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3,94

sur 556 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Eh bien, si le roi n'a pas ri, moi si ! Assise sous le châtaignier avec Triboulet, j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écouter se souvenir et se raconter. Ainsi l'auteur nous offre une réjouissante galerie de portraits, parfois grotesques mais toujours fondamentalement humains.
Nous sommes parmi le petit peuple de la cité royale De Blois où Triboulet voit le jour dans un corps tellement tordu que ses chances de survie sont quasi nulles ; et à qui, de ce fait, on ne prend pas la peine d'attribuer un nom. Mais l'opiniâtreté et le sens de la justice n'étant pas les moindres de ses qualités, il va, au gré de rencontres plus ou moins heureuses, faire la connaissance du fou du roi Louis le douzième et prendre place auprès de celui-ci avec marotte et bonnet à grelots.
Bouffon, mais loin d'être sot, son verbe fleuri et son sens de la répartie le rendront indispensable au monarque et honni de presque toute la cour.
Il verra grandir et accéder au trône, François, premier du nom ; avec lui aussi il aura la lourde charge d'amuser le puissant souverain sans jamais le vexer.
Des décennies à lancer ses piques sur toutes les cibles possibles, jusqu'à la dernière… celle où le roi n'a pas ri ! Et Triboulet avec une ultime pirouette va sauver sa tête ; car ses farces, sa faconde n'ont été animées que par une seule chose : son puissant instinct de survie.
Finalement au-delà des questions philosophiques que le rire soulève, une idée parcourt le livre en filigrane : la dérision est un remède qui permet de résister à la folie du monde, et dans le sillage d'Érasme, de se moquer de ceux qui le dirige.

Roman lu en 2022 pour le Prix des Lecteurs Littérature 2022 du Livre de Poche et avis rédigé au même moment ; en juin 2024, je pourrais ajouter : toute ressemblance avec… Voilà, voilà...
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Mon regard se promenait dans les rayons de la bibliothèque et s'est arrêté sur ce roman et notamment sur le nom de son auteur : Guillaume Meurice. Depuis la polémique sur les 2 chroniques qui ont mené France Inter à le suspendre de son antenne, les avis sont divisés sur qu'il faut penser de ses interventions.
Ce livre a été publié en 2021 en dit long sur ce chroniqueur/auteur/comédien et je trouve que le parallèle avec ce qu'il se passe aujourd'hui et l'histoire de Triboulet est assez interpellant.
Le roman est bien écrit, touchant, et des réflexions philosophiques sur l'humanité y sont brillamment semées.
C'est aussi une immersion dans une époque qui fait froid dans le dos, tant pour sa brutalité que pour sa précarité.
C'est un livre que j'ai beaucoup apprécié et que je conseille aux personnes curieuses d'avoir une autre approche de cette actualité médiatique qui fait tant parler.
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Étrange place que celle de Triboulet, le fou du roi :
il est celui qui murmure à l'oreille des puissants,
celui qui, par ses farces, ridiculise les seigneurs.

Si, protégé par son statut de « fou », il gagne une liberté d'expression hors du commun,
il n'en demeure pas moins soumis au bon vouloir du roi,
et sa survie ne dépend que de sa capacité à rester dans ses bonnes grâces.


* le pouvoir du rire, liberté d'expression, conseil (voire parfois manipulation), vecteur de vérité

Certains monarques éclairés ont saisi l'intérêt d'écouter celui que l'on appelle « fou ».
Il dresse un tableau sincère de la cour et de ses ont-dit, il va même jusqu'à déguiser conseils au travers de boutades, tentant ainsi de faire ouvrir les yeux d'un roi, bien souvent aveuglé par tant de faste.
Il dénonce les flatteries et ruses des seigneurs, sans craindre d'être inquiété, à quoi bon, n'est-il pas fou ?
Il attaque les égos, il rappelle aux uns et aux autres qu'ils ne sont que des hommes, il agit en rempart contre les dérives de l'orgueil.

Souvent peu apprécié, il se révèle allié du roi, si ce dernier a la sagesse de l'écouter, ce qui n'est pas le cas de tous ...

