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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
🎖🎙D-Day : Les soldats du débarquement🎖🎙


Les livres d'histoire abordant la Seconde Guerre mondiale ou les manuels scolaires ne peuvent faire l'impasse sur cette journée où le débarquement eut lieu sur les plages de Normandie. Malheureusement, tout cela reste vague, académique. Giles Milton nous offre une plongée dans cette unique journée au travers d'un livre incroyablement vivant. L'Histoire prend ici une consistante plus vivante, plus humaine avec les témoignages, les récits de soldats, de civils l'ayant vécu. le lecteur sort complètement de sa sphère passive pour se retrouver plonger dans l'horreur et l'innommable.


Giles Milton revient sur les grands événements de ce jour mémorable comme le débarquement sur les plages de Normandie, les bombardements sur Caen en nous offrant des témoignages poignants de protagonistes de l'époque. Les soldats alliés relatent leur arrivée sur les plages, les tirs nourris, les amis fauchés en pleine course... Les soldats allemands dans leur bunker voyant cet incessant arrivage de soldats, et sentant que le vent tourne. L'auteur met en avant des héros moins connus qu'Einsenhower, Lord Lovat en donnant la parole à de simples soldats sans grades, de simples héros qui le jour J ont été là.


Cet ouvrage met également en exergue la fragilité de ce débarquement qui à tout instant aurait pu mal se passer. Entre le mauvais temps, les nombreuses barges coulées, le matériel inutilisable, les radios défectueuses, l'inexpérience des soldats au combat pour beaucoup, les mauvaises décisions, Giles Milton nous dresse un récit palpitant et émouvant de cette journée unique.


Giles Milton nous dresse un constat sinistre de cette journée qui émotionnellement est très intense. le lecteur perd rapidement la notion de soldats alliés vs ennemis pour les remplacer par des noms, des histoires vécues. le tout est adouci par des anecdotes comme Billie Millin jouant de la cornemuse lors du débarquement, une vache tellement effrayée par les bruits des obus et de la mitraille que son lait tourne et est bu par un soldat ; l'anniversaire de la femme de Rommel dont le mari lui offrit des chaussures parisiennes trop petites.


Le livre est constitué de 28 chapitres, regroupés en 8 parties, permettant de suivre heure par heure, point par point l'évolution de cette journée. La carte au début du livre et les photos accompagnant chaque chapitre permettent de visualiser les grands moments et de suivre l'avancée du récit.


Au final, un livre intense en émotion et qui ne laissera pas indifférent son lecteur. le jour J relaté de manière vivante et humaine, rendant hommage aux hommes l'ayant vécus et ayant été fauchés trop tôt.


