J'habite en lisière de forêt. J'adore m'y promener, regarder les saisons défiler sur les arbres de la colline d'en face, observer les oiseaux en cette fin du mois de mars, quand il n'y a pas encore de feuillage pour les dissimuler à ma vue. La forêt je l'aime, je la connais.
Alors quand
Andrée Michaud nous embarque à la suite de 3 ados, meilleurs copains depuis toujours, pour une virée en forêt, je ne me méfie pas. Je l'ai déjà fait, un feu de camp, des copains, l'été qui s'étire, échapper au contrôle des parents, et se marrer. C'est innocent tout ça, c'est doux et ça fait de beaux souvenirs.
Sauf que dans un roman qui s'intitule «
Proies », on sait que ça va déraper. Dès les premières heures de leur virée, on comprend que l'orage menace, et que les bêtes ne sont pas les seules à arpenter les bois qui dominent le village de Rivière-Brûlée. Des impressions d'abord, la nuque qui picote, des objets qui semblent avoir été déplacés au campement et puis, les enfants innocents deviennent les
proies, et la course-poursuite s'engage.
Andrée Michaud fait monter la tension avec patience et une efficacité diabolique, puisant dans nos peurs primaires, nos pires appréhensions. La première partie m'a coupée le souffle, j'étais tellement stressée pour ces jeunes, perdue comme eux, terrifiées par cette ombre qui finit par fondre sur leur existence.
L'autrice alterne ensuite entre la vie du village, des parents qui s'inquiètent, des voisins qui soupçonnent, de la police qui cherche à comprendre, et le mal qui s'enracine dans les bois.
Dans un jeu de dissimulation/révélation très habile,
Andrée Michaud élabore un thriller haletant, qui ne ressemble à aucun autre. J'ai été complètement conquise par sa vision de la nature, sauvage et inquiétante, mais jamais autant que les hommes qui s'y aventurent parfois. Ah! et puis j'ai décidé que mes filles ne partiraient JAMAIS faire un camp en forêt (et que décidément j'adore le québécois) !