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sur 782 notes
Ruchele Jager avait seize ans en 1941. Sur la photo, elle est une jeune fille belle et souriante.

Nous avons tous dans nos tiroirs quelques photos de nos aïeux prises dans leur jeunesse. J'avais demandé à mon grand-père des photos de lui quand il était jeune et ainsi j'avais récupéré un portrait de lui et ma grand-mère dans les années quarante. En 1941, il avait vingt-quatre ans et ma grand-mère vingt. Ils ont vieilli, pour le meilleur et pour le pire… Mais Ruchele, elle, n'a pas vieilli… Pourquoi ?... Parce qu'elle « a été tuée par les nazis ». Comment ? À cause de "la Shoah par balles ». Qu'est-ce que cela signifie? Que se cache-t-il derrière ces étiquettes très brèves, trop brèves peut-être?

Daniel Mendelsohn s'est posé la question et est parti enquêter aux quatre coins du monde, sur les traces de Ruchele, ses soeurs : Lorka, Frydka, Bronia et leurs parents: l'oncle Shmiel et la tante Ester.

Ce récit se lit à la fois comme une enquête policière, un essai philosophique et une réflexion historique, psychologique et métaphysique, grâce à l'insertion et aux commentaires de passages bibliques.

J'ai trouvé le texte agréable à lire malgré la gravité du propos. J'avais envie comme Daniel Mendelsohn de comprendre comment le mal et l'horreur absolu pouvaient soudain surgir mais aussi, comme lui, de savoir qui étaient ces quatre jeunes filles, comment elles avaient vécu, qui les connaissait, qui les aimait, quels souvenirs ceux qui les avaient côtoyées gardaient d'elles.

Daniel Mendelsohn est un conteur érudit et talentueux qui parvient à retracer les histoires croisées des membres de sa lointaine et défunte famille. le récit est toujours captivant, jamais glauque. Pourtant, il ne cache rien des horreurs de cette terrible période. Il sait faire preuve d'une grande empathie, tout aussi grande que son intelligence, son aptitude à apaiser les esprits tourmentés par la culpabilité et ainsi obtenir sans juger des confessions qui l'aident à mieux comprendre la situation politique des pays de l'Est dans les années quarante, comment tout a basculé dans la barbarie, comment le voisin est soudain devenu un ennemi qu'il fallait éliminer.

Ce livre est un hommage rendu aux êtres chers disparus pour qu'ils ne sombrent pas définitivement dans l'oubli. Soixante ans après, il n'est pas évident de trouver des témoins, d'anciens amis, petits amis qui, parfois, n'ont pas envie de se remémorer une page douloureuse de leur existence.

Dans Les Disparus, Daniel Mendelsohn voudrait d'abord savoir comment sont morts ses aïeux mais ce qu'il finit par apprendre, c'est surtout comment ils ont vécu. Ainsi, il les fait revivre à travers ses recherches et la quête de témoignages. Il reconstitue une époque révolue et qui pourtant n'est pas si différente de la nôtre. La jeunesse des quatre filles ressemblerait presque à la nôtre et à celle de nos enfants. C'est ce qui est troublant, effrayant, nous incite à la vigilance, à la réflexion sur le mal et comment il peut parfois surgir ou pourrait resurgir.

Ce récit revêt un caractère universel, intemporel et, à travers l'histoire personnelle de Daniel Mendelsohn, devient un livre qui honore aussi la mémoire de tous les peuples victimes de massacres de masse et de génocides.

Lien : https://laurebarachin.over-b..
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Dans le Temps retrouvé, Proust écrit : « En réalité, chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L'ouvrage de l'écrivain n'est qu'une espèce d'instrument d'optique qu'il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que sans ce livre, il n'eût peut-être pas vu en soi-même. »

C'est exactement ce que j'ai toujours pensé à la lecture de nos différents ressentis sur un même récit, il y a une résonnance entre notre moi le plus intime et le contenu d'un livre, c'est un miroir dans lequel, notre subconscient se reflète.

Les photographies jouent un rôle essentiel dans cette recherche. Daniel Mendelsohn m'a, ainsi, aidée à comprendre cet attachement particulier que j'avais avec les photographies de ma famille. Devant les paysages dévastés à la suite de catastrophes naturelles, je me suis toujours dit que le pire pour moi, serait de perdre mes photographies.

Cette photographie qui fixe, dans le temps et dans l'espace, le sourire d'une personne, son visage, son regard, son attitude, sa tenue vestimentaire, sa manière de regarder l'objectif ; une photo, ce fragment du passé qui vient se glisser dans le présent et bien que cela ne soit qu' « un instantané durable », cette image signifie que celui qui regarde l'objectif a vécu, a eu sa part de bonheur, sa part de souffrance, a aimé, a pleuré, en un mot, il a été un être de chair et de sang : l'histoire d'une vie.