Un énorme merci aux Éditions NOIR sur BLANC pour cet envoi et un autre énorme merci à Babelio pour m'avoir sélectionné pour pouvoir le découvrir en avant-première.👌
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Quel livre extraordinaire ! Je conseille vraiment à chacune et à chacun de le lire pour ne pas oublier le sacrifice de tous ces hommes qui sont venus libérer notre pays et le reste du monde de l'oppression et de la barbarie nazie.
Giles Milton a su raconter le fameux D-Day de façon vivante et surtout extraordinairement documentée. Surtout, il n'oublie pas ce qui se passait côté Allemand, le rôle de la Résistance et le sort des civils sous les bombes des Alliés…
La machine de guerre nazie ne s'est pas effondrée ce jour-là, bien au contraire. Elle a démontré pendant des mois encore toutes ses capacités à semer mort et désolation et cela, l'auteur le mentionne en fin d'ouvrage.
Ouvrage historique basé sur une quantité énorme de documents et de témoignages, tous cités à la fin du livre, D-Day : Les soldats du Débarquement propose d'abord une carte et deux gros plans sur les cinq plages choisies par le haut commandement des forces alliées aux ordres de Churchill et Roosevelt mais dirigées par Dwight Eisenhower, secondé par neuf cents personnes.
Overlord, comme on l'a nommée, s'est déroulé sur une centaine de kilomètres entre Sainte-Mère-Église et Lion-sur-Mer, impliquant cent cinquante-six mille soldats débarquant sur Utah Beach et Omaha Beach (USA), Gold Beach (Grande-Bretagne), Juno Beach (Canada) et Sword Beach (GB). Ces noms codés désignaient des plages bien tranquilles, des villages charmants que la folie hitlérienne avait bunkérisés, tentant d'ériger un Mur de l'Atlantique infranchissable.
Avec une écriture précise, prenante, l'auteur sait prendre son lecteur et lui faire partager l'ambiance d'un centre radio qui tente d'intercepter tous les messages venant d'Angleterre puis il nous plonge dans le centre météo de Fort Southwick où sept cents personnes travaillent avant de nous faire survoler la Manche à bord des planeurs devant larguer les parachutistes. le fait de nommer les gens, de les décrire un peu, de donner parfois leurs goûts, leurs passions – tout cela sans rien inventer – rend le récit captivant de bout en bout.
Une liste impressionnante de personnages entraîne au coeur de la bataille mais aussi sur les traces de Guillaume Mercader, ce champion cycliste qui s'entraîne entre Courseulles-sur-Mer et Grandcamp, avec l'autorisation de la Gestapo, et récolte tous les renseignements sur les postes de défense allemands, renseignements transmis ensuite en Angleterre par la Résistance.
Les heures précédant le jour J sont angoissantes, des deux côtés de la Manche puis c'est la nuit du 5 au 6 juin, cette météo exécrable, atout et handicap terrible. Les premiers parachutistes sont là puis, à l'aube, les premiers hommes tentent de débarquer. C'est précis, plage par plage. Chaque partie des vingt-huit chapitres est introduite par une photo d'archives commentée. La journée sera longue, les blessures, les morts seront abominables. L'auteur n'oublie pas les bombardements de Caen où huit cents personnes ont été tuées en vingt-quatre heures par les bombes alliées
Certains Allemands se rendent mais beaucoup trop résistent, fanatisés, la plupart sont très jeunes, d'autres, Polonais, Tchèques, ne parlent même pas allemand… À chaque page, je me demande pourquoi ces hommes ont été capables d'aller au bout de tant d'atrocités pour obéir à des officiers qui vivent dans des châteaux, à un Führer qui s'isole à Berchtesgaden mais je n'oublie pas que, pendant ce temps, dans les camps de la mort, on continue d'exterminer enfants, femmes et hommes…
Il faut lire ce récit du D-Day, journée si importante pour nos démocraties, même si beaucoup d'autres livres ont déjà été publiés, si de grands films ont tenté de nous faire prendre conscience de l'ampleur de la bataille.
Dans D-Day : les soldats du Débarquement, Giles Milton accomplit une tâche admirable qui m'a passionné. Je remercie Babelio et les Éditions Noir sur Blanc de m'avoir permis cette lecture essentielle.

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6 juin 1944, c'est un peu comme 1515, une date que tout le monde connait et dont on pense que tout a été dit. Films, livres, documentaires, difficile d'imaginer que tout n'a pas déjà été conté et raconté sur ce jour historique du Débarquement en Normandie. Giles Milton aurait donc pu se contenter de glaner des infos ici où là en quantité assez conséquente pour en faire un livre signé de son nom et terminé, du bon boulot de copiste qui rapporte, comme on en voit (trop) souvent fleurir sur les étals des librairies lors de dates anniversaires d'évènements divers, disparitions d'artistes et autre manne appétissante.
Eh bien pour Milton, pas question de verser dans cette facilité et pour les 75 ans du Débarquement, c'est à un travail de fourmi titanesque qu'il s'est livré (les 34 pages de notes et de sources en fin de volume en attestent) de l'Angleterre aux États-Unis, en passant par la France et l'Allemagne, il a compulsé des archives, étudié des mémoires, des journaux, des biographies, organisé des rencontres et amassé ainsi tout ce qu'il a pu trouver de matière se rapportant au Jour J pour nous offrir un récit riche et vivant peut-être pas totalement inédit, n'attendons pas l'impossible, mais tellement bien documenté et raconté qu'on se retrouve à le dévorer comme un roman.

500 pages pour couvrir une période de 24 heures, peu de détails peuvent être oubliés en route et en effet, rien n'est laissé de côté. Bien expliqué et bien écrit, chaque force armée y est représentée à part égale et c'est sans aucun mal qu'on touche du doigt l'horreur vécue sur les cotes normandes il y a 75 ans car ne comptons pas sur l'auteur pour amoindrir ce qui fut malgré la victoire alliée une véritable boucherie dans les deux camps, rien ne nous est épargné des détails de cervelles et de tripes ayant quitté leur habitat naturel, de corps mutilés, pulvérises et éparpillés sur les dizaines de kilomètres de l'estran normand.

