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3,63

sur 71 notes
Le vol. Je crois que tout part de là.

Natalia est traductrice.
Elle dérobe un objet sur son lieu de travail.
Un objet sans valeur, dont elle n'a même pas envie, larcin impulsif qu'elle ne s'explique pas.
Prise en flagant délit, elle choisit de démissionner, alors même que l'affaire reste feutrée.

Elle s'expatrie dans un coin de campagne, loue une masure insalubre dans un bled minuscule, loin de tout, cerné de terres poussiéreuses.

A partir de là, elle se perd, incapable de bosser, de tenir tête à son goujat de propriétaire, de gérer la solitude ou de se lier.
Elle entame une relation sexuelle étrange avec un type qui ne lui plaît guère, finit par nourrir une véritable obsession, une faim charnelle brûlante qui la consume.
Elle oscille entre fièvre et glace, altérations de la réalité, vent de panique ou détachement extrême.

Il lui faudra parcourir ce chemin tortueux pour trouver sa route et la confiance.
Un texte prenant, magnétique, qui sonne juste.
Un roman plutôt étrange...
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Dès les premières pages, le ton est donné.
Natalia, jeune trentenaire, s'installe dans un village retiré. le propriétaire de la maison qu'elle loue est abusif, un peu malsain. Son regard, ses paroles, tout la met mal à l'aise.
Les premiers jours, les autres habitants du village sont à l'avenant : la fille de la supérette qui rêve de quitter cet endroit et lui parle des autres habitants, Piter "le hippie" qui n'est pas hippie, Andreas "l'Allemand" qui n'est pas allemand, le Gros qui tient un bar dans une grange...
Même le chien qu'elle a demandé au propriétaire ne semble pas lui faire confiance...

Mais petit à petit, Nat se fait sa place dans le village, lie connaissance avec ses voisins, envisage éventuellement un avenir dans cette communauté de gens qui viennent tous d'ailleurs.

En peu de pages, Sara Mesa nous offre une plongée dans l'esprit d'une trentenaire tourmentée, cherchant des réponses à des questions non formulées.
L'atmosphère tendue, lourde, oppressante, m'a séduite, de même que les personnages tour à tour intrigants et inquiétants.

J'ai Cicatrice de cette autrice dans ma PAL, m'est avis qu'il ne va pas y rester très longtemps !
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Voilà un roman prenant et mystérieux

Une jeune femme espagnole nommée Natalia, dont on découvrira peu à peu la vulnérabilité, débarque seule dans un coin perdu où elle loue, faute de moyens, une maison insalubre. Elle s'adapte peu à peu à un environnement plutôt hostile ou indifférent, prend un chien pour lui tenir compagnie (et quel chien !), trouve une certaine complicité avec un voisin un peu plus âgé et séduisant nommé Piter. Solitaire et désargentée, elle traduit sans conviction un roman étrange pour gagner sa vie.

Que fuit-elle ? Qu'est-elle venue chercher dans ce village paumé ? le lecteur n'en saura finalement rien ou presque. Cette héroïne reste plutôt floue, sans passé, sans personnalité. Elle n'est pas décrite physiquement non plus. Parfois familière quand elle nous livre son ressenti et ses interrogations, elle reste le plus souvent insaisissable du fait de sa présence inexpliquée dans ce village loin de tout et de ses autres choix souvent déroutants.

Elle se révèle cependant quand un voisin taciturne et sans charme apparent, nommé « l'allemand » par les villageois, lui propose un marché pour le moins étonnant : en échange d'un seul rapport sexuel avec lui, il s'engage en effet à réparer la toiture de Natalia qui lui vaut des inondations dévastatrices à l'intérieur de la maison Cet homme rustre en apparence fait comprendre à Natalia qu'il vit seul et sans femme depuis longtemps et qu'il aimerait juste « rentrer en elle ».

