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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
De nature et de caractère diamétralement opposés, il y avait peu de chance que les sirènes de l'amour rapprochent un jour la très belle et bouillonnante quinquagénaire Kazu et Noguchi, son aîné de dix ans, au caractère peu expansif voire par moment taciturne.
La droiture de Noguchi, sa simplicité en toutes choses, sa façon de dire merveilleusement bien des choses difficiles à dire, attirèrent tel un puissant aimant la volubile Kazu qui avait de tout temps eu un faible pour les hommes d'âge mûr.

La rencontre entre ces deux fortes personnalités eut lieu lors d'un dîner réunissant des hommes politiques d'un certain âge à l'Ermitage, un des restaurants les plus réputé de Tokyo pour sa cuisine exquise et son parc d'une beauté paradisiaque.
Bien que d'origine modeste Kazu avait réussi, grâce à un dynamisme incroyable et sans doute aussi par un tissu relationnel habilement entretenu, à acquérir l'Ermitage dans l'immédiat après-guerre.
Le mariage n'avait pas changé grand-chose à leur façon de vivre à tous les deux, la direction de l'Ermitage permettant à Kazu de vivre chez son mari seulement en fin de semaine.

Noguchi est ancien ministre et sur l'insistance du Parti Réformateur accepte de représenter celui-ci à l'élection du préfet de Tokyo.
Bien que très proche des sommités du Parti Conservateur, clientes de longue date de l'Ermitage, Kazu va se lancer avec audace dans une précampagne électorale afin de mieux faire connaître Noguchi aux tokyoïtes. Elle va jusqu'à hypothéquer l'Ermitage, à l'insu de son mari, pour aider financièrement le Parti Réformateur.
Le pondéré Noguchi monte rapidement en puissance dans l'opinion grâce à l'énergie et au talent oratoire de son épouse.
Mais le Parti rival, très puissant financièrement, est bien sûr sans scrupules et les calomnies à l'encontre de Kazu cassent soudain la dynamique de victoire.

Kazu et Noguchi arriveront-ils malgré l'adversité à remporter cette bataille électorale ? Leur amour si récent sera-t-il assez solide pour dépasser une éventuelle première déconvenue ? Ces personnalités intrinsèquement si éloignées trouveront-elles la force de faire, chacune de son côté, des concessions pour la survie du couple ?

« Après le banquet » n'est pas un livre sur la politique, celle-ci est un élément secondaire du bouquin et Mishima l'utilise à seule fin de tester la solidité du couple Kazu-Noguchi.
La beauté de l'écriture est encore une fois omniprésente dans ce roman de Mishima. L'antagonisme à l'intérieur de ce jeune couple de personnes d'âge mur est très bien exposé et la fin de l'histoire, au dénouement incertain, particulièrement réussie.
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Dans un Japon de l'entre deux guerres, une femme indépendante, propriétaire d'un restaurant chic de Tokyo, en relation avec des gens puissants du pays, belle et distinguée, la veuve Kazu tient à sa liberté. Elle croit sa vie amoureuse terminée mais, à plus de cinquante ans, se voir vieillir seule est difficile à accepter, qui priera pour elle lorsqu'elle ne sera plus? …. Sa rencontre avec le diplomate Nogushi changera sa vie.

Ce roman est d'une sensibilité … l'écriture est simple et décrit bien les sentiments et les réflexions de Kazu. Une femme si libre, si énergique, qui se demande jusqu'où aller pour l'amour d'un homme, jusqu'où aller pour ne pas mourir seule. Nogushi est un homme qui parle peu, qui semble assez antipathique et indifférent …

Après le Banquet, c'est lorsque le couple se retrouve confronté à lui-même. C'est lorsque l'un fait face à la vérité de l'autre, fait face à ses failles, fait face à la viabilité du couple … Un très beau texte .
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Ce livre porte bien son nom : je me sens en effet comme après un banquet, mais pas n'importe lequel LE banquet Mishma, celui qui me délecte toujours des plus exquises pages de littérature, mon péché mignon, mon auteur préféré ! Vous l'aurez compris, j'ai ( comme d'habitude ) adoré Mishima. Après le banquet est à la fois le récit d'une histoire d'amour vouée à l'échec, mais aussi un bon tableau des élites politiques japonaises des années soixante.