Témoignages inédits de civils, de résistants, d'allemands. Actes héroïques. Joueur de cornemuse (clin d'oeil à Bill Millin, la classe). Têtes brûlées... D-Day : les soldats du débarquement est avant tout un livre factuel et justement, c'est bien là son seul bémol, une analyse même superficielle aurait été la bienvenue car on referme ce livre riche du comment mais sans avoir jamais vraiment effleuré le pourquoi. Pourquoi les alliés ont heureusement réussi et pourquoi la Wehrmacht sensément si supérieure à toutes les autres armées n'a pas su repousser ce débarquement. Que certains gradés allemands n'aient pas pris au sérieux l'invasion et se soit recouché ou que Rommel n'ait pas obtenu les deux Panzerdivisionen supplémentaires qu'il suppliait Hitler de rapatrier sur les côtes normandes restent des motifs un poil trop légers pour expliquer cet échec.
Pas question pour autant de jeter la pierre à ce passionnant D-Day dont la mission de mémoire et de documentation atteint son but à travers une lecture enrichissante, intelligente et historiquement incontournable et qui au passage rappelle – et ce n'est jamais inutile – que comme dans tout conflit, les soldats tombés lors de l'opération Overlord étaient souvent des jeunes hommes, peu ou pas gradés, encore tout pétris de romantisme et d'idéaux. Les généraux quant à eux et comme à leur habitude, assurant courageusement les arrières en attendant de se glorifier de victoires pour lesquelles ils n'auront pas risqué une rognure d'ongle.
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« J'ai connu beaucoup de bons moments pendant l'écriture de ce livre ; les promenades sur les plages désertes de Normandie aux premières lueurs de l'aube comptent parmi les plus magnifiques de mes souvenirs. Mais même par les journées les plus belles, je n'ai jamais pu oublier l'héroïsme et les tragédies qui se sont jouées là autrefois. En ces lieux, des vies ont été perdues et la liberté conquise de haute lutte. Mon dernier remerciement total et sans réserve, va à tous ceux qui ont combattu pour nous. »
Il me semble que ces derniers mots de Giles Milton, à la toute fin de la rubrique « remerciements » illustrent parfaitement ce qu'est son livre : le récit détaillé et terriblement humain des vingt-quatre heures du Jour J et l'hommage bouleversant qu'il rend à tous ses participants.
On croyait tout savoir et on découvre qu'on ne savait pas grand-chose au final. On avait en tête les images des péniches de débarquement, la flotte immense, les parachutistes de Sainte Mère l'Eglise et la plage tellement sanglante d'Omaha mais on avait oublié les planeurs, les chars amphibies et Bill Millin, le joueur de cornemuse de la plage d'Ouistreham, qui survécut parce que les Allemands n'osèrent pas lui tirer dessus, le prenant pour un « dummkopf » (simple d'esprit). On avait oublié aussi un incendie accidentel qui joua son rôle (tragique, épouvantable) à Sainte Mère l'Eglise ainsi que les terribles bombardements sur Caen qui firent tant de victimes civiles.
Du coureur cycliste espion aux chaussures de Frau Rommel, en passant par la peur saisissant les assaillants comme les défenseurs allemands (souvent des Russes ou des Polonais peu enclins à mourir pour Hitler), menacés par les Kettenhunde (chiens enchaînés) chargés de liquider les soldats abandonnant leurs postes, Giles Milton redonne la parole aux acteurs de cette tragédie absolue. Les trois cartes du début éclairent parfaitement le champ de bataille ainsi que les principaux faits d'armes relatés, tout comme les nombreuses photos du jour J. C'est un très bel ouvrage dans lequel l'émotion est permanente et qu'on ne peut que recommander à tous, anciens ou jeunes. Difficile de résister à la larme qui vient, à un moment ou à un autre, troubler le regard, comme un ultime salut à ces jeunes gens qui méritaient tellement mieux.
Merci à Babelio et aux éditions NOIR sur BLANC.
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J'ai très peu lu sur la Seconde Guerre Mondiale, mes connaissances se bornant essentiellement à la Shoah (des témoignages comme le Journal d'Anne Frank ou La Trêve de Primo Levi, mais aussi des fictions comme Elle s'appelait Sarah de Tatiana de Rosnay, Maus d'Art Spiegelman ou Auschwitz de Pascal Croci). En ce qui concerne le D-Day, j'ai été bien en peine d'analyser le site d'Omaha Beach en Normandie où je me suis rendue cet été et j'ai dû uniquement faire appel à mes vieux souvenirs cinématographiques comme Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg sorti en 1998 ou la série télévisée Band of brothers du même réalisateur diffusé en 2001. L'ouvrage de Giles Milton est donc une première sur ce sujet pour moi et je dois dire que je n'ai pas été déçue, au contraire car cette lecture s'est avérée être un coup de coeur.

