AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,94

sur 32 notes
5
2 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Octarve Mirbeau a souffert...
L' auteur de l' Abbé jules ne nous épargne pas le récit glacial puis brûlant d'une existence commencée dans une enfance morne et malheureuse.
puis, vient cette guerre franco - prussienne et son lot d'atrocités, de boue et de mort. Puis, une liaison plus vénéneuse qu' amoureuse emmène Jean Mintié aux abords de la folie, et au confins de la déchéance et de l'ignominie.
Au reste, cette aventure avec Juliette apparaît comme infiniment plus dangereuse et périlleuse que la guerre. Même un séjour en Bretagne et loin de Paris ne saura sevrer Mintié du poison-Juliette.
Minié va tout perdre. Et ce sera peut-être cette totale perdition, une ultime trahison qui pourra sauver le naufragé et mettre fin à son calvaire.
Le calvaire, est une volée de coups de poing et de pied contre la souillure ordinaire et quasi-institutionnalisée, menée par une avidité sans frein.
Âmes sensibles, s'abstenir.
Commenter  J’apprécie          475
"Le calvaire" est le premier roman d'Octave Mirbeau, le premier des trois dont on peut dire qu'ils s'inspirent librement de l'existence même du grand écrivain.
Jean-François-Marie Mintié est né à Saint-Michel les Hêtres dans l'Orne, à l'orée de la forêt de Tourouvre.
Sa famille habitait le Prieuré, une dépendance de l'ancienne abbaye détruite pendant la révolution de 1789.
Son père était le notaire du lieu, et sa mère de constitution fragile, maladive et dépressive, ne s'occupait que peu de ce pauvre petit diable d'enfant ...
Octave Mirbeau raconte ici l'histoire pathétique de Jean-François Marie Mintié.
Il ne peint pas le personnage à la demi-palette.
Sa plume, splendide déjà, va et s'emporte, bousculant ses personnages vers des destins tristes et sordides.
L'écriture de Mirbeau est certes splendide mais comme toujours, ou presque, elle contient des accents exagérés dans les émotions, les sentiments et les situations.
Les premières années du jeune homme sont décrites comme dans un désespoir sans fond.
Le "bordel ambulant d'une armée en campagne" comme l'a si bien chanté Jacques Brel, la débâcle de l'armée lors de la guerre de 1870, est racontée ensuite sans concession aucune.
Le manque de discipline, les rapines sur la population, la bêtise des officiers, la troupe livrée à elle-même ; Mirbeau affiche d'ores et déjà un antimilitarisme qui ne le quittera jamais.
La bourgeoisie, la religion ne seront pas non plus épargnées, pas plus que la gent féminine d'ailleurs.
"Le calvaire", s'il a vieilli, est pourtant un roman important d'Octave Mirbeau, car il en contient en germe tout ce qui, du jeune écrivain, fera une des plus incontournables plumes de son temps.
Même si je lui préfère celle de Lucien Descaves, tout aussi déterminée dans sa lutte contre l'injustice, toute aussi brillante mais moins rageuse et emportée, moins portée aux excès.
Mirbeau, jeune écrivain, affiche déjà ici la conception qu'il se fait de la littérature, l'intransigeance qu'il voue aux "fabricants de pièces", aux dévoyés qui écrivent comme une distraction facile alors que la littérature, pour lui, est un art grave.
Est insctite aussi dans "le calvaire" la volonté farouche de Mirbeau à devenir un écrivain original, sincère, de ne pas être une pâle copie de ses prédécesseurs.
"suivant les caprices de ma mémoire, les hantises de mes souvenirs", se lamente son personnage, "je pense avec la pensée de l'un, j'écris avec l'écriture de l'autre ; je n'ai ni pensée, ni style qui m'appartiennent".
Ce roman fait écho à un autre, "Dans le ciel", qui ne fut pas repris en volume après avoir été publié sous forme d'épisodes, en 1892 et 1893, dans "l'Echo de Paris".
L'amitié entre un jeune écrivain et un peintre talentueux, car c'est cela dont il aussi question dans "le calvaire", de cela et de la prévalence de la littérature aussi sur tout art, quel qu'il soit.
Et pour se faire, aujourd'hui, une idée plus précise de qui était vraiment Mirbeau, de l'importance qu'a eu son mot à "l'avant-siècle" d'Hubert Juin, il est bon de se replonger dans le 37ème numéro des "Hommes du jour" paru le 3 octobre 1908 et disponible sur Gallica, la bibliothèque virtuelle de la BNF.
"Le calvaire", en tout cas, s'il n'est pas mon livre préféré d'Octave Mirbeau, est pourtant un incontournable pilier de son oeuvre ...