Dès l'âge de quinze ans, Daniel Mendelsohn s'est intéressé à la généalogie de sa famille. Passionné par les histoires que lui racontait son grand-père, Granpa - Abraham Jäger, il s'est penché très vite sur l'histoire de sa famille, celle qui résidait en Pologne, à Bolechow, « Schmiel et Ester qui avaient quatre filles superbes, tués par les nazis ». Schmiel, dont le nom figurait au dos des photographies mais dont personne ne prononçait le nom, s'était transformé en une énigme dont la résolution se perdait dans la nuit des temps.

Et ce silence et ces larmes que versaient les vieilles personnes juives lorsqu'à six ou sept ans, Daniel rentrait dans une pièce, entouré de tous ces murmures en yiddish pour mieux en préserver le secret. Tous ces mystères ont éveillé chez lui son intérêt, sa curiosité, pour « Schmiel assassiné par les nazis ». Granpa s'en est allé en 1980, sans jamais avoir parlé de ce qui était arrivé à Schmiel. Il ne reste que les photographies et ces quelques lettres adressées par Schmiel à sa famille mais pourquoi n'y a-t-il aucune trace des réponses. Les porteurs de mémoire ont rejoint « Les disparus ». Les questions ne peuvent rester sans réponse.

C'est un récit unique en son genre qui relate toutes les recherches, les rencontres effectuées avec les survivants, par l'auteur et son frère Matt, des Etats-Unis où ils résident, de la Pologne à Israël, de la Suède au Danemark, dans un style particulièrement vivant, où les dialogues vibrants, intimes, parfois douloureux, très souvent en yiddish (toujours traduits) viennent animer le récit, lui donnant toute son intensité. Ce livre est un hommage à sa famille mais il est aussi une épitaphe à tous les Juifs ashkénazes qui ont vécu ces persécutions, donnant ainsi la juste mesure de ce qu'était la vie dans ces pays d'Europe de l'Est et Centrale avant l'arrivée des nazis et pendant l'occupation des nazis. Cette enquête abouti à un livre édifiant sur la Shoah mais pas n'importe lequel, un récit pétri de chair et de sang, d'émotions, de sensations, de bonheurs et de douleurs, taillé dans les souvenirs qui parfois sont tapis au fin fond de l'inconscient . Il lui faut se confronter aux témoignages, parfois différents, des rescapés, témoignages fondés sur le réel mais, aussi, parfois aux projections de leur imaginaire dans une reconstruction de la mémoire soixante ans plus tard. Et puis toujours cette sensation désagréable qu'il manque une suite, que le témoignage est incomplet, qu'il y a encore comme un vide, ce ne sont que des fragments, il faut remuer le passé, redonner vie à ce que l'on s'est efforcé d'oublier, les dégâts psychologiques, les tragédies et les drames qui hantent. C'est une quête identitaire mais surtout une quête des racines, celles qui vous enfoncent dans le sol des origines, qui vous disent qui tu es, d'où tu viens, où tu vas et ce qui est troublant dans ce récit ce sont les rencontres inattendues qui vont se trouver sur le chemin de Daniel - des portes vont s'ouvrir.

A l'heure où les rescapés disparaissent les uns après les autres et qu'ils ne peuvent plus témoigner, l'auteur tente de redonner vie aux membres de sa famille disparus. Il se fait passeur de mémoire dans un récit bouleversant, d'une grande érudition, qui s'inscrit dans les obsessions qui touchent les enfants, les petits-enfants issus des victimes comme les survivants de la Shoah.

Daniel Mendelsohn est professeur de littérature classique à l'Université de Princeton. Helléniste et francophile, essayiste, critique littéraire, son style est à la fois intellectuel et intimiste. La singularité de cet ouvrage, nonobstant la charge émotionnelle, tient à sa construction qui s'appuie sur la Torah. Découpé en cinq parties qui portent chacune le nom d'un passage de la Torah, il procède par analogie entre l'exégèse biblique qu'il rapproche des évènements survenus dans sa famille et les exposés de deux éminents commentateurs tels que Rachi ou Friedman. Linguiste confirmé, il décompose l'hébreu afin de mieux démontrer les corrélations entre L'Histoire et la Bible hébraïque. C'est passionnant et troublant tant la Bible possède plusieurs niveaux de lecture que chaque lecteur peut s'approprier. de là à penser que tout est écrit dans la Bible……

Au fur et à mesure de cette lecture tellement délicate, d'une grande finesse, cette famille est devenue la mienne.
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"We shall not cease from exploration
And the end of all our exploring
Will be to arrive where we started
And know the place for the first time."
(T.S. Eliot, "Four Quartets")