Le 6 juin 1944 : les troupes des alliés anglaise, française, canadienne et américaine débarquent sur cinq plages de Normandie (Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword), entre Caen et Bayeux. le but ? Prendre les Allemands par surprise : en effet, ces derniers savent qu'un Débarquement est imminent mais pensent à une opération plus au nord, vers Calais. Quant à la météo pluvieuse et orageuse, elle semble contraindre les troupes à rester au sol, les Allemands ne se doutent donc pas que les Alliés vont profiter d'une journée ensoleillée (le 6 juin) pour débarquer.

Le D-Day, le Débarquement débute très tôt par le parachutage de soldats dans les petits villages alentours. Leur but est de détruire routes, voies de chemins de fer et ponts pour empêcher l'arrivée des renforts allemands tout en prenant le contrôle d'un nombre limité d'infrastructures afin de permettre l'avancée des troupes des Alliés sur le territoire français. Puis, 156000 soldats Alliés débarquent à l'aube sur les cinq plages de Normandie mais l'avancée se révèle difficile en raison de leur confrontation avec le Mur de l'Atlantique imaginé par le Maréchal allemand Rommel. En effet, la fortification des ports, la présence de blockhaus et de bunkers sur les plages, les bombes dans la Mer, les dispositifs anti-débarquement sur les plages et anti-planeurs dans la campagne, les stations de radar et d'écoute rendent leur avancée mortifère.

En milieu de journée, les troupes alliés ont bien avancé dans la campagne et ont déjà libéré des villages côtiers mais c'est loin d'être le cas des grandes villes à proximité. Après avoir prévenu préalablement la population (qui malheureusement n'a pas évacué), les troupes Alliés bombardent et détruisent entièrement Caen. du côté allemand, les réactions tardives des officiers supérieures et les mauvaises décisions se révèlent désastreuses pour leur camp : le refus d'envoyer les forces aériennes de la Luftwaffe en Normandie et les troupes stationnées vers Paris vont considérablement avantager les Alliés. La suite, vous la connaissez…

Sur la quatrième couverture, il est mentionné que l'auteur Giles Milton est historien : je ne suis pas vraiment d'accord avec cette affirmation car la méthode employée dans l'ouvrage n'est pas du tout celle d'un historien mais plutôt celle d'un journaliste. La méthode du premier permet un certain recul par rapport aux sources et aux témoignages grâce à une analyse et à une réflexion synthétique des évènements ; quant à la seconde, elle informe le lecteur tout en les faisant vivre avec émotion les évènements en direct. L'une ou l'autre méthode n'est pas meilleure que l'autre, c'est juste que le but recherché n'est pas le même.

Et je dois dire que le travail journalistique de Giles Milton a été une très grande réussite : il a beaucoup voyagé aux Etats-Unis, en France et en Angleterre pour aller se documenter auprès des Musées, des Mémoriaux, des Bibliothèques, des Témoins directs ou la lecture de leurs ouvrages publiés après Guerre. D-Day : les soldats du débarquement est d'une précision chirurgicale comprenant maintes détails et rendant le lecteur témoin des évènements : c'est simple, j'avais l'impression d'y être. J'ai également beaucoup apprécié le fait que Giles Milton ne se soit pas simplement borné au récit des soldats Alliés. Au contraire, le fait qu'il ajoute des témoignages de soldats allemands (ou presque! Car certains étaient en réalité d'origine polonaise, tchèque ou autrichienne) permet de comprendre que beaucoup ont été contraints de combattre et ne l'ont pas tous fait pour des raisons idéologiques. L'ouvrage comprend aussi quelques témoignages de femmes, les Grandes Oubliées de l'Histoire et montre qu'elles ont aussi joué leur rôle dans l'Armée, notamment dans les stations de radar et d'écoute, dans les deux camps.

En conclusion, D-Day : les soldats du Débarquement de Giles Milton est un ouvrage remarquable et passionnant. Ses détails et sa précision permettent au lecteur de rendre l'Histoire presque palpable comme s'ils avaient assisté eux-mêmes aux Évènements, aux côtés des contemporains. Si vous êtes passionnés par cette période, vous ne pouvez pas passer à côté de ce livre. Je remercie Babélio ainsi que les éditions Noir sur Blanc pour me l’avoir envoyé.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Livre tellement intéressant que Jules a dû m'écouter régulièrement lui raconter ce que je venais de lire !