D'abord offusquée et peu attirée par cet homme quelconque, elle refuse sa proposition « indécente » et le jette hors de chez elle mais peu après, sous une impulsion qu'elle ne s'explique pas elle même, elle le rejoint chez lui. le roman prend alors une tournure étonnante car Natalia et l'allemand Andreas deviennent amants et se révèlent l'un l'autre sous un jour très inattendu et assez fascinant.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui démarre lentement mais qui envoute le lecteur de bout en bout. Paysages arides, personnages principaux mystérieux, intéressante galerie de portraits de personnages secondaires, subtilité de l'intrigue et des dialogues. le style est littéraire et imagé mais limpide et très agréable à lire (très bonne traduction).

Un beau roman sur la solitude, le besoin d'amour, l'incommunicabilité. le titre « un amour » reste énigmatique une fois le livre refermé.
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Nat est une trentenaire qui quitte tout pour s'installer à La Escapa, un village dans un trou paumé, aride et sauvage. Nous ne savons pas ce qui la pousse à s'y installer. Elle se rend vite compte que les habitants sont à l'image de ce paysage. le propriétaire est un rustre, arnaqueur, qui aime jouer de sa position de mâle dominant. Son voisin Piter est sympa mais envahissant et aux idées bien arrêtées ; il a tendance à vouloir dicter à Nat ce qu'elle doit faire. Et puis, il y a l'Allemand…

Rien n'est simple pour elle, même Chienlit, le chien que lui a refourgué le proprio, ne semble pas vouloir d'elle.

C'est dans cette ambiance pesante, glauque que des événements vont enflammer la communauté…

Sara Mesa n'aime pas mettre son lecteur dans une position confortable. Bien au contraire, elle souhaite le plonger dans une atmosphère pesante, à la limite du thriller sur la fin sans pour autant franchir ce cap.


C'est tout d'abord, selon moi, une histoire de transgressions. Partir vivre seule dans un lieu inconnu, le proprio et Piter s'imposent chez elle. le marché qu'elle conclue avec l'Allemand peut sembler être la pire car elle est d'ordre morale. L'histoire d'amour qui tombe sur Nat et qui tourne à l'obsession en est une également surtout quand on en connaît l'origine. le titre, à la limite de l'ironie précise bien qu'on ne parle pas de l'amour mais d'un amour, avec cette mise à distance éloquente. Mais, finalement, la pire des transgressions, c'est celle qui touche à la liberté, à l'intégrité des gens. le village s'immisce dans la vie de Nat, s'impose. L'individu s'efface face à la communauté qui est tout.

« Un amour » est également un roman sur l'incapacité à communiquer. le métier de traductrice de Nat permet de mettre en évidence le choix des mots. le roman tourne autour du vocabulaire, des bons mots à avoir, à comprendre. C'est justement parce que la communication ne se fait pas entre Nat et les habitants qu'elle ne parvient plus à traduire, à trouver les mots. Elle n'a plus les codes, elle ne sait plus ce que l'auteur/l'habitant souhaite dire.

Comme pour appuyer cette importance des mots, Sara Mesa utilise une langue sèche qui se calque au paysage et à l'aridité des personnages. Tout sonne juste et il n'y a pas un mot de trop pour raconter les sentiments et accentuer le sentiment d'étouffement.

Pour autant, je pense que ce genre de roman, c'est quitte ou double : soit on aime, soit on déteste. Pour ma part, j'ai aimé.
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Ma première lecture des vacances m'a emmenée du côté de la Escapa, la bien-nommée, une petite bourgade minable qui semble concentrer tout ce que la terre abrite de personnes malaisantes. Je pensais découvrir le changement de vie d'une citadine en quête de renouveau (et vu le titre, un minimum de bons sentiments), j'y ai en réalité trouvé de la manipulation et de la méfiance crasse sur fond d'atmosphère pesante. Et bon dieu, qu'est-ce que ça m'a plu ! 😍

Natalia est le stéréotype de la nana un peu cruche, qui n'ose pas envoyer bouler son propriétaire libidineux, son voisin hippie envahissant ou qui ne s'offusque pas outre mesure quand celui qu'on surnomme l'allemand lui propose un service en échange d'une partie de gaudriole.

