L'histoire :
Un jeune homme noir et nu, avec la tête emprisonnée dans une tête de cerf, se fait renverser en pleine
nuit sur une route de campagne. Il était en train de fuir ses agresseurs, pourchassé. L'enquête est confiée à Martin Servaz de la PJ et son équipe de choc. Ils apprennent rapidement que la victime était un délinquant connu défavorablement de la police, et que sa mort est liée directement à ses méfaits, notamment suite à un viol collectif pour lequel il a été emprisonné mais très vite libéré. Les policiers vont alors réaliser qu'ils ont affaire à des individus décidés à rendre justice par eux-mêmes et que ce jeune n'est sans doute pas leur seule proie…
Mon avis :
Voilà un roman récent qui n'a jamais si bien collé à la réalité. Abordant des sujets brûlants tels que l'insécurité, le laxisme de la justice française, la mauvaise image et le quotidien difficile des policiers, l'intégrisme mais aussi le racisme et l'auto-censure des médias, on peut dire que
Bernard Minier met les pieds dans le plat et n'hésite pas à flinguer tous les travers de notre société actuelle. Même le covid y passe ! Acte que je trouve personnellement courageux en ces temps où il faut faire attention au moindre de nos propos au risque de se faire lyncher. Il se fait porte-parole de la police et là aussi, à une époque où ce métier compte plus de détracteurs que de sympathisants, il faut en avoir ! Son livre mélange réalité et fiction, parsemant son récit de faits réels qui font froid dans le dos, visant encore une fois les dérives de notre civilisation prête à exploser.
Parlons à présent du roman en lui-même, de son intrigue. On a droit à une nouvelle enquête de Servaz, flic toulousain bien connu des lecteurs de Minier. Il va nous mener jusque dans les coins perdus d'Ariège pour cette énième affaire truffée de rebondissements et d'embûches, dans un climat tendu et sous la pression de sa hiérarchie et des médias.
La chasse à l'homme est un thème que j'ai déjà retrouvé dans d'autres thrillers, mais ce que j'ai apprécié ici c'est le côté justicier des meurtriers et la part sombre des victimes, ambivalence qui brouille la frontière entre le Bien et le Mal. Tout n'est pas tout blanc ou tout noir (si je peux me permettre) ce qui chamboule toutes les certitudes du lecteur et mène à la réflexion. Mention spéciale pour la couverture que j'ai trouvé belle avec ses tons bleu qu'on retrouve sur chacune de ses couvertures.
Jusqu'ici donc c'est un sans-faute mais… Il y a malheureusement un gros mais : le dénouement ! J'ai été vraiment déçue car l'auteur monte une intrigue, nous tient en haleine sur des centaines de page, on se prend au jeu et à l'approche du final, patatras ! Il bâcle tout, fout tout en l'air, les enquêteurs résolvent l'affaire en un tour de main, un vrai jeu d'enfant ! C'est la douche froide. J'en ai déjà lu des fins bâclées mais à ce point là, rarement ! Quel gâchis tout ce travail pour en arriver là...
J'aime le style de cet écrivain, ses intrigues, la façon qu'il a d'amener le lecteur à découvrir l'avancée de l'enquête mais pour "
La chasse", carton rouge pour le dénouement ! J'ai quand même envie de vous inviter à le lire, malgré cette déception, ne serait-ce que pour entendre le message qu'il nous délivre sur notre société autodestructrice.
Lien :
https://www.facebook.com/L%C..