Giles Milton, historien anglais, s'appuie sur de nombreux témoignages. La cinquantaine de pages qui citent les références atteste de la richesse de celles-ci. Ces témoignages sont manuscrits ou dactylographiés, sous forme d'enregistrements audio ou de de transcriptions d'interviews, ainsi que de mémoires non publiés, de journaux intimes et de lettres.
Quelques extraits sont cités entre guillemets, mais ils sont insérés dans le récit de manière tout à fait naturelle et subtile, sans en alourdir le style.

Le débarquement est donc raconté ici dans l'ordre chronologique, selon le point de vue allié, mais aussi selon le point de vue allemand, un peu.
Le livre présente d'abord des cartes de la côte normande avec les lieux qui nous intéresseront en ce fameux jour, tout à fait bienvenues pour s'y retrouver un peu géographiquement.

Nous commençons le récit un peu avant le jour le plus long, par l'opération Tarbrush, le 17 mai 1944, qui visait à photographier de nouvelles mines sur les plages normandes. L'opération capote, Lane et Wooldridge qui appartiennent aux commandos parachutistes sont arrêtés et emmenés à La Roche-Guyon. Ce village de bord de Seine abrite un château, qui a la particularité d'avoir un donjon troglodyte. Il appartenait au duc De La Rochefoucauld et a servi de quartier général au maréchal Rommel en 1944. Je recommande d'ailleurs la visite de ce lieu et des alentours, le château est en effet un peu surnaturel et il y a de très belles promenades dans le coin, qui offrent un point de vue sur la vallée de la Seine magnifique. Bien plus agréable en temps de paix, pas la peine d'en avoir connu d'autres pour le deviner…
Nous nous attardons encore un peu dans cette première partie sur les transmissions radio à Fort Southwick le 3 juin et sur Guillaume Mercader, un cycliste résistant qui a participé aux sabotages qui étaient nécessaires pour accompagner le débarquement.
Nous sommes donc à deux jours du vrai jour, car il y a eu un départ de bateaux à ce moment-là. Faux départ. Il a fallu faire demi-tour, à cause du temps, gros temps, pour éviter un naufrage. Mais c'était reculer pour mieux sauter, et pas seulement en parachute.
Nous voici donc, dans la nuit du 5 au 6 juin, embarqués pour un naufrage. Un naufrage, dis-je, alors que vous pensiez que c'était une réussite ? J'y reviendrai…

Peu avant minuit, donc, c'est en planeurs que les premiers embarquent. Nous faisons connaissance avec Denis Edwards, John Howard et Wally Parr. Traîné par l'avion remorqueur, le planeur fait d'abord un grand bond en avant au moment où le câble de remorquage se tend. Puis il se soulève, retombe, se soulève à nouveau pour rester en l'air cette fois. Edwards se dit déjà « T'es foutu, mon vieux […]. Plus la peine de t'inquiéter. » Au bout d'une heure de vol, ils sont pris dans une tempête de tirs de la DCA, puis le planeur se détache du remorqueur. Edwards était assourdi par « le hurlement strident du vent qui sifflait à travers les fentes et les espaces de la toile légère tendue sur la structure en bois. » L'atterrissage est très violent, ils touchent terre à peine conscients. Les pilotes des autres planeurs sont éjectés lors de l'atterrissage. le commando se bat pour le pont De Bénouville et les premières victimes des combats tombent. Lorsque les chars s'approchent, Wally Parr s'aperçoit que leur lance- grenades antichar a été tordu lors de l'atterrissage de leur planeur. Heureusement, ce n'est pas le cas de celui d'un autre planeur qui fonctionne et permet de repousser l'ennemi.

Je ne détaillerai pas toute la suite, bien sûr, mais chaque chapitre, précédé d'une photographie, nous raconte un « épisode », s'attache à une unité, tout en gardant un ordre chronologique global et en s'inscrivant dans des parties plus larges qui regroupent à peu près une partie de la journée (« minuit », « la nuit », « l'aube », « un pied dans la place »…)
Après les planeurs, nous suivons les premiers parachutistes, le célèbre dont la toile s'est accrochée sur le clocher de l'église de Sainte-mère l'église, mais aussi celui qui, aspiré par un feu, s'embrase et brûle, et tous ceux qui ont atterri dans des champs inondés et qui sont morts noyés, incapables de se dégager de l'aspiration du champ détrempé à cause de leur matériel extrêmement lourd.
Les premiers qui débarquent des péniches ? Pas mieux. Les chars amphibies qui devaient arriver à peu près en même temps qu'eux sont beaucoup plus lents à se déplacer dans l'eau que prévu et ils ne sont pas prêts quand il faudrait prêter main forte aux soldats sur les plages. La première vague d'hommes à débarquer est appelée la vague suicide et c'est un surnom tout à fait prédictif. Sur des centaines d'hommes, quelques-uns seulement survivent. Les autres s'écroulent dans l'eau ou sur les plages dans un carnage ahurissant : des cris, du sang et des horreurs.
Certains passages sont gores, mais c'est une réalité sur laquelle on ne veut plus faire l'impasse, à raison à mon avis.

