Chroniques lunaires, tome 1 : Cinder

Une chose comme toi sait-elle seulement ce que c'est d'aimer ? Y-a-t-il le moindre sentiment de sincérité chez toi, ou est-ce simplement... de la programmation ?

Des frissons violents la parcouraient de la tête aux pieds, aussi surprenants qu'effrayants mais pas du tout désagréables, en remontant comme une décharge électrique dans ses câblages. Cette fois, elle ne défaillit pas.

- Je le savais ! Je SAVAIS que tu l'aimais, toi aussi ! Je n'arrives pas à croire que tu l'as vraiment rencontré. Ce n'est pas juste. Je t'ai déjà dit à quel point je te déteste ?
- Oui, oui, je sais, dit Cinder en s'arrachant à l'étreinte de sa sœur. Va t'évanouir ailleurs. J'essaie de bosser.

- Ce...c'est moi, Linh Cinder.
Il posa la main sur la grosse tête de l'androïde.
- Quoi, vous êtes Linh Cinder ?
- Oui, Votre Alt...
Elle se mordit la lèvre.
- Le mécanicien ?
Elle hocha la tête.
- En quoi puis-je vous aider ?

-C'est bien là le problème quand on a tant de petits pays sur une même planète. Des conflits, et encore des conflits.

Au bas de l'holocran, on lisait :
Résultat : 36,28%
Elle était inhumaine à 36,28%.

Il n'était pas le premier à s'étonner. La plupart de ses clients avaient peine à croire qu'une adolescente puisse être aussi douée. Elle ne leur disait jamais d'où lui venait son talent. Moins il y avait de gens à savoir qu'elle était un cyborg, mieux c'était.

Certes, Cinder appréciait de voir Peony prendre sa défense, mais sa sœur aurait pu s'épargner cette peine. Adri ne l'inscrirait jamais comme volontaire pour les tests parce que cela signifierait le fin de sa seule source de revenus, or Cinder était certaine que sa belle-mère n'avait jamais travaillé de sa vie.
Cependant, si son numéro sortait au tirage, personne n'y pourrait rien. Et ces derniers temps, il semblait que les enrôlés provenait de plus en plus de Néo-Beijing et des banlieue environnantes.
Chaque fois que le sort désignait un cyborg adolescent, Cinder avait l'impression d'entendre dans sa tête le tic-tac d'un compte à rebour.

Le prince avait fait enduire de poix tout l'escalier. Alors, quand le jeune fille voulut se sauver, sa pantoufle gauche resta engluée.

Elle aurait dû l'oublier sur-le-champ. Et ne plus jamais repenser à lui, sinon comme à un client - et à son prince.
Pourtant, le souvenir de ses doigts sur sa peau refusait de s'estomper.