Il n'est pas aisé de qualifier le brillant livre de Daniel Mendelsohn. Est-ce un roman, un document, un témoignage, une quête généalogique, un récit sur la Shoah ? On a un brin de chaque, et l'ensemble nous donne une histoire passionnante ; un livre nécessaire sur la transmission de la mémoire.
Imaginez qu'on vous pose des questions sur un ami que vous avez connu enfant. Seriez vous encore capable de vous en souvenir ? Donner des détails sur sa vie, sa famille, savoir ce qu'il est devenu ? Au fur et à mesure que les années passent, les connaissances et les événements d'autrefois tombent dans l'oubli. Parfois consciemment, parfois seulement parce que la vie est ainsi faite, et les vieux souvenirs se transforment, s'effacent, et disparaissent...
Il est de notre devoir d'humain d'entretenir la mémoire des 6 millions de victimes de la Shoah, et la littérature sur le sujet ne manque pas. Mais ceci est la quête personnelle d'un homme à la recherche du destin des six membres de sa famille, perdus dans cet océan anonyme. Et ces personnes ont bien un nom : son grand-oncle Shmiel Jäger, sa femme Ester, et leurs quatre filles - Lorka, Frydka, Ruchele et la petite Bronia.

Enfant, Daniel Mendelsohn - un Juif new-yorkais dont la famille vit en Amérique depuis trois générations - a toujours été fasciné par les vieilles histoires racontées par son grand-père. Y compris celles de Bolechow, la bourgade en Galicie où Shmiel, le frère de son grand-père, a décidé de retourner après son bref passage aux Etats-Unis pendant la guerre. Dans la famille Mendelsohn, on ne sait pas grand-chose sur la famille Jäger, seulement qu'ils ont été tous "tués par les nazis". Mais quand et comment sont-ils morts ? Est-il encore possible d'en savoir plus sur ces six disparus depuis le début des années 40, quand tant de Juifs ont péri dans les camps de concentration, et d'autres étaient fusillés lors des nombreuses razzias organisées ou spontanées un peu partout dans ce coin d'Europe ?
Mendelsohn est du genre obstiné. Ses recherches généalogiques, ses correspondances et ses fouilles méticuleuses pour trouver les témoins de ces événements - quelques "anciens de Bolechow" qui soient encore en vie - sont peu à peu couronnées de succès. Ses pas, en compagnie de son frère, le mènent d'abord à Bolechow (en actuelle Ukraine), puis aux quatre coins du monde, en des endroits aussi éloignés que l'Australie, Israël, la Suède ou le Danemark. Tant d'années après la guerre, c'est parfois littéralement une course contre la montre, et les résultats relèvent du miracle.
Alors oui, on saura... mais on saura aussi que la quête en soi peut devenir plus importante et révélatrice que son résultat final. Que des impasses peuvent cacher des portes secrètes qui s'ouvrent sur d'autres personnes et d'autres souvenirs. Que tout cela n'est en réalité jamais fini, et que les souvenirs sont importants non seulement pour qu'on sache comment les gens sont morts, mais aussi et surtout comment ils ont vécu.

Le destin de la famille Jäger n'est qu'une petite histoire perdue dans le cours de l'Histoire, et Mendelsohn va patiemment la reconstruire à l'aide de témoignages entrecroisés, enregistrements, anciennes notes, lettres et photos. Son écriture ne tombe jamais dans le pathos, même lors des passages glaçants sur les "aktions" à Bolechow, sur les comportements inhumains ou sur les observations de quoi on est parfois capable pour sauver notre vie, ou celle de quelqu'un d'autre. Mais le livre est aussi loin d'avoir un style sec et documentaire : chaque infime détail compte - les gestes, les intonations, les petites observations et souvenirs, les sonorités de certains mots, l'accent avec lequel ils sont prononcés ou la façon dont ils sont orthographiés - tout cela est parfois répété jusqu'à l'obstination, et donne une dimension très personnelle et presque mélancolique au récit.
Cette vaste entreprise est encore mise très intelligemment en valeur par son reflet dans la Torah et les quatre premiers récits de la Genèse. Ces passages ponctuent et organisent le livre de Mendelsohn et lui ajoutent une dimension supplémentaire, en nous rappelant l'histoire biblique du peuple juif. L'arbre de la connaissance fait écho aux arbres généalogiques, tout comme l'histoire de Caïn et Abel reflète non seulement Shmiel et son frère, mais aussi Daniel et son frère Matt, ainsi que les rapports entre les Juifs, les Polonais et les Ukrainiens à Bolechow. Tant de châtiments divins s'abattent sur le peuple juif, et à chaque fois Dieu va choisir seulement quelques justes qui doivent survivre. Peut on anéantir tout un peuple ? Condamner toute une nation pour cet anéantissement ? Peut on juger objectivement tous les actes du passé ? Certains des témoins de Daniel le pensent, d'autres préfèrent se taire ou occulter une partie de la vérité. Daniel ne juge pas, il veut juste savoir, afin de préserver ses "disparus" de leur disparition définitive.