Parlons de la politique ! C'est toujours intéressant d'avoir un témoignage par lequel transparaît l'opinion de l'auteur sur la politique japonaise, surtout quand on sait que le roman est publié en 1960, soit peu avant le début de l'engouement de l'auteur pour la politique. Certes vous me direz, cela présage d'une vue biaisée,et .... Halte là sceptiques ! Mishima a été condamné pour diffamation pour ce livre, dans lequel un ancien premier ministre s'est un peu trop reconnu. Il y a donc une grande lucidité dans la peinture que Mishima fait du monde politique et ce livre a gêné .Une peinture négative : on sent poindre de l'accusation envers ces politiciens du parti libéral démocrate qui usent de toutes les combines pour gagner et font couler l'agent corrupteur à flots ( ce qui explique qu'ils soient au pouvoir depuis 1945 quasi sans discontinuer) Pas d'indignation moralisatrice à la BHL et FOG et consorts ( qui se prétendent écrivains... ) mais on jurerait presque poindre l'amertume de Mishima, âme théâtrale pour qui convaincre se fait par l'émotion que l'on donne par les mots. Les rivaux socialistes sont aussi soignés par l'auteur, ils sont dépeints en idéalistes qui préfèrent les débats dans les petits groupes fermés que la relation avec le peuple dont ils se veulent les défenseurs. C'est ici que j'adore Mishima : au lieu de chercher à produire un contre exemple édifiant, comme le feraient tous les moralisateurs que je ne souffre plus, il nous suggère une autre façon de faire de la politique avec Kazu. Elle va au contact des foules, serre les mains, montre des émotions. Cependant , Kazu, loin de vouloir le bien du peuple, ne fait cela que par plaisir narcissique. Chez Mishima, il n'en a pas un pour rattraper l'autre en politique, et personnellement je ne trouve pas cela caricatural ( pour le Japon du moins, si vous connaissez un peu leur classe politique qui n'a guère évolué depuis ces années, il y a de quoi désespérer ... )

Le sujet premier néanmoins, c'est cette historie d'amour vouée à l'échec entre Noguchi, ancien ministre social démocrate, et kazu propriétaire d'un restaurant fréquenté par des conservateurs. Il y a beaucoup à dire, mais la chose la plus frappante à mes yeux, c'est la manière dont Mishima organise ce qu'on peut appeler l'histoire d'échec. ce terme reflète pour moi davantage la relation des deux personnages que celui d'histoire d'amour. Je n'ai guère aimé le personnage de Noguchi : il n'est pas démonstratif, ombrageux ( oups je le suis aussi ) et ne manifestera quasi jamais une affection pour sa femme( je n'ai pas de femme, je ne peux donc pas me comparer à lui sur ce point ) Il reste froid et peu fédérateur. Kazu est sociable et avenante, émotive, déterminée. L'échec de leur relation est liée à leur caractères contraires. C'est aussi Kazu qui provoque cet échec. J'ai le sentiment qu'arrivant à la cinquantaine, et n'ayant plus rien à accomplir, elle cherche à ne pas vieillir seule en se persuadant de l'amour de Noguchi, qui semble lui entrer dans cette relation doit par inertie ou convention. Toutefois, elle réalise que son mari la bride dans ce qu'elle a de plus cher : son autonomie, sa liberté, et ses plans pour se servir de son mari pour de grands projets ( gagner une élection ) est mise à mal par l'adversité du monde politique qu'elle ne connaît pas mais surtout par son mari qui ne lui fait pas confiance. Kazu choisira ainsi sa liberté in fine.

Encore une fois, Mishima fait la peinture fascinante et juste d'un milieu, avec son style magnifique, et nous fait le portrait d'une nouvelle femme forte ( comme dans L'école de la chair ) qui sacrifie ses passions et rêves pour restaurer sa liberté; incarnant un peu un personnage que ne renieraient pas les féministes. du grand art !
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