Commenter  J’apprécie          421
Mirbeau n'y va pas avec le dos de la cuiller. Largement autobiographique, cette passion amoureuse va jusqu'au bout. La folie, jusqu'au ridicule ! L'amant devient littéralement fou, ne maîtrisant plus rien face à cette femme qui abuse de lui, de son amour. Je ne dévoilerai pas la fin de ce roman que je vous laisse découvrir. Mais j'avoue avoir été complètement « bluffé » par la chute.
Pour qui a connu la véritable passion amoureuse (la majorité d'entre nous je suppose), ce texte est à peine une caricature. Car souvent, Mirbeau va jusqu à l'excès – il a une formation de journaliste – ce qui peut être parfois préjudiciable au déroulement de son récit et dessert la charge de son propos. C'est le petit bémol que je mets à ce roman.
C'est de la grande littérature, injustement oubliée.
Commenter  J’apprécie          210
Octave Mirbeau est un auteur hors norme, pour son expression française quasi parfaite qui ne cède rien aux modes, mais aussi pour le contenu, qui lui vaut aujourd'hui de n'être pas étudié dans les programmes scolaires.

Il a en effet raconté un viol par des prêtres dans Sébastien Roch, dont on présume fortement qu'il s'agissait de sa propre histoire. Cela fit scandale.

Il a par la suite attaqué les hommes d'église avec L'abbé Jules, et dans ce roman le Calvaire, il raconte son expérience de la guerre de 1870. Il y attaque vigoureusement le concept de "patrie", dans la citation que j'ai publiée, qui est d'une force émotionnelle rare.

Seulement voilà : à force d'avoir dit ce qu'il pensait, il a été rejeté, alors qu'à mon sens et je lis beaucoup, c'est l'un des écrivains français les meilleurs de son époque. Je le trouve bien supérieur à Flaubert, à Zola.

Il avait compris avant tout le monde, que les longs descriptifs ne sont pas nécessaires, qu'on peut leur substituer des descriptions de texture ou de ressenti. Aussi, il n'est pas dans la veine réaliste, parfois si soporifique.

