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Mirbeau nous régale à nouveau avec son style mordant et cynique. À la prose populaire employée dans le journal d'une femme de chambre, Mirbeau s'essaie à des envolées un peu naïves et romantiques. Mais le tout accentue la satire. Notre société occidentale est ridiculisée dans sa bienséance bourgeoise, confrontées à ses paradoxes et au fléau du colonialisme. Il nous montre la difficulté de se défaire de ses préjugés pour découvrir et accepter une nouvelle culture. le regard étranger peut se choquer de mille détails, sans réaliser que sa propre société est parcourue de vices et des torts innommables.
Le tout est volontairement choquant, parfois déplacé, conclue de manière quasi mystique.

Si j'apprécie Mirbeau, j'avoue que cette oeuvre, en dépit de son intérêt culturel, intellectuel et historique, m'a moins convaincu sur le plan littéraire.
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Le Jardin des Supplices / Octave Mirbeau
le narrateur, dont on ne saura pas le nom, est un européen libéral issu de la petite bourgeoisie, un peu roublard et combinard. Il nous raconte d'abord sa jeunesse, puis son entrée en politique et dans les salons parisiens.
« Prendre quelque chose à quelqu'un, et le garder pour soi, ça c'est du vol … Prendre quelque chose à quelqu'un et le repasser à un autre, en échange d'autant d'argent que l'on peut , ça , c'est du commerce … le vol est d'autant plus bête qu'il se contente d'un seul bénéfice , souvent dangereux , alors que le commerce en comporte deux , sans aléa. »
Dans un style somptueux, l'auteur nous fait découvrir Madame G. qui va avoir une certaine importance dans la vie du narrateur :
« Madame G. n'était qu'une très vieille dame , d'esprit vulgaire , d'éducation négligée , extrêmement vicieuse , par surcroît , et qui , ne pouvant plus cultiver la fleur du vice en son propre jardin , la cultivait en celui des autres , avec une impudeur tranquille , dont on ne savait pas ce qu'il convenait le mieux d'admirer , ou l'effronterie ou l'inconscience . Elle remplaçait l'amour professionnel , auquel elle avait dû renoncer , par la manie de faire des unions et des désunions extraconjugales , dont c'était sa joie , son péché , de les suivre , de les diriger , de les protéger , de les couver et de réchauffer ainsi son vieux coeur ratatiné , au frôlement de leurs ardeurs défendues . »

Ami d'un certain Eugène Mortain devenu ministre, le narrateur a connu des déboires en politique et des insuccès électoraux, et se voit alors investi d'une mission scientifique à Ceylan, lui qui n'a jamais été un scientifique. L'emploi fictif est de toutes les époques.

À bord du paquebot en partance pour l'Orient, il fait la rencontre de Clara, une jeune et belle anglaise excentrique, une femme étrange et perverse qui va le séduire, le détourner de sa mission et l'emmener avec lui en Chine…jusqu'au jardin des supplices.
« Ève des paradis merveilleux, fleur elle - même, fleur d'ivresse, et fruit savoureux de l'éternel désir , je la voyais errer et bondir , parmi les fleurs et les fruits d'or des vergers primordiaux , non plus dans ce moderne costume de piqué blanc , qui moulait sa taille flexible et renflait de vie puissante son buste , pareil à un bulbe , mais dans la splendeur surnaturalisée de sa nudité biblique. »
Clara devenue sa maîtresse le prend sérieusement en main pour le meilleur et pour le pire : « Je t'apprendrai des choses terribles … des choses divines … tu sauras enfin ce que c'est que l'amour ! … Je te promets que tu descendras, avec moi, tout au fond du mystère de l'amour … et de la mort ! … »
le narrateur exprime ainsi sa chance : « ! … la chance , le miracle voulait que je rencontrasse une femme divinement belle , riche , exceptionnelle , et que j'aimais et qui m'aimait , et qui m'offrait une vie extraordinaire , des jouissances à foison , des sensations uniques , des aventures libertines , une protection fastueuse … Clara ! Divinement calme et jolie, nue dans une transparente tunique de soie jaune elle était mollement couchée sur une peau de tigre. Sa tête reposait parmi des coussins, et de ses mains, chargées de bagues, elle jouait avec une longue mèche de ses cheveux déroulés. Un chien du Laos, aux poils rouges, dormait auprès d'elle, le museau sur sa cuisse, une patte sur son sein. »
Dans la dernière partie du livre, tous les sévices, tortures et persécutions sont étalés avec force détails dans un style magnifiquement outrancier.
Publié en 1899, ce récit puissant, audacieux et dérangeant au style fascinant, commence par une critique de la société, tous corps confondus, et pose des questions philosophiques : la sauvagerie sommeille-t-elle en permanence au plus profond de l'homme ? Plus tard les amours licencieuses du narrateur et de Clara se conjuguent avec force au cours la visite des jardins décrits dans une luxuriance de mots, et des lieux de tortures évoquant la barbarie aussi bien de ceux qui actent avec raffinement que de ceux qui voient et regardent avec une délectation orgastique :
« En elle, il n'est pas une attitude, pas un geste, pas un frisson , il n'est pas un froissement de sa robe , un envolement de ses cheveux , qui ne crient l'amour , qui ne suent l'amour , qui ne laissent tomber de l'amour et de l'amour autour d'elle , sur tous les êtres et sur toutes les choses. »
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Dans ce récit composé de trois parties, Octave Mirbeau interroge la noirceur de l'âme humaine.

