J'ai donc retrouvé la plume de
Bernard Minier, un auteur qui nous captive grâce à des enquêtes autour de meurtres souvent assez horribles. Comme souvent, dans
Soeurs, on retrouve un personnage que j'ai appris à apprécier, Martin Servaz. Avant d'évoquer l'intrigue, je dois avouer que je me suis laissé emporter plus que dans les autres livres que j'ai lus de lui. Pour plusieurs raisons, parce que sa plume s'affine avec le temps, parce que, pour une fois, il n'y a pas de Julian Hirtmann qui rôde et cela fait du bien, même si son nom reste évoqué pour nous rappeler sa présence morbide... Comme si on pouvait l'oublier. Ses descriptions sont toujours aussi précises et efficaces, les dialogues sont bons, la construction de l'intrigue m'apparaît mieux structurée que celle des autres livres. Je trouve que l'auteur s'améliore avec le temps.
Concernant l'intrigue, elle se divise en deux parties. Une première enquête en 1993, la première de Martin Servaz. Deux
soeurs, deux étudiantes, sont retrouvées attachées à des troncs, vêtues de robes de communiantes sur l'île du Ramier à Toulouse, la mise en scène rappelant le roman d'un écrivain de la région, Erik Lang, et qui s'intitule La communiante. le dénouement de cette enquête ne semble pas convaincre Martin. Pourtant, il n'est qu'un jeune homme qui ressemble plus à un étudiant qu'à un policier, alors il ne peut rien dire face à l'autorité de ses supérieurs.
2018. La femme d'Erik Lang est retrouvée assassinée dans la propriété de l'écrivain. Martin Servaz et l'auteur de romans policiers noirs se retrouvent donc. Et cette fois-ci, notre policier compte résoudre l'énigme. Pour ce faire, il va devoir faire le lien entre les deux affaires et les résoudre en même temps.
Voilà pour le pitch, et j'ai franchement bien accroché à la façon dont Bernard nous a fait suivre le déroulement de la première enquête avant de nous ramener en 2018 pour avoir le fin mot de toute cette histoire. Comme je l'ai dit, les dialogues sont bons, très bons, il y a des situations de garde à vue qui sont très bien décrites, pensées et mises en scène. Jusque-là, j'avais toujours trouvé un ou deux trucs à redire sur ses livres, bien que je les aimais beaucoup. Mais là... Oh, comme je suis chiant, je pourrais bien trouver un petit truc à redire... Mais ça serait vraiment bien pour le plaisir d'embêter l'auteur.
Au final, j'ai dévoré le livre en trois-quatre jours (500 pages tout de même), on a jamais trop envie de s'arrêter, on veut toujours en savoir plus, de nouveaux éléments nous sont apportés tout doucement au fil du récit et l'auteur nous fait vraiment sentir dans la peau de l'enquêteur alors que pourtant il raconte l'histoire d'un point de vue externe. C'est très immersif et en abordant la première enquête de Martin Servaz, il ajoute de la profondeur à ce personnage que l'on croyait pourtant commencer à bien connaître.
En effet, on découvre de nouveaux pans de sa personnalité, sa relation avec son père est également approfondie ainsi que celle avec la mère de Margot. Ce qui est également appréciable, c'est que l'auteur utilise son intrigue pour distiller des points de vue de manière relativement subtil sur le monde qui nous entoure (culture, situation climatique, vision de l'amour, exécution de la justice, etc...) Même si je me demande pourquoi il s'entête à critiquer le football dans ses livres (ce que je trouve vraiment superficiel), j'apprécie beaucoup le fait de constater qu'il ne nous sert pas juste une histoire, il l'enrichit avec des réflexions, des détails, des pensées personnelles et cherche à réveiller l'esprit critique du lecteur.