Ce roman largement autobiographique, démarre dans son enfance, se poursuit à la guerre, puis enchaîne sur la relation toxique qu'il eut avec une femme destructrice. le peintre qui est son ami dans le roman, s'inspire de Degas, avec qui il était lié. La fin est fictionnelle bien sûr, car Mirbeau était capable aussi dans ses romans, de dépasser les formes conventionnelles.
Un auteur à redécouvrir rapidement. Ne retenir de lui que "Le journal d'une femme de chambre", est une erreur.
Commenter  J’apprécie          151
Mirbeau nous raconte ici le calvaire d'un homme (lui au demeurant?!) qui, pour une bonne partie de son existence, subit sa vie, se laissant dévorer et submerger par son destin, comme s'il n'avait aucun libre arbitre...
Il subira la folie de sa mère, la faiblesse de son père, la cruauté de la guerre, la cupidité et la couardise d'une femme, la traitrise d'un ami... sans jamais n'être autre chose qu'une victime... Il ne semble avoir aucune prise sur les évènements et ses congénères ... Ses seuls actes forts se résument à une embuscade traitre et fourbe sur un Prussien rayonnant et un déchaînement de barbarie sur un minuscule et tremblotant petit toutou...
La passion dévorante et destructrice comme source du Calvaire...
J'ai beaucoup apprécié cette vision peu banale d'un anti-héros, et je retrouve toujours avec autant de plaisir le style de Mirbeau.
Commenter  J’apprécie          91
Oh qu'il mérite bien son nom, ce premier roman d'Octave Mirbeau ! Une vie comme un long calvaire, qui nous mène d'une enfance grise et sans joie, plombée par une mère profondément dépressive, à une passion dévastatrice pour une femme à l'âme sans envergure et à la vertu désinvolte auprès de qui se tarissent toute volonté, toute fierté, toute inspiration artistique. Entre les deux, la guerre, avec son lot de souffrances absurdes et de bêtise galonnée. Joyeux programme, n'est-ce pas ? C'est fort et c'est plombant, un peu agaçant à la longue dans son pessimisme forcené, avec ce narrateur à qui on finit par avoir envie de distribuer des coups de pied au derrière.
L'histoire d'amour m'est restée terriblement étrangère - quand j'avais été si touchée par Un amour de Swann, qui évoque une relation comparable mais avec bien plus de nuance et de finesse. Ce personnage de femme fatale n'en est pas moins assez juste, délétère non pas pas méchanceté, par manque de sentiment, mais par manque d'âme, d''esprit, d'intelligence, par simple petitesse plus ou moins bien intentionnée. Par le décalage terrible qui existe entre la réalité de cette femme, et l'intensité de que le narrateur projette sur elle. L'amour, malentendu fondamental entre les sexes, tourné à l'obsession maladive...
Commenter  J’apprécie          51
le Calvaire
Octave Mirbeau (1848-1917)
Académie Goncourt
Un amour chemin de croix ou une liaison toxique !
Jean-François-Marie Mintié est né dans un petit bourg de l'Orne. Son père était notaire et sa mère au foyer ou en asile selon les époques. C'est dans ce milieu assez triste qu'il grandit :
« Séparé de ma mère que je ne voyais que rarement, fuyant mon père que je n'aimais point, vivant presque exclusivement, misérable orphelin, entre la vieille Marie et Félix, dans cette grande maison lugubre et dans ce grand parc désolé, dont le silence et l'abandon pesaient sur moi comme une nuit de mort, je m'ennuyais ! Oui, j'ai été cet enfant rare et maudit, l'enfant qui s'ennuie … Une enfance solitaire et morte, sur laquelle aucune clarté ne se leva. »
Il perd sa mère à l'âge de 12 ans :
« Mon enfance s'était passée dans la nuit, mon adolescence se passa dans le vague ; n'ayant pas été un enfant, je ne fus pas davantage un jeune homme. Je vécus en quelque sorte dans le brouillard. »
Il va faire son droit à Paris, fréquente accessoirement une maison de débauche, puis vient la guerre franco-prussienne de 1870 et la défaite, la retraite… :
« Je revois des carrioles funèbres, pleines de cadavres de jeunes hommes que nous enfouissions au petit jour dans la terre gelée, en nous disant que ce serait notre tour le lendemain ; je revois, près des affûts de canon, émiettées par les obus, de grandes carcasses de chevaux, raidies, défoncées, sur lesquelles le soir nous nous acharnions, dont nous emportions, jusque sous nos tentes, des quartiers saignants que nous dévorions en grognant, en montrant les crocs, comme des loups. »
Àu retour des combats, Jean-François apprend la mort de son père. Il trouve réconfort auprès de son ami Lirat, artiste peintre du faubourg Saint Honoré. Il y fait la connaissance de Juliette Roux, très belle femme au doux sourire virginal et cependant maîtresse d'un certain Charles Malterre. Il en tombe amoureux et ne sait plus ce qui l'emporte en lui, de l'espérance de l'apercevoir chaque jour, ou la crainte de la rencontrer au détour d'une rue. Dans cette femme, Mintié voit cohabiter un mélange d'innocence et de volupté, de finesse et de bêtise, de bonté et de méchanceté, ce qui ne laisse de le déconcerter. Il va tout faire pour hâter le départ de Malterre vers d'autres cieux et se charger de l'existence de Juliette. Sera-ce le bonheur tant escompté et entrevu ?
Il apparaît vite que l'inquiétude vient souvent troubler les courtes ivresses. La folie des grandeurs de Juliette, ses futilités et ses caprices plongent Mintié dans le plus grand désarroi :
« Cette Juliette que j'aimais, n'était - ce point celle que j'avais créée, qui était née de mon imagination, sortie de mon cerveau, celle à qui j'avais donné une âme, une flamme de divinité, celle que j'avais pétrie impossiblement, avec la chair idéale des anges ? … Ce n'est qu'en public, à l'éclat des lumières, sous le feu croisé des regards d'homme, que Juliette retrouvait son sourire, et l'expression de joie un peu étonnée et candide qu'elle conservait jusque dans ces milieux répugnants de la débauche… Elle gardait sa tenue décente, son charme de vierge, ses allures à la fois hautaines et abandonnées. »
Les ressources de Mintié ne sont pas inépuisables, mais il est esclave de sa passion charnelle et vibrante, dévorante et destructrice pour Juliette. Qu'elle soit adulée, courtisée, elle sait conserver une honorabilité entretenue par la présence même de Mintié qui représente en quelque sorte une marque de fabrique au regards des autres. Il va accepter alors sans l'accepter l'inacceptable !
C'est plus tard dans une folie furieuse que sombre Mintié, un véritable anti-héros, face à ce déferlement d'amants supposés…avec quelques surprises… !
Ce roman au style très travaillé et largement autobiographique, relate la liaison dévastatrice du romancier avec Judith Vinmer ici rebaptisée Juliette Roux, femme galante qui fit tomber l'auteur dans l'enfer et la folie de la passion, sources de souffrances et de déchéance morale. À la fin, l'amour ne serait-il qu'une duperie ou un malentendu entre les sexes ?
de la belle littérature injustement oubliée comme l'on dit certains critiques.

Commenter  J’apprécie          30
De la passion au calvaire... c'est pas le meilleur Mirbeau. Pour suivre l'actualité autour de l'auteur, vous pouvez contacter la Société Octave Mirbeau à Angers je crois, très active, avec en chef de file Pierre Michel, le spécialiste de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (78) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11149 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}