Les romans historiques se font rares dans ma rentrée littéraire, aussi j'étais très enthousiaste en débutant
Les Graciées de la jeune autrice britannique
Kiran Millwood Hargrave, qui nous embarque sur une petite île de Norvège à la limite du cercle polaire, en 1617. Plus exactement à Vardø dans le comté du Finnmark, où une tempête inattendue vient de tuer tous les hommes d'un village, ces pêcheurs partis dans le sillage d'une immense baleine pour lui disputer des bancs de poissons. Pour les femmes, c'est une déchirure, et si la mer met plusieurs jours à leur rendre les corps de ces pères, de ces maris, de ces fils, la dure réalité du quotidien les pousse plus vite encore à la survie. Sous le regard pas très encourageant du nouveau pasteur, certaines femmes partent même à la pêche, cette pratique d'hommes, car il faut bien manger pour vivre.
Le royaume de Norvège est en pleine conquête religieuse dans ces années là, et le nouveau roi cherche à asseoir son autorité en mettant fin de manière souvent expéditive à tous les rituels ou pratiques non chrétiennes. Quelques années plus tard, un nouveau seigneur est nommé à Vardø et pour le précéder, un délégué est envoyé s'installer dans ce village de femmes dont on dit qu'il abrite quelques samis, des lapons aux pratiques chamaniques. Ce délégué, Absalom Cornet a été choisi pour sa sordide contribution à l'exécution d'une sorcière en Écosse, et se trouvera pendant sa route vers l'île une jeune épouse norvégienne, Ursula, que sa famille appelle Ursa.
Ces deux là vont déchanter en arrivant sur l'île, où ils seront logés dans une ancienne remise sommairement aménagée. Très pieux, Absalom consacrera la plupart de son temps à l'église et à ses activités de délégué, laissant sa jeune épouse Ursa se débrouiller comme elle peut pour tenir la maison. Elle pourra compter sur l'aide de Maren Magnusdatter, une jeune femme dont le père, le frère et le prétendant ont été emportés par la tempête. Entre ces deux femmes au tempérament discret va se nouer une tendre et indicible histoire d'amour, à une époque où les amours lesbiens n'étaient pas encore nommés, et alors que tout le village se livre à une effroyable chasse aux sorcières dont personne ne sortira indemne.
Si j'ai lu ce roman sans passion et trouvé qu'il était parfois même un peu long, où tout du moins un peu lent, j'ai vraiment été emballé par l'histoire en général, celle de ces femmes obligées de survivre, et j'ai été très touché par la brutalité des dénonciations, des tortures et des assassinats dans le cadre de ces purges religieuses. Un roman difficile dont la seconde partie m'a beaucoup plu, les sentiments entre Ursa et Maren commençant à prendre forme en parallèle des révélations sur les pratiques barbares de son mari, comme si dans ce grand nord où les cycles s'étirent et s'opposent pendant six mois, la lumière essayait d'éclairer l'obscurantisme.
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