Dans ce village paumé, aux paysages arides, où même le nom de la montagne voisine craint, les habitants ont bien du mal à intégrer Natalia dans leur communauté. Pourtant, eux aussi viennent majoritairement de l'extérieur. Les rumeurs à son sujet vont bon train et bien sûr, ce n'est pas l'affreux chien adopté par Natalia qui arrangera la situation...

Sacré meilleur roman de l'année 2020 en Espagne, il est à conseiller à celles et ceux qui aiment les atmosphères un peu glauques et pesantes à la Joyce Carol Oates et Laura Kasischke.
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La Escapa, village perdue en Espagne , où sans les téléphones portables et les voitures , le temps se serait arrêté il y a quelques siècles.
Nat vient de s'y installer , on ne sait trop pourquoi. Elle est traductrice mais semble mal dans sa peau, craintive. Autour d'elle, Piter assimilé à un "hippie", des gitans , une folle, l'Allemand , au surnom incompréhensible Et le week end , le couple de bobo qui vient se ressourcer au milieu des ploucs .
Mais le premier contact de Nat , c'est son proprio, qu'on pourrait surnommer le con , tellement il coche les cases. Il lui laisse un chien , pas forcément d'une sympathie débordante.

Très belle lecture , portée par un écriture incisive , puissante et précise. Les personnages , avec leur part de mystère, sont remarquablement introduits et leurs différents caractères rendent ce roman presque inclassable.

Nat bien sur cristallise l'attention mais ses rapports avec ses voisins permettent de mettre en exergue la vie de ces gens , simples , qui ne se posent pas trop de questions mais qui se doivent de réagir cliniquement face à certaines situations.
Les rapports humains dans une communauté fermée sont magistralement évoqués , notamment la relation entre Nat et l'Allemand.
Mais si ce livre n'était tout simplement qu'une façon de montrer que l'on a tous besoin d'amour, quelle qu'en soit la forme ?

On regrettera une nouvelle fois , la quatrième de couverture qui nous annonce un fait important se passant à 30 pages de la fin . Mais c'est quoi le concept ?

