Ce tome contient les épisodes 7 à 12 de cette série en 24 épisodes.
Les habitants de Pennystown se retrouvent dans une situation qui se dégrade rapidement. Ils ont finalement constaté que le secteur autour de leur ville est délimité par une barrière invisible et infranchissable. Alors qu'ils découvraient cet obstacle sur un pont par lequel ils pensaient quitter la région, cet ouvrage a cédé entraînant la noyade de la moitié de la population.
La trentaine de survivants a trouvé refuge dans la ferme la plus proche (celle des McCallister) qui n'est alimentée que par un unique générateur. Wes (le shérif) continue de chercher des solutions pour améliorer la situation. Il prend la tête d'un groupe d'hommes pour trouver une brèche dans la barrière. Ethan essaye de se réconcilier avec Taylor, mais il est forcé d'avouer ce qu'il a fait avec la première Girl qui est apparue. le vieil homme irascible et son fils attardé se débarrassent de leurs menottes et enterrent leur morte. Les Girls ont trouvé le moyen de se reproduire et leur nombre augmente. Guidées par des motifs qui ne sont pas apparents, les Girls attaquent la ferme des McCallister. La survie des uns et des autres est compromise.
Les Luna Brothers prennent leur temps pour raconter leur histoire et ils ne donnent quasiment aucune information sur les Girls. le récit progresse à une allure rapide sans être frénétique. Avec ce tome, il est plus facile de déterminer le type de récit : une petite communauté d'individus confrontés à une horreur sans nom qui s'attaque aux femmes. Il s'agit d'un récit d'horreur à tendance survivaliste, mais avec des gens sans aucun talent physique particulier.
Joshua et
Jonathan Luna prennent le temps de développer les individus de la communauté, ce qui permet au lecteur de s'attacher aux personnages. Il y a toujours le pauvre Ethan qui s'est mis les autres à dos et dont le comportement avec la Girl aggrave encore l'état de sa réputation. Il y a le couple de lesbiennes, la femme qui domine son mari, 3 enfants pris en charge par un homme d'une cinquantaine d'années, une femme enceinte protégée par son mari, un adolescent qui a vu ses 2 parents mourir noyés, un homme qui garde l'espoir grâce à sa foi, etc. Ces individus permettent de mieux mesurer les conséquences de cette situation extraordinaire qui obligent la moitié de ce hameau à se réfugier sous le même toit. Les frères Luna réussissent très bien à montrer qu'il faut du temps à ces personnes pour appréhender la réalité de la situation et qu'il ne leur est pas possible de changer de comportement (consommation d'énergie ou de nourriture) rapidement.
Les frères Luna manient également l'horreur avec efficacité. À nouveau leur parti pris graphique joue à la fois en leur défaveur et en leur faveur. Ils ont choisi un style simpliste dans lequel les traits ne servent qu'à détourer les silhouettes et tous les autres éléments sont fournis par le biais des couleurs. Je reste toujours réservé sur la pertinence de ce style qui fait qu'il n'est pas toujours facile de distinguer les personnages et que les illustrations apparaissent plutôt fades. Avec un tel style, il est évident qu'il n'est pas possible de tomber dans le gore puisque tout est lisse et d'apparence simple. Comme dans le tome précédent, ce style dessert l'histoire pour tous les éléments technologiques.
La manière dont les frères Luna représentent le pont défie les règles de base des travaux publics et les voitures restent toujours représentées comme des jouets pour enfant. Mais d'un autre coté, quand ils glissent un élément horrifique dans une case (soit au premier plan, soit en arrière plan), le contraste est tel avec le reste que l'impact reste entier malgré le graphisme. Quand l'une des Girls mord une femme jusqu'à l'os, l'illustration n'a rien de plaisant. Quand une Girl se repaît des entrailles d'une autre femme (en arrière plan), le manque de détails oblige le lecteur à compléter par lui-même et c'est éprouvant.
Au final, c'est bien cette ambiance du quotidien qui leur permet de faire passer les provocations les plus grosses. La critique sous-jacente du mode de vie de cette bourgade transparaît dans les actes les plus anodins tels que le comportement égoïste des habitants dans la maison des McCallister (en particulier l'utilisation des toilettes), l'utilisation d'outils dangereux par un enfant (une hache et une voiture), etc.
C'est également ce style graphique un peu terne qui permet aux frères Luna de mettre des femmes nues en couverture dans une position suggestive sans être lascive (couverture de l'épisode 11), ou de donner à l'horreur la forme d'une horde de jeunes femmes nues. D'un coté ce style de narration n'a rien d'accrocheur ou de marquant, de l'autre c'est le moyen qui leur permet d'inclure des provocations qui auraient été jugées trop transgressives pour un comics, même publié par Image.