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4,21

sur 219 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Grâce à son métier de journaliste et à sa double culture franco-iranienne, Delphine Minoui a pu vivre et travailler une douzaine d'années en Iran, douze années au cours desquelles elle a été témoin de l'évolution de la situation politique et religieuse, 20 ans après la révolution islamique de Khomeini.
Ce passionnant témoignage permet de découvrir de l'intérieur une société tiraillée entre les autorités prônant un islamisme très strict et une jeunesse éprise de liberté, de modernité et d'occidentalisation.
Après une période de relative démocratisation, l'Iran s'est à nouveau refermé sur lui-même sous l'impulsion de Mahmoud Ahmadinejad et est redevenu jusqu'en 2013 un pays « invisible » car quasiment fermé à la presse étrangère.
C'est sous la forme d'une lettre à son grand-père iranien et adoré que Delphine Minoui raconte ses années iraniennes : si la forme m'a semblé quelquefois un peu artificielle, j'ai beaucoup aimé le fond : un livre instructif qui se lit très facilement et livre un récit passionnant.
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Suite au décès de son grand-père iranien dont elle connaît à peine la langue, la jeune journaliste, dans une quête des origines, se rend à Téhéran auprès de sa grand-mère. En 1997, Khatami, le mollah réformiste, vient de remporter les élections ; la population, notamment la jeunesse, a un regain d'espoir et d'enthousiasme, la censure se relâche : les conditions sont les meilleures pour l'acclimatement de Minoui.
Elle y restera pendant dix ans et, au fil d'une "iranisation" progressive et parfois douloureuse, elle posera ses jalons dans la presse française avec ses papiers sur le Moyen-Orient vu de l'intérieur même de la société iranienne.
Cette dernière, dans sa complexité et son hétérogénéité, loin de l'étau de soumission à la tyrannie dans lequel nous avons l'habitude de l'imaginer, semble posséder une grande habileté à adapter le "rythme de sa respiration" à l'espace du politique, à élaborer des stratégies individuelles et collectives de réforme qui, sans probablement passer par une nouvelle révolution, pourraient tendre vers ses aspirations d'émancipation. Cette possibilité provient de la contradiction intrinsèque à la "République islamique", à la fois dotée d'un système parlementaire (avec des élections législatives et présidentielles, des élus issus des minorités religieuses, etc.) et "chapeautée par un pouvoir d'inspiration divine : le fameux velayat-e faghi, attribuant au Guide suprême la charge de la gestion des affaires des croyants [...] En fonction de la lecture qui en était faite [de la Constitution], le pouvoir du guide était, pour certains, absolu. Pour d'autres, électif." (p. 92-93)
Lorsque la contradiction est insoluble, comme dans les élections du 12 juin 2009, c'est naturellement le pouvoir établi qui l'emporte sur le suffrage, Ahmadinejad sur Moussavi. le rue est réprimée. Et Minoui, à l'instar de son époux également journaliste et titulaire d'une double nationalité, tout comme les autres membres de la presse occidentale, sont contraints de quitter précipitamment le pays, dans l'angoisse d'une arrestation imminente voire pire.
Cependant, ce n'était pas la première fois que l'auteure était sommée de partir, ni qu'elle subissait des intimidations et des menaces de la part des services secrets. Elle aussi avait appris, comme les autres Iraniens, à gérer son espace de liberté au gré des accréditations et retraits du titre professionnel, par des séjours à l'étranger notamment, du moment qu'elle avait refusé de collaborer avec lesdits services. Certains de ses amis et confrères avaient été incarcérés, persécutés, il y avait eu des disparitions, des morts prématurées et violentes ; même son studio parisien avait été cambriolé...