Bien entendu, les choses s'améliorent un peu après, vous n'êtes pas sans ignorer que nous avons vaincu l'ennemi. Les gradés ont débarqués après la vague de massacres et si tout est rentré dans l'ordre, c'est quand même beaucoup une question de hasards et de mauvais choix faits par les allemands, parce que leur aviation avait été mobilisée pour une autre raison, parce que les deux divisions que Rommel souhaitait avoir en renfort était conservées ailleurs, pour contrer un éventuel autre débarquement sur les plages du nord. Les allemands ont pris trop de temps à se rendre compte que c'était bien là la grande invasion et à se rendre compte de l'ampleur de cette invasion. Et tant mieux finalement.
Parce que du côté allié, tout n'a pas marché comme prévu, loin s'en faut, et après la lecture, on se dit que la victoire a tenu au gigantisme du débarquement, comme quoi l'union fait la force comme on le dit.
Et puis ça a tenu à quelques hommes aussi, des héros on les appelle, mais en réalité des dingues, que je ne qualifierais pas du tout de doux, des couillus complètement barges, prêts à tout et qui n'avaient peur de rien. Il y avait aussi des hommes plus ordinaires, beaucoup, mais il fallait quand même des têtes brûlées pour certaines missions, comme la prise de la pointe du hoc, épisode que je vous laisserai découvrir… Je ne vous ai pas non plus parlé de Bill Millin le joueur de Cornemuse et lord Lovat, the mad bastard… Ni de l'entraînement à balles réelles…
Quelques passages aussi se portent sur Eisenhower, qui, s'il n'avait pas pu prévoir tous les détails de l'opération Overlord, l'avait tout de même assez bien pensée.

Nous retrouvons quelques-uns des personnages tout au long du livre, tant mieux, ils ne sont pas morts, mais on n'ignorait pas que les témoignages ont été laissés plus volontiers par les survivants que par les morts !
C'est un gros livre qui a beaucoup de choses à dire. Passionnant ! En cette année du 75ème anniversaire du débarquement, une bonne occasion d'en apprendre un peu plus sur cet épisode.
Je remercie vivement Babelio d'organiser Masse critique et les éditions Noir sur blanc d'y participer.