En guise d'introduction, Octave Mirbeau partage un échange entre plusieurs intellectuels autour de la place prédominante du crime dans nos sociétés.

Puis, nous découvrons, un député issu d'un milieu politique corrompu. Suite à un scandale, cet homme politique est envoyé en Chine. Lors de son voyage, il rencontre Clara, une femme énigmatique. D'une beauté démoniaque, Clara lui promet les plus grandes voluptés et l'accès à une monstruosité éblouissante. le député littéralement fasciné par cette femme va la suivre dans le Jardin des supplices. Confronté à la torture et aux plus épouvantables atrocités, l'envoutement de Clara le conduira-t-il à sa perte ?

Ce récit audacieux est une véritable critique du colonialisme et du milieu politique de son époque. Octave Mirbeau nous désarçonne par un humour noir et provocant. Un récit qui ne peut laisser indifférent et qui saura vous perturber.
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Un des livres les plus étranges et fascinants au tournant du vingtième siècle. Il méritait une relecture. Débutant comme une satire sociale et politique, il verse ensuite dans l'exotisme et l'orientalisme. Cependant, il s'agit pas d'admirer béatement la magnificence des contrées asiatiques. Nous nous rapprochons ici plutôt du "Voyage au coeur des ténèbres" de Joseph Conrad, publié la même année 1899. Clara, la guide anglaise et sulfureuse, trimbale le narrateur éconduit et souhaite se repaître des délices du jardin des supplices où les plus effroyables tortures sont élevées au rang d'art. Les longues descriptions des plantes exubérantes participent à la beauté morbide de l'oeuvre. Aucun détail macabre ne sera épargné au lecteur et certains supplices, comme ceux du rat et de la cloche resteront dans les mémoires littéraires. Tout est affaire de contrastes et d'harmonies entre la nature merveilleuse et les traitements mortifères infligés aux pauvres hères. Mirbeau ne cesse de magnifier et de salir dans un même mouvement décadent, dont la portée symbolique ne peut que nous échapper. Au bout, il n'y aura pas de délivrance, mais simplement un arrière-goût de sang âcre et un cauchemar agréable.
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Un livre sur la perversion des sens. Cette Clara ne trouve son bonheur que dans la jouissance d'être morte. Mais en même temps elle veut continuer à vivre et ne cherche son plaisir que dans la douleur. C'est du masochisme en fait. « Aime-moi et tue-moi ». Si cette phrase vous interpelle, lisez le livre, sinon c'est assez étrange.
Évidemment il y a ces supplices qu'on peu aisément lire en diagonale pour ne pas comprendre dans les détails.
Mais il y aussi les descriptions totalement hallucinantes de la nature en phase avec le plaisir malsain de cette femme. Elle jouit presque constamment grâce à la façon dont Mirbeau exalte les senteurs, le foisonnement des fleurs et de la faune. C'est pour cela que le livre est assez troublant.
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Quelle livre... Une beauté indéniable, une poésie distillée tout au long du roman. Un thème affreux et une personnage principale qui m'a énormément fait grincer des dents. Une lecture qui me restera en mémoire pour longtemps.
J'ai cependant été assez heureuse de tourner la dernière page de ce roman : les descriptions des supplices commençaient à me donner la nausée...
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Le Jardin des Supplices est composé de trois écrits différents de Mirbeau regroupés par l'auteur.
Malgré la somptuosité de l'écriture et l'engagement de politique de l'écrivain, j'ai trouvé l'intrigue trop décousue.

