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Citations sur Petite Sale (33)

C’est sans doute comme ça que les gens riches restent riches. Ils gardent leur argent, n’offrent rien et n’ont de générosité que calculée.
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La nuit s'apprête à prendre ses quartiers, aidée par le ciel opaque qui crache ses flocons, obstiné. C'est février pourtant, on devrait sentir quelque chose, le rallongement des jours, le retour de la lumière, mais les flocons s'accrochent au pare-brise, et Gabriel se sent englué d'hiver, dans ces vallées glaciales.
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Monsieur si riche, lui, pour de vrai, parce qu'il possède la terre grasse de cadavres, devant lui on baisse les yeux parce qu'on a peur, et la peur, ce n'est pas le respect. Mais ça, elle ne le dit jamais, surtout pas. Le dire, ce serait le penser et quand on est une fille comme elle, si on vous voit penser c'est le début des ennuis. Ça reste dedans, dans le nœud, dans le creux brûlant qui voudrait quelque chose, autre chose, n'importe quoi. Si elle osait se poser la question peut-être découvrirait-elle que cette envie dévorante de revanche porte un nom et que ce nom est bien plus tranchant que ce qu'elle s'autorise à formuler, peut-être qu'au fond elle les hait, peut-être qu'au fond elle les hait tous. Et pas que les bûcherons, l'instituteur et Monsieur, non, peut-être qu'elle hait tout, tout jusqu'à la terre, tout jusqu'aux racines, à la pluie, aux sillons et aux feuilles tendres des betteraves, peut-être que seule et pauvre, debout face à ces champs gelés elle brûle d'une haine féroce. Mais il ne faut pas y penser. Parce qu'on pourrait voir le feu dans ses yeux, et que sa vie est bien plus simple tant qu'on ne voit rien briller.
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Pour ceux qui connaissent bien la région ou ceux qui ont, comme moi, des racines paysannes, reprend Aubreuil, la terre n'est jamais seulement de la terre. C'est une conquête, un combat, c'est une fierté. On vous la donne, c'est un honneur. On vous l'arrache et c'est une défaite, une dépossession. Un soulagement peut-être... mais aussi une humiliation.
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La femme de Salors renifle, et Gabriel pourrait presque sourire. Il y a tout le mépris du monde dans ce reniflement rapide; et il se demande comment les femmes font pour cracher ainsi leur dédain sans une goutte de salive.
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- Et je pense qu'il en est, (...).
- De la jaquette ?
- Bah, pas du XV de France, ça c'est certain.
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Et Monsieur, bien sûr. Monsieur est plus riche qu’elle. Tout le monde ici est plus riche qu’elle, même la boue. Parfois, elle y pense. Souvent, elle y pense. Tout le temps, elle y pense, et puis elle ravale, elle cache au fond d’elle-même, au milieu d’un dédale de secrets et d’envies, un dédale si serré et si étouffant qu’il n’y a qu’un nœud. Un nœud de dépit, un nœud de faim, la faim d’autre chose et d’ailleurs. Mais elle est ici, clouée au sol, les pieds dans la boue, la boue plus riche qu’elle.
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Parce qu’on pourrait voir le feu dans ses yeux, et que sa vie est bien plus simple tant qu’on ne voit rien briller.
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Février 1969. Saint-Dury, nord de la France, non loin du chemin des Dames. Dans ce village, un domaine, celui de Monsieur. Riche propriétaire terrien, il a su faire fructifier des terres reçues à son mariage et emploie ou fait vivre une bonne partie des habitants. Par son porte-monnaie et son influence, il régit les lieux. Ce qui peut attiser des rancœurs.
Alors, le jour où sa petite-fille Sylvie disparaît et que deux flics débarquent de Paris pour aider les locaux, les motifs du crime se font légion. Les inspecteurs ne savent pas encore qu'ils vont devoir déterrer bon nombre de secrets tout en se confrontant au silence écrasant des habitants.

Quel titre ! Il attire l’œil et interroge mais je ne vous donnerai qu'un seul indice : « Elle est ici, clouée dans la boue, la boue plus riche qu'elle. »

L'autrice excelle dans la description des lieux, aux accents zoliens. Oui, il y a du Émile dans sa manière de parler de la terre, de la boue, du froid qui gangrène les corps et les esprits. Rarement décor m'a paru si prégnant, si concret, transmettant au-delà des pages une ambiance malaisante. Arbres décharnés, sols gluants, vent furieux, venelles hurlantes, givre qui statufie.

Cette âpreté, cette dureté agit évidemment sur les personnages, leurs cœurs gelés sous la peau, le silence pendu à leurs lèvres. Les relations humaines sont fouillées, presque étudiées et le récit prend la forme d'un polar social particulièrement bien mené.

Il y a quelques longueurs mais n'est-ce pas le propre d'une enquête de l'époque ? Loin des séries télé et des résultats scientifiques immédiats, l'autrice nous propose de mener aux côtés des deux policiers une lente mais efficace percée dans ce milieu. Pour comprendre où est Sylvie, il faut d'abord comprendre où ils ont mis les pieds.

Dans la boue.

Très belle découverte que je vous conseille vivement !
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- Mon premier-né ne s'est pas montré à la hauteur. Ses livres, sa poésie, ses auteurs... j'ai laissé filer. Je l'ai laissé faire les études qu'il voulait. Mais à un moment, il faut rendre.
Il dit cela, sans paraître mesurer la violence tranquille de ce "Il faut rendre". "Il faut rendre", dit l'Empereur qui, lui, ne donne rien. Il faut rendre car tout se prête, tout se paye, rien n'est offert.
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