Citations sur La Vallée (163)
Cela lui rappela un policier de la BAC qui l'avait un jour accompagné en intervention et qu'il avait vu enfiler un gilet pare-balles plein de trous : « C'est pas pour me protéger, lui avait-il expliqué. C'est pour ma femme et mes gosses : si je prends une balle et que je ne l'ai pas sur moi, ils toucheront pas la pension. »
P 283
Peut-être qu'on vous a appris à ne pas dénnoncer, qu'on vous a dit que ça rappelle de sinistres époques... ce genre de conneries, cracha Irène. Qu'advient-il de ce beau principe quand se taire c'est se rendre complice d'un crime bien plus grand? Quand la loi du silence permet à la barbarie de prospérer ? Quand nos grands principes se heurtent à une sauvagerie qui n'a qu'un but: les dévoyer à son profit? Si vous avez la moindre idée de l'identité de l'assassin, si vous pensez savoir qui pourrait être derrière tout ça, je vous conseille de nous le dire maintenant, conclut la gendarme. C'est le moment de racheter votre lâcheté.
21H30. La nuit tombait, l'obscurité gagnait les versants. Elle coulait, liquide, entre les sapins et les maisons. L'ombre des montagnes avait noyé le fond de la vallée depuis longtemps. Comme chaque soir, l'humanité modèle réduit qui la peuplait reprenait son combat contre les ténèbres et mille lumières s'allumaient en bas, pareilles à des guirlandes de Noël. C'était le défi quotidien lancé aux sommets fabuleux, aux sombres forêts, aux cieux étoilés - à toute cette nature qui était là bien avant elle.
On scrute des galaxies lointaines, on dépense des centaines de milliards de dollars dans l'industrie du cinéma, dans le sport, et on n'est pas foutus de guérir une putain de maladie ? Quel est le con qui a dit que la nature était bien faite.
-Parce que, au fond le vrai défi, c’est de s’aimer soi-même (…), c’est de ne pas avoir peur ou honte de ce qu’on est, Mathis, mais d’en faire au contraire une force. (p. 503)
Le visage du grand abbé s'assombrit :
- Nous avons perdu le sens du péché, assena-t-il, la notion de Bien et de Mal. On ne voit plus, on ne reconnaît plus le péché : ce qui est péché et ce qui ne l'est pas. On a trop voulu nous "déculpabiliser", nous "déresponsabiliser", nous trouves des excuses médicales, sociales... (Servaz pensa aux propos de Martial Hosier au sujet de son fils Timothée.) En voulant alléger les consciences, faciliter le pardon, en refusant de nommer le Mal, on a abandonné nos âmes à son emprise.
21 HEURES. Un soir de juin qui sombrait lentement dans la nuit. Toulouse n'était pas New York, mais la ville rose ne dormait pas beaucoup en été. Albert Camus a écrit qu'une manière commode de "faire la connaissance d'une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt". A Toulouse, on travaillait, on aimait et on mourait bruyamment.
Sais-tu […] que du point de vue statistique les enfants de deux ans sont les individus les plus violents qui existent ?
Ils frappent, ils mordent, ils hurlent, ils volent l'enfant d'à côté dans le but de satisfaire leurs désirs et leurs instincts. Et aussi dans celui de tester les limites de ce qui leur est permis. En grandissant, les enfants continuent de tester les limites, certains plus que d'autres…
Ne trouvez pas étrange, mon père, que ni Jésus, ni Socrate, ni Bouddha n'aient rien écrit ? Tout ce que nous savons de leurs paroles nous est rapporté par d'autres... Qu'est-ce qui nous prouve que Socrate a bien dit ce que Platon prétend ? Que Jésus a bien prononcé les mots que les évangélistes lui prêtent ? Si tant est qu'il ait existé...
Il est des circonstances où le silence est la réponse.