Pendant la lecture j'ai souvent pensé à "l'immortalité" de Kundera : un livre qui met en parallèle "l'immortalité" des grands hommes qui se transmet par la mémoire collective, et la "petite immortalité" de tout un chacun, possible seulement grâce à la mémoire familiale, et bien plus difficile à entretenir. C'est cette "petite immortalité" qui est le but de la quête de Mendelsohn, en nous révélant au passage tout un pan de la grande Histoire. 5/5, avec tous mes respects, et non seulement au livre.
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Que se passe t'il dans la tête d'un enfant quand en rentrant dans une pièce remplie de grand-oncle et de grand-tante ceux-ci se mettent à pleurer?
C'est ce qui arriva à Daniel Mendelsohn à l'age de sept ou huit ans lors d'une réunion de famille en Floride. C'est juste une histoire d'ADN, une ressemblance familiale qui va donner à Daniel L envie d'en savoir plus sur sa famille d'Ukraine et surtout grace à son grand-père maternel Abraham et ses histoires du monde d'avant la folie meurtrière.
A quinze ans Daniel devient le généalogiste de la famille et commence le travail de fourmis qui va lui prendre cinq ans de sa vie.
1939 l'Allemagne nazi envahit la Pologne, Sam Shmiel de son shtetl de Bolechow en Ukraine envoie à ses frères et soeurs émigrés aux Etats-Unis des lettres, des demandes d'aides pour aider ses quatre filles à sortir du pays.
Sur 3000 juifs de Bolechow seulement 48 survivront à la Shoah.
Commence pour Daniel un voyage dans le temps, dans l'histoire et dans l'horreur.
Le temps est compté, ceux qui ont connu la famille Shmiel sont âgés et la mémoire n'est plus ce qu'elle était, un long voyage commence, l'Ukraine, Israël, l'Australie, la Suede...
Les disparus de Daniel Mendesohn est une oeuvre gigantesque entrecoupée de passage de l'ancien testament, un livre pour lutter contre l'oubli, celles et ceux qui ont été effacés, car que vaut un arbre généalogique sans branches. J'ai passé un long moment avec la famille Shmiel, ce fut douloureux mais Daniel m'a aidé grâce à son écriture pleine d'empathie et de douceur. j'en garderais un beau moment de lecture.
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C'est un très beau livre. Daniel Mendelsohn nous explique l'objet de sa recherche.
Shmiel, son grand-oncle, sa femme et leurs quatre filles ont été tués, durant la seconde guerre mondiale, dans l'est de la Pologne, en 1941. Il va parcourir le monde et faire des allers-retours, de Bolechow en Ukraine, en Australie, en Suède, au Danemark et en Israël, puis une dernière fois, revenir à Bolechow, pour marcher dans les pas de Shmiel.
Il nous parle des ‘Aktions' allemandes lors de l'extermination des Juifs, celles des Allemands, mais aussi des Ukrainiens et du paradoxe des contextes de ‘temps ‘, celui de la guerre et de l'après guerre. Les bons Ukrainiens d'aujourd'hui dont l'accueil est si chaleureux et les mauvais Ukrainiens d'hier, ceux des milices, idem, des bons et des mauvais Juifs. Mais, qui est-on pour juger et surtout que savons-nous, qu'aurions-nous fait, nous, en de pareilles circonstances ?
Non ! Il ne juge pas, il ne veut pas juger. D'ailleurs, on ne lui dit pas tout, on ne peut pas tout lui dire et il y a des choses qu'on ne sait pas, tout simplement. Mais qu'est-ce qu'il cherche en fait ? Il en va de l'espoir au désespoir, celui de ne rien trouver là et de trouver ici des éclaircies qui lui donnent accès à des périodes de sérénité et même de ravissement, à l'évocation de souvenirs qui lui sont restitués, comme : « elle avait de belles jambes, elle était très jolie, elle était amoureuse... » Des périodes de son enfance : « les chaussures bien rangées, alignées à l'extérieur, à l'entrée de la maison. Non ! On ne pénétrait pas chaussé à l'intérieur... » Et jusqu'à ces souvenirs des savoirs faire en cuisine, des saveurs et des repas traditionnels, voire, ceux des rituels, puis les mots. Ces accents qui sont les reflets d'une parenté, d'un passé bien précis et de cette vie d'ailleurs, celle de ces gens-là. Non ! Ce n'est pas à proprement parler celle de l'oncle Shmiel, mais des moments d'intimité des autres familles, des familles qui se rapprochent de la sienne et donc, une intimité qui a pu être, la sienne, à Shmiel, comme celle toute semblable qu'il partageait avec son grand-père, celui qui savait si bien lui transmettre, de son être, de cette part de lui, à travers les histoires qu'il lui racontait et qui le transportait, lui, le petit Daniel. Cet enfant qu'on regardait bizarrement et dont la ressemblance avec Shmiel provoquait les pleurs, une attitude qui ne manqua pas de le troubler et d'attirer justement son attention sur cet oncle, celui, dont on ne parlait pas, dont on ne parlait plus, un silence, qui attisera sa curiosité jusqu'à cette détermination.
Écrire un livre. Ne pas renoncer. Aller jusqu'au bout de ses résolutions.
Oui ! C'est bien cela qu'il cherche Daniel, à travers tous ces récits, la reconstitution de son héritage affectif, de ces familles et de la sienne propre. Ce prolongement du grand-père qu'il a tant aimé et qui lui manque. C'est aussi ce que cherchent, tous ceux qui n'ont pas connu leurs vrais parents. Surtout au moment d'accueillir une nouvelle descendance. La femme, quand elle a tant besoin, avant d'enfanter, d'augmenter ces repères, comme si une conscience aveugle lui dictait qu'elle avait à transmettre à son tour et qu'il lui manquait, à elle, ses propres connaissances.
Il va même se battre contre le temps, ce temps qui passe et qui efface tout. Il s'attachera à Madame Begley jusqu'à son dernier instant, celui d'après, juste après qu'elle lui dise : « je vous aime, vous savez ».
C'est une belle oeuvre dont la construction est très agréable à lire. Les faits sont retranscrits de façon véridiques et sans exagération, sans extrapolation. Daniel fait mention des passages de la bible qui nous éclairent intelligemment et qui ont un effet réparateur, si je puis dire, l'effet de tempérer l'atmosphère autant que de l'expliciter, quand à l'esprit de la fratrie, par exemple, quand Cain tue Abel et puis des faits de théologie qui nous éclairent autant que la philosophie peut nous aider à comprendre que précisément, le fait de comprendre n'est pas absoudre, si ce n'est en nous, le refus d'être cela, c'est-à-dire d'accepter que nous soyons aussi nous-mêmes capables de tuer. Ce qui revient à dire que s'il n'est pas question de nier, il n'est pas question non plus de ne pas renier par un effort de compréhension que nous puissions être finalement, que cela.
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J'ai dévoré en huit jours ce gros livre de plus de 900 pages, un livre de mémoire dont la richesse et la profondeur m'ont littéralement happée.