Un homme "politique" peu scrupuleux raconte comment il a été envoyé aux Indes pour finir en Chine. Il décrit surtout sa rencontre avec Clara, une anglaise, qui lui fera découvrir le bagne de Canton et son fameux Jardin des Supplices.

La plume magnifique de Mirbeau contraste fortement avec les horreurs décrites ( attention aux âmes sensibles ).
Il y a notamment une alternance de descriptions de fleurs et de tortures qui est assez magistrale même si leurs longueurs rend parfois la lecture laborieuse.

L'auteur a voulu dénoncer les conséquences du colonialisme et plus largement la cruauté naturelle de l'homme. de ce point de vue, c'est réussi.

Un classique que je suis ravie d'avoir découvert même si ma lecture fut très pénible par moment.
J'ai largement préféré Journal d'une femme de chambre, où l'intrigue été mieux construite et l'engagement de l'auteur tout aussi présent.
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Entre beauté et souffrance, il n y a qu'un pas! le jardin des supplices est une ode aux eaux troubles qui se lit pourtant bien, à la même verve et même rythme que le journal d'une femme de chambre, parlant surtout de la première partie avant que l'intrigue ne bascule dans ce contraste entre charme et torture dans une Chine encore barbare, mais qui regorge une noirceur à vous faire remuer le coeur en un seul tour...
Ame sensible s'abstenir!
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Difficile de donner un avis sur cette oeuvre baroque au sens propre de bizarre...
On croit d'abord lire le récit d'un dîner mondain comme chez Maupassant, où des hommes - uniquement - se confient après le souper ou après une bonne partie de chasse, parlant, forcément de violence et de femmes - qui motivent toujours la violence et la mort.
On passe ensuite à un roman de Zola, en décrivant les dessous sales de la politique, avec "Son Excellence Eugène Morin" qui fait penser à son Excellence Eugène Rougon, tirant les ficelles dans l'ombre grâce à ses agents exécutant les besognes illégales mais nécessaires. Sauf que ce n'est plus l'Empire, mais la IIIème République, celle du scandale de Panama, où la corruption est courante, même chez ceux qui ont combattu les excès de l'Empire. Comme chez Zola, le sexe et le pouvoir se mêlent, de façon plus crue encore.
Le texte bascule ensuite en un récit de voyage, décrivant les passagers et leurs loisirs, en cette fin de XIXème - début du XXème siècle où les riches occidentaux voyagent pour le plaisir ou pour la science dans un monde devenu mondialisé par la colonisation, où les Egyptiens sont des boys et les Chinoises des femmes de chambre, où les Noirs africains sont des esclaves modernes sans le nom - puisque l'esclavage n'existe officiellement plus, mais qui sont de la chair à canon au sens propre pour qu'un officier teste ses nouvelles balles, qui sont exploités pour produire du caoutchouc ou un autre matériau exotique, et à qui l'on coupe les mains pour les civiliser. On croit ensuite lire une idylle, mais le personnage féminin au centre de l'attention de tous les hommes est vite conquis...
C'est ensuite la partie qui donne son nom au livre, où le personnage principal qui nous semblait dépravé, sans morale, faiblit face aux cruautés judiciaires et sexuelles qu'il contemple, mais surtout face au caractère de celle qu'il croyait aimer et qu'il découvre être un monstre pervers et dominateur, narcissique et violent. Comme dans un roman inversé à nouveau de Zola - La Faute de l'Abbé Mouret, ou plus généralement à rebours de tout l'imaginaire voyant dans le jardin le lieu des délices et des voluptés, ici, c'est le jardin des supplices. Et la beauté et le parfum des fleurs se mêlent à la pourriture de la décomposition, les pistils et les pétales aux morceaux de chair.
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Grand classique de la littérature, il faut se montrer patient avant d'en déguster toutes les promesses car le jardin des supplices ne se dévoile qu'au dernier tiers du livre. Il se laisse désirer, oui, mais n'en vaut pas moins le coup d'être lu.
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