Quelques réflexions supplémentaires sur le sujet sur mon blog…
Lien : https://chargedame.wordpress..
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Machiavel disait " Une guerre est juste quand elle est nécessaire."...alors, il fallait bien sortir de cette guerre qui avait déjà fait tant de morts, écraser ce régime nazi, dont le monde ne connaissait pas encore tous les crimes et enfin arriva ce 6 juin 1944, journée au cours de laquelle tout pouvait basculer, journée qui permettait d'ouvrir un front nécessaire à l'Ouest, afin d'enserrer l'Allemagne de deux côtés.
Rares doivent être ceux qui vivent encore, parmi ces 156 000 soldats qui ont vécu cette journée, après avoir débarqué dans l'eau froide à l'issue d'une traversée au cours de laquelle ils avaient vomi tripes et boyaux sur cette mer démontée. Près de 7 000 bateaux, depuis des croiseurs jusqu'aux péniches de débarquement, avaient du se regrouper et affronter côte à côte cette traversée à l'insu des observateurs allemands qui ne les attendaient pas. Pour eux, le temps n'était pas un temps à faire débarquer des troupes. Longtemps ils crurent que c'était une opération de diversion.
Un seul ordre qui fait froid dans le dos, avait été donné aux capitaines de ces embarcations : "Ne vous arrêtez pas pour repêcher et sauver ceux qui tomberaient à l'eau! Foncez !" . Nombreux furent ces anonymes qui ne virent pas les côtes françaises, parce que leur char amphibie coula et se retourna sur le fond, parce que leur navire fut touché par une bombe, ou envoyé par le fond par l'une de six millions de mines posées au large des côtes.
La cour martiale était promise à tous ceux qui refuseraient de sauter
Giles Milton détaille toutes les phases d'observation préparatoires à cette journée, et toute la journée du 6 juin, plage par plage, en 8 parties qui articulent le livre, depuis la préparation en passant par les différentes parties de cette journée, de minuit à minuit.
Il s'appuie sur de très nombreux témoignages, issus d'autres ouvrages historiques mais surtout sur des écrits ou des entretiens laissés par ces soldats qui
arrivèrent à atteindre la grève et à survivre à cette guerre.
Milton ne nous épargne rien, ni ces morts, pulvérisés par des mines, ou hachés par les obus ou les balles, ni ces blessés agonisant, ni ces monceaux de cadavres ballottés par les vagues, ni cette eau rougie par le sang...
Les GI, les soldats anglais ou canadiens ne sont pas les seuls à être présentés dans cet ouvrage. Miton donne aussi la parole à ces soldats allemands qui depuis leur casemates les canardait, à ces normands qui les accueillirent, qui virent leur ville bombardée, leurs maisons détruites. Les généraux et hauts gradés sont relativement peu présents, sauf dans les phases de préparation.
Des petits riens auraient pu changer le succès de cette opération et le destin du monde : les stratèges allemands ne croyait pas qu'il s'agissait du vrai débarquement, le temps étant trop mauvais. . D'autre part, pour eux, ce débarquement ne pouvait se faire que dans le Pas-de-Calais... enfin le maréchal Rommel qui commandait cette armée occupant la Normandie était parti en Allemagne afin offrir une paire de chaussures à son épouse pour son anniversaire...
Le hasard fait bien les choses, même si, au soir de cette journée les objectifs n'avaient pas été atteints, la réaction allemande fut longue à se mettre en oeuvre
J'ai été impressionné par cette organisation, par cette logistique, par l'importance du matériel et des moyens mis en oeuvre, par le courage et l'abnégation de ces hommes.
La guerre n'était pas achevée pour autant, il fallu encore 335 jours de combats et combien de morts de part et d'autre, sur ce front et celui de l'Est, qu'il ne faut pas oublier non plus, avant la capitulation allemande.
Napoléon Bonaparte aurait dit : "Les soldats généralement gagnent des batailles ; les généraux en obtiennent le crédit.."
Ce livre est écrit pour justement attribuer le crédit de cette bataille du débarquement à ces soldats.
Merci à eux et merci à Babelio et à Masse critique pour cette lecture.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Il n'y a pas de grand mystère, ce livre parle du débarquement du 6 juin 1944 dont nous fêterons le 75ème anniversaire cette année.
Je suis née et j'ai grandi en Normandie, pas du côté des plages du D-Day, mais bien sûr, mon enfance a été marquée par cet événement.
Dès que vous allez vers ces fameuses plages, tout vous rappelle ce jour, les musées, des bornes sur les routes posées lors du 50ème anniversaire... mais mes connaissances réelles n'étaient que vagues.
Car, je l'avoue, j'ai évité de me plonger réellement dans le sujet pendant longtemps. Mes parents n'étaient que des enfants, mais ils ont vécu l'occupation puis la libération. Et peut-être par pudeur, je ne voulais pas réveiller de douloureux souvenirs... ni réaliser moi-même ce qu'a représenté ce jour, aussi glorieux que sanglant.
Cet ouvrage exceptionnel, très beau canevas de témoignages de tous bords : simples civils, résistants, combattants alliés ou ennemis.. est un tour de force.
Tout d'abord, des cartes détaillent avec précision les plages américaines, britanniques et canadiennes. Puis après un avant-propos et un prologue qui mettent en place la préparation de cette incroyable opération militaire, Giles Milton nous fait plonger en immersion au coeur de l'action.
Que nous assistions à la destruction d'un pont par des résistants français, au massacre des soldats d'Omaha Beach ou aux réactions des allemands, les témoignages se succèdent et permettent de mesurer l'ampleur de cette journée décisive.
Parfois, devant les faits relatés, j'étais surprise, émue et même amusée. Car même au milieu de l'horreur, des situations cocasses se produisent comme cette aristocrate anglaise habitant en Normandie qui s'indigne de voir des soldats piétiner ses fleurs !
Mais bien sûr, avant tout, on ne peut que saluer l'héroïsme de ces hommes prêts à donner leur vie pour réussir leur mission.
J'ai également apprécié de pouvoir lire des témoignages de soldats allemands qui sont rapportés avec objectivité et respect.
Les états d'âmes des combattants sont très bien retranscrits, et si certains étaient sans pitié, le plus souvent, ils n'avaient pas le choix : c'était tout simplement tuer ou être tué.
Ce livre se lit comme un roman, on en oublierait parfois que vous cela est vrai, et pourtant...