Bien sûr, le volet historique sur la civilisation juive disparue d'Europe de l'Est est passionnant, et je vous mets au défi de ne pas à un moment ou un autre de votre lecture googleliser tel lieu ou tel nom pour en savoir plus. D.Mendelsohn m'a d'ailleurs emmenée au-delà de l'intérêt purement historique, car en extirpant du grand tout indifférencié des victimes de l'holocauste quelques individus précis de sa famille et son entourage à Bolechow, village ukrainien proche de la Pologne, il m'a apporté ce "révélateur de réalité" que j'attendais de son livre.

Mais le récit de cette longue quête n'aurait pas été si riche de sens sans l'honnêteté intellectuelle dont l'auteur a fait preuve dans sa démarche : D.Mendelsohn n'a pas d'a priori sur ce qu'il cherche ni sur ce qu'il va trouver, et prend soin de ne jamais être dans le jugement. Grâce à cet état d'esprit, il laisse sa recherche dévoiler toutes ses richesses propres : "Je croyais et je crois encore que si vous vous projetez dans la masse des choses, vous ferez par l'acte même de chercher se produire quelque chose qui sinon n'aurait pas eu lieu".
Ce faisant, éclairant par des passages de la Bible le lien impossible entre grande et petite histoire, l'auteur déploie au fil de ses découvertes une réflexion sur la mémoire, sur le bien et le mal, sur la communauté, l'identité, le poids du temps et de la vie...

Un témoignage nourri de réflexions d'un calme étourdissant, profondément humain, où l'on va de découverte en émotion, avec le sentiment de parcourir le grand livre du monde.