Une très belle découverte, qui a trusté les récompenses en Espagne .
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Sachant qu'un film sur ce roman était en cours, j'ai voulu le lire avant. J'avoue avoir été déçu par le livre, ou peut être par le titre. L'intrigue n'est pas mal menée au départ, et puis la magie s'évanouie brutalement. Enchantée par le titre, je m'attendais franchement à un amour avec un grand A...A...AAAAAAAAAA.... Oui, avec cette passion qui dévore l'âme, l'être et le corps... Même quand elle n'est pas partagée. Sans doute faut-il vraiment l'avoir vécu pour le décrire. le roman met en avant la rudesse du milieu campagnard, l'austérité, la solitude, la résilience aussi. le désir dans le récit est plus un besoin physique et affectif à combler pour cette jeune femme, dont on se demande ce qui l'a pousse réellement à s'exiler au fin fond d'un village de la campagne Espagnole. Il y a ce sentiment qui l'a ronge, qu'elle n'arrive pas à exprimer clairement : de l'amour? du désir? une recherche d'expérience avec un homme plus mûr? L'histoire et les ressentis ne reposent que sur le personnage de Nat. On apprend (lentement) plus sur le passé de l'Allemand que sur celui de Nat. Et le passé amoureux d'un individu, inéluctablement conditionne son futur. On reste sur ses gardes et on n'aime plus de la même manière. Etrangement je me suis plus attaché et identifié au personnage de l'homme que de la femme, alors que je suis une femme...
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Un roman âpre dans un lieu sec presque inhospitalier. L'héroïne Nat vient s'établir dans un lieu reculé. Partition de fuite. Creux au milieu d'une vie. Volonté de se retrouver, de retrouver un sens à son existence. Elle loue une maison délabrée, la peur au ventre devant un propriétaire antipathique et agressif. Elle ne s'épanouit ni dans sa vie professionnelle – elle s'essaye à la traduction – ni dans sa vie affective. Elle noue une relation d'amitié avec un homme dont elle s'étonne qu'il n'y cherche pas autre chose. Et puis vient le basculement, une demande singulière d'un homme qui lui dit qu'il n'a plus connu de femmes depuis longtemps, qui lui demande de le laisser entrer en compensation de travaux de toiture. Elle refuse et puis accepte avant de trouver le plaisir des corps et de sombrer dans une emprise dont elle est la seule architecte. Étrange propos où les silences pèsent plus que les mots, où le mystère est toujours présent et jamais levé. Mystère de cette femme qui ne se découvre que peu, mystère de cet homme, Andres, surnommé l'Allemand, dont on ne sait pas grand-chose, qui ne se dévoile ni à elle, ni au lecteur, qui semble n'être qu'un manuel et qui est universitaire et qui voit en elle une enfant gâtée, qui la laisse entrer dans sa vie et qui le rejette lorsqu'elle incarne la pesanteur. Atmosphère lourde d'un village où tout se sait et où rien ne s'exprime vraiment. Un livre étrange, fort et maîtrisé.
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Portait d'une femme blessée en fuite d'elle-même, et de son exil dans une campagne délaissée qui ne l'attend pas. Les mauvaises décisions s'enchaînent et se succèdent, majoritairement à cause de l'incapacité chronique de la protagoniste à sortir d'elle-même ou à ajuster sa perspective. On imagine ses faiblesses le résultat de souffrances antérieures très peu développées dans le roman, qui se termine avec une promesse d'espoir qui manque cependant de crédibilité et de maturité.
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Cicatrice, livre précédent de l'autrice m'avait laissé une forte impression, et je voulais voir si Un amour allait suivre le même sillon.
Le titre déjà, Un amour, mais où Sara Mesa est-elle allée chercher ce titre, car il n'y en a pas trace dans le livre, ou alors je n'ai pu l'entrevoir. Ou bien était-il en creux dans l'histoire, dans les marges, dans les espoirs de l'héroïne, ou dans son passé ?
Nat, la trentaine, dont on ne connait rien, hormis le fait qu'elle travaillait en tant que traductrice commerciale et qu'elle a commis un vol non expliqué, part s'installer à la campagne dans une maison de village en piteux état, le propriétaire, antipathique à souhait, refusant de s'occuper de son entretien.
Il lui laisse, à sa demande, un chien étrange, qu'elle va parvenir à domestiquer et qui va prendre de l'importance dans la suite du roman.
Nat fait progressivement la connaissance de son voisinage, Piter, le "hippie" du coin, avec qui elle noue une relation impersonnelle, des gitans, un couple de personnes âgées un peu dérangées, et surtout "l'Allemand", un homme taciturne qui lui propose "d'entrer en elle" en échange de travaux de réparation de sa toiture.
La voici embarquée dans une histoire improbable et indéchiffrable avec cet "Allemand" qui ne semble pas prêt à lui donner quoique soit, ni mots, ni tendresse.
Sara Mesa installe d'entrée de jeu un climat glauque et malsain. Son héroïne, dont la quête est mystérieuse, est en proie à des démons, à une culpabilité envahissante. Ses relations sont teintées de crainte, de suspicion et de paranoïa, surtout avec les hommes en qui elle voit des prédateurs, mais dont elle peut aussi parfois se trouver sous la dépendance.
Nat semble avoir perdu ses repères ; elle navigue à vue et rêve une histoire imaginaire. Qu'est-elle venue chercher dans ce coin perdu de la Rioja, où les étrangers sont mal vus et où les ragots circulent vite ? Pourquoi cette citadine s'immerge-t-elle en milieu hostile ? Doit-elle racheter une faute impardonnable ?
La dynamique du personnage d'Un amour rappelle celle de Cicatrice. Des jeunes femmes sont prêtes à s'avilir, à s'oublier et à toucher le fond, dans le cadre de relations de séduction ambigües, pour mieux rebondir et en sortir éclairées et comme lavées de leur honte. Une démarche cathartique en somme...
Un roman puissant, âpre, dérangeant sur le thème de l'incommunicabilité.
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