Pourquoi lire D-Day : les soldats du débarquement ?

Si comme moi, il vous est difficile de regarder un film de guerre, cet ouvrage est fait pour vous. Evidemment, certaines descriptions sont difficiles à supporter, mais en nous faisant partager les sentiments et réactions de tous les protagonistes du débarquement, Giles Milton nous rappelle qu'une page de l'Histoire a été écrite ce 6 juin 1944.
Presque 75 ans plus tard, nous ne devons pas oublier, et grâce à cet auteur talentueux qui a su rassembler ces témoignages vivants avec brio, le devoir de mémoire est accompli.
Croyez-moi, je ne lis que très peu d'ouvrages historiques, mais ce livre m'a fasciné et je l'ai refermé avec tristesse, car il est riche d'enseignement.
Lien : http://racontemoilalecture.o..
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Encore un livre sur le débarquement ? Encore un auteur qui se penche sur le D-Day ? Encore une fois, on va assister pendant 24 pages aux mouvements de troupes de la division x qui prend en tenaille l'armée z ? Que nenni !
La lecture de l'ouvrage de Giles Milton est indispensable pour ceux que l'histoire intéresse ou qui voudraient s'y plonger. Et on y plonge avec délectation. Sur base d'un travail d'archives manifestement énorme, Giles Milton réalise l'exploit ( le mot n'est pas trop fort) de transformer cet événement historique en lecture utile et passionnante. Pas de temps morts. Pas de morbidité gratuite et pourtant, quelle boucherie ! Plus de 6.000 navires, environ 10.000 avions et plus de 150.000 hommes le jour J pour un nombre de morts ou blessés affolant. Une seule envie après la lecture : revoir " le jour le plus long". Chapeau Giles Milton !
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Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions Noir sur Blanc pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une masse critique spéciale. C'est la 3ème fois que je reçois un livre de Giles Milton dans ces conditions et c'est toujours un plaisir de lire son ouvrage.

Il faut se le dire, les trois livres que j'ai lu de Giles Milton sont des ouvrages de non-fiction historiques. Etant passionnée d'histoire, rien d'étonnant à ce qu'ils m'intéressent. Mais ses livres ne sont pas pour autant des documentaires qui pourraient s'avérer barbant quelques fois. Absolument pas !

Dans celui-ci, Giles Milton s'attarde sur le Débarquement de Normandie en juin 1944. Il nous raconte l'histoire, étape par étape, n'hésitant pas à commencer son récit quelques jours avant, nous apportant une foule de détails qui nous apprennent tout un tas de choses sur cette opération de grande envergure qu'était l'opération Overlord. Nous assistons au démarrage raté, reporté, aux parachutages, aux bombardements, au débarquement en lui-même, au combat sur la plage. Nous allons jusqu'à la fin de cette journée du 6 juin.

Le plus intéressant dans tout cela, c'est que nous sommes constamment en train de suivre quelqu'un : un soldat allié ou allemand, un général, un civil. Chaque détail de cette opération, chaque action, nous est racontée du point de vue de quelqu'un qui l'a vécu. L'auteur va même jusqu'à nous rapporter les paroles exactes du soldat ou du civil en question. Il faut dire que son ouvrage est extrêmement bien documenté, pour preuve les multiples références qui sont citées en fin d'ouvrage.

En un mot, Giles Milton nous offre une histoire vivante, qui tranche nettement avec la plupart des documentaires qu'on peut lire sur le sujet et qui traite l'Histoire d'un point de vue objectif et se contente de décrire les faits. Avec Giles Milton, nous vivons les faits et c'est ce qui les rend plus captivants. Au point même qu'on en arrive à avoir du suspens ! Je veux dire, on a beau connaître l'Histoire, savoir comment tout ça se termine, personnellement, quand j'étais au milieu du passage sur le parachutage des alliés à Sainte-Mère-Eglise, je n'avais pas envie de poser le livre. J'étais dedans, je voulais savoir ce qui allait arriver ensuite !

J'ai adoré, vraiment, retrouver cette précision que j'avais déjà découverte dans les autres ouvrages de Giles Milton que j'ai lus, cette façon d'écrire l'Histoire de façon à la rendre plus captivante encore, cette façon de nous donner presque l'impression qu'on est en train de lire un roman alors que non, pas du tout !

Donc merci encore aux éditions Noir sur Blanc pour cette belle découverte !
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