Ce livre se présente comme une lettre adressée à la mémoire de son grand-père, souvent convoqué personnellement. Ce genre de reportage possède l'avantage d'introduire en outre un certain nombre d'autres personnages dont on peut suivre le vécu, en parallèle avec les anecdotes quotidiennes concernant l'auteur. de ce fait, l'évolution humaine, outre que politique, acquiert une épaisseur et une capacité explicative beaucoup plus grande. En contrepartie, les recours stylistiques et la redondance d'ornements, qui n'auraient pas leur place dans la bonne prose journalistique, s'y développent à l'excès : cet ouvrage n'en est pas exempt.
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je suis tombée amoureuse d'un iranien dans une autre vie..
merci à Delphine MINOUI
ce livre nous entraine avec elle en iran et nous fait voyager avec elle à travers ce pays.
Il est bien construit. Elle décide d'écrire une lettre à son grand-père, qui est décédé et qui l'a poussé à partir en Iran. Elle nous fera découvrir ce pays qui est déchiré entre religion et désir de démocratie.
un très bon moment de découvertes je vous le conseille.
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Une citation de ce livre peut en résumer le contenu :
"...je réalisais plus que jamais que ce n'était pas seulement toi, énigmatique grand-père, que j'étais venue chercher en Iran, mais aussi un peu de moi-même.".
Il s'agit de ma seconde lecture d'un ouvrage de Delphine Minoui. J'ai apprécié "Les passeurs de livres de Daraya", tout comme celui-ci.
Le périple journalistique de son introspection iranienne nous permet de découvrir un pays pour lequel nous sommes nombreux à avoir des aprioris. J'en ressort avec l'image d'un peuple iranien fier et cultivé débordant d'une soif de liberté et de démocratie. Même si la situation actuelle de ce pays est toujours précaire et compliquée, le message d'espoir de ce récit des années 2000 reste tout de même d'actualité.
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Sous forme de lettre posthume, adressėe à son grand-père Delphine Minoui raconte ses années passées en Iran. L'Iran, ce pays où sont nés ses grands-parents paternels. Pour renouer avec ses racines, suite au décès de son grand-père, elle part à Téhéran. La jeune femme pose ses valises chez sa grand-mère, une vieille femme qu'elle va apprendre à découvrir. En travaillant pour des médias internationaux, Delphine Minoui se plonge dans la société iranienne. Elle fréquente ainsi des femmes et des hommes qui défient l'autorité du pouvoir au nom de la liberté, des miliciens bassidjis, qui veulent assurer la sécurité de leur pays, des mollahs...
Delphine Minoui décrit ce qu'elle voit, ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent. Elle évolue au sein d'une société qui est entre le désir de changement, de liberté, de repli sur soi...
C'est un témoignage très touchant et très intéressant car le lecteur découvre autrement l'Iran, les Iraniennes et Iraniens, une société en plein bouleversement.
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L'Iran comme héritage d'un grand-père adoré, trop vite parti, un brin fantasmé. L'Iran comme sujet presque exclusif de reportages pour la journaliste Delphine Minoui, basée à Téhéran entre 1997 et 2009.
Au travers de ses nombreuses lettres fictives à son aïeul, elle raconte et décrypte l'actualité chaude de ce poids lourd du Moyen-Orient, mal connu et redouté. Elle dit bien sûr les bouleversements politiques, l'émergence des nouveaux hommes forts au pourvoir et la répression toujours renouvelée.
Hébergée chez sa grand-mère, elle dessine également les portraits touchants et émouvants de celles et ceux qui résistent au quotidien à l'oppression par la culture, la fête, les ballades en amoureux sur le tombeau d'Hafez ou dans les collines qui surplombent Téhéran. Ceux qui tentent de vivre tout simplement malgré tout. Au cours de ses périples, Delphine Minoui aura affaire aux redoutables bassidjis, ces miliciens qui peuvent en claquement de doigts décider de la vie ou de la mort.
Au-delà des faits rapportés et des personnes rencontrées, l'auteur exprime en creux son amour inconsidéré, presque toxique, pour le pays de ses ancêtres et son métier de reporter. Derrière la rigueur de la journaliste pointe alors l'émotion de femme.
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Ce récit est un reportage éclairant sur l'Iran (essentiellement depuis Téhéran) vécu de l'intérieur par l'auteure Delphine Minoui, elle-même franco-iranienne.
Atteinte d' « iranite » à cause de son amour pour son grand-père libéral au grand coeur, l'auteure nous fait vivre les heures d'espoir et de tourments de ce grand pays de culture.
Il est bon ainsi de se remémorer la suite des évènements ayant concouru à la situation actuelle de la République islamique d'Iran. Ceci depuis la révolution de 1979.
Répression, contrôle de la pensée, islamisation de la pensée sont des processus lents, insidieux et violents qui n'ont de cesse de se renforcer.
La peur est permanente, et même ceux qui ont la possibilité de fuir le régime restent ou reviennent tant l'attraction du pays est irrésistible.
Combien d'espoirs d'ouverture et de démocratie ont été déçus.
L'emprise du religieux et de son guide suprême avec ses bras armés les gardiens de la Révolution est constamment croissante. Elle se renforce après chaque infime respiration démocratique qui accompagne les élections.
Tant que le religieux primera sur le politique, tant qu'il n'y aura pas séparation du religieux et de l'Etat, les révolutions récurrentes de velours seront à mon avis toutes vouées à l'échec.
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Delphine nous entraîne à la recherche de son passée, à la rencontre de son grand-père mais surtout à la découverte de son origine. de mère française et de père iranien, elle décide, à la mort de son grand-père d'aller à la rencontre de l'Iran, le pays de cet aïeul aimé de loin.
Delphine quitte la France pour l'Iran qu'elle ne quittera qu'une douzaine d'années plus tard. Elle va découvrir un pays complexe où radicalisation religieuse côtoie l'envie de liberté et de démocratie.
Entre le témoignage journalistique et le journal intime, Delphine nous fait entrer dans sa vie à la rencontre de nombreux personnages plus ou moins touchant. Ce récit est aussi celui de son pays de coeur, l'Iran, un pays complexe où lutte la liberté (démocratie, place des femmes, occidentalisation) est un combat de longue haleine.
J'ai toujours été fascinée par ce pays et je dois dire que Delphine aura réussi à me faire apprécier son Iran.
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Découvrir l'Iran au travers de cette jeune femme qui découvre le pays, sa famille, et qui en toute objectivité nous décrit la situation politique et sociale
J'avais des connaissances via les infos et reportages mais j'ai découvert via Delphine Minoui ce qu'il en etait.
A lire
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Sous forme d'une longue lettre écrite à son grand-père Iranien, l'auteure revient sur les liens qui l'unissent à l'Iran, sur les années qu'elle y a passé en tant que journaliste indépendante de 1997 à 2009, sur l'évolution du pays.

C'est à la fois un roman et un reportage. On y suit l'auteure dans les soirées secrètes de Téhéran où la jeunesse dorée contourne les interdits, mais aussi dans les bureaux de la police secrète qui la harcèle. Elle va faire des belles rencontres, des jeunes femmes qui cherchent à s'émanciper, un milicien qui l'invite à partager son quotidien et qui regrette de ne pas être martyr. C'est un pays en devenir jusqu'aux élections de 2009 tant attendu par ceux qui luttent pour la démocratie et les droits de l'homme.

Un pays qui navigue entre intégrisme religieux et volonté de démocratie. Un pays plein de paradoxe que Delphine Minoui nous permet de mieux appréhender notamment dans les liens entre la religion et la politique.

Une écriture assez journalistique, un livre parfois plus proche du reportage que du roman et en même temps plein d'émotion, un livre qui m'a permis de mieux comprendre ce pays.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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