En effet, cette liberté d'expression s'accompagne d'un pouvoir, pour qui tombe dans le piège des railleries, un pouvoir né de la manipulation des égos . Ce pouvoir est d'autant plus jouissif qu'il est détenu par celui qui n'était rien, un ex-mendiant, au physique ingrat, rejeté et martyrisé.


* Protégé par le monarque, à la merci du monarque

Si Triboulet s'enorgueillit de son influence, il est tout à la fois conscient de jouer avec le feu.
Le titre du roman est évocateur : « le roi n'avait pas ri » : jusqu'où aller, comment savoir où se situe la limite à ne pas franchir, celle qui le ferait perdre les bonnes grâces de son roi bienfaiteur ?

La précarité de son statut est totale, sa place également remise en question en cas de changement de monarque.

Par ailleurs, s'il est nourri, blanchi, et protégé par son statut, il doit répondre aux exigences de son roi, et ne peut se soustraire de le suivre à la chasse... comme à la guerre.


* le fou est-il sage ? Les sages sont-ils fous ?

Triboulet se voit ainsi contraint d'accompagner Louis XII puis François Ier dans leurs campagnes militaires
L'expérience des batailles le traumatise. Il nous fait part de ses interrogations, ces « pensants », ces « sages », ne sont-ils pas fous de plonger tant d'hommes dans une barbarie sans nom ?

Triboulet sait ce que sont les vraies folies : l'obsession des conquêtes, mais aussi la perpétuelle démesure, la vie d'apparat alors que le peuple vit dans la misère.

Il dénonce également les dérives de la religion, lorsque François Ier transforme le pays en bûchers pour protéger la foi catholique des dangers de la Réforme.

Voilà la vraie folie, révélée par Triboulet aux puissants au travers de ses farces, mais à qui François 1er répond en riant : « tu es vraiment fou, mon cousin ! »


En conclusion, j'ai apprécié cette lecture, très fluide, qui offre des sujets de réflexion intéressants sur la folie et le pouvoir ; le rire et la vérité ; la liberté et sa fragilité.
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Pourquoi les rois ont-ils eu des bouffons ? Eux qui se sont prétendus de droit divin, eux qui sont intronisés par des cérémonies qui durent des heures avec une multitude de symboles destinés à renforcer leur légitimité ? Pour garder les pieds sur terre ? Pour déchirer le voile des apparences et avoir une chance de percevoir la réalité ? Pour rabattre les prétentions des ambitieux ? Ou tout simplement pour renforcer son pouvoir, en autorisant une critique « libre » mais tellement bien délimitée et déjà tournée en ridicule par l'accoutrement de celui qui la formule.

C'est toute la question de l'humour en politique qui est abordée à travers la biographie romancée de Triboulet, un bossu méprisé par tout le monde, y compris par sa propre famille, et qui, en prenant la place de bouffon du roi, peut tout (ou presque, c'est tout le sujet de l'intrigue) se permettre avec les plus grands puissants de son temps.

J'attendais plutôt Guillaume Meurice dans une satire de notre époque, vite rhabillée par des pourpoints et des cotillons, et des personnalités facilement reconnaissables, et pas dans un pur roman historique. Mais je suis agréablement surpris du résultat : on s'implique facilement dans les aventures de Triboulet, et on oublie bien vite qui est l'auteur du livre, ce qui est bon signe quand il est plus célèbre que son sujet. S'il y a quelques tics qui m'ont un peu agacé (forcer les « point » pour « pas » pour faire un peu plus d'époque), l'histoire est passionnante, et les anciennes traditions (Fête des Fous, bouffon officiel) donnent à réfléchir sur la place et le rôle de l'humour dans notre société.
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Humour et pouvoir.