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Daniel Mendelsohn entreprend un travail de titan en écrivant ce livre , c'est un témoignage personnel sur une partie de sa famille qui a été exterminée pendant la seconde guerre mondiale , son oncle , sa tante et leurs quatre filles , dont il ne subsiste rien à part quelques photos en noir et blanc .
Une quête qui paraît ne devoir jamais prendre fin à la recherche de traces de vies disparues à tout jamais , ce livre est un travail de mémoire , pour que sa famille revive un peu à travers cette fresque gigantesque , nous partageons un peu le quotidien de cette famille avant sa disparition brutale , son effacement total au monde .
C'est ce qui rend ce récit unique , touchant sans jamais tomber dans le pathos , grâce à ce livre , la famille disparue revit un peu , les quatres jeunes filles au destin tragique ont un peu une seconde chance , celles de ne pas être oubliées à jamais , nous partageons leur quotidien des jeunes filles avec leurs rêves et leurs espoirs .
Ce livre est très bien écrit , pour ma part je l'ai dévoré , malgré le terrible sujet , l'auteur fait preuve d'un réel talent de conteur plein d'humanité .
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J'écris cette mince appréciation au fil de la pensée (je viens de terminer le livre), donc cela risque d'être assez décousu et chaotique. J'ai toujours été sensible au "sauvetage" de la mémoire quel qu'elle soit. Tout en ayant à l'esprit que la mémoire est perfectible, mouvante, subjective, sélective, qu'elle doit se confronter au fleuve de la vie et à son érosion. Je dis d'emblée que je n'ai rien appris (au sens général) sur ce qui fut nommé "la Shoah par balles" ayant déjà une littérature historique sur le sujet derrière moi mais là en écrivant je me reprends tout de suite, car n'ayant jamais lu de témoignage sur ce qui se passa pour les juifs de la petite ville de Bolechow j'ai donc de ce fait appris quelque chose de plus. Je reviendrai, un jour, (sûrement à travers le livre du Père Patrick Desbois "Porteur de mémoire" ) sur cette période de l'extermination des juifs.
Daniel Mendelsohn part dans une enquête, une quête sur sa "mishpuchah " (famille). Il part au sens propre et figuré sur les traces du frère de son grand-père maternel adoré Abraham. Son grand-oncle Shmiel Jäger et sa femme Ester Schneelicht et de leurs quatre filles : Lorka, Frydka, Ruchele, Bronia, assassinés par les nazis. Cette affirmation énoncée souvent par les personnes les plus âgées de la famille de Daniel Mendelsohn, affirmation teintée de douleur, de mystère dont on parle sans parler. Et puis lui, Daniel il ressemble tant à Shmiel entend-il souvent....
Ce livre est une Odyssée. Récit très dense abordant l'histoire familiale, L Histoire, la Philosophie, la réflexion biblique. C'est aussi une méditation sur la part de hasard et d'inéluctable inscrit dans la vie de chacun. Collectant au fil des années auprès des membres de sa famille mais aussi d'organismes divers une somme considérable d'informations sur la famille de sa mère et de son père (certificats de naissance, certificats de décès, archives de registres de commerces, témoignages écrits et oraux, données généalogiques...) Il le dit lui-même, la seule zone d'ombre, la lacune récurrente est ce grand-oncle et sa famille (à part de très rares photos qu'il dissèque sans rien en retirer de probant). Une phrase, un mot, un nom inconnu, une réflexion anodine le persuade de pousser ses recherches, d'être plus méthodique et plus opiniâtre à sortir cette famille de l'oubli de leur vie.
Mendelsohn qui se décrit comme sentimental, digresse fréquemment, ses passions, ses souvenirs d'enfance, se mêlent souvent au récit.
Peu à peu, de ces témoignages émergera un monde effacé, annihilé, le monde des Shtetls.
C'est une course à travers le globe (on peut appeler cela ainsi puisque souvent l'âge avancé des témoins, impose à Mendelsohn un timing serré). Ce qui importe le plus et ce qui s'imposera de plus en plus dans les questions de Mendelsohn se sera de connaître la vie, d'avoir un nuage de la vie de ces six personnes. Il veut l'écoulement de leur quotidien, l'impression futile du souvenir (il était « toyb » (sourd), fier ; il avait la première radio de la ville ; elle avait de jolies jambes, elle était bonne cuisinière, elle portait son cartable comme ça, etc...).
Bien sûr inutile de rappeler que ceux qui témoignent, les vieilles juives et les vieux juifs de Scandinavie, d'Israël, d'Australie soit, ont pu partir à temps, soit se sont cachés jusqu'à la fin de la guerre. Ce sont donc des témoins "par défaut". C'est une parole réappropriée, passée au tamis de la distance de la réalité. Ce n'est que le récit d'une réalité. Ceux qui l'ont vues et vécues ne sont plus là.
Daniel Mendelsohn pense que malgré tous ses efforts, tous ces kilomètres engloutis, ces pays parcourus, toutes les questions posées et les réponses reçues, il ne saura jamais comment toute cette famille si lointaine et si proche, presque entrée dans son propre mythe a disparu. Même les vieilles et les vieux Ukrainiens de Bolechow sont bien vagues. Combien d'Aktion à Bolechow ? Deux, trois ? Qui a été tué en premier ? La fille la plus jeune ? Avec qui s'est caché Shmiel Jäger ? Ces deux filles les plus âgées ? Qui les a dénoncés ?
Daniel Mendelsohn décide donc de retourner une dernière fois à Bolechow (lui qui déteste revenir dans un endroit qu'il connaît déjà, il le fait presque par acquis de conscience). Il faut clore l'histoire, achever l'accomplissement de la quête. Et puis « genug ist genug ».
Daniel Mendelsohn a la réflexion sensible, « sentimentale », drôle parfois, érudite, douce et respectueuse. Il écrit sur la démarche de chercher,qu'il lie à l'action de création et Création. de cette démarche parfois infime en sortira une chose importante, banale peu importe, mais cette chose obscure et invisible qui pour lui a toujours été là est rendue visible et lisible de par la décision de chercher.
Dans ce retour morne qu'il raconte comme la fin d'une énigme policière, avec un sens indéniable de la narration mais surtout de la « chute », soudain le puzzle s'emboîte. Il trouve.