Triboulet est né affreux, diforme et fut chassé par sa famille. Grâce à un heureux hasard, il croise Louis XII et François 1er, il devient alors bouffon du roi. Il amuse les plus puissants et la cour jusqu'à la blague de trop.
Un livre savoureux, plein de malice à lire pour rire et pour l'Histoire.
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Triboulet commence sa vie dans la misère. Rejeté par sa famille à cause de ses difformités, il doit faire face aux brimades et au harcèlement de ses contemporains. Réduit à la mendicité, il finit par se faire repérer par un proche du roi Louis XII en essayant de protéger le fou du roi, Caillette. Dès lors, il est extrait de sa condition et mis sur le devant de la scène royale. Son travail consiste à faire rire le roi de France en se moquant de lui-même, du souverain et de ses courtisans. Tout le monde y passe sauf la reine et les maîtresses royales : unique condition imposée par le roi. Guillaume Meurice arrive en quelques pages non seulement à raconter l'histoire du bouffon de Louis XII puis de François Ier mais également à raconter l'histoire de France dans ce Moyen Âge agité. Il réussit aussi à s'interroger sur la fonction du rire par rapport au pouvoir (un questionnement personnel de l'auteur ?) et du rôle de la propagande. Brillant, facile d'accès, le texte est très bien écrit et l'on tourne les pages avec enthousiasme.
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L'histoire de Triboulet, bouffon de François 1er, racontée par Guillaume Meurice (oui! celui de France Inter), qui connait son Erasme et son éloge de la folie sur le bout des doigts.
Merci la bibliothèque, car j'aurais pu passer à côté d'un très bon moment de lecture.
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Définition "Fou du Roi": n.m.
Personne employée par un roi ou un noble pour le distraire ou l'amuser.

Dans cette biographie romancée, on suit la vie de Triboulet, le réel fou des rois Louis XII et François 1er, de ses débuts à la cour jusqu'à son bannissement du royaume.

Roman bien documenté bien que peu d'informations existent sur ce bouffon. Il est vrai qu'il avait un physique disgracieux et que cet homme avait la verve grasse et grivoise mais il ne manquait pas d'esprit. Esprit qui, d'ailleurs, le sauva de la mort.

J'ai passé un moment très agréable à lire les aventures, parfois fictives, parfois vraies, de ce personnage de l'histoire.
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Né disgracieux, Nicolas Ferrial est méprisé et rejeté par ses propres parents. Cet homme dont la vie aurait dû être courte, au vu du XVème siècle, décédera en 1536 après avoir été le bouffon officiel de deux rois. Comment le destin ou la chance lui aura permis de vivre parmi les grands du Royaume de France se faisant toutefois plus d'ennemis que d'amis.
Destrier de François 1er enfant, appelé « mon cousin » par l'homme devenu roi, Triboulet pour tous les autres devra jongler avec les mots pour satisfaire la cour. Mais principalement pour divertir le roi, par ses pitreries et autres bons mots, et lui rappeler que sa charge est également faite de devoirs.
Être bouffon du roi implique de pouvoir rire de tout ou presque comme il l'apprendra à ses dépens.
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Guillaume Meurice romance la biographie du fou des rois Louis XII et François Ier, Triboulet. On suit l'ascension puis la chute d'un être de petite taille et difforme qui eut la chance de croiser, au milieu de nombreuses personnes cruelles, dans toute l'échelle sociale, quelques alliés, qui allèrent au-delà des apparences. C'est par l'instruction prodiguée par le Vernoy, à la demande de Louis XII, qui fit de Triboulet autre chose qu'un homme au sens de la répartie, mais aussi un érasmien, au recul sur la fonction et sur celle des puissants.

Que ce soit Guillaume Meurice qui ait écrit ces réflexions rend le propos d'autant plus intéressant puisqu'on imagine que les craintes et prétentions de Triboulet sont aussi les siennes. Il officie à France Inter, un des derniers lieux où l'on peut brocarder le pouvoir, après la disparition de toutes les émissions satiriques et autres bouffonneries, de l'audio-visuel français, mais où ce dernier peut vous faire payer chèrement vos propos (éviction de Charline Vahoenacker de la Matinale, le renvoi de Stéphane Guillon après le portrait - prémonitoirement à peine caricatural - qu'il fit de DSK)...

A titre historique, j'ai appris beaucoup de choses sur la cour du début du XVIème siècle (celle de Jean Marot et non pas de Clément), sur le destin de reines qui m'étaient complètement inconnues et la façon dont Meurice dépeint François Ier, en soudard carrément pas à la hauteur de son destin et porté à bouts de bras par maman, m'a stupéfiée. Je compte bien ne pas en rester là et essayer de voir jusqu'à quel point ce portrait est romancé.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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