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6 personnes sur 6 millions. 6 disparus nommés, reconnus sur des photos en noir et blanc,. Un visage , celui de l'auteur, partagé par ce dernier avec celui de son grand oncle. Un visage dont la vue faisait fondre en larmes les parents plus âgés, quand Daniel Mendelsohn, jeune homme, arrivait dans une réunion familiale. Perdus à jamais, les membres de cette famille vont revivre le long des pages de ce livre épais, parce qu'être le revenant de son oncle donne au petit neveu le désir et la force de faire le chemin inverse de celui qui n'a jamais pu être fait, vers l'exode, l'exil, l'évasion, la délivrance, la liberté, la survie.
Au lieu de cela, c'est le silence de la disparition, qui a englouti ce couple et les quatre jeunes filles, effaçant d'un coup leur vie antérieure, élidant leur mort, ne laissant pas même cet intervalle qui figure entre deux dates pour figurer leur passage de mortels.
C'est pour retracer ce que fut la tragédie de leur destin, marcher dans leurs pas et voir où ils purent vivre avant la catastrophe finale , pour savoir comment ils tombèrent dans la nasse puis furent finalement déportés, pour écrire les étapes de cette destinée, et pour leur donner une histoire, que D. Mendelsohn enquête, puis écrit ce gros ouvrage qui est leur monument funéraire et la reconnaissance de ce qu'ils furent, et seront désormais à jamais, dans la déchirure et la perte effroyable provoquée par la barbarie nazie.
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Il voit pleurer certaines vieilles personnes de sa famille lorsqu'il entre dans une pièce. Ainsi commence ce roman, celui d'un secret de famille gardé secret à cause des circonstances tragiques, la mort de son grand oncle Shmiel, homme d'affaire prospère( à qui il ressemble)avec femme et enfants, tués par les nazis en Ukraine.
Le grand père ne parle jamais de son frère et de sa belle soeur, et des quatre filles et pour l'enfant Daniel, qui, corrélativement, voit pleurer les vieux, ces morts ne semblent pas tellement morts qu'égarés, disparus non seulement du monde, mais de la mémoire collective.
Et Daniel, puisque c'est un récit autobiographique, se tourne d'abord vers la Grèce Antique, par goût et sans doute aussi pour éviter de se sentir faire partie d'une communauté depuis toujours pourchassée. Il devient professeur d'université en littérature classique.
Or, des tas de bribes d'information nagent au dessus de sa tête, pas suffisantes pour former une organisation satisfaisante. Et puis il fait la connaissance, par hasard ou coïncidence, avec une vieille dame qui a vécu dans le village ukrainien en question.

Il découvre en lui un plaisir intense à organiser la connaissance, pas seulement l'accumulation et la mémorisation des dynasties égyptiennes ou perse, mais surtout l'ordre « imposer un ordre au chaos des faits en les assemblant dans une histoire qui a un commencement, un milieu et une fin ». Et l'histoire de sa famille , qu'il a longtemps négligé de connaître, se présente à lui comme mystère à éclaircir.

Cependant, comme Homère nous l'a montré, -ainsi que le livre de Mendelsohn, autre chef d'oeuvre, sur l'Odyssée- une histoire n'a pas à être racontée de façon linéaire, des boucles doivent intervenir pour capter l'attention, et le roman de 928 pages se lit et se relit, avec les souvenirs du grand père, figure élégante et rieuse, qui s'égrènent au fil des pages , les digressions sur les amis, les connaissances, ce que Daniel apprend ( avec nous) de la culture juive et truffé par les photos ou anciennes, ou faites par son frère Matt.
Plus que des boucles, les chemins de la mémoire sont sinueux, et nous, lecteurs, nous devons faire attention, ne pas oublier les détails, revenir sur notre lecture, rapprocher aussi les photos de la page 45 avec l'évocation de cette photo page 20, 50 et 420, par exemple, et essayer de faire marcher notre tête en lisant.
Mendelsohn s'interroge et nous fait nous interroger, sur ce passé qu'il va rechercher, après le suicide de ce grand père dont la grande tragédie a été la mort de son frère. Les morts sont encore plus morts quand on ne sait rien d'eux, et que leur mémoire reste dans un flou correspondant en quelques vagues mots. Se souvenir d'eux, c'est en quelque sorte les sauver de l'oubli donc de la mort.
Les boucles, l'auteur les fait en analysant la bible hébraïque, le Pentateuque de Moise, la création du monde, Adam et Eve, Caïn et Abel, le déluge, la terre promise, et l'arbre de la connaissance: de là sa fierté de remplacer le chaos et le vide par la plénitude et l'ordre, mais aussi une certaine douleur lorsque il apprends parfois trop tard et que ce qu'il apprend ( les drames, la trahison)ne lui font pas de bien et pourtant cette connaissance est irréversible.
C'est donc avec la honte de s'intéresser trop tard, après la mort de son grand père, à l'histoire du peuple juif et celle de sa famille, et avec la nécessité d'ordonnancer le peu qu'il sait, d'apprendre l'hébreu, et de décider de rechercher dans les sites généalogiques juifs, que Daniel continue ses recherches non seulement dans le village d'Ukraine où s'est déroulée l'extermination et en particulier celle des membres de sa famille, mais aussi à la poursuite des survivants capables de dire ne serait ce que des détails sur le drame, en Australie, en Israël, au Danemark.

« Il y a tant de choses que vous ne voyez pas vraiment, préoccupé comme vous l'êtes de vivre tout simplement ; tant de choses que vous ne remarquez pas, jusqu'au moment où, soudain, pour une raison quelconque- vous ressemblez à quelqu'un qui est mort depuis longtemps ; vous décidez tout à coup qu'il est important de faire savoir à vos enfants d'où ils viennent- vous avez besoin de l'information que les gens que vous connaissiez autrefois devaient toujours vous donner, si seulement vous l'aviez demandée. Mais au moment où vous pensez à le faire, il est trop tard. »

Tout n'est pas simple, en plus de ce sentiment d'irrévocable temporalité. Des messages lui arrivent, ne correspondant pas à ce qu'il croit savoir, le doute s'installe (combien Shmiel avait-t-il de filles, deux, trois ou quatre, ainsi que l'affirment certains?). La volonté de croire telle ou telle évocation recouvre parfois l'histoire du monde telle que l'on nous l'a racontée, l'esprit a besoin d'intégrer des données parfois fausses mais correspondant aux histoires précédentes. En particulier, l'histoire rassurante d'une famille unie ne peut elle pas être en réalité l'histoire de Caïn et Abel, celle de la jalousie de l'ainé qui est moins aimé de Dieu et tuera son frère cadet, jalousie que Daniel rapporte à son expérience de petit garçon ? La proximité de frères crée souvent un désir de fuite. Plus encore, comme dans la Bible, « il existe des forces très sombres qui rôdent et n'ont besoin que de la plus simple excuse pour remonter à la surface et exploser dans la violence.»

Autre contrariété, l'inutilité de ces voyages ne peut être occultée. Et l'auteur à la fin de son livre nous fait douter du bien fondé de sa recherche, durant des pages il doute et nous fait attendre, il n'arrive pas à refermer la boucle, un peu comme dans un repas copieux, on attend le désert qui ne vient pas, peut être n'y aura t il pas de dessert.

Mais si, il y a aura du dessert, et une réflexion unique sur la Genèse, la volonté de Dieu de détruire les hommes par le déluge, notre désir de croire sans faire attention à la réalité, le fait que l'on ne peut pas oublier qu'il y avait des polices juives, qui savaient qui était qui et où, et qui dénonçaient, c'était leur boulot. Réflexion aussi sur la trahison en ce cas mortelle, la recherche du passé « ne te retournes pas », laisse les morts, ou bien, ce que fait Daniel Mendelsohn, redonne vie aux disparus qui par la force de son livre, ont un visage, une stature, une voix même « fière, désespérée, dictatoriale, amère, pleine d'espoir, épuisée, troublée »Une vie certes courte, mais dont l'ampleur nous encourage, nous, pauvres humains, à poursuivre la nôtre.
Livre unique, qu'après plusieurs lectures me laisse encore plus ébahie de sa culture (évocation de l'amour de Didon et Enée et de l'abandon d'Enée qui brise le coeur de Didon), par ses questions, (pour sauver ma famille, serai,-je entré dans la police juive ?) par la succession de « coïncidences », qui prouvent que le chemin est juste et par sa quête elle même, admirable comme l'écriture qui la raconte.
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